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25/07/2019

F.I.L.M et Triomphe 2019

Photos © A. Broquet/Blog milittéraire Une Plume pour L’Epée.

 

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Retour en image sur nos rencontres-retrouvailles avec les mili-auteurs au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Que du beau monde, et encore ne présentons-nous que celles et ceux abordant le récit. Désolé pour nos amis versant dans l'histoire, la stratégie ou la BD, qui présentaient également des livres, forcément d’un grand intérêt.

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Remise du prix des Cadets 2019 au LTN (r) Aude Nicolas pour sa biographie du Général Lasalle, figure mythique de la cavalerie de la Grande Armée, parue aux éditions Bernard Giovanangeli (maison d'édition recommandée, discrète bien que possédant un très beau catalogue mili). Entourée par le GAL Labuze, venant de quitter le commandement des écoles, et le LCL Jean Michelin, lauréat 2018 avec « Jonquille » que nous avons abordé ici.

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Avec le CNE Sébastien Tencheni. Un auteur que nous "pistions" depuis longtemps tant nous étions intéressés par son récit « Entre mes hommes et mes chefs » : Cuirassier déployé au Mali en 2014, il livre au jour le jour son ressenti sur ce théâtre exigeant, ses réflexions sur ses hommes, son unité, l'institution militaire et son pays, avec ses yeux de jeune officier. Placé sur le dessus de la pile des « à lire ».

Aux éditions Lavauzelle, disponible ici.

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Retrouvailles toujours heureuses avec notre camarade le LCL Remi Scarpa, l'un des parrains du blog, auteur des très beaux "Offensive éclair au Mali" et "Engagés pour la France - 40 ans d'opérations extérieures, de Kolwezi à l'Irak", ce dernier avec le COL Haberey.

Aux éditions Pierre de Taillac, disponibles ici.

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Avec le CNE Benjamin Petit, à qui l'on doit la publication d'un manuscrit de son grand-père Victor Petit, "Balade guerrière, souvenirs de temps de guerre, 1940 - 1944", déjà lu et apprécié : Tout jeune ouvrier-fraiseur de Bréguet, Victor est embarqué dans la tourmente de 40, rejoint Bordeaux à vélo, part en cargo pour l'Angleterre puis finalement l'Afrique du Nord. Il s'engage au nouveau-né 1er RCP, participe à la libération de la France et est blessé sur le front des Vosges... Une jolie brique de plus pour le #DevoirdeMémoire.

En autoédition, il est possible d'obtenir le livre en passant directement par l'auteur, via sa page Balade guerrière, souvenirs de temps de guerre, 1940 - 1944.

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Avec le CF (er) Jean-Paul Jannin. Les témoignages de Marins sont rares, donc profitons de son "Un Corse en mer" reprenant toute sa carrière, engagement en 1959 comme radio dans la Royale, guerre d'Algérie, les sous-marins, la marine marchande et les Douanes en Afrique... Très sympathique.

Jérôme Do Bentzinger Editeur, disponible ici

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Avec Marc Juinat et Pierre Martinet qui renouvellent le roman d'espionnage avec "Captain". L’abondance d'images de nos JT et les milliers de relais des réseaux sociaux nous masquent trop souvent ce qui se trame réellement au plan international. Qui tire les ficelles et qui tient la caméra ? Quels sont les enjeux politiques et où sont les intérêts de notre nation ? "Captain" est un roman de fiction qui condense le temps et quelques affaires qui émaillèrent notre imaginaire collectif ces dernières décennies, entre magouilles politiques et affaires d’état médiatisées, entre complots et fake-news..."Mer agitée" est le premier opus d’une série où Captain trouvera sur son chemin des conseillers ripoux, une banque qui flambe, un criminel de guerre, des comptes en Suisse, les maîtresses du Président, le suicide d’un ex-ministre...

Éditions des 3 hibouks, disponible sur les grands sites du Net, par exemple ici.

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Avec les ADJ Damien Charlier et CDT Eva Renucci, auteurs de "Pierre Sellier : Le clairon de l'armistice". Un projet que l'on aime bien, initié par l'adjudant Charlier, logisticien passionné d'histoire et le commandant Renucci, œuvrant au SHD : Le 7 novembre 1918, le CPL Pierre Sellier est désigné pour déclencher une sonnerie de cessez-le-feu lorsque l'arrivée des représentants du gouvernement allemand est annoncée. Il s'agit d'un beau combattant dont la croix de guerre porte plusieurs clous en bronze et en argent. La légende s'installe ensuite. En effet, pour une majorité des combattants, l'armistice c'est avant tout un son, celui d'une sonnerie réglementaire de l'armée française, celle du cessez-le-feu. La presse s'empare d'un nom, celui du clairon Pierre Sellier, qui devient ainsi le clairon de l'armistice.

Aux éditions Le Livre d'histoire-Lorisse, disponible ici.

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Avec le CDT Julien Monange, auteur de "Arcanes et tranchées". Ouvrage original qui allie réalité historique et poésie. Reposant sur plusieurs rapports et récits, il retrace les étapes de la Grande Guerre à travers plusieurs fronts. À chaque évocation historique s'en suivent deux à quatre poèmes en lien avec les événements décrits permettant de mieux comprendre la perception des faits par les Poilus. Chez Energeia Editions, disponible ici. Récupéré au salon donc pas encore lu, mais intrigant.

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Notons aussi que le CDT Monange est auteur de "La légion arabe de 1917", histoire peu connue d'une force composée de volontaires bédouins et levantins, prisonniers ou déserteurs ottomans, venant en appui des colonnes tribales de l'émir Fayçal et du Colonel Lawrence contre les Turcs. CNRS Editions, disponible ici

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Avec Stéphanie Trouillard. Encore une histoire #Devoirdemémoire comme on les aime. 12 juillet 1944 : des rafales de mitraillettes brisent le silence de l'aube dans une ferme du Morbihan. André Gondet, 23 ans, s'écroule sous les balles au milieu de ses camarades résistants. Ce sanglant épisode marque les habitants des environs au fer rouge. Dans la famille Gondet, la douleur serre la gorge et scelle les lèvres. La souffrance est aussi vive que silencieuse. Soixante-dix ans plus tard, André n'est plus qu'un nom sur un monument aux morts. De lui, il reste seulement un portrait dans un vieux cadre accroché sur un mur de la maison familiale. Une photo qui finit par attirer le regard et la curiosité de l'une de ses petites nièces : Qui était cet homme dont son grand père ne prononçait pas le nom ? Quel était son combat ? Par quoi était-il animé ?

