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28/12/2014

Ceux d'Afghanistan, 2001-2014

2nde édition - Photos et extraits © leurs auteurs. Droits réservés. 

 

  

Les hommes de guerre sont de l’espèce qui se rase pour mourir. Ils croient à la rédemption de l’homme par la vertu de l’exercice et du pas cadencé. Ils cultivent la force physique et la belle gueule, s’offrant le luxe des réveils précoces dans les matins glacés et des marches harassantes pour la joie de s’éprouver.

Ce sont les derniers poètes de la gratuité absolue.

Jean Lartéguy

 

« Afghanistan », un mot qui restera à jamais gravé dans notre histoire. Mais « Afghanistan » n’est pas qu’un mot.  « Afghanistan » n’est pas non plus qu’un morceau poussiéreux d’Asie ou règne depuis des siècles le fracas des armes. « Afghanistan » n’est pas qu’une mosaïque de peuples à l’esprit fier et combattant. « Afghanistan » n’est pas qu’une somme de traditions que nous, Occidentaux, pouvons juger archaïques. « Afghanistan » n’est pas que la mauvaise nouvelle du soir, annoncée d’un air apitoyé par le journaliste-star qui enchaîne, sans transition et retrouvant le sourire, avec la météo des plages.

« Afghanistan », c’est aussi une femme qui verse des larmes de joie, retrouvant son mari après six mois de stress et d’insomnies. C’est un homme sportif qui se demande comment vivre désormais, cloué dans un fauteuil roulant. C’est une femme qui pleure sa tristesse infinie, contemplant le lit de son fils, qui demeurera vide à jamais. C’est une femme fière d’avoir sauvé la vie de cette petite afghane, là-bas. C’est un homme qui s'est élancé sous le feu, pour secourir son frère d’armes blessé. Et cela le fait sourire, quand on le traite de héros.

« Afghanistan », c’est aussi ce soldat, et celui-ci, et celui-là…

Alors que sonne le désengagement, glas pour certains, joyeux carillon pour d'autres, que cette guerre est déjà, dans l'esprit de beaucoup, une "vieille histoire", nous avons voulu rendre à ces soldats l’hommage qu’ils méritaient.

Cependant, nous n’avons pas souhaité écrire sur eux, au-delà de ces quelques phrases d’introduction. Nous avons préféré nous comporter en porte-voix, leur laisser la parole, dans sa diversité : un kaléidoscope d'impressions, finalement plus complémentaires que contradictoires.

Écoutons-les et lisons-les. Ils méritent toute notre attention. Car « Afghanistan », par-dessus tout, c’est eux.

 

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Photo Sébastien Joly, réalisateur d'Aito– Guerriers du Pacifique. Le photographe à gauche est le regretté Yves Debay. 

 

Combien d’hommes peuvent se targuer d’écrire l’Histoire , sinon d’en être acteur ?

Qui aujourd’hui vit intensément, non pas au travers d’un écran, mais ressentant les choses réellement ?

Qui est prêt à accepter la peur, le contact de la mort, le sacrifice de sa famille, pour la maigre gloire personnelle qu’est la fierté de servir son pays ?

 CNE Brice Erbland, 1er RHC, « Dans les griffes du Tigre ». Ed. Les Belles Lettres

 

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Photo Sébastien Joly. 

 

Je ne suis pas venu ici pour une médaille. Je suis venu parce que j'en ai reçu l'ordre. Parce que c'est mon travail. Parce que la solde, presque trois fois supérieure à celle que je perçois en France, va nous permettre de réaliser des projets. Parce que je savais qu'avec cette mission j'allais être, pendant six mois, au cœur de mon métier de militaire. Parce que je savais que j'allais me confronter au combat, connaître les giclées d'adrénaline, la peur aussi.

SGT Christophe Tran Van Can, 21e RIMa, “Journal d’un soldat français en Afghanistan”. Ed. Plon

 

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Photo Nicolas Mingasson, « Afghanistan – La guerre inconnue des soldats français » Ed. Acropole.

 

La guerre peut parfois sembler monotone, jusqu’au jour où elle rappelle à chacun de nous que nous sommes payés pour tuer. Et mourir.

CCH Emmanuel Gargoullaud, RICM, « L’Afghanistan en feu ». Ed. Economica

 

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Photo EC 2/3 « Champagne »

 

En Afghanistan, nous ne savions jamais à quoi nous attendre en l’air. Le stress se vivait pendant la mission, directement au contact des hommes pris sous le feu ennemi. Le stress ne venait pas de la peur de mourir, mais de la rapidité des actions à mener, de décisions prises en l’espace de quelques secondes. Dans nos cockpits, nous étions immergés au cœur des combats. Là-haut, les équipages étaient le dernier maillon de la chaîne. Ils endossaient la responsabilité technique du tir et, en cas d’échec, ils devaient répondre de leurs actes.

CDT Marc « Claudia » Scheffler, EC 2/3 « Champagne », désormais Lieutenant-Colonel à l’EPAA, « La guerre vue du ciel ». Ed. Nimrod.

 

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Photo Sébastien Joly.

 

J’éprouve une admiration infinie pour tous les soldats français présents en Afghanistan. Ces quatre mille hommes (…) effectuent un travail grandiose. Quelles que soient les considérations politiques qui, forcément, les dépassent, quelle que soit la stratégie qui n’est pas toujours celle que la France aurait souhaitée, quel que soit le contexte qui revêt parfois des couleurs de guêpier, ces hommes vivent ici une mission noble. 

Padre Richard Kalka, aumônier militaire, « Dieu désarmé ». Ed. LBM

 

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Dessin de Bertrand de Miollis – œuvre originale offerte par l’artiste au Chasseur. « Haute Tension – Le 27e BCA en Afghanistan ». Ed. Gallimard.

 

Dans ce pays, comme dans d'autres théâtres de crise, il n'y a pas de coupure franche entre les amis et les ennemis, entre les insurgés les plus fanatiques et les partisans les plus convaincus du gouvernement légitime (...) Si ligne de partage il y a, c'est dans le cœur de chaque Afghan.

