09/05/2019
« Jonquille – Afghanistan 2012 », CBA Jean Michelin, 16e BCP, éd. Gallimard
Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.
Compagnons,
j'ai voulu vous parler de ces choses
et dire en quatre mots pourquoi je vous aimais.
Lorsque l'oubli se creuse au long des tombes closes,
je veillerai du moins
et n'oublierai jamais.
Capitaine Emmanuel de Borelli
L'opération s'est bien passée, sans incident. Le soleil se couche paresseusement, mais l’air est encore lourd et je sens un goût de sel et de poussière sur mes lèvres. Un de mes soldats traverse le parking en traînant les pieds. Il porte négligemment sa mitrailleuse sur l’épaule, accentuant une démarche chaloupée. Son visage est couvert de poussière et de sueur, ses chaussures sont sales. Il semble peiner sous le poids d'un gilet pare-balles presque trop grand pour lui. Sa musette est entrouverte et pendouille mollement sur son dos. Dans son cou, on voit dépasser un tatouage approximatif.
Photo extraite d’un reportage de l’AFP sur le 16e BC en Afghanistan, 2012. A voir ici.
Je le connais bien, je l'ai parfois puni pour des bêtises sans gravité, des retards, une bagarre à la sortie d’un bar le samedi soir. C'est une tête de mule, distrait, maladroit, parfois indiscipliné. C'est aussi un type souriant, rustique, plus à l’aise sur le terrain que dans une salle de cours. Un Jeune soldat, un engagé volontaire comme il en existe beaucoup mais aussi une personne avec un nom, une histoire. Lorsqu'il passe à ma hauteur, il me sourit discrètement et je hoche la tête en réponse. Il a les traits tirés.
Un peu plus loin, j'aperçois un groupe d'officiers de l'état-major de la brigade. Ils rentrent de l'Ordinaire et vont retourner à leur poste, certains devant sans doute prendre le quart pour la nuit. Les tenues sont impeccables, les allures sportives et élégantes, les coupes de cheveux millimétrées. Mon petit gars arrive à leur hauteur et se fige dans un garde-à-vous exagérément raide. Les officiers saluent. Il n'est pas très beau mon soldat, mais il redresse la tête, tire imperceptiblement les épaules vers l'arrière pour bomber son torse maigre, puis reprend son chemin en roulant exagérément des mécaniques.
A cet instant précis, il marche comme si la base toute entière lui appartenait. Il marche avec la fierté d'un César vainqueur. Il marche seul, superbe, immense pour un instant. Peut-être que je l'ai imaginé, mais il y a eu du respect dans le regard des officiers ; un soupçon d’envie même. Il est 18 heures, la fin d'une journée ordinaire, la routine terrifiante d'un été en Afghanistan, et pendant une seconde, mon petit soldat avec sa mitrailleuse sur l’épaule est devenu le centre du monde.
***
« Jonquille – Afghanistan 2012 » par le Chef de bataillon Jean Michelin.
La collection « blanche » de Gallimard, s'il vous plait, aux côtés des Hemingway, Camus et autre Céline… voici un livre qui n'était pas passé inaperçu à sa sortie. Une plongée dans la vie de la compagnie « Jonquille » (du nom d'une couleur de tradition des Chasseurs) du 16e BCP en Afghanistan en 2012, époque du désengagement français, au travers de la vision de son jeune commandant.
Alors bien sûr, d'aucuns diront que notre affection revendiquée pour les Chasseurs à pied en général et du 16 en particulier, et le fait de retrouver au fil des pages bien des amis (ou a minima des connaissances), pourraient, un chouïa, influencer notre jugement. Nous avons aussi conscience que certaines parties ont pu agacer des camarades. Reste que nous avons trouvé ce livre remarquablement écrit, ce qui en fait, dans notre esprit, l'un des très beaux récits sur la guerre d’Afghanistan.
Prix des Cadets 2018, prix de l'UNOR 2018, mérités.
Aux éditions Gallimard.
Disponible partout.
Salon du Livre 2019, conférence (de gauche à droite) de Nicolas Mingasson & CNE Mathieu Fotius, auteurs de « Pilotes de combat » abordé ici, CBA Jean Michelin, COL Gilles Haberey (en direct du Mali), auteur de nombreux livres dont récemment « Engagés pour la France : 40 ans d'OPEX, 100 témoignages inédits » avec le LCL Remi Scarpa, aux éditions Pierre de Taillac.