Ainsi est né "Mon oncle de l'ombre", enquête de Stéphanie Trouillard sur la vie et le destin de son grand-oncle André Gondet.

Chez Skol Vreizh Edit, disponible par exemple ici.

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Avec Dominique Féger-Penhoat présentant "Les trois cousines en Indochine". L'histoire d'une quête : la recherche par l'auteur de ses racines vietnamienne et de son grand-père, militaire de la Coloniale :

Née en France en 1954, Dominique est elle-même fille du CBA Yves Féger, Marsouin, combattant d'Indochine, d'Algérie et du Tchad. Il a épousé une jeune eurasienne, Laï, ce qui signifie sang-mêlée en vietnamien. La mère de Dominique est en effet le fruit d'un amour entre une vietnamienne, Nung Thi Liem, et, déjà, un officier de la Coloniale, présent en Indochine dans les années 20.

Mais dès lors l'omerta a joué, et l'identité du grand-père reste inconnue. Ne subsiste que la photo où on le voit, avec la grand-mère de Dominique, Nung Thi Liem, et Laï enfant.

Découvrant le "mystère" familial, Dominique n'a de cesse de retrouver l'identité de son grand-père, quête toujours d'actualité... et nous souhaitons à Dominique qu'elle aboutisse.

Editions Atelier Fol'Fer, disponible ici.

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Avis de recherche…

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Très heureuse surprise de tomber sur le [SCH>LTN] Yohann Douady, présent à Coëtquidan non pour le festival, mais comme accédant à l'épaulette avec l'ESM4. Auteur du *magnifique* "D'une guerre à l'autre" abordé sur le blog il y a bien longtemps ici et toujours disponible aux éditions Nimrod ici.

Yohann espère retrouver ses chers Marsouins. Il perdra sa qualification tireur d'élite mais fera un bien bel officier, médaillé militaire en sus... Il nous a aussi fait part d'un nouveau projet d'écriture, actuellement en gestation.

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Les lauréats du prix des Cadets 2019 et 2018, LTN (r) Aude Nicolas et LCL Jean Michelin

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Mais pas de F.I.L.M sans Triomphe…

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Comme le veut la tradition, les 3ème bataillon de l’ESM et 2ème Brigade de l’EMIA ont reçu leur nom de baptême. Ce sera, pour les Saint-Cyriens de la 205e promotion : « Compagnons de la Libération », et pour les Dolos de la 58e : « Uskub », remettant en lumière une victoire méconnue des Chasseurs d’Afrique et Spahis du corps expéditionnaire français dans les Balkans en 1918 ; ni plus ni moins qu’une charge de cavalerie ! Vous en saurez plus sur le site de la promotion ici

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Nous en profitons pour souhaiter bon vent au 1er bataillon de France (alias « Général Loustaunau-Lacau »), à la « Général Le Boudec », au 4e Bataillon, officiers rang, OAEA et OAES, OSC et officiers de réserve ; une bonne continuation à la « Général Fourcade » ; avec tous nos vœux de réussite aux cadets des 205e promos de la Spéciale et 59e de l'EMIA.

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Chic à Cyr !

 

 

 

 

 

10/11/2017

« La naissance d’un pilote – L’enfant qui rêvait d’un Mirage », LCL Marc Scheffler, EC3/3, EC2/3, EPAA, éd. Nimrod

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur et de l’éditeur. Droits réservés.

 

Il n'y a qu'une façon d'échouer,

c'est d’abandonner

avant d'avoir réussi.

Georges Clémenceau

 

Il est bien connu que plus on s’en approche, plus un mirage s’éloigne. Il existe cependant des exceptions…

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Avec « La naissance d’un pilote », comme un prequel à son remarquable « La guerre vue du ciel », Le Lieutenant-Colonel Marc « Claudia » Scheffler revient sur toute la période de sa vie allant des rêves d’un ado à la chambre décorée de posters de Mirage, à son installation effective dans le cockpit d'un 2000D. Et ce ne fût pas facile… Révisions-nuits-blanches de la « prépa » ; virilité des relations au sein de l’Ecole de l’Air ; stress et sueur pour maîtriser ses montures, Tucano et Alphajet ; épuisants « jeux » de chat et de souris aériens avec des instructeurs intraitables ; toutes les étapes qui ont fait du damoiseau un chevalier du ciel.

Récit brillant qui se lit comme un roman d'aventure, aidé par des dialogues percutants (marque de fabrique de l’auteur). Une leçon de vie aussi, celle d’un rêve accompli à force de volonté, courage et abnégation. Absolument passionnant.

Un feulement lointain résonne dans les vallées. J’embrasse du regard toutes les montagnes environnantes. J’aperçois soudain des éclats traînant de minces filets gris. Trois petites flèches sombres disposées en triangle se dessinent au-dessus des sommets et virent vers nous. Un trio de Mirage F1 nous rase dans le rugissement des réacteurs. Je les regarde, rêveur, s’éloigner sur l’horizon.

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Marc Scheffler ; accueil « musclé » par les anciens, à l’école des Pupilles de l’Air en 1991

- Tes résultats en maths sont catastrophiques. Tu n’as pas le niveau pour suivre une Maths sup, je ne parle même pas de Maths spé. La Fac ouvre ses portes dans quelques semaines. Tu as encore le temps de t’inscrire et d’arrêter ta « Sup » maintenant.

- Nous ne sommes qu’au tout début de l’année…

- Crois-en mon expérience, tu n’iras pas dans la classe supérieure. Vous êtes une soixantaine, nous n’en garderons qu’une quarantaine.

- Je vais progresser, laissez-moi…

- De tout façon, tu n’auras aucune chance aux concours !

1991, « prépa » aux Pupilles de l’Air

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Marc Scheffler à Ecole de l’Air, 1994

Le vol, c’est avant tout beaucoup de travail au sol, à emmagasiner et à digérer de la théorie (….) Pour réviser, je me suis construit une cabine de Tucano « made in Marco ». Sur des panneaux en contreplaqué j’ai collé des impressions en couleur de la planche de bord et des banquettes latérales. J’ai poussé le détail jusqu’à reproduire la manette de gaz et à rallonger le manche d’un joystick à l’aide d’un tuyau en pvc. Une simple chaise fait office de siège éjectable et j’ai installé un « flight simulator » sur mon Commodore 64 relié à une bonne vieille télévision cathodique. C’est là que le soir, reproduisant les gestes, je grave dans ma mémoire toutes les procédures (…) Je rabâche les actions réflexes jusqu’à en rêver la nuit.