COL Benoît Durieux, 2e REI, in "Captain Teacher", CNE Raphaël Krafft, 2e REI, animateur de Radio Surobi. Ed. Buchet-Chastel 

 

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Photo Jean-Christophe Hanché« Kapisa » [épuisé].

 

Il est très dur de faire du social aujourd’hui avec des gens qui tireront sur vos camarades demain.

ADC Jean-Claude Saulnier, 2e REP, « Une vie de Légionnaire ». Ed. Nimrod 

 

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Photo Sébastien Joly.

 

Chaque terroriste sait comment utiliser nos règles d'engagement à son profit. La question essentielle est simple: qui est prêt à aller le plus loin dans cette guerre? (...) Si vous ne souhaitez pas vous impliquer dans une guerre qui risque de dégénérer, alors, gardez-vous bien de vous y laisser entraîner. 

Navy SEAL Marcus Luttrell, USA.  « Le survivant ». Ed. Nimrod. 

  

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Photo Jean-Christophe Hanché.

 

Nous ne sommes que de passage, nous ne pouvons prétendre changer ce monde auquel nous sommes trop étrangers.

LCL Geoffroy de Larouzière-Montlosier, 1er RTir, « Journal de Kaboul ». Ed. Bleu-Autour

 

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Photo Thomas Goisque, « D’ombre et de Poussière » éd. Albin Michel & « Haute tension » éd. Gallimard.

 

Les soldats ont rempli la mission qui leur était donnée, en pacifiant la zone dans laquelle ils intervenaient. Le dernier mot reviendra néanmoins à la population locale, qui choisira plus librement qu'elle pouvait le faire avant le début du conflit le parti du pacificateur ou celui de ceux qui s'y opposaient. A terme, la solution en Afghanistan demeurera afghane.

LCL Bernard Gaillot, 13e BCA, "De l'Algérie à l'Afghanistan", ed. Nuvis. 

 

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Photo Thomas Goisque.

 

[On] me demandait mon ressenti par rapport à notre présence ici. J’étais convaincu de notre nécessité, mais j’étais inquiet de l’opinion publique. La population française semblait peu préoccupée par ses soldats qui donnaient leur vie pour la sécurité nationale, voire internationale (…) Cela nous blessait. Nous avions le sentiment d’avoir combattu pour rien, sachant qu’au fond de nous, ce n’était pas le cas.  

ADJ Sylvain Favière, infirmier-para (désormais réserviste), « Ma blessure de guerre invisible ». Ed. Esprit Com’

 

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Photo Olivier "Wali" Lavigne-Ortiz, "L'autre côté de la lentille", éd. OLOrtiz.com

 

Au fil des mois, le corps et l’âme du soldat finissent par être marqués. Je m’en suis sorti avec quelques rares égratignures. La guerre ne m’avait pas tant changé. Elle avait simplement confirmé ce que j’avais toujours été au fond de moi : un soldat. Quand les personnes me demandent comment a été mon expérience en Afghanistan, je vois dans leur expression qu’ils s’attendent à une réponse triste et négative. Ils sont surpris et sourient quand je leur réponds que l’Afghanistan a été la plus belle expérience de ma vie.

CPL Olivier « Wali » Lavigne-Ortiz, R22eR, Armée canadienne.

 

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Photo Sébastien Joly.

 

Je repensais à Tagab. Je ne réalise pas que je n’y retournerai plus jamais. J’ai l’impression que je vais me réveiller, tôt ou tard, dans mon petit box, avec Fab dans le lit au-dessus de moi… J’ai vraiment l’impression d’avoir oublié quelque-chose là-bas, d’y avoir laissé je ne sais quoi.

CCH Julien Panouillé, 1er RCP, « 197 jours – Un été en Kapisa ». Ed. Mélibée

 

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Photo José Nicolas – « Afghanistan – Task Force Lafayette » Ed. L’esprit de tous les combats.

 

Et je me pris à rêver que j’étais sur le terrain avec les gars, les accompagnant une dernière fois pour écraser l’ennemi.

SGT Paul ‘Bommer’ Grahame, The Light Dragoons, rattaché au Mercian Regiment, Royaume Uni, « Appui feu en Afghanistan ». Ed. Nimrod

 

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Photo Thomas Goisque.

 

L’expérience afghane a laissé en moi des blessures indélébiles, mais elle a aussi renforcé les fondements de mon engagement. Le sens profond du pacte qui nous unit s’est dévoilé dans les vallées touraniennes : une confiance absolue entre les hommes, l’esprit collectif poussé jusqu’à sa dernière extrémité. Avec l’amour, il s’agit à mon sens du lien humain le plus fort qui soit. 

LTN Nicolas Barthe, 21e RIMa, désormais Capitaine au RICM après un passage au RSMA Guadeloupe, « Engagé ». Ed. Grasset

 

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Photo José Nicolas.

 

J’ai vu le mal. J’ai vu des enfants déchiquetés par des bombes. J’ai vu des blessés aux membres dilacérés par les explosions. J’ai vu des corps que le feu avaient rendus méconnaissables. Derrière chacun de ces blessés, il y a un autre homme qui a armé une bombe, qui a visé et tiré avec son arme, qui a fait exploser sa ceinture piégée (…). Je n’avais jamais capté auparavant autant d’intentions homicides qu’ici. Je te tue, tu me tues, il se tue, nous vous tuons, vous nous tuez, ils se tuent. 

Et j’ai vu le bien. Je n’ai jamais vu autant de dévouement la patience de soustraire un homme à la mort. Sur le terrain, de jour comme de nuit, des brancardiers secouristes, des infirmiers et des médecins risquent leur vie pour sauver celle des autres. Cinq d’entre eux l’ont déjà donnée. Malraux écrivait : « Je cherche cette région cruciale de l’âme où le mal absolu s’oppose à la fraternité ». J’ai vu et éprouvé cette fraternité. 

