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24/05/2017

« Le soleil se lève sur nos blessures », collectif « Debout Marsouins ! », 3e RIMa, autoédité

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation des auteurs. Droits réservés

 

 

La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber,

mais de se relever à chaque chute.

 Confucius

 

Ils portaient en eux, parfois inconsciemment, une certaine idée de la France. Ils se sont engagés. Ils ont été envoyés au bout du monde par les Français. Ils ont combattu pour les Français. Ils l’ont fait avec courage. Mais ils sont tombés.

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Ils ne sont pas morts. Ils ont été blessés dans leur chair ou leur esprit. Cependant, pour eux, ce fût tout comme une mort : ils n’ont pu poursuivre la mission; ils ont abandonné leurs camarades; ils ont failli; ils se sont demandés si la vie avait encore un sens.

Nous voici bien graves, et ce n’est pas faire justice à cette attachante équipe de joyeux lurons qu’est « Debout Marsouins ! » et à leur livre plein d’espérance, « Le soleil se lève sur nos blessures ». Mais il est vrai que l’histoire n’est pas terminée :

Les cicatrices sont vives, le potentiel physique est diminué, les nuits peuvent être agitées de cauchemars, et le deuil des frères d’armes est porté à jamais. Le chemin a été long, semé de souffrance et de doutes, mais tous ces soldats se sont relevés, et ont décidé de se confier.

On connait une des clés fondamentales de la guérison : accepter les mains tendues et parler. Avec ce livre, nos amis du 3e RIMa tendent à leur tour les mains et parlent : aux soldats en soin, handicapés, souffrant de SSPT, à leurs camarades, aux proches… et pourquoi pas aux Français dans leur brouillard métro-boulot-dodo ?

Saluons la volonté des CCH Benjamin Itrac-Bruneau et Rodolphe Guadalupi, à l’origine du projet. Ils ont su fédérer les énergies et ont convaincu des camarades à se livrer (et il faut du courage pour le faire, nous en sommes conscients). Et le résultat est là : un livre très émouvant, écrit avec un talent certain. L’un des grands récits milittéraire de ces dernières années, qui fait honneur au bel esprit Colo et à l’armée en général.

Le soleil se lève sur nos chers Marsouins de Vannes. Il n’est pas encore bien haut sur l’horizon pour certains, mais même s’il n’atteint jamais le zénith, ce n’est déjà plus la nuit.

Si notre métier n’est pas d’écrire, nous savons néanmoins nous exprimer avec nos cœurs et nos tripes. Et c’est ce que nous avons fait. Nous avons voulu réaliser ce livre pour nos frères d’armes morts pour la France ou blessés, pour tous les soldats de nos armées, pour leurs familles et leurs proches et pour vous, nos concitoyens. (...) Nous ne recherchons aucune gloire, mais espérons simplement que notre engagement et, dans une plus large mesure, celui de nos frères d’armes, soit connu, compris et reconnu par les Français.

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Marsouins à l’entrainement, région d’Ati, Tchad.

Ca ne siffle plus autour de nous, ça claque en permanence. Un avertissement que répétaient ceux qui avaient connu l’épreuve du feu me revient à l’esprit : « quand ça claque ce n’est pas bon signe, c’est que ça passe tout près ». Pour commander mon groupe, il me faut un minimum de champ visuel. Je suis donc légèrement accroupi. Soudain, je reçois comme un grand coup dans la gueule, ce genre d’uppercut à assommer un cheval. Je ne réalise pas que je viens de me faire toucher. Je cherche à commander, sans me rendre compte que j’en suis incapable, je ne peux pas parler, je parviens juste à émettre des borborygmes en crachant du sang, dès que j’ouvre la bouche. Je me sens faiblir.

LCL Jean-François Libmond, blessé en 1978 au Tchad lors du combat d’Ati.

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CCH Rodolphe Guadalupi en Bosnie

Avant même de comprendre ce qu’il m’arrive, une multitude de pensées imprécises se bousculent dans ma tête. Il me semble de n’avoir d’autre choix que d’accepter quelque chose que je ne comprends pas ni ne maîtrise. J’ai l’impression qu’une sorte de bulle se crée autour de moi, à l’intérieur de laquelle le temps se fige et l’espace se réduit à ma stricte personne. Un peu comme si l’Univers ne se limitait plus qu’à moi et moi seul. Je ne perçois absolument plus rien de mon environnement. Plus rien n’existe à part moi, tout le reste ne compte plus.

CCH Rodolphe Guadalupi, blessé en 1995 en Bosnie

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CCH Salami Abdou en Afghanistan

Je commence à reprendre mes esprits. Je mesure ce qui m’arrive mais sans comprendre et surtout sans l’admettre. Le fait de me retrouver en France, loin de mes camarades et de ne plus pouvoir continuer la mission m’anéantit (…) J’ai envie de tout casser ; j’ai envie de hurler ; Je me demande pourquoi moi ? Pourquoi ai-je été obligé de rentrer avant la fin du mandat ? J’ai le sentiment d’avoir abandonné mon groupe et ma section (…) Je veux revoir mes potes. J’ai besoin qu’ils me rassurent, qu’ils m’aident à me libérer de ce sentiment d’inachevé. J’ai besoin qu’ils me disent qu’ils ne m’en veulent pas de les avoir laissé tomber au milieu de ce vaste merdier.