1994, Ecole de l’Air

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Marc Scheffler dans son Tucano, Ecole de l’Air, 1994

Un élève du 1er escadron vient de se faire arrêter de vol et la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre. Pour prendre la température, nous nous rassemblons autour de Ranx, l’une des vedettes de l’unité.

- On n’est pas des bouchers. Si le gars en vaut la peine, on est forcément plus bienveillant. Après, s’il se ramasse complètement, il y a un moment où tu ne peux plus rien faire pour lui (…) On lui laisse une chance, mais s’il se croûte une deuxième fois, on se dit que le jour où il fait ça avec quatre-vingt paras derrière, ça peut mal se terminer (…) Avec notre expérience, on doit vous aider, vous former et décider. On préfère ne pas prendre le risque avec un jeune plutôt que de le voir échouer ensuite, ou pire, se tuer plus tard. C’est dur à entendre pour vous, mais c’est la réalité.

Le discours paraît soudain rude et froid. Conscient que ce n’est pas le message qu’il veut faire passer, Ranx s’empresse d’ajouter :

- Mais ne pensez pas à ça. Foncez, donnez tout ce que vous avez, l’Armée de l’Air a besoin de bons mecs qui se tirent les doigts du cul pour réussir.

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Tucano de l’Ecole de l’Air, atterrissage en patrouille serrée ; 1994

[Décollage prématuré…]

Nous sommes alignés sur la piste. Dans un balancement franc de la tête d’arrière en avant, Tong vient toucher sa poitrine avec son menton et libère son Tucano. Sans réfléchir, je l’imite…

- WOW ! WOW ! WOW ! s’écrie Carlis derrière moi, on n’en est pas encore au décollage en patrouille serrée !

Meeeeerrrrrrde ! Je devais décoller dix secondes derrière ! Réflexe, je me jette sur les freins.

- Relâche, relâche ! Hurle Caris, maintenant qu’on est partis, on continue. Tu restes à côté de lui sans converger.

Nos Tucano s’élèvent côte à côte. Une fois remis de sa surprise, Tong lance d’un ton moqueur :

- On ne me l’avait jamais faite celle-là…

1997, Ecole de l’Air

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Debriefing, Ecole de l’Air, 1994

De retour dans le box de débriefing, je m’attends à une sérieuse remontée de bretelles (…) Boubou m’expose en détail mes lacunes et conclut :

- Tu dois travailler ta rigueur et ta précision en pilotage, anticiper, analyser et percuter plus rapidement sur l’avion, la radio, etc. C’était mieux à la fin ; au départ, tu étais complètement à la rue …

- J’ai eu du mal…

- Il y a quatre mots de trop ! A la prochaine remarque, je te sors du box à l’horizontal. Sois tu écoutes et tu apprends, soit tu vas aller faire autre chose.

Février 97, Ecole de l’Air

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Vol en formation ; Ecole de l’Air, 1994

- Allez Claudia, à toi !

J’empoigne le manche et la manette des gaz. Immédiatement, le Tuc se met à s’agiter. Comme je suis crispé, mes va-et-vient aux gaz sont trop amples et mes coups de manche trop appuyés. Presque à le toucher, le Tucano de Tong danse à quelques mètres devant moi.

- Compense l’appareil, souffle un peu et remets-toi en position souplement, me conseille Caris.

Je bataille sans réussir à trouver le bon dosage sur les gouvernes. Dès que je me rapproche trop, nos deux Tucano se repoussent comme des aimants. Mon leader ne me lâche pas des yeux, prêt à dégager si je m’approche trop. Trop prêt, je suis dangereux. Trop loin, je ne suis pas en place. Mon espace vital s’est soudain rétréci. Jusque-là je n’avais évolué que seul et le ciel était à moi. Là, pendant dix minutes, je fais l’accordéon avec l’avion de Tong. Caris tente de dédramatiser :

- Commence par te calmer un peu, j’entends ton souffle saccadé et j’ai l’impression de voler derrière un asthmatique…

Mai 1997, Ecole de l’Air

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Marc Scheffler « sur le toit »

Mon Gadget vibre, à la limite de la perte de contrôle. Tassé sur mon siège par le facteur de charge, je résiste. Le monde tournoie à toute vitesse, en blanc et bleu. Par instants, ma vision se voile. Le cœur dans les chaussettes, les manettes de gaz « dans le phare », j’ai attrapé le manche à deux mains pour lui emboîter le pas et me coller dans son sillage, le plus près possible. Ne pas se laisser distancer, ne pas se laisser déphaser.

Puisqu’il ne parvient pas à se débarrasser de moi, Dalvi change de tactique. Il fonce en bordure de grosses volutes blanches et rondes et s’enroule autour à pleine vitesse. Je le perds quelques secondes avant de le retrouver derrière presque à la verticale, accroché au flanc cotonneux. Tu ne vas pas me baiser aussi facilement ! D’une traction virile, je repars à sa poursuite.

Mars 1998, Ecole de l’Air

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Marc Scheffler dans son Alphajet, Ecole de Guerre 1998

Je comprends que Kaman a l’intention de me donner une bonne correction. Piqué au vif, je m’agite en cabine pour retrouver ce putain d’enfoiré… Je m’agrippe à la poignée gauche de la verrière afin de m’aider à tourner encore plus mon buste vers l’arrière, presque à me démancher le cou. Ma nuque me tiraille, j’en chie de plus en plus. Il réapparaît enfin, légèrement plus bas, en retrait, et remonte, le nez pointé vers moi. Il est offensif, en position favorable, et va durcir le combat. Je suis défensif, me voilà contraint à chercher une porte de sortie pour me débarrasser de mon poursuivant et éviter une mort virtuelle. Mais j’ai l’avantage de l’altitude. Mâchoire serrée, je vire en plongeant vers lui et ruiner ses espoirs de me trouer.

Septembre 1998, Ecole de l’air

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Je rentre de mon dernier vol sur Alphajet. Mes oreilles sont pleines du bourdonnement du vol et ma tête est encore à des milliers de pieds au-dessus du sol. Pendant une poignée de secondes, je reste là, assis dans mon cockpit, encore coupé du monde par mon casque. Je regroupe calmement les affaires, cartes et documentation diverse et descends de l’avion. Jamais l’air ne m’a paru plus léger.