Professeur (Général) Patrick Clervoy, Service de Santé des Armées, « Dix semaines à Kaboul ». Ed. Steinkis.

 

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Photo Alphonse-Bernard Seny – « Le temps de l’action » Enfin!Editions.

 

Je repense à l’opération « Dinner out » [conquête de la vallée d’Alasay], au Caporal-Chef Belda qui doit être fier de nous, à toutes nos familles qui nous ont attendus avec calme, patience et dignité. Je regarde ces chefs de section, les Lieutenants Lazerges, Chantrel et Brunet, l’Adjudant Bouaouiche et leurs commandants d’unité, les Capitaines Minguet et Gruet et je pense à tous leurs camarades officiers, sous-officiers, chasseurs, légionnaires, artilleurs, cavaliers, transmetteurs, à tous mes Tigres de la Kapisa. Je mesure toute la chance que j’ai eue de commander des soldats de leur valeur. Ce sont eux les artisans de nos succès et les vrais vainqueurs de la Kapisa.

Tout le reste n’a que peu d’importance.

COL Nicolas Le Nen, 27e BCA, commandant le GTIA « Tiger », « Task Force Tiger ». Ed. Economica

 

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Photo Marlene Kuhn-Osius, « Objectif Afghanistan » [épuisé].

 

La guerre, je l'ai fréquentée en d'autres lieux en tant que reporter. J'ai attendu de nombreuses fois qu'elle survienne pour rassasier ma soif d'adrénaline, me rappeler ou rappeler aux autres que j'existe, m'exalter de vivre un moment extraordinaire, historique parfois, ou simplement pour avoir de quoi écrire un article. (...) [Mais] être acteur à la guerre, c'est autre chose. Je m'en rends compte aujourd'hui. Je me rends compte que les militaires, finalement, quand ils sont sains d’esprit et "bien tassés dans leurs bottes", n’aiment pas la guerre, ou du moins, l’aiment parfois moins que nous [les journalistes]. Et c'est heureux.

CNE (r) Raphaël Krafft, COS, journaliste rattaché au 2e REI, animateur de Radio Surobi, « Captain Teacher »,  Ed. Buchet-Chastel

 

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Photo José Nicolas. 

 

Aujourd’hui la mission est terminée, le fanion [du GTIA] Raptor a rejoint définitivement les murs de la salle d’honneur du 1er Régiment de Chasseurs-Parachutistes. Mais l’on dit qu’à chaque visite, à chaque souvenir évoqué en sa présence, il retrouve ses couleurs vives et l’aigle sur le tissu reprend son vol suspendu pour « fondre du ciel » à jamais. On dit même qu’il se met alors à parler de ces hommes et de ces femmes qui sont allés jusqu’au bout de leurs rêves et de leurs convictions, de ces hommes et de ces femmes qui ont gagné là-bas, loin de leur pays, le seul combat qui vaille la peine d’être vécu, celui que l’on livre contre soi-même, pour les autres, jusqu’au sacrifice de sa vie.

COL Renaud Sénétaire, 1er RCP, commandant le GTIA Raptor, auteur de « Les aigles dans la vallée », Ed. Mélibée. Préface à « 197 jours – Un été en Kapisa », CCH Julien Panouillé, 1er RCP. Ed. Mélibée.

 

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Photo Alphonse-Bernard Seny. 

 

J'étais fier de commander mes hommes, me souciant de leurs tâches et surtout de leurs préoccupations. J'étais heureux d'être avec eux au bar, le soir, en rentrant de mission, une fois que tout était terminé, que la pression était tombée, avant de recommencer tôt le lendemain. Heureux de ne faire qu'un avec eux. Heureux car ils me le rendaient bien et l'on pouvait sentir entre nous, sans que cela ait été décidé, une complicité de ce lien particulier et fort qui unit les hommes après qu'ils ont traversé ensemble des épreuves qui ne peuvent être fidèlement narrées.

CNE Philippe "Stang" Stanguennec, CoTAM, "Au service de l'espoir", Ed. L'Esprit du Livre.

  

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Photo Alphonse-Bernard Seny.

 

J’ai commandé des soldats exceptionnels. J’ai commandé des hommes qui savent aujourd’hui ce qui est essentiel et ce qui n’est qu’accessoire. J’ai commandé des hommes qui ont grandi. J’ai eu l’honneur d’être parmi eux.

Et l’Afghanistan ? Qu’adviendra-t-il demain de ce pays terrible où quatre-vingt-huit de nos frères d’armes ont laissé leur vie ? Nul de ne peut le prédire. Mais une chose est sûre : aujourd’hui, les cerfs-volants flottent de nouveau dans le ciel afghan.

COL Gilles Haberey, chef de corps du 92e RI, commandant le GTIA « Wild Geese ». Préface à « Le temps de l’action », Alphonse-Bernard Seny. Enfin!Editions.

 

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Photo Nicolas Mingasson. 

 

Chacun, un jour prochain, regagnera, qui sa famille, qui ses parents ou ses amis. De nouveau, la vie « quotidienne » reprendra le dessus, mais n’y aura-t-il rien de changé en nous ? Ce séjour de cinq mois ou plus, parfois beau, parfois laid, parfois joyeux, parfois triste, n’aura-t-il laissé aucune trace dans nos vies ? N’aura-t-il pas façonné, d’une impression qui nous était insoupçonnée au départ, notre façon d’appréhender le monde, et celle dont on veut vivre et aimer en ce monde ? Peut-être même que notre cœur a été mis à nu et que notre vie émotionnelle, sentimentale, affective et amoureuse s’en est trouvée transformée et pourquoi pas transfigurée ? La fragilité de l’existence que nous avons pu « apprécier » ici ne va-t-elle pas nous apprendre à aimer « différemment » ceux qui nous sont chers et même ceux que nous n’aimions pas assez, jusqu’ici ?

Padre Jean-Yves Ducourneau, aumônier militaire, « Les cloches sonnent aussi à Kaboul ». Ed. EdB.

 

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Photo Nicolas Mingasson. 