Avec le CBA Michelin, février 2019.
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Hommage
MAJ Thierry Serrat, GIACM,
ADC Franck Bouzet, 13e BCA,
ADJ Stéphane Prudhom, 40e RA,
MCH Pierre-Olivier Lumineau, 40e RA,
BCH Yoann Marcillan, 40e RA,
morts pour la France en Afghanistan pendant le déploiement du Battle Group Acier,
à tous les morts en Afghanistan,
aux blessés,
à leurs proches.
Avec Mme Lumineau, maman de MCH Pierre-Olivier, à Saint-Cyr Coëtquidan, 2017.
***
« Codex » par Radiohead
Greg faisait l’idiot, Mathieu faisait mine de s'énerver, je prenais un air faussement patriarcal en tâchant d'arbitrer les querelles, puis la conversation mourut doucement. Les premiers accords de piano de Codex résonnèrent dans la nuit et comme à chaque fin de mission depuis plusieurs mois, le temps se figea. Nous fumâmes gravement, l’œil perdu dans l'horizon lointain, et lorsque ce fût terminé, sans que nous n’échangions un mot, lorsque, soulagé et triste, je me levais pour enfiler mon treillis propre, mon treillis du retour à la maison, lorsque nous eûmes éteint nos cigarettes et coupé le son de l'ordinateur, lorsqu'il n'y avait plus rien à ajouter à cette histoire, j'échangeais un regard brillant avec Greg et Mathieu, et je sus que j'étais prêt.
CBA Jean Michelin
15:54 Publié dans Afghanistan, Chasseurs, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
06/05/2016
« Les combats héroïques du Capitaine Manhès », LCL (r) Max Schiavon, éd. Pierre de Taillac
Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur et des éditions Pierre de Taillac. Droits réservés.
A la mémoire de nos arrière-grand-pères, combattants de la Grande-Guerre : Ernest Antoine, 37e RIT, mort pour la France le 1er janvier 1915 à Toul ; Fernand-Gaston Camut, 17e BC, 71e BC ; Abel Préau, 10e RG, 105e RAL, 46e RI ; Colonel Fiodor Zakharevitch Plakoff ; Vassilï Oskarovitch Lampe.
Ecoutez la clameur qui sort des hécatombes !
Nécropole de Notre-Dame-de-Lorette
Marchez dans les champs de croix, à Verdun, en Argonne, en Champagne, dans la Somme, dans les Vosges... Qu’ils sont effroyablement beaux, ces cimetières de la Grande-Guerre…
Mais devons-nous nous contenter de l’émotion que distille la grandeur d’un Douaumont ? Cette émotion, aussi honnête soit-elle, ne reste-elle pas très abstraite ? C’est là où la lecture des « combats héroïques du Capitaine Manhès » présentés par le LCL (r) Max Schiavon, s’avère une véritable déflagration affective : sous ces alignements parfaits de croix blanches, sous ce gazon bien tondu, derrière la litanie des noms gravés dans le marbre, que de terreur vécue, que de crasse, de pourriture et de puanteur, que de souffrance, que d’effroi, que de hurlements ; et que d’héroïsme aussi, que de valeur et de sacrifices, que d’amour ; et que de grandeur enfin, chez ces jeunes hommes, ces petites gens, ces humbles : nos si valeureux Poilus.
Qu’ils sont effroyablement beaux, ces cimetières de la Grande-Guerre…
Qu’il est effroyablement beau, ce livre.
Front des Vosges ; l’Hartmannwillerkopf, ou plutôt ce qu’il en reste. Photo issue du livre.
Un sifflement strident, une gifle formidable dans une haleine de four ; je titube un instant et, quand je reprends notion du monde extérieur, je vois à mes pieds un pauvre diable ouvert en deux, du sternum aux cuisses, comme un poisson qu’on vide et qui hurle pendant des secondes, ou des siècles (…) Le fracas continue, immense et trépidant. Je suis assis au pied d’un tronc d’arbre ; un Chasseur tout jeune s’est faufilé sous moi ; il sanglote et je sens son pauvre corps de gosse se soulever avec une cadence saccadée de moteur. D’autres se sont groupés autour de moi, leur sac sur la tête, et me regardent comme si j’étais l’égide protectrice. Il a suffi à ces pauvres diables de voir mes galons d’officier pour chercher d’instinct le salut près de moi. Et moi, qu’est-ce que je pense de cet enfer ?
