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01/07/2019

« GIGN, Confessions d'un Ops », ADC (er) Philippe B alias Aton, avec le MAJ (er) Jean-Luc Riva, éd. Nimrod

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation des auteurs et de l’éditeur. Droits réservés.

 

« Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, le panache n'est qu'une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force (l'esprit qui voltige n'est-il pas la plus belle victoire sur la carcasse qui tremble ?) que, tout de même, c'est une grâce que je nous souhaite. »

Edmond Rostand

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« Bianchi s'est fabriqué un couteau et le garde cranté sur la carotide du Psy. Ce gars-là va aller au bout ».  Les deux hommes sont plantés au milieu de la coursive, blottis contre le mur gauche, assis sur deux chaises, le psychologue dans les bras de Bianchi, une pointe de verre pressée sur la carotide. Pas besoin d'être un cador en balistique pour imaginer qu'en cas de tir, Bianchi serait projeté en arrière par l'impact de la balle et enfoncerait son couteau artisanal dans la gorge de l’otage.

Prise d’otage d’un psychologue pénitencier par le prisonnier Bianchi à Fleury-Merogis, 1.9.2008

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Il est 20h30 et un chariot avec du café destiné aux prisonniers est prêt à s’ébranler, mais nous attendons encore… L’attente avant l’action me ronge, mais je dois rester concentré (…) Je me mets à trembler. Ce tir va à l’encontre de l’éthique du Groupe, qui consiste à préserver des vies au péril de la sienne. Mais il faut pourtant bien que quelqu’un s’acquitte de la mission ! L’issue va être fatale. Je le sais, mais il faut l’accepter, comme Bianchi l’a peut-être lui-même déjà accepté.

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Philippe B & Glock 19.

Le temps se fige. Mes quatre compagnons se muent en statues tandis que la louche rebondit, produisant un faible bruit métallique qui me fait l'effet d'un coup de tonnerre. Dans la même fraction de seconde, je bondis sur ma gauche pour me décaler, remonte le Glock à hauteur de mes épaules et tends les bras. Bianchi regarde furtivement dans la direction de l'objet qui vient de tomber, puis ramène son regard vers moi. Moi, je ne vois que son cou, et c’est là que je décide de loger ma balle. Feu.

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Philippe B dans son box, caserne du GIGN, Satory

Il est minuit quand nous quittons la prison et reprenons la route de Satory.  Assis à l'arrière du Chevrolet, je me laisse bercer par les lumières de la ville. Derrière certaines fenêtres toujours éclairées, des gens aiment, rient ou dorment.  Ils apprendront demain qu’un preneur d’otage a été « neutralisé » à Fleury-Merogis. De mon côté, j'ai surtout l’étrange sensation qu'une partie de moi-même m'a quitté avec Bianchi. Christian Prouteau a coutume de dire : « Nous traînons nos morts derrière nous ».

***

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« GIGN, Confessions d'un Ops », ADC (er) Philippe B, avec le MAJ (er) Jean-Luc Riva

Il existait déjà de très beaux témoignages d'Ops, préfet Prouteau, Montins, Delsaut, et autres pères fondateurs, mais cette fois, nous sommes plongés dans le corps d’élite de la Gendarmerie Nationale d'aujourd'hui. Parcours de Philippe B, personnage hors-normes, sergent-appelé du 1er RCP, quêtant le GIGN comme son Graal. Sélection/entrainement "viril" (ça pique !), déploiements en Irak, Guinée, Libye, au Kosovo, mise hors d'état de nuire de forcenés, jusqu'à l'élimination des djihadistes en 2015, tout cela raconté sur un ton sans filtre, si ce n'est, à l'occasion, "rentre-dedans" (à la lecture, des sourcils ont dû se froncer de-ci de-là...).

Ecrit avec le camarade Jean-Luc Riva, ancien du 13e RDP et du Renseignement, dont le talent d'auteur est désormais de notoriété publique.

A lire, évidemment.

Aux éditions Nimrod, 21€, disponible ici.

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L’adieu aux armes de Philippe B. Décembre 2018, Satory

Philippe a quitté le GIGN en décembre dernier et, outre la promotion du livre (suivez les annonces de rencontres/dédicaces sur GIGN, Confessions d'un Ops, la discussion vaut le coup : le bonhomme est extrêmement sympathique ; physique guerrier mais sourire omniprésent), il se lance dans une carrière d'acteur. Voir sa page Aton.

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Avec Jean-Luc Riva et Philippe B au bien connu magasin d’équipement Welkit de Montrouge.

***

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Hommage

Aux membres du GIGN morts pour la France, morts en service commandé

Raymond Pasquier, 23.4.1977

Henri Jacques, 25.3.1881

Jean-Louis Maussion, 7.6.1982

Patrick Berteau, 20.7.1989

Jean-Michel Pignon, 7.3.1990

Eric Arlecchini, 28.11.1996

Antonio Capoccello, 28.11.1996

Jean-Louis Prianon, 26.6.1997

Frédéric Mortier, 19.1.2007

Ludovic Riondet, 8.6.2010

Cédric Zewe, 7.11.2013

 

Les chiens Arno et Rolympe, 3.11.1982

Rick, chien de « Joe Forest », 28.2.2005

 

Aux blessés,

A leurs proches.