 

Comment parler en deux mots de nos morts et de nos blessés, sans tenir de propos sacrilèges ?

Simplement redire que, loin des images hollywoodiennes, la détresse de nos blessés n’est jamais belle. L’héroïsme de nos morts n’est pas de réussir à susurrer quelques mots glorieux à l’oreille d’un camarade à l’instant du trépas. Il est de s’être investi jusqu’au bout, avec forces et faiblesses, pour simplement tenir son rôle parmi ses frères d’armes. 

CNE Jean-Gaël Le Flem, 27e BCA in « D’ombre de de poussière », Thomas Goisque & Sylvain Tesson. Ed. Albin Michel

 

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SCH Jocelyn Truchet, 13e BCA. Photo Philippe de Poulpiquet, « Pour la France », Ed. Grrr…art.

 

La guerre d’Afghanistan s’achève et ses protagonistes entrent peu à peu dans l’oubli. D’autres conflits font leur apparition, au Mali ou ailleurs. Mais les blessés de guerre porteront toute leur vie le vivant témoignage de leurs batailles. Quatre ans plus tard, ma blessure est toujours là et ma souffrance physique quotidienne. Je ne pense pas m’en débarrasser un jour. Lorsque mon nerf me lance, j’ai le sentiment que ma jambe coupée est toujours là et que c’est elle qui me fait souffrir. Les médecins appellent cela « le membre fantôme ». Je serre les dents, je me plie en deux sous la douleur et j’attends que la souffrance passe. Ce fantôme va et vient plusieurs fois par jour et apparaît sans prévenir. Avec le temps, j’apprends à vivre avec lui. Cela fait partie de mon sacrifice. Je ne m’en plains pas et je ne regrette rien.

SCH Jocelyn Truchet, 13e BCA, « Blessé de guerre », autoédité.

 

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Photo Philippe de Poulpiquet, « Pour la France », Ed. Grrr…art. 

 

Perdu, déstabilisé, isolé dans sa souffrance, il est ainsi depuis son retour d’Afghanistan, voici plus de deux ans… Seul le désespoir empêche de croire à des jours meilleurs. Or toute la richesse du cœur de l’homme se résume à l’espérance que nous ne devons jamais perdre. Il nous faut espérer pour lui et avec lui, car l’espérance est souvent ce qui reste quand tout est parti à vau-l’eau. Le travail d’accompagnement sera long, mais il  n’est pas permis de croire à son échec.

Padre Jean-Yves Ducourneau, aumônier militaire, « L’autre combat ». Ed. EdB.

 

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Photo Philippe de Poulpiquet.

 

Je pense d’abord aux familles, à celles et à ceux qui ont perdu un proche, aux blessés graves, à toutes les personnes dont la vie sera irrémédiablement différente. Elles nous donnent des leçons quotidiennes de courage et de modestie. L’institution, je pense, en tire des leçons de vérité. Lorsque les cercueils sont alignés devant vous, vous prenez la réalité en pleine figure (…) A titre personnel, ces cérémonies d’hommage m’ont appris une plus grande humilité. J’ai un garçon qui part dans quelques jours en Afghanistan. Et je me dis : « Et si cela m’arrivait, à moi ? Si notre garçon devait être tué là-bas ? ». Frappé en plein cœur, comme toutes ces familles que nous avons tenté de réconforter, saurions-nous alors nous comporter plus dignement que beaucoup d’entre elles ? 

Général de corps d’armée Bruno Dary, ancien Gouverneur Militaire de Paris. Postface à « Afghanistan – Task Force La Fayette », José Nicolas. Ed. L’esprit de tous les combats.

 

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Photo José Nicolas.

 

 On ne se débarrasse pas des morts. Ils sont là. Ils forment un cortège amical et funèbre qui nous attend désormais de l’autre côté du miroir.

Padre Christian Venard, « Un prêtre à la guerre ». Ed. Tallandier

 

***

Bibliothèque francophone « Ceux d’Afghanistan »

Non exhaustif.

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Photos Thomas Goisque.

Certains pourront toujours prétendre que nous n’avons influé sur rien, que ces dix années de guerre en Afghanistan ont été inutiles, mais il suffirait que germent les quelques graines d’espoir que nous avons semées lors de nos mandats successifs, pour que rien n’ait été inutile.

Et même si rien ne germe, pourquoi devrions-nous regretter d’avoir essayé ?

Pourquoi devrions-nous renier ceux qui ont été tués ou blessés, en essayant ?

SCH Yohann Douady, 2e RIMa, « D’une guerre à l’autre ». Ed. Nimrod

 