Novembre 1998, Ecole de l’Air

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Capture.JPGLe Lieutenant-Colonel Marc « Claudia » Scheffler entre à l’Ecole de l’Air en 1994, promotion « Lieutenant Pierre Soubeirat ». Il a servi au sein de l’EC 3/3 « Ardennes » et de l’EC 2/3 « Champagne » à Nancy-Ochey comme pilote de Mirage 2000D, chasseur-bombardier biplace optimisé pour les frappes au sol. Il a participé à onze détachements opérationnels dont Ex-Yougoslavie, Tchad (2 fois) et RDC, Afghanistan (5 fois) et Lybie (2 fois), cumulant 4700 heures de vol, dont près de 2 200 sur Mirage, et plus de 150 missions de guerre.

Après 10 ans en escadron de Chasse et 6 ans à l’Ecole de Pilotage de l'Armée de l'Air (EPAA), il a été appelé à d’autres fonctions au sein de l’armée de l’Air.

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Avec nos camarades Marco et l'éditeur Nimrod au Salon du Livre de Paris 2017

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Marc est auteur de deux récits « La guerre vue du ciel », abordé ici, et « La naissance d’un pilote ». 

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« Naissance d’un pilote – L’enfant qui rêvait d’un mirage », LCL Marc Scheffler

ISBN 978-2915243697 - Prix 21€ - Format 23x15, 244 pages, cahier-photo couleur

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Aux éditions Nimrod, disponible ici.

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Hommage

A tous les aviateurs morts pour la France, au combat et en service commandé,

Aux blessés.

A tous ceux qui transmettent leur savoir aux aiglons.

Monte sans peur vers le soleil.

Le sol pour toi n'est qu'une escale

Et ton royaume, c'est le ciel.

Chant de tradition de l’Ecole de l’Air

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Je me relâche. Derrière nous, le paysage et la civilisation s’éloignent. Aucune vibration. Je me sens soudain libre, en équilibre au-dessus du vide. Mon cockpit prend des allures de terrasse panoramique. Les champs ne sont plus qu’une mosaïque de carrés verts et jaunes, les lacs deviennent des taches d’encre sur le dégradé vert des forêts. Les routes ne sont bientôt plus qu’un enchevêtrement de veinules grisâtres, la Loire et ses affluents de longs serpentins bleus. Et moi, je suis suspendu dans le ciel, avec pour seul souci de réussir ma mission. Un sentiment extraordinaire m’envahit, un mélange indescriptible de griserie, de plénitude et d’évasion totale.

A part nous, qui peut vivre ça ?

LCL Marc « Claudia » Scheffler

 

 

 

 

 

28/07/2016

Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan et Triomphe 2016

Photos Natachenka/UPpL’E. Droits réservés.

 

Nous vivons des instants si tragiques… Nos pensées vont vers toutes les victimes de la barbarie islamiste qui frappe en France et partout dans le monde...

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... mais la Terreur ne l’emportera pas. Alors, quand bien même le cœur brisé par toutes ces horreurs, et la colère latente, nous allons revenir sur le magnifique week-end passé auprès de nos soldats, les mili-auteurs, les Cyrards et Dolos, à Coëtquidan. Vous nous y verrez sourire, car les djihadistes ne nous enlèveront jamais la joie et la fierté de nous afficher aux côtés de nos soldats !

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La 7ème édition du FILM

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CCH Benjamin Itrac, ADC Nadège Donzé, CCH (er) Rodolphe Guadalupi

Quel plaisir de retrouver nos camarades Marsouins du 3e RIMa ! Nous avions fait connaissance lors du Salon du Livre de Paris, mais depuis lors, nous avons lu leur œuvre collective « Le soleil se lève sur nos blessures ». Elle aborde, comme son beau titre l’indique, la blessure de guerre, physique et psychique. Dès nos premiers échanges avec les auteurs, nous avions un bon pressentiment sur ce livre… il s’est largement confirmé. Tous les récits sont très beaux, tout en retenue et d'une belle et honorable simplicité. Ils sont aussi le fruit du courage ; se livrer sur un tel sujet n'est pas simple, nous en avons conscience. Ils font d'autant plus mouche. Bravo à tous les co-auteurs dont Benjamin, Nadège et Rodolphe, présents au FILM. Nous nous permettrons cependant deux mentions spéciales : au CCH Eric et à la maman de Rodolphe, pour leurs textes magnifiquement crève-cœurs.

L'un des meilleurs livre-témoignages de ces dernières années.

Disponible ici. Page FaceBook .

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L’éditeur Nimrod et Jean-Luc Riva

On ne peut imaginer un FILM sans la présence de l’éditeur Nimrod, tant son catalogue est riche de pépites milittéraires : ADC Saulnier, Marius, CDT Scheffler, SCH Douady, Jean-Baptiste Degez et ses beaux portraits de Légionnaires, « Les chemins de Dien Bien Phu » de Franck Mirmont et 6 survivants, sans doute le plus beau livre sur la terrible bataille, les américains Chris Kyle (American Sniper), Michell Zuckoff (13 Heures), Marcus Luttrell (Le Survivant)… la liste est longue… Ceci explique l’omniprésence des livres Nimrod sur le blog (et non un quelconque actionnariat d’UPpL’E dans la maison d’édition :). Et cela n’est pas prêt de s’arrêter, puisque nous avons rencontré (et préalablement lu), son dernier auteur en date : Jean-Luc Riva, ancien des Forces Spéciales, auteur des « Enfants de Loyada ».

Rappelons le contexte : Il y a quarante ans, alors que Djibouti, alias Territoire français des Afars et des Issas, est promis à l'indépendance, un commando prend en otage une trentaine de jeunes enfants de militaires français, dans un car scolaire. 36h plus tard, les tireurs d'élite du GIGN, nouvellement créé par Prouteau, et les Légionnaires du 2e REP et de la 13e DBLE interviennent.

Notre impression ? Ce livre est absolument remarquable. Nous y reviendrons sur le blog, en prenant le temps de saluer le courage du jeune appelé conducteur du bus, de l'assistante sociale volontaire pour rejoindre les enfants otages, des Légionnaires et leur charge héroïque sous le feu, des Gendarmes qui, par leur professionnalisme, ont inversé le rapport de force...

Bravo à l'auteur, sur le fond (remettre à l’honneur une action héroïque quasi oublié et pourtant fondatrice du GIGN), et sur la forme (vous ne faites pas que lire, vous vivez l’instant dans toute sa dramaturgie !).