Photos issue du site de la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs
Les Allemands attaquent. C’est un soulagement infini.
Photos issue du site de la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs
Roulé dans ma pèlerine, je me tasse dans un vestige de boyau. Sous un ciel étincelant, clouté d’or, et qui semble se craqueler de froid, je grelotte éperdument. Un âpre vent du nord fait pétiller les étoiles : il me pénètre comme si j’étais nu ; Dieu ! Que j’ai froid. Brusquement, au matin, le vent tourne, le ciel se couvre et, au lever du soleil, une abondante chute de neige efface les déchirures de la terre, ensevelit les morts et les vivants endormis, ouate silencieusement la forêt.
Le Capitaine Manhès, nouvellement décoré de la Légion d’honneur et Croix de guerre avec palme. Photo issue du livre.
Je bavarde à bâtons rompus avec mes hommes ; encore une fois, comme ces causeries familières, aisées, amusantes et affectueuses sont plus utiles à tout point de vue que les « amphis » prônés dans les écoles et par les états-majors ! Le soir vient. La nuit est d’un calme plat. Une fois de plus, mes chefs s’excitent et mon silence les affole. Je suis assailli de coups de téléphone du capitaine et du commandant : « Que se passe-t-il donc chez vous ? Que signifie ce silence anormal ? ». Pauvres âmes qui ont besoin de beaucoup de bruit pour ne pas avoir peur de la nuit !
Combat de l’Hilsenfirst, nouvelle Sidi-Brahim. Les Chasseurs du CNE Manhès sont encerclés et combattent à coup de rochers. Dessin de José Simon publié dans le journal L’Illustration du 31 juillet 1915
Guillermet est toujours debout, resplendissant de vigueur et de jeunesse, souriant, beau comme un jeune dieu. Le petit Martin, en tête de sa section, est très bien lui aussi. Mais le feu ennemi est terrible et nous décime. A ma gauche, le vieux Cardot, sergent de la territoriale venu à sa demande au 7e bataillon, est tué raide d’une balle en pleine tête. Tout autour, je vois tomber des pauvres corps, morts et affaissés. Et devant ces pertes répétées, il y a de nouveau du flottement. Je vois plusieurs hommes se coucher ; il faut intervenir vivement ; je le fais de la voix et du geste. Je repère un petit Chasseur de la classe 15 [20 ans] qui, manifestement, s’est couché. Je veux le faire relever, il refuse. Je l’empoigne alors par le col de sa vareuse et le soulève de force, à bout de bras. Je vois une pauvre figure de gosse, bouleversé, les yeux fous criant : « Non, mon Capitaine, non, je ne peux plus, je ne peux plus ! » Brusquement, son corps cesse de se raidir, de lutter contre moi ; au bout de mon bras, je le sens complètement mou : pendant que je le soulevais, une balle l’a frappé dans la tempe gauche.
Tranchée allemande conquise par les Chasseurs, front des Vosges. Photos issue du site de la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs
Sur l’ensemble plane une effroyable odeur de cadavre en décomposition ; des centaines de morts jonchent le terrain tout autour de nous. La puanteur vous prend à la gorge à 1500 mètres de la position. Sur place, c’est insoutenable ; mes hommes et moi, le cœur soulevé, nous vomissons à qui mieux mieux depuis notre arrivée. A deux pas de mon trou, un Allemand en vingt morceaux m’empoisonne. Inutile de changer de trou, c’est partout pareil.
Tranchée allemande conquise par les Chasseurs, front des Vosges. Photos issue du site de la Fédération Nationale des Amicales de Chasseurs
Vers 7 heures, sous la pluie du ciel et la grêle des marmites [obus allemands], je reconnais les emplacements pour l’opération que je fais ce soir. Je rencontre le Général Serret, visiblement fatigué au physique comme au moral, errant comme une âme en peine, paraissant nettement chercher la marmite. Nous nous asseyons un moment au bord d’un trou d’obus et le général promène son regard sur l’effroyable tableau qui s’étend devant nous, un regard d’une indicible tristesse, désespéré.
