25/06/2015
« Le visage des hommes », Pr Marie-Dominique Colas, Service de Santé des Armées, éd. Lavauzelle, prix de la Saint-Cyrienne 2015
Photos Natachenka/UPpL’E – Merci de nous consulter si vous souhaitez les réutiliser.
Soirée du 22 juin dernier. Nous "papotons" avec le CDT Brice Erbland et sa charmante épouse, ponctuant le propos de nos habituelles facéties chasseresses. A notre gauche se trouve le GAL Georgelin, Grand Chancelier de la Légion d’Honneur. Un peu plus loin, le GAL Dary, ancien Gouverneur Militaire de Paris et le Médecin Général-Inspecteur de l’hôpital Percy, Christian Plotton. Nous venons de saluer le GAL Théry, Légionnaire croisé brièvement dans les années 80 à Berlin, devenu, par les hasards de la vie et dans un tout autre contexte, un fort sympathique collègue, ainsi que le copain-CBA Rémi Scarpa. Bientôt, nous rejoindrons Geneviève de Galard et son mari le Colonel de Heaulme. Nous avons des choses à nous dire…
Où sommes-nous ? A la remise du prix de la Saint-Cyrienne 2015, sur l’invitation surprise (et vivement appréciée !) de Brice Erbland, parrain d’Une Plume pour L’Epée, lauréat du prix spécial 2013 pour « Dans les griffes du Tigre », membre du jury du prestigieux prix milittéraire attribué par l’association des Cyrards.
Remise du prix par le Général de Corps d'Armée (2S) Dominique Delort, président de la Saint-Cyrienne, après un discours inspiré.
L’année 2015 consacre « Le visage des hommes » du Professeur Marie-Dominique Colas, médecin-en-chef psychiatre. Choix du jury qui nous plaît beaucoup : Qualité indéniable du récit, lecture facile grâce à un ton juste doublé d’une bonne pédagogie de « vulgarisation » ; témoignages nombreux, parfois éprouvants, toujours émouvants. Il est vrai que nous sommes un public acquis : les soldats blessés dans leur chair ou leur psychisme, les Gueules Cassées, les victimes du syndrome de stress post-traumatique ont une place particulière dans nos cœurs, comme ils doivent l’avoir dans celui de chaque Français. Nous avons d’ailleurs souvent abordé ces hommes en détresse et leurs récits, SCH Truchet, ADJ Favière, CCH Geoffroy, SCH Douady, COL Boyer…
Un jour de garde, un jour d’été comme les autres, dans un hôpital militaire : les blessés en fauteuil roulant circulent dans le hall où les visiteurs font mine de ne pas voir les visages bandés, les membres amputés. Les blouses blanches se croisent d’un pas pressé. Aucun bruit, aucun cri, un silence quasi religieux règne dans cette cathédrale de la douleur.
Midi : le « bip » retentit. Le service de réanimation demande d’urgence la présence du psychiatre. Un grand blessé, hospitalisé depuis une dizaine de jours, se réveille. Il ne supporte pas la machine qui lui permet de respirer : « Venez nous aider, nous allons le perdre ! » Comment faire ? Comment le sauver ? Il est pourtant revenu vivant du pire. Il a survécu à un attentat-suicide en Afghanistan. Dans la presse du jour, on peut lire qu’il a été « très abîmé ». Marc ouvre les yeux. Ce premier regard va inaugurer une longue histoire médicale, une aventure humaine.
« Le visage des hommes », Pr Marie-Dominique Colas
CDT Brice Erbland
Vous écrivez : « Dans une société où le lien social se délite et où la solitude des individus les conduit à chercher dans la science un idéal sécuritaire en guise de religion, la blessure au combat, la « Gueule Cassée » est soit oubliée, soit érigée en enjeu de prouesses technologiques. »
Et vous parlez « d'une incroyable mobilisation des médecins pour gagner leur combat en ramenant plus de blessés à la vie, en essayant de diminuer les séquelles physiques, esthétiques et psychiques. »
Je ne peux m’empêcher, en cette époque de débat éthique sur la dignité des vies brisées par la maladie ou l’accident, de voir tout au long de votre livre la preuve irréfutable de l’importance et du succès de l’accompagnement humain par rapport à la facilité de l’abandon.
Extrait de l’éloge au médecin-en-chef Colas par le CDT Erbland
Pr Marie-Dominique Colas entourée, de gauche à droite, par son chef, le Médecin Général-Inspecteur de l’hôpital Percy Christian Plotton ; la maman de la lauréate ; Madame Geneviève de Galard ; le Général Delort, président de la Saint-Cyrienne
Sortie de Santé-Navale, le médecin-en-chef Marie-Dominique Colas est professeur agrégé du Val-de-Grâce, psychiatre, chef d’un service de l’Hôpital d’Instruction des Armées Percy où sont accueillis les blessés de guerre. Médecin militaire avant tout, elle est régulièrement déployée en OPEX : Ex-Yougoslavie, Côte d’Ivoire, Afghanistan, Mali. Titulaire d’un doctorat de recherche en psychopathologie et psychanalyse consacré aux « Gueules Cassées », la réflexion qu’elle conduit sur la clinique de la défiguration et du blessé de guerre s’inscrit dans un engagement sans faille du Service de Santé des Armées au chevet de ceux qui ont choisi de servir la France.