CCH Salami Abdou, blessé en 2009 en Afghanistan

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CCH Benjamin Itrac-Bruneau en Afghanistan

Je passe mon premier mois à Percy entre pansements, soins, séances de kiné, visites de camarades du régiment, d’autorités, d’amis, de la famille, d’anciens… J’ai parfois l’impression d’être une bête de foire, répondant aux mêmes questions, certains se sentant obligés de me raconter leurs campagnes, comme pour justifier la souffrance qu’ils lisent dans mes yeux et qu’ils ne connaissent pas. Mais au moins je suis rarement seul et cela m’évite de ressasser sans arrêt l’embuscade du 3 août. Car si mon corps est à Paris, mon esprit est resté dans ce petit verger où, pendant quelques instants, ma vie a été plus intense, plus perceptible, plus concrète, plus vive qu’elle ne l’avait jamais été. En quelques instants je suis passé du courage à la peur, de la vie à la mort, de la résignation à la lutte ; mais de Marsouin… à plus rien.

CCH Benjamin Itrac-Bruneau, blessé en 2009 en Afghanistan

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CCH Salami Abdou, médaille militaire, et ADC Nadège Donzé, marsouin d’honneur, à Vannes

Je ressens comme un sentiment d’injustice. Pourquoi eux ? Y en aura-t-il encore d’autres ? Et si oui, combien ? Bien qu’aucun lien de parenté n’existe entre eux et moi, je me sens affectée et me surprends à laisser couler quelques larmes. Je suis effondrée, un peu comme si ces hommes étaient mes frères. Bien sûr, dans nos traditions militaires, nous parlons de « frères d’armes », mais ces hommes, au fond, me sont inconnus. Pourtant, c’est quelque chose de plus fort que moi, presque un besoin, de les voir, de modestement contribuer à améliorer leur quotidien entre les quatre murs blancs de leur chambre d’hôpital.

ADC Nadège Donzé, affectée au cabinet du ministre de la Défense, visite les blessés sur son temps libre

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Le pont de Vrbanja, Bosnie

Je retourne sur le pont. Décidément, les ponts jalonnent ma vie (…) J’entame le deuxième pack de bière. Ma tête commence à tourner, je commence à gueuler, à crier très fort, encore plus fort. Je gueule pour évacuer le stress, le mal-être, la rage, la haine, toute cette merde qui me ronge depuis dix ans. Le bruit des voitures couvre mes cris. Je gueule, je hurle à m’en faire péter les cordes vocales. Dans quelques instants, l’ivresse m’attirera vers le bas et mon voyage tourmenté se terminera.

Je crois aujourd’hui que je ne voulais pas mourir, je ne voulais pas quitter la vie, je ne voulais pas abandonner ma famille, mes amis. Je voulais juste qu’on m’aide.

CCH Eric, blessé physiquement et psychologiquement en Bosnie en 1995 lors de la reprise du pont Vrbanja

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Soldats français au Mali

Nous devons humblement accepter de n’être que des hommes. Nous ne sommes pas des machines de guerre insensibles à toutes les blessures faites à notre corps, à notre cœur et à notre esprit. C’est sans doute en acceptant cette fragilité qu’il est possible de sortir de la dépression. Il n’y a que dans l’abandon du rôle qu’il s’attribue ou que les autres lui attribuent que le blessé psychologique pourra se reconstruire.

CCH Eric, blessé physiquement et psychologiquement en Bosnie en 1995

***

150px-3eme_RIMa.pngLe collectif « Debout Marsouins ! » a été créé à l’initiative de deux Caporaux-Chefs du 3e RIMa Rodolphe Guadalupi et Benjamin Itrac-Bruneau, avec la volonté de témoigner de leur engagement au service de la France, mais aussi de leur reconstruction physique et psychologique, après leurs blessures respectives en Bosnie et Afghanistan. Fédérant autour d’eux plusieurs Marsouins du 3e, vétérans du Tchad, de Bosnie et d’Afghanistan, blessés physiquement ou moralement, mais aussi des proches, des personnes œuvrant dans le soutien, des psychologues, infirmiers et médecins militaires. L’aventure est menée à bien et quinze textes sont publiés en autoédition, sous le beau titre « Le soleil se lève sur nos blessures ». Préface du COL (r) Pierre Servent.

Nous ne sommes pas des têtes brûlées. Nous sommes des citoyens au service de nos concitoyens et de notre pays, dont nous défendons les intérêts, les armes à la main, dans la discipline, dans le respect des lois, et sans état d’âme à chaque fois qu’on nous le demande. Nous sommes en même temps le bras armé de la Nation et le bouclier de chaque Français.