Disponible chez l'éditeur ici. Page FaceBook de l’auteur .

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CBA Rémi Scarpa

« Offensive éclair au Mali » ayant été un tel succès que notre camarade Rémi Scarpa, Gaulois du 92e RI, présentait la deuxième édition, sur le stand de son éditeur Pierre de Taillac.

Cet ouvrage restera comme la référence sur Serval : vous y trouverez toutes les informations sur l’organisation de la force, le déroulement de l’opération, les unités impliquées (avec une large place laissée au Soutien, Transmetteurs, Tringlots, Logisticiens…), le matériel employé, les alliés africains, les insignes et fanions, des plans, les hommages à ceux qui sont tombés… le tout accompagné de témoignages.

En sus, des clichés magnifiques de l’ECPAD ou issus des collections particulières de nos combattants (ce qui en fait aussi une remarquable livre-photo) et en bonus, un film de 55 mn réalisé par l’ECPAD.

Le complément historique et visuel idéal aux récits de « Ceux du Mali », GAL Barrera, COL Gout, COL Verborg, Padre Venard

Disponible aux éditions Pierre de Taillac ici.

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L’éditeur Pierre de Taillac

Et puisque nous avons encensé plus haut le catalogue Nimrod, il convient de saluer un autre éditeur engagé : Pierre de Taillac. Magnifique offre là encore, à commencer par ce qui est sans doute le plus beau témoignage sur la Grande Guerre : Le journal du CNE Manhès, présenté par le LCL Max Schavion, prix spécial de la Saint-Cyrienne 2016 ; mais aussi toute une série de récits, d’historiques, de beaux livres, ou encore cette bonne idée du « Petit quizz de la Grande-Guerre » de Grégoire Thonnat, présent lui aussi au FILM. Voir le catalogue ici.

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Commissaire de la Marine Guillaume Décot

Nous avons bien conscience que l’Armée de Terre occupe une grande partie du « terrain » sur le blog. Ce n’est pas illogique. Ceci étant, nous avons toujours eu la volonté de soutenir les auteurs des autres armes, Aviateurs, Marins, Gendarmes… Nous avons aussi la volonté d’aborder des conflits (injustement) oubliés ou (injustement, bis) peu médiatisés. Nous sommes donc très heureux de la parution de « Dans la tête des pirates » roman inspiré de faits réels, écrit par le très sympathique commissaire de la Marine Guillaume Décot, abordant la lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes.

« Paul est officier de marine. A bord d‘un bâtiment de combat, il met le cap sur le Golfe d’Aden où il participera pendant plusieurs mois à une mission de lutte contre la piraterie. C’est au large des eaux tumultueuses de la Corne de l’Afrique, qu’il croisera la route de Nazir, pirate somalien, jonché sur son frêle esquif et qui attend patiemment ses proies… »

Aux éditions du Net, disponible ici. Page FaceBook de l'auteur

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Sylvain Auché, fine « Canon »

Retrouver notre camarade Sylvain Auché, photographe des écoles, fine « Canon », ne relevait pas de la surprise. Sa présence est évidemment incontournable au Triomphe, tout comme son magnifique livre-photo « Hommage et valeurs » que nous avons présenté ici. Mais surprise il y eut malgré tout, avec son exposition photo sur le stage commando en Guyane de la promotion « CES de Neuchèze ».

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Des clichés « à tomber par terre », portés par une belle originalité : un tirage sur feuille d’aluminium. Nous n’avions jamais vu le procédé. Le résultat est fascinant, les photos semblant être éclairées de l’intérieur. Une exposition que nous aimerions voir itinérante ; pourquoi pas aux Invalides ?  (clin d’œil au SIRPA, à l’ECPAD, à la DICOD…)

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Notez le malin jeu de mots…

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GAL (2s) Patrick Champenois

Une jolie rencontre avec le GAL (2s) Patrick Champenois. Il convient de le classer parmi les miliauteurs/miliartistes : ses deux livres, « La chamelière de Bouya » et « Le ciel sans pâlir » mêlant en effet textes et aquarelles. Le premier aborde ses souvenirs de Djibouti, le second sa carrière de Para.  Un camarade nous les avait chaudement recommandés et effectivement, c’est tout à fait original et fort joli.

Le premier, prix de la Saint-Cyrienne 2012, est disponible chez Marines Editions et le second aux éditions Xénia.

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Voici qui conclut la partie « auteurs » de notre milireportage. Il convient cependant de saluer tous les autres écrivains (une soixantaine !) qui abordaient l’histoire, la stratégie, la BD, ô combien intéressants, mais sortant de notre scope.

Mais ce n’est pas terminé… le FILM est l’occasion de remettre le « prix des Cadets »

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Avec le LCL Hubert le Roux, co-lauréat du prix des Cadets, et le très sympathique président du comité, de la promotion CES de Neuchèze.

Nous ne sommes pas habitués à la langue de bois, nous le dirons donc tout net : nous sommes *enchantés* que le prix ait été attribué à « Paroles de soldats » du LCL Hubert le Roux et Antoine Sabbagh, paru aux éditions Tallandier.

Vous comprendrez tout le bien que l’on pense de ce livre en lisant notre recension ici.

Bravo aux Cyrards et Dolos du comité, pour avoir mis à l’honneur – ce n’est pas si fréquent et nous saluons l’initiative - un livre « terrain ».

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Le GAL Frédéric Blachon, commandant les écoles, qui manifestement œuvre comme ses deux prédécesseurs pour le développement et la promotion de la Milittérature. Nous en sommes ravis !

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Enfin, il convient de remercier une personne aussi discrète qu’impliquée, notre amie Delphine, organisatrice du Festival. Elle ne ménage pas ses efforts, nous le savons, et la 7ème édition a tenu, comme à chaque fois, toutes ses promesses. Bravo et merci Delphine !

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Mais pas de FILM… sans Triomphe…

Comme le veut tradition, les 3e Bataillon de l’ESM et 2e Brigade de l’EMIA ont reçu leurs noms de baptême.

[nota : vous pouvez rejoindre les pages FaceBook des promotions en cliquant sur leur nom ci-après]

Pour les Cyrards de la 202e promotion : « Général de corps d'armée Bernard Saint-Hillier ». Cyrard, Chasseur-alpin avant-guerre, il rejoint la 13e DBLE et participe à l’expédition de Narvik où il est blessé ; FFL, il combat à Bir-Hakeim avec ses Légionnaires ; campagne d’Italie puis de France ; chef de corps de la 13e DBLE puis du 18e RP après la Libération, il commande le Groupement aéroporté n°1 en Indochine ; promu général de corps d’armée en 1968 ; il décède en 2004.

