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17/02/2019

« Bernard Dargols, un GI français à Omaha Beach », Caroline Jolivet, éd. Ouest-France

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

Nous devons toujours prendre parti.

La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime.

Elie Wiesel

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Nous pensions être les premiers à toucher la plage. Prendre l'ennemi par surprise, c'était ce que j'espérais, non pas par bravoure, mais pour avoir ainsi plus de Chance de nous en sortir. Mais au fur et à mesure que nous contournions le Pays de Galles se sont agglutinées autour de notre bateau dix, cent et même plusieurs milliers d'embarcations, d'autres Liberty Ships, mais aussi de petites barques et des navires de guerre immenses. Ce spectacle était incroyable. Comment pouvions-nous, si nombreux, ne pas être repérés par l'ennemi ? Je redoutais que les Allemands, cachés dans leurs casemates où tout l'horizon leur était bien visible, ripostent en conséquence à notre arrivée. J'avais cependant la sensation étrange que si, par chance, je réussissais à mettre un pied sur le sol français, je finirais par m'en sortir.

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Bernard Dargols devant sa Jeep « La Bastille ». Archives familiales Dargols, droits réservés.

La barge avança vite puis s'arrêta. Elle s’approcha lentement de la côte. Nous attendions les nouveaux ordres. Encore une demi-heure s'écoula avant que l'immense rampe à l'avant ne commence à se déployer vers la plage, trente minutes qui parurent interminables, durant lesquelles nous étions coincés dans cette soute inondée par le bruit incessant des bombardements et d’où on ne voyait rien. L’idée de revenir en France et surtout l’espoir de revoir ma famille après l’avoir quittée six ans me submergeait.

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Photo publiée dans la presse américaine. Au centre Bernard Dargols, à gauche Marie-Jeanne Brossard qu’il retrouvera bien des années plus tard. 15 juin 1944, Cerisy-la-Forêt

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Nous reprîmes la route vers Brest. Notre convoi ne passait pas inaperçu. Les enfants étaient fous de joie, déchaînés, dansaient et chantaient. Les hommes levaient le bras et formaient le V de la victoire, d'autres saluaient, d'autres encore nous tendaient des verres de vin ou de cidre, et les femmes et les jeunes-filles criaient, hurlaient, « Vive l'Amérique ! Vive l'Amérique ! », nous envoyaient des baisers et nous jetaient des fleurs. Je croyais rêver.

***

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Voici le récit d'un parcours exceptionnel : en 1939, Bernard Dargols, jeune parisien, est en stage à New York lorsque la guerre éclate. De confession juive, sa famille restée en France est évidemment en grand danger. Son père et ses frères arrivent à fuir la France occupée, mais sa mère, ses grands-parents, restent à Paris. Bernard décide dès lors de s'engager dans l'armée américaine. Sous-officier de la Military Intelligence Service, il débarque en 1944 en Normandie et sert au sein des renseignements militaires de la 2e Division d'infanterie US « Indian Head ». Parcourant l'avant-front, collectant des informations sur les troupes allemandes auprès des Français, il participe à la libération de la Normandie, de la Bretagne et des Ardennes.

Ecrit en collaboration avec sa petite-fille Caroline Jolivet. Livre très réussi, de nombreuses photos issues de la collection familiale, une belle œuvre de mémoire intergénérationnelle. A lire !

Aux éditions Ouest-France, disponible ici. 14€.

Une version anglophone et augmentée a été publiée par Pen & Sword Military en 2018, disponible ici. £19.99.

Une version "audio" est en cours d'élaboration.

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Avec Bernard Dargols et sa petite-fille Caroline Jolivet lors de leur conférence à Rocquencourt en 2015.

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Hommage

Aux soldats de l’Indian Head,

A tous les combattants du jour J et de la Libération,

A toutes les victimes, civiles et militaires, du régime Nazi.

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Novembre 1944, Bernard Dargols au siège du Counterintelligence Corps, place de l'Opéra. Archives familiales Dargols, droits réservés.

Il n'y avait quasiment pas de circulation automobile dans Paris, du fait de la rareté de l'essence. Je m'apprêtais à partir pour aller voir mon copain Max. Ma mère m'a dit : « Fais attention en traversant la rue » en refermant mon col pour que je ne prenne pas froid. Moi qui venait de participer au Débarquement.