Nous ne sommes pas des victimes. Nous sommes des blessés de guerre.

Collectif « Debout Marsouins ! »

 

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Souvenirs de nos bons moments avec Nadège, Benjamin et Rodolphe en 2016. Déjeuner à Paris, Salon du Livre et Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr à Coët. 

Mais notre relation avec les soldats auteurs ne s’arrête pas après une rencontre sur un salon, la lecture du livre et son humble promotion. Nous la vivons dans la durée et beaucoup sont devenus des amis proches. Un exemple : Le 20 mai dernier, nous avons assisté à une conférence de l’IHEDN sur le thème « Les gueules cassées, blessures visibles et invisibles », organisée par notre chère Nadège du collectif « Debout Marsouins ! ».

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Sous la houlette du médecin en chef (COL) Jean-Christophe Amabile, du Service de Santé, excellentes interventions, passionnantes et d’une heureuse spontanéité, du CCH Frédéric Cantelou, Marsouin du 1er RIMa blessé physique et psychique au Mali, de l’ADC Christian Bonnot, chef du bureau environnement humain du 1er RIMa, et de Mr Henry Denys de Bonnaventure, président de l’UBFT – fondation « Les Gueules Cassées », blessé en Algérie. Parallèlement, l’artiste René Apallec présentait ses œuvres, impressionnants collages sur le thème de la blessure de la face. Voir son site ici.

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Le 16 mars 2013, au Mali, Frédéric Cantelou est gravement blasté, blessé, brulé, par l’explosion d’un IED.  Le CPL Alexandre van Dooren, pilote de leur AMX10RC, est tué ; les deux autres membres de l’équipage sont grièvement blessés eux aussi. Nous étions présents sur le pont Alexandre III, pour honorer le sacrifice d’Alexandre et manifester notre soutien à ses proches et camarades. Nous avions tenus à partager notre émotion sur le blog naissant. C’est ici.

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A l'issue de la conférence, les participants ont  manifesté leur soutien à l’association « Au-delà de nos handicaps » représentée par son président le GAL (2s) Georges Lebel, via une participation financière au projet  « Mercantour Dream Warriors », raid que vont effectuer en juin huit militaires atteints de blessures physiques invalidantes ou psychiques/SSPT et deux jeunes adultes civils handicapés. Soutenez comme nous ce beau projet ici. Page FaceBook

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Et pour conclure ce semi aparté (vous aurez noté le Général Lebel posant avec le livre), nous adressons toute l’affection des CCB (Caporaux-Chefs de Bataillon) d’Une Plume pour L’Epée à nos camarades Marsouins ! (blague privée :))

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« Le soleil se lève sur nos blessures » par le collectif « Debout Marsouins ! »

[grades et fonctions à l’époque des faits]

SGT Jean-François LIBMOND, blessé par balle à la gorge lors du combat d'Ati, Tchad, 1978,

1CL Eric, blessé lors la reprise du pont de Vrbanja, Bosnie, 1995,

1CL Rodolphe GUADALUPI, blessé à Sarajevo, Bosnie, 1995 ; Catherine BLANDIN sa maman,

1CL Benjamin ITRAC-BRUNEAU, blessé en Kapisa, Afghanistan, 2009 ; 1CL Chay-Dene, premier camarade à lui porter secours,

CPL Salami ABDOU, blessé par explosion d'IED en Kapisa, Afghanistan, 2009,

1CL Maxime GARNIER, blessé psy après sa mission en Kapisa, Afghanistan, 2009 ; propos recueillis par le collectif et retranscris par Georges GUEHENNEUX,

Olivier BOREL, psychologue de la CISPAT,

COL Thierry MALOUX, chef de la CABAT,

Médecin-général inspecteur Dominique FELTEN, ICAS Anne-Sophie REHEL et MAJ Sébastien KEIRSSE, médecin et infirmiers au groupe médico-chirurgical de Sarajevo, Bosnie, 1995, propos recueillis et retranscris par Sabine FOSSEUX,

ADJ Nadège DONZE, chargé du suivi des dossiers des blessés au sein du cabinet du MINDEF en 2008/2009,

Préface du COL (r) Pierre SERVENT.

ISBN 9781364289119 – Format 15x23, 200 pages – Prix 8,45€

Disponible ici.

Page FaceBook .

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Hommage

A l’ADJ Jean-Louis Allouche, Tchad

Au CPL Joseph Lenepveu, Tchad

Au 1CL Guy Jolibois, Tchad

Au CPL Johnny Comtois, Bosnie

Au CPL Marcel Amaru, Bosnie

Au 2CL Jacky Humblot, Bosnie

Au CPL Anthony Bodin, Afghanistan

Au CPL Johan Naguin, Afghanistan

Au CCH Thomas Rousselle, Afghanistan

Au 1CL Kevin Lemoine, Afghanistan

Au SGT Johann Hivin-Gérard, Afghanistan

A tous les Marsouins du 3e RIMa morts pour la France,

A tous les morts pour la France,

Aux blessés physiques et psychologiques,

A leurs proches.