Pour les Dolos de la 55e : « Colonel Michel Vallette d’Osia ». Officier semi-direct de Cherchell, il rejoint le 13e BCA dans l’immédiat après-guerre ; Indochine avec le 1er RCP ; 2nde campagne avec le 8e BCP, blessé 3 fois, parachutiste parmi ceux qui ont compté le plus de sauts de guerre ; 11e Choc puis Guerre d’Algérie avec le 14e RCP ; démissionnaire en 1963, il continue à servir son pays au cours de multiples périodes de réserve et comme instructeur des élèves ORSEM ; il décède en 2009.

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Pour illustrer ces beaux noms de baptême, deux livres : « Le Général Saint-Hillier » par Jean-Christophe Notin paru aux éditions Perrin. Malheureusement, et sauf erreur, le COL Vallette d’Osia n’a pas écrit et aucune biographie n’existe à ce jour. Nous mettons donc à l’honneur « Les Paras français en Indochine » par Eric Adam et Patrice Pivetta, pour les fans d’histoire, uniformes et insignes. Chez Histoire & Collections.

Nous en profitons pour souhaiter une belle carrière aux Cyrards de la promotion « Capitaine Hervouët » et au 4e Bataillon « Capitaine Ewan Bergot » (un nom qui nous plait bien…) ; une bonne continuation à la « Chef d'escadrons de Neuchèze », la bienvenue à la 203e promotion de la Spéciale et à la 56e de l’EMIA.

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Mention spéciale pour les entrants du 4e Bataillon, avec notre affection toute particulière envoyée à l’un d’entre eux…

Mention spéciale encore, pour les Dolos de la formidable 54e promotion, avec là encore notre affection toute particulière envoyée à l’un d’entre eux ; mais au-delà : c’est une jolie histoire entre la « LTN Nungesser » et Une Plume pour L’Epée, rappelant celle vécue par le passé avec « Ceux d’Afghanistan ». De beaux projets menés avec brio (et portés par une excellente com’ ! Bravo Maxime !), une course de 600 km le long de la ligne de front de la Grande-Guerre, 10 000 € récoltés pour les blessés de guerre, et l’honneur d’être remerciés on ne peut plus officiellement (devant le CEMAT…) lors du grand-gala pour notre humble soutien… [Le Chasseur en est encore tout bleu-cerise d’émotion…].

Il restera toujours une place dans notre cœur pour la Nungesser.

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Au grand-gala de la Nungesser - notez Natachenka en bleu turquin...

***

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Chic à Cyr ! Chic à nos soldats !

 

 

 

24/05/2016

« La tombe d’Hanoï », Henri Ansroul, 1er BCCP ; « 5e Promo au rapport », Christian Hager, EETAT, ENSOA ; « Des mots, pour des maux », Jean-Louis Martinez, soldat, poète et artiste.

Extraits publiés avec l’aimable autorisation des auteurs. Droits réservés.

 

Tous les soldats n’ont pas l’aura d’un Marcel Bigeard ; tous les soldats n’ont pas la plume d’un Hélie de Saint-Marc…

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C’est un fait. Mais en quoi cela rendrait leurs témoignages moins intéressants ? Peut-on imaginer un récit de vétéran d’Indo « de trop » ? Un texte rapportant la vie dans l’Ecole des Techniciens de l’Armée Terre à la fin des années 60, n’est-ce pas totalement inédit ? Un militaire ne pourrait-il être, également, artiste et poète ?

C’est l’objectif que nous nous fixons avec ces « milibiblis » : sortir de l’ombre des livres écrits sans la moindre prétention mais avec le cœur, souvent autoédités, donc pouvant souffrir d’un manque de « visibilité ».

Ces ouvrages, éminemment personnels, auraient pu rester dans l’imaginaire de leurs auteurs, être confinés au cercle familial, voire sous la forme d’un manuscrit s’empoussiérant dans un tiroir ; cela aurait été fort dommage : le devoir de mémoire ne s’arrête pas à lire et honorer les hommes  que l’Histoire a eu la bienveillance de conserver dans ses tablettes.

« Tout homme est une exception ».

Hélie de Saint-Marc

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 « La tombe d’Hanoï », Henri Ansroul, 1er BCCP, éd. Les Archives Dormantes

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Henri Ansroul en Indochine, photo famille Ansroul

La première chose que vous faites en arrivant dans une ville, après si longtemps, c’est d’aller voir les filles. Les Indochinoises nous semblaient si belles, quel dépaysement ! Pousse-pousse, chaleur, bruits, klaxon, cette foule qui bouge sans cesse ; on avait envie de se mettre dans le bain tout de suite, sans penser à ce que nous étions venus faire ici.

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A chaque fois que je bougeais, je me faisais allumer. Je commençais à me faire du mouron. Puis le sergent nous fît des signes devant : dans les arbres. Et de son arme, il envoya une rafale dans le milieu de ces arbres. Je tirai aussi, deux ou trois autres en ont fait autant. Surprise, étonnement, nous avons vu un paquet de branches tomber. Ces salauds camouflés avec des bouts de branches, nous tiraient dessus. On en a vu descendre trois ou quatre (…) Quelques instants plus tard, j’ai reçu une pierre avec un mot : « on décroche » (…) Les copains qui sont partis avant moi se mettaient en position pour couvrir les autres qui n’avaient pas encore reçu l’ordre. Puis ça y est, c’est mon tour. Les fesses serrées, le trou du cul à zéro, j’attendais le signal.

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Beaucoup ont dû croiser Henri Ansroul, humble garagiste breton, sans se douter de son passé de combattant d'Indochine, valeureux commando-para du 1er BCCP. Il a désormais rejoint ses camarades de la tombe d’Hanoï. Le manuscrit qu’il avait pris soin d’écrire aurait pu rester « dans la famille » ; cela aurait été regrettable : sans esbroufe, Henri a un certain talent pour rendre le fracas des combats dans la moiteur indochinoise. Saluons donc l’initiative de ses enfants et petits-enfants qui, avec le soutien de la nouvelle maison d’édition Les Archives dormantes, complète d’une jolie manière la milibibli « Ceux d’Indo ». Disponible chez votre libraire, éventuellement sur commande, ou sur les sites du Net. Par exemple ici. 