Hommage

Aux morts pour la France en Afghanistan

31 août 2004 - CPL Murat YAGCI - 1er RPIMa

21 octobre 2004 - 1CL Thierry JEAN BAPTISTE - 3e RH

21 octobre 2004 - MDL Simah KINGUE EITHEL ABRAHAM - 3e RH

11 février 2005 - CPL Alan KARSANOV - 2e REI

17 septembre 2005 - CCH Cédric CRUPEL - 1er RPIMa

4 mars 2006 - PM Loïc LEPAGE - Commando Trépel

15 mai 2006 - 1CL Kamel ELWARD - 17e RGP

20 mai 2006 - ADC Joël GAZEAU - 1er RPIMa

20 mai 2006 - CCH David POULAIN - 1er RPIMa

25 août 2006 - PM Frédéric PARE - FORFUSCO

25 août 2006 - CCH Sébastien PLANELLES - CPA 10

25 juillet 2007 - ADC Pascal CORREIA - 1er RCP

23 août 2007 - MDL Stéphane RIEU - 1er RHP

21 septembre 2007 - ADC Laurent PICAN - 13e BCA

18 août 2008 - SGT Damien BUIL - 8e RPIMa

18 août 2008 - CPL Kévin CHASSAING - 8e RPIMa

18 août 2008 - ADJ Sébastien DEVEZ - 8e RPIMa

18 août 2008 - CAL Damien GAILLET - 8e RPIMa

18 août 2008 - SGT Nicolas GREGOIRE - 8e RPIMa

18 août 2008 - CPL Julien LE PAHUN - 8e RPIMa

18 août 2008 - SGT Rodolphe PENON - 2e REP

18 août 2008 - CPL Anthony RIVIERE - 8e RPIMa

18 août 2008 - CPL Alexis TAANI - 8e RPIMa

19 août 2008 - CPL Melam BAOUMA - RMT

22 novembre 2008 - ADC Nicolas REY - 3e RG

11 février 2009 - CDE Patrice SONZOGNI - 35e RAP

14 mars 2009 - CCH Nicolas BELDA - 27e BCA

24 mai 2009 - CCH Guillaume BARATEAU - 9e CCT / 9e BLBMa

1er août 2009 - CCH Anthony BODIN - 3e RIMa

4 septembre 2009 - CCH Johan NAGUIN - 3e RIMa

6 septembre 2009 - SGT Thomas ROUSSELLE - 3e RIMa

27 septembre 2009 - CPL Kévin LEMOINE - 3e RIMa

27 septembre 2009 - ADC Yann HERTACH - 13e RDP

27 septembre 2009 - BCH Gabriel POIRIER - 13e RDP

27 septembre 2009 - CCH Ihor CHECHULIN - 2e REI

8 octobre 2009 - SCH Johann HIVIN-GERARD - 3e RIMa

11 janvier 2010 - ICS Mathieu TOINETTE - 402e RA

12 janvier 2010 - LCL Fabrice ROULLIER - 1e BM

13 janvier 2010 - MDC Harouna DIOP - 517e RT

9 février 2010 - CPL Enguerrand LIBAERT - 13e BCA

8 avril 2010 - CPL Robert HUTNIK - 2e REP

22 mai 2010 - CBA Christophe BAREK-DELIGNY - 3e RG

7 juin 2010 - SCH Konrad RYGIEL - 2e REP

18 juin 2010 - BCH Steeve COCOL - 1er RHP

6 juillet 2010 - ADJ Laurent MOSIC - 13e RG

10 août 2010 - 1CL Antoine MAURY - 1er RMed

23 août 2010 - CNE Lorenzo MEZZASALMA - 21e RIMa

23 août 2010 - CCH Jean-Nicolas PANEZYCK - 21e RIMa

30 août 2010 - ADC Hervé ENAUX - 35e RI

15 octobre 2010 - ICS Thibault MILOCHE - 126e RI

17 décembre 2010 - CBA Benoît DUPIN - 2e REG

18 décembre 2010 - MA Jonathan LEFORT - Commando Trepel

08 janvier 2011 - SGT Hervé GUINAUD - RICM

19 février 2011 - CCH Clément CHAMARIER - 7e BCA

24 février 2011 - ADC Bruno FAUQUEMBERGUE - CFT

20 avril 2011 - CCH Alexandre RIVIERE - 2e RIMa

10 mai 2011 - 1CL Loïc ROPERH - 13e RG

18 mai 2011 - 1CL Cyril LOUAISIL - 2e RIMa

1er juin 2011 - SGT Guillaume NUNES-PATEGO - 17e RGP

10 juin 2011 - CCH Lionel CHEVALIER - 35e RI

10 juin 2011 - LTN Matthieu GAUDIN - 3e RHC

18 juin 2011 - CPL Florian MORILLON - 1er RCP

25 juin 2011 - CCH Cyrille HUGODOT - 1er RCP

11 juillet 2011 - BCH Clément KOVAC - 1er RCh

13 juillet 2011 - CNE Thomas GAUVIN- 1er RCP

13 juillet 2011 - ADC Laurent MARSOL- 1er RCP

13 juillet 2011 - ADC Emmanuel TECHER -17e RGP

13 juillet 2011 - ADC Jean-Marc GUENIAT - 17e RGP

13 juillet 2011 - SGT Sébastien VERMEILLE – SIRPA-Terre

14 juillet 2011 - MA Benjamin BOURDET - Commando Jaubert

7 août 2011 - CCH Kisan Bahadur THAPA - 2e REP

7 août 2011 - CPL Gerardus JANSEN - 2e REP

11 août 2011 - SGT Facrou HOUSSEINI ALI - 19e RG

14 août 2011 - CNE Camille LEVREL - 152e RI

7 septembre 2011 - CNE Valéry THOLY - 17e RGP

14 novembre 2011 - 1CL Goran FRANJKOVIC - 2e REG

29 décembre 2011 - ADC Mohammed EL GHARRAFI - 2e REG

29 décembre 2011 - SGT Damien ZINGARELLI - 2e REG

20 janvier 2012 - ADC Fabien WILLM - 93e RAM

20 janvier 2012 - ADC Denis ESTIN - 93e RAM

20 janvier 2012 - SCH Svilen SIMEONOV - 2e REG

20 janvier 2012 - BCH Geoffrey BAUMELA - 93e RAM

27 mars 2012 - CDE Christophe SCHNETTERLE - 93e RAM

9 juin 2012 - MAJ Thierry SERRAT - GIACM

9 juin 2012 - ADJ Stéphane PRUDHOM - 40e RA

9 juin 2012 - MLC Pierre-Olivier LUMINEAU - 40e RA

9 juin 2012 - BCH Yoann MARCILLAN - 40e RA

7 août 2012 - ADC Franck BOUZET - 13e BCA

 5 août 2013 - ADJ Gwénaël THOMAS - BA 123

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Photo US Army

Hommage

Aux soldats de l’ISAF de toutes nationalités, nos frères d’armes, morts en Afghanistan,

2356 américains, 453 britanniques, 158 canadiens, 54 allemands, 48 italiens, 43 danois, 41 australiens, 40 polonais, 34 espagnols, 27 géorgiens, 25 néerlandais, 21 roumains, 14 turcs, 11 néo-zélandais, 10 norvégiens, 10 tchèques, 9 estoniens, 7 hongrois, 5 suédois, 3 lettons, 3 slovaques, 2 finlandais, 2 jordaniens, 2 portugais, 1 albanais, 1 belge, 1 lituanien, 1 sud-coréen,

Aux milliers de soldats de l’Armée Nationale Afghane, nos frères d’armes, morts pour leur pays,

Aux contractants, journalistes, morts en Afghanistan,

Aux blessés dans leur chair, dans leur psychisme.