***

 

« Amazing Grace » par le 3e RIMa, sous la direction de Philippe Hardy 

Durant toutes les années que mon fils a passées au 3e RIMa et à chacun de ses départs en mission, mon entourage familial et amical me montrait une sollicitude un peu encombrante, comme si j’étais la victime, la mère d’une future victime de guerre. J’ai refusé de tous cette attitude et l’ai combattue. J’estimais en effet que le métier de Rodolphe, malgré les terribles risques qu’il comportait, ne devait pas inspirer la « pitié », mais plutôt le courage et la fierté, accompagnés de noblesse, cette noblesse de ceux qui vont au bout de leurs convictions.

Catherine, maman du CCH Rodolphe Guadalupi, blessé en 1995 en Bosnie

 

Je suis aujourd’hui sergent. Je voulais quitter ce métier militaire qui m’a tant fait souffrir. Mais au bout du compte, je ne vois pas d’entreprise capable d’autant d’attentions à l’égard d’un de ses fils. Fils, un mot bien différent des termes usuels : salarié, employé, personnel, ressortissant… J’existe aux yeux de mes frères d’armes, je ne suis pas jugé, je suis un guerrier des Troupes de Marine, je suis un soldat de France.

SGT Maxime Garnier, vétéran d’Afghanistan, blessé psy

 

 

 

 

 

 

09/03/2016

« Dieu désarmé », Padre Richard Kalka, aumônier militaire, autoédité

V2. Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés. 

 

+ + +

Le centurion qui se trouvait devant lui, voyant  qu’il avait ainsi expiré, dit :

Vraiment, cet homme est bien le fils de Dieu.

Luc [15.39]

 

 

Il nous a fait sourire, le padre : « J'espère que vous ferez preuve de bienveillance en lisant mon livre... »

Comment ? Faire preuve de bienveillance, mon père ?

Richard Kalka, aumônier-para, Tchad, Rwanda, Irak, Centrafrique, Bosnie, Kosovo, Gabon, Afghanistan... Epervier ! Daguet !  Amaryllis ! Turquoise ! FORPRONU ! Barracuda ! (on passe les décorations).

Et vous nous demandez de faire preuve de bienveillance, padre ?

Vous avez vraiment le sens de l'humour !

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Ah, « Dieu désarmé » ! Derrière l’intelligence du titre, quelle belle remontée du Mekong…

Prenons cette image, le Mékong : La vie se compare-t-elle à un fleuve, coulant parfois gentiment, entre des berges champêtres, affrontant soudain des rapides, voire des Niagara ?

C’est, il nous semble, une mauvaise parabole : le flux n’a pas de mémoire.

Nous ne voyons pas la vie comme un fleuve, nous la voyons comme la Terre, au sens géologique du terme.

Faites une coupe : les states se superposent ; des couches de bonheur, de détresse, de métro-boulot-dodo, de désespérance, de joie immense, de drame… Une épaisseur recouvre la précédente, certaines se mêlent du fait des mouvements des plaques tectoniques  et des tremblements de Terre. Mais cela  reste  des strates, et notre vie les conserve toutes, en mémoire, dans nos cœurs, dans nos âmes.

Avec ce livre, le Padre, mec costaud, a pris sa pelle et a fait une belle tranchée dans sa Terre, exposant les strates de sa vie.

- Strates d’humour -

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Tchad, 1992

Tchad

Alors qu’un dîner de fête est organisé, alerte à l’aviation libyenne : "Tout le monde aux abris ! Padre, cette fois, c’est du vrai ! Venez avec moi !". (…) J’obtempère, sans oublier toutefois d’emporter les deux bouteilles de rouge abandonnées sur la table de la popote…

Tchad

Un Capitaine de l’armée tchadienne m’apporte tout fier une grande tasse de café au lait. Le café est très chaud. Avec précaution, j’en avale une première gorgée. Le goût de ce breuvage est absolument infect ! Je me fais violence pour en venir à bout… [Plus tard j’apprends que]  ce n’était pas du lait de vache, mais de chamelle. Et dans le désert, pour que ce lait ne tourne pas, les femmes l’arrosent avec leur urine…

Bosnie, lors d’une rencontre dans un « bouge » avec des partisans Bosno-Serbes

Le café nous a été servi, suivi d’un verre à moutarde plein à ras bord de Slivovica [eau de vie de prune]. Bien entendu, nous avons été tenus de le vider à la santé de nos hôtes. Le second verre, nous l’avons vidé aussi promptement à notre santé à tous. Une fois rassurés sur notre santé réciproque, nous avons pu entrer dans le vif du sujet.