Site des éditions Les Archives Dormantes ici.  

Page FaceBook .  

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Hanoï, tombe d’André, camarade d’Henri. Photo famille Ansroul

J’ai trouvé une place pour mettre mon hamac. J’étais tellement faible que je restais des heures dedans, bercé par le roulis. Je me disais que maintenant c’était vrai : je rentrais, le bateau ne ferait pas demi-tour. J’avais encore peur, quand même.

***

« 5e Promo au rapport », Christian Hager, EETAT, ENSOA, TheBookEdition

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Christian Hager à Issoire.

- Vous n’allez quand même pas prétendre que c’est propre !

- Si, mon Lieutenant.

- Puisque c’est si propre, si je vous donne l’ordre de boire dans les urinoirs. En êtes-vous capable ?

- Non, mon Lieutenant.

- Et pour cause, ils sont dégueulasses !

J’aurais donné cher pour savoir ce qui n’allait pas. J’avais beau scruter les urinoirs à la loupe, je ne voyais rien d’anormal.

- Etes-vous certain d’avoir une bonne vue ? repris le Lieutenant. (…/…)

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Cette autobiographie évoque un contexte atypique : celui  de l'Ecole d'Enseignement Technique de l'Armée de Terre, EATAT/EETAT/ENTSOA d'Issoire, AEETAT de Tulle, mais aussi ENSOA de Saint-Maixent, à la fin des années 60. De l’inédit donc. De plus, Christian, dans un style d’une réjouissante simplicité, rend bien l'ambiance de l'époque à travers les yeux d'un jeune-homme : la découverte de la vie militaire, les profs, les camarades, les trains de nuit, les sorties, les nuits blanches place Clichy, les filles... Le résultat est très sympathique et rappellera bien des souvenirs aux aînés, techniciens passés par l'école, mais plus généralement EVAT et appelés.

Et par tous les Saints ? Vive les techniciens !

Disponible auprès de l'auteur ici. 

Page FaceBook de l’auteur .

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Ecole des Techniciens de l’Armée de Terre

(…/…) Le Lieutenant n’avait pas l’air d’apprécier nos réponses. Il gardait son calme, mais on le sentait prêt à sortir l’artillerie lourde. Il nous montra un léger dépôt de calcaire sur le pourtour d’un trou d’évacuation. C’était l’objet du délit qui nous valut deux tours de consigne et la présentation de la corvée de lavabos et d’urinoirs en tenue de sortie, chemise blanche, cravate noire et gants blancs, chaque matin à 7h35, pendant deux semaines.

***

« Des mots, pour des maux », Jean-Louis Martinez, autoédité

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J’étais, je suis, et je resterai

ce soldat qui saluait lorsque les couleurs étaient hissées.

J’étais, je suis et je resterai

ce soldat qui frissonnait lorsque la Marseillaise était chantée.

J’étais, je suis et je resterai

ce soldat qui se redressait lorsque le respect lui était donné. 

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Autoportrait

Oui je le resterai, je soutiens et soutiendrai

mes camarades si malmenés.

Je le resterai, afin qu’ils restent ancrés dans le cœur des Français.

Je le resterai, pour que leurs proches soient à tout moment protégés.

Pour les protéger d’un monde individualiste exacerbé.

Qui ne se réveille que quand la mort

Vient à sa porte

Le déranger.

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Les dessins et les textes de notre ami Jean-Louis Martinez sont désormais bien connus de la fraternité militaire, étant largement diffusés sur le Net ; mais les avoir sous forme d’un livre, c’est mieux ! "Des mots, pour des maux" est le deuxième opus, dessins-poèmes-textes-coups-de-gueule, tout aussi réussi que le premier, "Soldat protecteur de notre liberté" (abordé dans une milibibli ici). C'est humble, cela parle au cœur, c’est attachant. On aime vraiment beaucoup, tant l’œuvre que l’homme.

Disponible sur le site de Jean-Louis ici. Attention, très peu d’exemplaires encore en stock !

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19/08/2013

Mili-Reportage : Festival International du Livre Militaire, Saint-Cyr Coëtquidan

Photos © Natachenka & A. Broquet

 

 

 

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Le Festival International du Livre Militaire. Comment rater un tel évènement ? Une centaine d’auteurs, un millier de livres, le campus grandiose de Coëtquidan, un accueil chaleureux, une organisation parfaite, des auteurs très disponibles, tous plus sympas les uns que les autres (mais ça, nous le savions déjà !)...

Même le soleil a fait une incursion en Bretagne pour l’occasion ! (amis bretons, on rigole, hein J)

Et pour couronner le tout, comme une apothéose : le Triomphe.

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Que demande le peuple ?

Des livres ! Des livres ! Alors, en voilà :

Commençons par des retrouvailles :

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 Le Capitaine Brice Erbland, tout bronzé, désormais grand habitué des photos de groupies de La Plume & L’Epée.

 

Depuis notre dernière rencontre, « Dans la griffes du Tigre » est auréolé du prix spécial Erwan Bergot de l’Armée de Terre et du prix spécial de la Saint-Cyrienne (association des élèves et anciens élèves de l’Ecole Spéciale Militaire). Mérité !

Chronique ici.

Aux éditions Les Belles Lettres. Pour vous procurer le livre, voir ici.

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Son éditeur Mr « Les Belles Lettres » nous a fait remarquer que Brice avait rejoint la collection « Mémoire de guerre » où  le nom de l’auteur est écrit en caractères plus grands que le titre du livre… Maréchal Soult, Winston Churchill...

Commentaire de Brice : "Et je suis le seul auteur de la collection toujours  en vie". J

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 « Quoi ? Encore des photos ? » « Oui Yohann. Encore des photos ». clic. J

 

Le Sergent-Chef Yohann Douady, 2e RIMa, pour « D’une guerre à l’autre ». Finaliste du prix Erwan Bergot , porte-drapeau, avec le LCL Marc Scheffler (voir plus loin), des éditions Nimrod. Nos fidèles lecteurs savent tout le bien que l’on pense du récit de Yohann. Un témoignage incontournable sur la Côte d’Ivoire et l’Afgha, doublé d’un chef d’œuvre d’écriture. On ne se lasse pas de le dire.

Chronique ici.

Pour vous procurer le livre, voir ici.

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Après de bien sympathiques échanges via Internet, enfin l’occasion de rencontrer le Caporal-Chef Emmanuel Gargoullaud du RICM,  dont le récit biographique « L’Afghanistan en feu », très bien mené, ravira tous les fans de Marsouins (qui ne l’est pas ?).