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« Le visage des hommes », Pr Marie-Dominique Colas, Service de Santé des Armées, prix de la Saint-Cyrienne 2015.
Aux éditions Lavauzelle
ISBN 978-2702516164 – prix 24€ - format 22x15 cm, 250 pages. Disponible ici.
Geneviève de Galard et Catherine Guillaudeux des éditions Lavauzelle.
Site de la Saint-Cyrienne ici.
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Et pour conclure, un petit instant de grâce, lorsque j’ai salué l’Ange de Dien Bien Phu : « - Broquet ? Comme Anne ? – Oui, ma cousine Anne – Ah, la Reine-Mère des convoyeuses ! Une femme formidable, disparue hélas bien trop tôt…». Marque d’attention qui m’est allée droit au cœur et sans doute à celui d’Anne, là où elle se trouve. Et la conversation a continué, avec Mme de Galard et son mari le Colonel de Heaulme. Il y aurait beaucoup à dire, comme une impression de toucher l’Histoire du bout du doigt, mais vous nous pardonnerez de conserver, une fois n'est pas coutume, notre petit jardin secret…
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Hommage
Aux Gueules Cassées,
A tous les blessés de guerre, blessés en service commandé.
« Nous éprouvions ce sentiment d'extrême liberté,
qui est l'apanage de ceux qui sont débarrassés de leur image,
et ont retiré du voisinage de la mort et de la cohabitation quotidienne avec la souffrance,
cette distance avec ce qui rend l'homme
si petit et si étriqué. »
Marc Dugain, La chambre des officiers
Site de la fondation « Gueules Cassées – Sourire quand même » ici.
Hommage
Au personnel du Service de Santé des Armées.
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Prix de la Saint-Cyrienne 2015, Russe-blanc et Chasseur
Trois ans déjà… Je reçois une photo de Marc avec son épouse, assis côte à côte dans leur belle maison du sud. Leur sourire illumine ma journée. Quelques mots indiquent qu’ils n’ont pas oublié cette extraordinaire expérience humaine, cette rencontre dans les « tranchées » du sous-sol de l’hôpital Percy. Ils en sont sortis vivant par un « puits de lumière ». Leur visage exprime la douceur, la sérénité retrouvée et la joie d’être ensemble. Je me remémore cet instant où la vie ne tenait plus qu’à un fil, suspendue au verdict d’un dernier face-à-face avec un « médecin de l’âme », selon l’expression de certains patients. Je décide alors de reprendre contact avec Marc.
« Le visage des hommes », Pr Marie-Dominique Colas
15:51 Publié dans Mili-Livre, Mili-Reportage, Service de Santé | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Mon Cher Alain, je reconnais à travers ce reportage votre grandeur d'âme et votre attachement à nos armées et au-delà, aux valeurs consubstantielles à notre Patrie.
Quel grand moment ce prix de la Saint-Cyrienne autour du Général Delort et du Médecin en chef Colas! Marie-Dominique Colas est un remarquable officier. Son ouvrage est un immense hommage à tous nos soldats, anciens et plus jeunes, dans la souffrance.
Amicalement Général Marc Théry rédacteur en chef du Casoar
Écrit par : Théry | 01/07/2015
Merci mon Général. Très touché et Chic à Cyr !
Écrit par : UPpL'E | 01/07/2015
Docteur Colas,au travers de ces quelques mots,je vous remercie de m'avoir sauvé la vie hospitalisée 2008 dans votre service à percy,vous méritez grandement cette belle récompense.Félicitations
Écrit par : BONNET elisabeth | 24/09/2018
Merci pour votre commentaire. Nous l'avons fait suivre au Pr Colas.
Écrit par : UPpL'E | 24/09/2018
Pourquoi ne suis-je pas étonné. J'ai eu la chance d'être écouté et d'entendre le professeur Colas alors que plus rien, pour moi, n'avait plus de sens. Ma "gueule" allait bien, mais mon esprit non. Je n'ai cessé depuis de penser à cette rencontre. Le professeur Colas l'ignore, mais au-delà de son "savoir", son extraordinaire humanité vous pousse inexorablement vers la vie.
Écrit par : Ludovic Simon | 27/05/2019
Merci pour votre commentaire touchant.
Écrit par : UPpL'E | 27/05/2019
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