Cambodge

Vol épique dans un hélicoptère MI-17 loué par l’ONU, piloté par un ex-soviétique, ivre-mort. Vol si tactique que le pilote se « prend un arbre » : Le côté gauche du cockpit est enfoncé, le pare-brise complètement éclaté, des branches d’arbre plantées dans la cabine de pilotage. (…) Le commandant de bord, un peu confus : « Y’a un oiseau qui nous a cogné ».

- Strates d’effroi. L’Apocalypse -

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Rwanda

Un groupe de dix soldats belges de la mission MINUAR est pris à partie par une bande Hutus, militaires et miliciens. Le chef de section, Thierry Lottin, un jeune lieutenant, est perplexe. Il se fait intimer l’ordre de déposer les armes (…) Son supérieur hiérarchique lui conseille d’abord de palabrer, puis, éventuellement, d’obtempérer. Une fois les armes en possession des miliciens Hutus, les Belges reçoivent l’ordre de s’allonger par terre. Avec des machettes bien aiguisées, les Hutus coupent un tendon d’Achille à chaque soldat, leur crèvent les yeux et leur sectionnent le nez. (…) Le lendemain matin, les soldats français trouveront, en bout de piste de l’aéroport les dix corps.

Rwanda

Goma. L’épidémie de choléra fait rage (…) 700 morts recensés le 21 juillet, 1700 le 22, 2000 le 23, 2200 le 24…

Rwanda

J’ai vu des gens, sans force, totalement résignés à leur sort, s’allonger sur les tas de cadavre pour mourir.

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Rwanda                       

Des mètres cubes de cadavres. La putréfaction et la masse. La masse et la putréfaction. Une montagne gigantesque de corps liquéfiés. L’Apocalypse.

- Strates d’Espérance -

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Rwanda, 1994

Cambodge

Le père Kalka se prend d’affection pour un jeune garçon, Bun Sreng. Il lui donne des cours de français. Le jeune garçon lui fait un jour une demande qui déconcerte le padre : Il lui demande de l’adopter, que ses parents sont d’accord, qu’ils sont pauvres, qu’il veut faire des études en France pour les soutenir financièrement. Evidemment, le père Kalka ne peut accéder à cette demande, somme toute dérangeante. Je ne développerai pas cette histoire, mais seulement sa conclusion : De retour en France, vers la fin de juillet, j’apprends ma nouvelle affectation : 3ème RPIMa à Carcassonne. Au mois d’août, je monte à Paris, et plus précisément à Roissy. Avec Anne et Bruno, nous accueillons Bun Sreng.

Rwanda, République Centrafricaine

Avec le soutien du Sergent-Chef Razny, le Première-Classe Dupont,  deux Caporaux-Chef du 6ème REG, Daniel Dietrich et Pierre Erbesol, le père prend en charge le dispensaire Saint-François-d’Assise, que les sœurs ont dû quitter. Véritable hôpital de campagne, le padre y procède à son second accouchement. L’expérience s'était déjà produite en République Centrafricaine, avec la naissance sur le bord de la route d’une petite Barracuda, prénommée ainsi par la mère en hommage à l’opération française… 

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Centrafrique, 1989

Ces strates d’Espérance sont le cœur même de la vie, de l’âme de Kalka. Son soutien aux soldats, par son écoute, sa présence seule (y compris dans des endroits situés stratégiquement en face des camps, où des filles... et tout ça.) (besoin d’un dessin ?).

Et la vie de terrain qu’il partage avec eux :

Le Terrain est ma paroisse de prédilection, mon lieu de prière, mon témoignage d’Evangile, mon mode de fonctionnement, ma manière de vivre, ma façon d’être…

Un aumônier se doit d’être un éclaireur dans l’opacité des évènements, un pasteur d’Espérance.

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Remise de la Croix de Guerre par le GAL Salvan, Bordeaux, 1991

Tant que naîtront et vivront des hommes tels que Richard Kalka, nous avons toutes les raisons d’espérer en l’Humanité.

***

Le père Richard Kalka est né en Pologne, sous le  joug communiste. Dans « Dieu Désarmé »,  cette partie de sa vie, toute son enfance, toute son adolescence à L’Est, est occultée, car ce n’est pas l’objet de son récit, dédié à son service d’aumônier.

Alors, si vous le permettez, le vieux Chasseur voudrait vous parler de sa rencontre avec l’Est.

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Le dit Chasseur, tout jeunot, en 1988 sur Alexanderplatz, Berlin Est, au côté de l'inévitable Trabant

L’Est.

La jeune génération ne peut réellement prendre conscience de ce que représentait, pour nous Occidentaux, l’Est ; ce « bloc de l’Est », caché derrière son « Rideau de Fer ».

Bien entendu, je ne suis pas à même d’évoquer la vie d’un petit polonais. Je voudrais simplement  raconter une histoire. C’est, d’un point de vue épaisseur, une infime strate de ma vie, mais si importante ; toujours si présente.

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Voici :

Fin 1987, mon Bataillon est désigné pour prendre  le relais d’un régiment basé à Berlin (Les accords d’après-guerre imposent un nombre fixe de soldats, américains, anglais, français. De ce fait, un régiment quittant Berlin-Ouest, même pour 2 mois de manœuvres, doit être remplacé).