***

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Philippe B en rappel d’un hélico, tout sourire, évidemment.

Toutes ces années, Philipe a eu le sourire, l'esprit qui domine le corps et la plaisanterie face au danger. S'il avait été soldat de l'Empire, on l'aurait vu à la bataille d’Eylau en colonel-major Lepic, s'adressant à ses Grenadiers à cheval qui baissaient la tête sous les boulets pour leur crier : « Haut les têtes ! La mitraille n’est pas de la merde ! ». 

MAJ (er) Jean-Luc Riva

 

 

 

 

26/12/2018

« Médecin du RAID », Dr Matthieu Langlois & Frédéric Ploquin, éd. Albin Michel & J’ai lu

 

« Se préparer au pire,

espérer le meilleur,

prendre ce qui vient. »

Confucius

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J'avance dans le bâtiment, laissant sur ma droite le comptoir et les caisses. Je pose mon sac dans les vestiaires. J’ai suffisamment de matériel dans les poches, sept garrots, cinq pansements compressifs, deux aiguilles d’exsufflation, des bâtons lumineux, une perfusion, des analgésiques puissants et des médicaments d'extrême urgence. J'abandonne au même endroit ce casque qui me gêne, tant pis pour l’entorse au règlement.

J'ai besoin de respirer. Ce que nous découvrons et au-delà de tout.

13 novembre 2015, 23h08

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« Écoutez-moi ! Ecoutez-moi ! On n’a rien à foutre ici ! Faites-nous confiance, on va dehors ». Je ne souhaite pas les brusquer mais je veux qu'ils m'entendent. Ceux qui ne souffrent pas physiquement souffrent psychologiquement. Si nous le pouvons, nous essayons d'avoir de l'empathie (« Allez mademoiselle, courage ! ») en évitant de les braquer utilement. Le problème, c'est que pour sortir, ces victimes doivent repasser sur la scène.

13 novembre 2015, 23h37

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De retour à Bièvres, vers 3 heures du matin, je prends la douche la plus longue de ma vie. Je suis maculé de sang, jusqu'aux pieds, si bien que certains partenaires me croient blessés. Je suis trempé jusqu'au caleçon. Trempé de sueur est de ce sang qui a traversé ma tenue d'intervention pourtant si étanche. Pendant quarante-cinq minutes, je me lave, me relave. Toutes mes affaires vont directement à la poubelle, y compris ces gants tactiques conçu pour nous protéger des armes blanches ou du feu mais qui n'ont pas résisté à cette soirée. Nous nous retrouvons dans le local des médecins. Nous sommes contents d'être là, tous les cinq. Il est tard. Nous sommes épuisés mais nous avions envie de tout, sauf de dormir.

Nuit du 14 novembre 2015

***

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Par le Docteur Matthieu Langlois, médecin-chef du RAID, avec la collaboration de Frédéric Ploquin, journaliste.

Sous un titre sans esbroufe, on vit dans les faits et minute par minute l’élimination de Merah, l'enfer du Bataclan, celui de Magnanville...

Une plongée dans l'intimité du corps d'élite de la Police, un récit puissant émotionnellement et un bel hommage aux hommes en noir.

A lire impérativement.

Aux éditions Albin Michel, désormais en poche chez J'ai lu.

Se trouve dans toutes les bonnes librairies, éventuellement sur commande.

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Avec le Dr Matthieu Langlois au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan 2018.

Nous lui renouvelons, ainsi qu’à ses frères d’armes du RAID, tout notre respect.

Nous l’assurons aussi de notre absolu soutien [nous avons été atterrés d’apprendre sa mise à pied après la parution du livre. La sanction a été ponctuelle et il y a prescription. Elle n’en demeure pas moins, dans notre esprit, totalement inique].

*

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Hommage

Aux hommes du RAID,

aux deux policiers de la BAC, premiers à intervenir au Bataclan et à éliminer un terroriste,

à tous les policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, personnels de secours et de santé.

A toutes les victimes du Djihadisme.

*

Manu et moi sommes préparés mentalement à vivre des moments comme celui-ci. Nous sommes faits du même bois que les autres ; ni plus solides, ni plus forts. Notre seule particularité, et elle est décisive, c’est que nous sommes entraînés. Beaucoup de personnes pourraient réaliser cette mission, le courage et le sang-froid ne sont pas des denrées si rares. Nos gestes, en revanche, ne s'inventent ni ne s'improvisent. Rarement, au cours de mon existence, je me suis senti aussi utile, aussi responsable, aussi conscient de ce que j'étais en train de réaliser que le soir du 13 novembre. Rarement la confiance qu’un blessé m'accordait m'a autant honoré.

Dr Matthieu Langlois, médecin chef du RAID