 

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Photo Sébastien Joly 

A la mémoire des civils afghans.

C'est sûr que nous vivons des temps difficiles, mais je regarde les choses de façon pragmatique : Il y avait deux écoles à Surobi en 2002, il y en a plus de vingt aujourd'hui. Il ne faut pas être ingrat. Les gens oublient vite. Moi, je me range dans le camp de ceux qui apportent le savoir et l'éducation.

Aziz Rahman, animateur de Radio Surobi, 

radio "communautaire" en langue pashto fondée par le COL Durieux, 2e REI.

« Captain Teacher », CNE (r) Raphaël Krafft, COS rattaché au 2e REI, Ed. Buchet-Chastel

 

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La 52e promotion de l’EMIA s'est baptisée « Ceux d'Afghanistan » 

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Nous avons apporté notre soutien à leur projet d’ériger une stèle à Coëtquidan, en mémoire des 89 soldats français morts pendant le conflit.

 Outre les fonds pour le monument, les Dolos ont réuni 15 000 € qu'ils ont offerts à Terre Fraternité, association qui vient en aide aux blessés et familles endeuillées.

Nous vous avons conté cette belle aventure, à laquelle nous sommes fiers d'avoir participé, ici.

Mais le soutien, comme le devoir de mémoire, doit continuer ! Rejoignez comme nous un autre beau projet, initié par le LTN Youri Féral : "1 Run ou 1 don pour nos blessés de guerre".

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Photo Sébastien Joly

Comme nos camarades des autres armées, les aviateurs ont affronté avec courage les risques de leur action en Afghanistan. Je m’incline devant la mémoire de tous ceux qui l’ont payé de leur vie, de tous ceux blessés dans leur chair et dont le mérite n’a d’égal que la noblesse de leur mission.

Général d’armée aérienne Jean-Paul Paloméros, Chef d’état-major de l’Armée de l’Air. Préface à « Afghanistan – Regards d’aviateurs », CNE Charline Redin, SIRPA-Air, désormais ECPAD.

 

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Photo Thomas Goisque.

Nous pouvons être fiers du comportement remarquable des soldats français en Afghanistan. 

Général d’Armée Bertrand Ract-Madoux, Chef d’Etat-Major de l’Armée de Terre. Préface à « L’Afghanistan en feu », CCH Emmanuel Gargoullaud, RICM. Ed. Economica

 

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Photo Thomas Goisque.

S’il vous arrive de rencontrer un de ces soldats, je suis convaincu qu’il appréciera que vous lui disiez merci. Merci pour son service. Merci pour son sacrifice. Nos soldats méritent de se faire dire merci.

Ils sont ce que ce pays a de plus noble. Ils sont ce que ce pays a de mieux.

LCL Steve Jourdain, Royal 22e Regiment, frère d’armes québécois. « Mon Afghanistan », Ed. Athéna.

 

 

 

 

 

 

20/12/2014

« Le temps de l’action – Un épisode de l’histoire du 92e Régiment d’Infanterie », Alphonse-Bernard Seny, photographe, Enfin!Editions

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Tous droits réservés.

 

 

A moi, Auvergne !

Devise du 92e RI “Les Gaulois”,

attribuée au caporal Dubois du régiment d’Auvergne, lors de la bataille de  Kloster Kampen contre l’armée anglo-prussienne, 1760,  guerre de Sept ans.

 

Début 2012, le 92e Régiment d’Infanterie, constituant la base du Groupement Tactique Interarmes « Oies sauvages », s’entraîne sur  sa terre d’Auvergne. Son déploiement en Afghanistan approche.  Parmi les Gaulois, un drôle de personnage déambule, sans Famas, mais un appareil photo en bandoulière : Alphonse-Bernard Seny. Ainsi commence une belle aventure, qui trouvera son apogée en Surobi. Témoignage de cette page d’histoire, un livre photo comme on les aime : « Le temps de l’action ».

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Et c’est toute la vie des Gaulois et du GTIA qui s’expose à nos yeux, de bien belle manière : au rythme des 250 pages, on passe de l’entraînement dans les brumes auvergnates aux patrouilles sous soleil brûlant de l'Afghanistan; des convois sous tension à bouffer la poussière, à  la vie dans la base, « soulevage » de fonte et repas appétissants (ou pas) ; des traits tirés par l’épuisement physique et mental, aux sourires lumineux lors des rares instants de détente ; de la promiscuité dans le VBCI ou la chambrée, à l’immensité désertique de la Surobi, qui pourrait être sublime si la mort ne se cachait pas derrière chaque caillou…

Tout cela en grand format, porté par un traitement chromatique malin : couleurs froides pour l’Auvergne, chaudes pour l’Afghanistan.

L’un des livres photo les plus réussi sur les troupes françaises au pays de l’insolence.

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Alphonse-Bernard Seny en Afghanistan

Quelques pages du livre, accompagnées des mots du Colonel Gilles Haberey, chef de corps du 92e RI, 2010-2012, commandant le GTIA en Afghanistan.

 

Voici venu le temps de l’action

 

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Nous avons gravi des collines, trébuchés sous des sacs trop lourds. Nous nous sommes relevés et nous avons repris notre chemin.

 

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Nous avons arpenté des pistes sans fin, parcouru des villages écrasés par le ciel et de verdoyants vergers de grenadiers.

 

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Nous avons été éblouis par le soleil qui brûlait la terre et nous avons écouté le silence de la montagne.

 

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Nous nous sommes préparés, sans peur, mais avec une légitime appréhension. Serions-nous prêts à cette rencontre avec l’ennemi ? Serions-nous prêts à cette rencontre avec nous-même ?

 

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C’est alors qu’est venu le temps de l’action.