Je sautille de joie ! Berlin !

Le premier soir de sortie, plutôt que de me précipiter dans un bar (cela viendra), je me lance dans une grande marche qui m’amène, vers 1 heure, 2 heures du matin, aux abords de la Porte de Brandebourg.

Le Mur passe devant ce fameux monument, situé à l’Est, et le Reichstag à l’Ouest, de mon « côté ».

Je m’engage entre le Reichstag et le Mur.

Je tombe sur des croix.

Des croix toutes simples, en tôle, peintes en blanc.

Sur chaque croix est inscrit un nom et une date. En lieu et place du nom, souvent, « Unbekannt », inconnu.

Une  croix pour chaque homme ou femme, abattu par la garde soviétique, alors qu’il tente de rejoindre l’Ouest.

Je regarde la dernière croix : « Lutz Schmidt, 12 février 1987 ».

Nous sommes en février 1988.

Une année auparavant, un jeune-homme de mon âge est mort, abattu, car il tentait de  traverser une ligne sur la Terre, tracée artificiellement par les hommes.

Derrière les croix se trouve un mirador avec un soldat russe. Je le regarde. Je ne vois qu’une silhouette, qu’une ombre, mais je sens, je sais, que lui aussi me regarde.

Je regarde à nouveau la croix de Lutz. Je prie pour lui et pour ses proches.

Je regarde à nouveau le soldat russe, je lui fais « coucou » de la main, et je prends le chemin du retour ; Quartier Napoléon, à Tegel.

Le 5 février 1989, un an après mon recueillement devant la croix de Lutz, Chris Gueffroy est abattu, en tentant de traverser le Mur.

Le 9 novembre 1989, c’est le Mur qui est abattu.

Je n’ai pas vu si le soldat Russe avait répondu à mon coucou. J’aime à le croire.Est.jpg

Lutz Schmidt         Chris Gueffroy

Voici, padre, ma première vision de l’Est où vous êtes né, ma vision de jeune Chasseur. Il n’y a pas de morale. C’est ma strate. C’est tout.

Et maintenant, cher lecteur, nous attendons votre question : « Mais, où est la strate Divine, dans la vie du padre ? »

Oh… Mais celle-ci n’existe pas…

Elle est saupoudrée partout. Des cristaux de quartz, qui étincellent…

 ***

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Né en Pologne, naturalisé français, le padre Richard Kalka est aumônier militaire depuis 1985. Déployé dans le cadre des principales OPEX des 35 dernières années, il a servi notamment au sein des 1er RPIMa, 2e REI, 3e RPIMa, 2e RIMa, 1er REC, 1er Spahis, 11e RAMa, 6e RPIMa, 8e RPIMa, 1er RHC, 3e RHC, 5e RHC, 4e RD, 6eRCS, 6èe BIMa, 17e RGP. Il est actuellement aumônier du 1er RCP à Pamiers et de la 11e Brigade Parachutiste à Toulouse.

 

 

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ISBN 978-2-9554952-0-9 – Prix 20€ port France inclus  - Format 21 x 15 - 220 pages, cahier-photo couleur

Une première édition, désormais épuisée, est parue aux éditions LBM.

Une seconde, notablement enrichie, est disponible en autoédition. Vous pouvez vous la procurer pour 20€, frais de port (France) inclus en contactant le padre :

Père Richard Kalka

Caillau - 09700 Saverdun

richard.kalka[at]orange.fr

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Avec notre très cher ami le padre Kalka

***

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Baptême d’un soldat, Arabie Saoudite,1991

« Je ne me suis jamais inquiété pour leur Foi. Au contraire, j’ai toujours eu la certitude qu’ils étaient croyants. A leur façon, certes, mais croyants. Bien entendu, peu de militaires pratiquent (…), peu importe : leur Foi est inscrite sur leurs visages, elle est manifeste dans ce qu’ils font, ils la respirent par tous les pores de leur peau.

Leur Foi est Amour et Charité. »

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Caporal Alexandre Van Dooren, mort pour la France au Mali, et sa fille Alison

« Ils ne sont pas morts pour des idées. Oh, non. Même pas pour celles qui sont (…) dans les beaux discours des grands de ce monde. Non, ils sont morts pour leurs amis, leurs parents, leurs camarades. Pour toi, Lydie. Pour  ceux qui, à côté d’eux, portaient le même sac et le même gilet pare-balles, qui suaient de la même façon, qui transpiraient les mêmes grosses gouttes de joie ou de colère, qui se dépassaient comme eux-mêmes se dépassaient, chaque jour un peu plus, quel que soit leur grade.

Ils sont morts pour ceux qui se demandaient, tout comme eux, ce qu’ils foutaient ici, dans ces belles montagnes et ces magnifiques vallées, qui puent la mort (…) derrière le sourire de certains qui affichent la politesse du félon.