Chronique ici.

Aux éditions Economica. Pour vous procurer le livre, voir ici.

« Je n’aime pas tellement les photos… » « Ah oui mais quand on porte l’uniforme du prestigieux RICM, on n’y coupe pas, Emmanuel ». clic.

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Et maintenant, de belles rencontres attendues, présageant de belles lectures, attendues elles-aussi !

 

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Nous savions déjà par M’sieur Nimrod que le LCL Marc Scheffler était un gars sympa. Nous n’avons pas été déçus… Longue discussion, qui rend frustrant le fait de ne pouvoir lire 10 livres à la fois en moins d’une semaine, tant « La guerre vue du ciel » s’annonce passionnant. Le récit biographique d’un pilote de Mirage 2000D, de son intégration en escadron de combat aux opérations sur la  Libye, l’Afghanistan… c’est de l’inédit ! 

Notons la collaboration pour l’écriture avec Frédéric Lert, une référence dans le monde de l’aéronautique et  comme toujours avec Nimrod une couverture percutante à l’anglo-saxonne dans laquelle Marc s’est largement impliqué.

Aux éditions Nimrod. Pour vous procurer le livre, voir ici.

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Accueil très chaleureux du Colonel (e.r) Thierry Jouan (et de Madame !) « Une vie dans l’ombre » a de quoi nous intriguer. 13 ans au service Action de la DGSE. On peut se douter que tout n’y sera pas conté. On peut comprendre aussi quelques grincements de dents, de ci de là, dans la blogosphère Défense… Quant à nous, on se réjouit de lire, et d’en apprendre (un tout petit peu) plus…

Aux éditions du Rocher. Pour vous procurer le livre, voir ici.

 

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Retour du FILM : « Une vie dans l’ombre », coup de cœur de la FNAC Paris Saint-Lazare.

[Private] J’adresse un coucou un rien taquin (mais amical) à une personne qui m’avait dit « Il est impossible d’obtenir une dédicace du Colonel Jouan ». A cela j’avais répondu : « Vous connaissez mal les Chasseurs… ». Et zou :

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Le COL Thierry Jouan et Madame, au 2nd plan le LCL Marc Scheffler.

***  

 

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Rencontre attendue là-encore, pour avoir longuement échangé par tél et mail, avec le photographe Alphonse-Bernard Seny. Nous découvrons enfin « Le temps de l’action ». Aimant savourer les beaux livres, au calme, une bière, un whisky, (de l’eau ferrugineuse), à portée de la main, nous ne l’avons que feuilleté ; mais c’est déjà une évidence : un beau livre comme on les aime, grand format, beau papier et, avant tout, les photos sublimes des Gaulois du 92e RI en Afgha. « Le temps de l’action » rejoint les *grands* livres-photos publiés ces dernières années par José Nicolas, Thomas Goisque, Jean-Baptiste Degez…

Pour vous procurer le livre, voir ici.

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Ajoutons qu’Alphonse est un personnage haut en couleur. Un régal de remonter le Mékong avec lui. Saluons aussi son sympathique coéditeur. 

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Et maintenant, des découvertes :

La solidarité existe entre auteur : « Vous avez vu le livre d’un tel ? Cela devrait vous intéresser… »

Entrent donc dans le « pipeline » des lectures et futures chroniques de la Plume & L’Epée :

 

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« 15 ans au GIGN », par Eric Delsaut et Guillaume Moingeon. Le GIGN, mes voisins de Satory ! A force de les fréquenter dans le petit supermarché, je pourrais écrire le récit de leurs poussées de caddies dans le rayon fruits et légumes… Mais quelque chose me dit que le récit d’Eric va être un tout petit peu plus intéressant… J Bientôt donc, place aux Gendarmes d’élite sur la Plume & l’Epée !

 

Aux éditions L'àpart. Pour vous procurer le livre, voir ici.

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Retour au service action de la DGSE. Certains se souviendront du ramdam occasionné en 2006 par la sortie de « Un agent sort de l’ombre ». Depuis cette époque de l’espion a coulé sous les ponts...  Pour preuve, le récit de Pierre Martinet est désormais disponible chez J’ai Lu. L’édition de poche : une évidente consécration.

Pierre est également auteur de deux romans : Cellule Delta et Opération sabre d’Allah, mais dans le contexte des services secrets, quelle est la part de témoignage, qu’elle est la part de fiction ?

 

Pour vous procurer ses  livres, voir iciici.

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Enfin, bel hommage à Messieurs Bazars et Cyrards : un livre splendide, accompagné d’un DVD, sorti pile-poil pour le Triomphe : « Hommage & Valeurs » du photographe, ancien artilleur, Sylvain Auché. Dire que l’on a failli passer à côté ! Une découverte grâce à la sympathique organisatrice du FILM (avez-vous vu le livre de Sylvain ?), et cela aurait été un drame de le rater, car ce livre-photo est une pure merveille !

Aux éditions Prividef. Pour vous le procurer, voir ici.

Nous y reviendrons rapidement, l'occasion de revenir sur le Triomphe, cérémonie aussi grandiose qu’émouvante. A genoux les hommes…

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Nous ne manquerons pas de saluer aussi tous les autres auteurs présents. Histoire, stratégie militaire, BD, livres pour enfants... de quoi satisfaire tous les goûts et intérêts.

 

 

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Oui, la vie a été parfois dure au FILM…

(délicate attention, à mon réveil : une bière fraiche posée juste à ma droite… J)

Une petite sieste pour recharger les batteries, avant :

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Voilà, c’est la rentrée : Le Chasseur reprend sa plume et la Russe-blanc son épée. Au programme des prochaines semaines, que du bonheur : « Au service de l’espoir » du CNE (e.r) Philippe Stanguennec, pilote de Transall [absolument jouissif ! Ah Stang…], « La Légion » de l’ADJ (e.r) Thomas Gast [mon frère de cœur, entre Edith et Marlène (vous comprendrez)], « Afghanistan – La guerre inconnue des soldats français » du reporter-photographe Nicolas Mingasson, « embedded » (intégré) au 21e RIMa en Afghanistan, en quelque sorte « associé » au SGT Christophe Tran Van Can, à qui l’on doit « Journal d’un soldat français en Afghanistan ». [Je m’attendais à un bon livre, mais on bien est au-delà. Un must].

Et aussi une incursion dans la poésie Légionnaire…

 

Mais en attendant :

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