 

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 COL Gilles Haberey, chef de corps du 92e RI, commandant le GTIA « Wild Geese », Afghanistan,  2012.

 

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Photo © Benoît Schaeffer / Divergence

Alphonse-Bernard Seny débute sa carrière de photographe dans les années 70 mais évolue rapidement vers la réalisation, vidéo-clips, publicités, films d’entreprise. A la fin des années 80, il réalise un film documentaire sur les enfants abandonnés de Saigon. Conquis par le Vietnam, il s’y installe pendant 7 ans et participe à la création d’un hôtel de luxe sur l’ancienne base des forces spéciales américaines de Nhatrang. De retour en France, il reprend sa carrière dans les médias, dont un documentaire plusieurs fois primé sur le photographe Tim Page, à qui l’on doit des images mythiques sur la guerre du Vietnam. Pas à pas, il revient vers son premier amour, la photographie. On lui doit par exemple le projet « Charlie won’t surf », exposition de photos sur les traces de la guerre en Extrême-Orient, avec l’effet toujours dévastateur de l’agent Orange sur les générations successives. En 2011, il est autorisé par l’armée française à suivre le 92e RI de Clermont-Ferrand, de son entraînement à son désengagement de Tora. Fruit de cette immersion : un lien affectif fort avec les Gaulois, et un livre  remarquable, Le temps de l’action, qui concourt sans équivoque au titre de plus bel ouvrage photo sur l’engagement français en Afghanistan.

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Prix : 61,80€ (direct éditeur). ISBN 979-10-92076-00-4 format 24x30, 260 pages couleurs

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Pour vous procurer le livre, voir ici.

Disponible également chez Prividef, ici.

Site d’Alphonse-Bernard Seny ici.

Page FaceBook du 92e RI ici.

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Le Tigre du CNE Brice Erbland, auteur de « Dans les griffes du Tigre », en Afghanistan - Ceci est attesté par Brice lui-même, d’après le code de l’hélicoptère visible sur d’autres photos.

 

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A gauche et à droite, votre serviteur avec Alphonse-Bernard : au Festival International du Livre Militaire 2013, Saint-Cyr Coëtquidan, et lors du vernissage de son exposition "Charlie Won't Surf", le 10 octobre dernier, galerie "Espace réduit", Paris XI°. Au centre, à l'Ecole Militaire lors des journées du patrimoine 2013. Photo © Natachenka

L’armée, ce n’était pas trop mon truc. Question d’époque. Un rien de rébellion aussi ? Je suis fils d’officier. Et pourtant, il fallait que j’y vienne, après m’être intéressé à ce qui « entourait » l’armée, les traces de la guerre par exemple, ou Tim Page. Au final, mon passé rock n’ roll m’a peut-être servi. J’y suis allé au culot, et cela a marché. Lors de ma première rencontre avec le Colonel, j’étais un rien tendu. Je ne savais trop à quoi m’attendre. Et puis le courant est passé, avec lui, puis avec ses hommes. J’ai eu pratiquement carte blanche. Tout s’est fait très naturellement, pas à pas. Oui, ma vision sur ce milieu à part a changé. J’avais conscience qu’en Afghanistan, sans eux et leur protection, je n’étais rien. Evidemment, une telle aventure laisse des traces. Ce sont des gens extraordinaires et se rapprocher de l’armée m’a peut-être aidé à mieux comprendre mon père.

Basé sur une conversation au F.I.L.M avec Alphonse-Bernard

  

 

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Hommage

Aux Gaulois du 92e RI morts pour la France,

Aux blessés.

 

Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc

 

Au cœur de notre France

Existe un pays de montagnes

Où l'on entend encore les échos des grandes batailles.

La vie et la mort s'y côtoient encore.

Quand nos armes sont sur le terrain

S'il faut, ennemis, nous referons Gergovie.

"Nos pères les Gaulois", chant du 92e RI

 

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J’ai commandé des soldats exceptionnels.

J’ai commandé des hommes qui savent aujourd’hui ce qui est essentiel et ce qui n’est qu’accessoire.

J’ai commandé des hommes qui ont grandi.

J’ai eu l’honneur d’être parmi eux.

 

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Et l’Afghanistan ?

Qu’adviendra-t-il demain de ce pays terrible où quatre-vingt-huit de nos frères d’armes ont laissé leur vie ?

Nul de ne peut le prédire.

Mais une chose est sûre : aujourd’hui, les cerfs-volants flottent de nouveau dans le ciel afghan.

 

Colonel Gilles Haberey

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Livre photo, 92e Régiment d’Infanterie, Les Gaulois, Régiment d’Auvergne, GTIA Wild Geese, Surobi.

01/12/2014

« L’autre côté de la lentille », CPL Olivier « Wali » Lavigne-Ortiz, R22eR, Canada, éd. OLOrtiz

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés. Merci de nous consulter si vous souhaitez les réutiliser.

 

 

« Tu peux tuer toutes les hirondelles,

tu n'empêcheras pas le printemps de revenir. »

Proverbe afghan

 

Après-midi du 14 juillet, sur l’esplanade des Invalides, après l’émotion de la rencontre tant attendue avec le LCL Steve Jourdain, au gré de la discussion : « Tu connais le livre de Wali ? – Nan – C’est un ancien tireur d’élite. Vétéran d’Afgha. Photographe. Tu devrais le contacter… »

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Nos fidèles lecteurs savent déjà toute l’affection que nous portons à Steve Jourdain. La magie de cette relation fraternelle, établie par-dessus l’Atlantique, en quelques jours et par de simples échanges de messages, allait-elle se répéter avec son jeune compatriote Wali ? Le lien indéfinissable qui unit la communauté militaire et tous ceux qui revendiquent en faire partie, quand bien même civils, n’est-il qu’une vue de l’esprit ? Non. Cette fraternité est un fait : L’accueil du tireur d'élite est plus que chaleureux. Quelques échanges de mails comme avec Steve et déjà le sentiment de s’adresser à un ami. Magique.