Bien sûr, on prononcera leur éloge, on leur clamera des sermons et des panégyriques. On s’efforcera de noyer leur mort et la souffrance de leurs proches dans de belles paroles.

Mais eux, héros, la face à même le sol, ou dans le grand bleu du Ciel, ils prieront, toute une éternité, de cette prière sublime parce que céleste, quelles que soient leurs croyances et quelles que soient leurs convictions.

Pour toi, Christelle. Pour Odile qui attendra dorénavant tous les jours. Pour Anaïs, parce qu’elle aime de toute son âme. Pour Sandra et ses deux petits. Pour Aurélia. Pour Sandrine, son enfant et pour celui qui va naître bientôt. Pour Clémence. Pour Sandra et ses trois enfants. Pour Vinicia et son enfant. Pour Alice et ses cinq enfants. Pour tant d’autres, épouses, compagnes, mamans, papas… »

... et ils prieront pour nous, car nous sommes leurs frères et sœurs de cœur.

Ils prieront pour nous tous !

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Dernier saut militaire du padre, 2012

« La Conquête des cœurs est ouverte ! »

Padre Richard Kalka

 

 

 

 

01/11/2015

Monsieur Tchad, Chasseur ardennais en Bosnie, Chasseur alpin Afghaner-romancier et Chasseur à pied artiste et poète

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Suite de l’exploration de notre milibibli, dont vous retrouverez la première partie ici et la seconde . Cette fois, nous sommes éclairés par le chef de l’opération « Tacaud » sur l’imbroglio tchadien dans les années 80 ; nous accompagnons un frère d’armes belge, Chasseur Ardennais, en Bosnie ; nous revivons l’Afghanistan en mode romanesque grâce à un Chasseur alpin ; et nous  laissons la place à l’art et la poésie militaire (mais oui !) grâce à un Chasseur à pied.

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« Face à Kadhafi  - Opération Tacaud », GAL Pierre de Tonquédec, Para-Colo

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Le président Goukouni et le GAL Pierre de Tonquédec. Photo DR issue du livre.

En arrivant au pouvoir, chacun des présidents que le Tchad a connu depuis son indépendance est parfaitement conscient de l’absolue nécessité de réunir « tous les fils du Tchad » et de s’affranchir des redoutables clivages ethniques. Pourtant, très rapidement, chacun se met à redouter la « machination », le complot fomenté par des ethnies autres que la sienne et s’entoure, pour se protéger, de sa famille (…) Cette aveuglante méfiance, cette hantise du complot déforment les jugements et finissent par perdre les tenants du pouvoir (…) Dans un tel contexte les oppositions prospèrent, déstabilisant le pays et contraignant Paris à des interventions successives (…) Mais la France elle-même a sa part de responsabilité.

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« Face à Kadhafi  - Opération Tacaud » par le Général Pierre de Tonquédec, « Monsieur Tchad ». Le Général, issu des Troupes de Marine, y a en effet servi à trois reprises : commandant à Abéché puis chef de l’Etat-Major franco-tchadien à Fort-Lamy en 1970-72 ; Commandant de l’opération Tacaud en 1979-80 ; Enfin en 1987, inspecteur d’Epervier.  Un livre pour tout comprendre de l’imbroglio tchadien dans les années 70-80. Le temps a passé, le pays s’est largement pacifié et notre ancienne colonie figure désormais comme notre premier allié militaire africain. Souvenons-nous des 36 Tchadiens morts au Mali en combattant à nos côtés. Souvenons-nous aussi des 158 soldats français morts au Tchad entre 1968 et 2014. Hommage à eux et aux blessés.

Aux éditions Belin [Soteca]. Disponible ici

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Avec le GAL Pierre de Tonquédec au Salon des Ecrivains-Combattants 2014

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« Commandant de Compagnie - Lettres de Bosnie », COL Bruno Smets, Chasseur Ardennais, Belgique 

 

Janvier 1994

FIG 7.JPGJe voudrais comprendre ! Quel est le cadre général de ma future mission ? Quels sont les acteurs en Bosnie ? Que devons-nous y faire ? Quelles sont les raisons de notre présence dans cette contrée ? Quelles sont les lignes de front entre les belligérants ? Où la guerre s’arrête-elle ? La zone de Vitez est-elle sûre ? Quelles sont les règles d’engagement particulières à l’opération ? (…) Comme unité subordonnée [à un bataillon anglais] dois-je suivre et appliquer la législation britannique ou belge ? Je ne sais rien de tout cela et je ne serais pas surpris que personne en Belgique ne puisse me donner une réponse claire et précise à toutes ces questions. Nous sommes lancés à l’aventure, advienne que pourra ! 