Et puis nous recevons le livre. On le feuillette. On le lit. Et là encore, de la magie…

Je vous amène vers ces endroits où les lentilles que l’on voit sont celles attachées sur une arme. Plus qu’une mission de combat, bienvenue dans ce tour guidé et protégé derrière une infaillible vitrine de papier. Bienvenue dans cette patrouille alternant entre l’hiver et l’été ; près de ce que certains appellent l’enfer, mais surtout près de la beauté. Bienvenue dans une des contrées les plus dangereuses du monde. Voilà non pas les images d’une belle guerre, mais les belles images d’une guerre.

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La guerre, quoique parfois nécessaire, est toujours un échec de l’humanité. Les plus grandes victoires militaires sont aussi les plus grandes défaites humaines. La guerre est comme une partie de poker, à l’exception qu’ici, même le gagnant y perd quelque chose. A la guerre, impossible de se refaire. On ne reprend pas ce que l’on a perdu. Les mères ne reverront plus leur fils. Les sœurs n’embrasseront plus leur frère. Les familles des gagnants, comme celles des perdants, vivront à jamais avec le douloureux souvenir du grand départ vers le royaume des morts.

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D’un côté il y a les bombes et les embuscades. Il y a le fanatisme. Il y a l’ennemi. De l’autre, il y a les enfants qui jouent et des bergers qui conduisent leurs bêtes aux pâturages. La beauté se trouve même dans les pays en guerre. 

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Entre l’objectif de mon arme et celui de mon appareil photo, il y a le soldat et le photographe. Il y a le guerrier et il y a l’artiste. Je portais mon arme comme un homme ; je jouais avec mon appareil photo comme un enfant.

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En une seule patrouille, on peut traverser tous les états d’esprit. On voit un enfant se lever dans les vagues d’une mer de blé et, quelques instants plus tard, un homme travailler à l’ombre d’un arbre penché. On passe du sifflement des balles au chant des oiseaux dans les champs. Du cadavre d’un combattant au regard candide d’un parent. Des larmes d’un soldat au charme d’une rivière sous un pont de terre. Du camouflage couleur désert aux vignobles tapissés de raisins verts. Du sang au rouge du soleil levant. Du désespoir à l’espoir. 

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Un photographe est tel un magicien. D’un simple clic, il peut faire disparaître la laideur et arrêter le temps. Il peut isoler la beauté d’une toute petite fleur et l’enlever des ardeurs d’un désert. Il peut faire oublier une bataille aux générations à venir. Il peut rendre muet le calvaire des coups de feu et des explosions...

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… il peut capturer une âme prisonnière de la guerre et la placer dans un livre telle une œuvre sacrée dans la galerie d’un magnifique musée. Il peut rassembler des morceaux de l’enfer et les assembler en une mosaïque digne du paradis. Il peut recruter l’image de plusieurs orphelins isolés et lever une armée à la conquête des cœurs du monde entier.

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J’ai aimé ce pays, sa culture, ses gens. J’ai choisi de m’attarder à sa beauté. Malgré la guerre. Malgré mon métier de soldat. Car cette belle contrée est bien plus que des véhicules blindés et des soldats casqués.

 

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moi1.jpgOlivier Lavigne-Ortiz nait en 1981 à Montréal. Tireur d’élite du Royal 22e Régiment, seule unité d’active québécoise de l’armée de terre canadienne, il est déployé en 2009 en Afghanistan. Il y retourne l’année suivante pour former la police afghane. Son surnom de « Wali » lui est donné par les Afghans qui peinent à prononcer son prénom. Soldat mais aussi artiste éclectique, Olivier est auteur (on lui doit le conte philosophique « Le voyageur sans nom »), compositeur de musique classique, réalisateur et évidemment photographe, pour le compte du R22eR et à titre privé.

Son site WEB ici

 

Mon premier déploiement s’est effectué en tant que tireur d’élite au sein du Royal 22e Régiment. C’était en 2009. J’y suis retourné en 2010 avec une équipe de conseillers avisés pour former la police afghane. En tout, j’y ai passé 16 mois. Sans hésiter, j’y serais resté pour le double du temps.

Wali 

Souvent, nous avons refermé les livres sur l’Afgha – soyons honnêtes – profondément émus, à commencer par celui de Steve, « Mon Afghanistan ». Avec « De l’autre côté de la lentille », nous l’avons fait avec le sourire, avec un sentiment d’espérance. Et ce n’est finalement pas si contradictoire, car le livre de Wali fait écho à celui de Steve : au-delà du fracas des armes, gardons en mémoire que tous nos soldats (français, canadiens, la nationalité compte-elle ?) se sont investis, ont soufferts, ont été blessés, ont perdu parfois la vie, pour une seule chose : pour que l’Afghanistan ressemble, enfin et exclusivement, à l’image qui prime dans « De l’autre côté de la lentille » : le sourire des enfants.

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ISBN : 978-2981232434 – Prix 24€ – format 21,6x21,6 - 170 pages.

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Site WEB ici.  

Le livre se trouve facilement en France, Belgique, Suisse, Luxembourg, par exemple via Amazon.fr 

 

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Pour mémoire, nous avons abordé « Mon Afghanistan », récit autobiographique du 2nd auteur du R22eR, notre camarade le LCL Steve Jourdain, ici

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Hommage

A nos frères d’armes canadiens ;

158 ont perdu la vie en Afghanistan.

Aux blessés.

A tous ceux qui ont œuvré et œuvrent toujours pour la paix en Afghanistan.

Je me souviens.

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Wali en Afgha.

Au fil des mois, le corps et l’âme du soldat finissent par être marqués. Je m’en suis sorti avec quelques rares égratignures. La guerre ne m’avait pas tant changé. Elle avait simplement confirmé ce que j’avais toujours été au fond de moi : un soldat. Quand les personnes me demandent comment a été mon expérience en Afghanistan, je vois dans leur expression qu’ils s’attendent à une réponse triste et négative. Ils sont surpris et sourient quand je leur réponds que l’Afghanistan a été la plus belle expérience de ma vie.

Wali