Photo : Briefing à Santici, lors de l’arrivée du premier « lift ». A droite Bruno Smets

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Avril 1994

FIG 4.1.JPGStari-Vitez [est] un quartier chaud de Vitez où une minorité de Bosniaques reste encerclée par des Croates. Ils y vivent retranchés et barricadés dans l’angoisse permanente d’être attaqués par des milices croates extrémistes. Il s’agit donc d’un nid de résistance bosniaque (musulman) au sein même de la poche croate de Vitez qui est elle-même encerclée par d’autres Bosniaques, eux-mêmes entourés de Serbes et de Croates. Simple la situation en Bosnie, non ? 

Photo : Ruines de la mosquée d’Ahmicci.

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Juin 1994

FIG 13.JPGJ’ai assisté, comme toutes les semaines maintenant, à la réunion hebdomadaire entre les commandants des brigades croate et bosniaque. A les voir assis ensemble autour d’une table, en train de boire du cognac à dix heures du mat’, j’ai parfois du mal à croire que début janvier – il y a à peine six mois – ils se tiraient dessus comme des lapins.

Photo : Rencontre entre les autorités militaires croates et bosniaques à Suha Voda. A droite Bruno Smets

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Septembre 1994

FIG 28.1.pngDe retour au pays, je m’enquiers de ce qui a été écrit sur notre odyssée bosniaque. Je feuillette les revues militaires et articles de presse ; je ne trouve quasi aucune trace de notre passage en Bosnie. Il est bien connu que les trains qui arrivent à l’heure ne font jamais les gros titres de l’actualité.

Photo : La compagnie « BELBOS » derrière son capitaine Bruno Smets, 3.8.1994 Marche-en-Famenne

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Place aux frères d’armes belges ! « Commandant de Compagnie - Lettres de Bosnie » relate, au travers des lettres envoyées à sa femme, le déploiement en Bosnie du Colonel Bruno Smets, alors capitaine, commandant d’une compagnie de Chasseurs Ardennais. Formant le détachement « BELBOS » (pour Belgique-Bosnie), unité sous commandement britannique, Bruno et ses hommes font tampon entre Bosno-Croates et Bosno-Musulmans. Un bon récit, intime, mettant en exergue les difficultés rencontrées par les casques bleus, quelle que soit leur nationalité, en ex-Yougoslavie.

Le livre est disponible sur le site de Bruno ici (attention, plus beaucoup d’exemplaires en stock…). 

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Avec le Colonel Bruno Smets, qui représentait la Belgique au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en juillet dernier.

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« Le vent d’Alasay », Michel Sègre, Chasseur alpin

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Photo Thomas Goisque

Nous ne possédons rien, Tofan, que notre cœur et les actes que nous accomplissons. Les massacres perpétrés contre mon peuple m’ont appris que les hommes doivent d’abord être jugés sur ce qu’ils font, plutôt que sur l’appartenance à une famille, un clan ou une tribu. Se battre pour préserver la paix et la liberté est une cause noble ; se battre pour asservir les autres à ses propres lois ou parce qu’ils pensent et vivent différemment est un mal impardonnable. Peut-être ta lâcheté au combat est-elle d’abord le fruit de ton orgueil ? Le seul djihad qui vaille, mon ami, est celui que l’on mène contre soi-même pour être un homme droit, juste et bon.

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Derrière le pseudo de  Michel Sègre se cache un militaire qui connait bien l'Afghanistan pour y avoir mené ses hommes à la victoire [nous vous laissons deviner de qui il s’agit]. L'auteur saisit l'occasion du roman, non pour prendre des libertés avec la réalité, mais pour présenter des points de vue variés : histoires croisées entre Chasseurs alpins en Kapisa, talibans et familles en France. Très bien mené, suspens à la clé. Intéressant de le  lire en parallèle à « Task Force Tiger » du COL Nicolas Le Nen...

Disponible chez l'éditeur Artege ici

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Avec le « mystérieux » J Michel Sègre , au Salon des Ecrivains-Combattants 2013

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« Soldat protecteur de notre liberté », Jean-Louis Martinez, Chasseur à pied

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Dessin Jean-Louis Martinez

J’ai froid.

En voyant mes frères morts, je me mets à penser :

« Je dirai à leurs proches qu’ils sont morts en héros ».

Mais que dis-je ? Comment les prévenir,

Si mon corps est sans vie, allongé sur cette piste.

Mon Dieu, ouvrez cette porte de l’Au-Delà,

Que je rejoigne mes frères, morts au combat.

« L’embuscade », hommage à « Ceux d’Uzbin »

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« Soldat protecteur de notre liberté » par Jean-Louis Martinez, autoédité. Un petit recueil qui mêle dessins et textes/poèmes en prose. Vraiment joli, vraiment réussi (et émouvant) (et de beaux coups de gueules aussi). Et puis, un beau livre d’un frère Chasseur à pied (Jean-Louis s’est engagé en 1975 au 2e GC), cela fait plaisir…

La première édition a vite été épuisée mais, heureusement, une seconde impression a été lancée et le livre est à nouveau disponible sur le site de Jean-Louis ici. Et, autre bonne nouvelle, un tome 2 est en préparation !

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A suivre…