Puis il me regarde longuement et me dit simplement : « Mon pauvre petit ».
Le GAL Marcel Serret sur le front des Vosges. Il mourra le 6 janvier 1916 de la gangrène, suite à une blessure reçue quelques jours après sa discussion avec Manhès.
***
Jean-Louis Manhès nait en 1888 dans une famille de la bourgeoisie auvergnate. Il intègre Saint-Cyr puis Saumur. Cavalier au 18e RC, 9e RH, il est en Algérie avec le 3e RS lorsque la Grande-Guerre éclate. Craignant « de ne pas participer vraiment et de toutes [ses] forces à une guerre où étaient engagées les destinées de la patrie et où se jouait cette revanche qui jusque-là avait été l’idée maîtresse de [sa] vie », il demande sa mutation dans l’Infanterie et rejoint le 13e BCA. Sur le front des Vosges, il est chef de compagnie du 7e BCA lorsque sa compagnie est cernée sur l’Hilsenfirst. Il y écrit une page de gloire de l’armée française, nouvelle Sidi-Brahim, en résistant aux allemands à coup de rochers, ce qui lui vaut la Légion d’honneur et la Croix de guerre à 26 ans. Il est blessé le 1 janvier 1916, 5 jours après avoir été nommé capitaine. Remis sur pied mais trop affaibli, à son grand damne, pour rejoindre le front, il est officier de liaison aux 11e et 168e Divisions d’Infanterie. Il retrouve la première ligne en 1917 au 4e BC puis 169e RI où il réalise de nouveaux exploits sur le front belge. Passant l’entre-deux-guerres dans plusieurs postes d’état-major, il est Colonel, chef de corps du 141e RIA pendant la Campagne de France. Nommé Général, il reste fidèle au gouvernement de Vichy, ce qui brisera se carrière militaire. Il est totalement réhabilité en 1961 par Pompidou, qui a été son lieutenant. Il décède en 1974 à l’hôpital du Val-de-Grâce. Ses descendants, ayant précieusement conservé son journal de marche, ont la bonne idée de contacter Max Schiavon pour envisager sa publication…
Le Lieutenant-Colonel (r) Max Schiavon, intègre l’Armée en 1978 comme élève-officier de réserve. Après une première partie de carrière dans le Matériel, en Allemagne et en France, il commande une compagnie à l’Ecole Polytechnique. Diplômé en informatique et en management stratégique, il effectue des missions sur les cinq continents et dirige pendant cinq ans le bureau des télécommunications et systèmes d’information de la région terre Nord-Est à Metz. Docteur en Histoire, il devient en 2010 directeur de la recherche du Service Historique de la Défense. On lui doit de très nombreux livres, historiques sur la Grande-Guerre, la campagne de France, biographies des généraux Georges, Vauthier, Salan, etc. [voir plus bas].
« Les combats héroïques du Capitaine Manhès - Carnets inédits d'un Chasseur alpin dans les Vosges, 1915-1916 », présenté par Max Schiavon.
Témoignage *exceptionnel*
Prix spécial de la Saint-Cyrienne (ô combien mérité !) 2016
ISBN 978-2364450523 – Prix 19 ,90 € - Format 19 x 14, 352 pages, cahier-photo
Aux éditions Pierre de Taillac
Disponible ici.
Avec Max Schiavon au Salon du Livre 2015
Milibibli « Max Schiavon »
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Devant le monument aux Chasseurs et au COL Driant, bois des Caures, avril 2016
Hommage
Aux Chasseurs de la Grande-Guerre,
A tous nos valeureux Poilus !
Quand Madelon vient nous servir à boire…
Rarissime autochrome d’une compagnie du 13e BCA en 1915. Collection Jules Gervais-Courtellemont - Cinémathèque Robert-Lynen. Crédit photo Francetvéducation ici.
Hier, ma compagnie a perdu 31 tués et 55 blessés. C’est une dure épreuve. Que sera la journée de demain ? Je ne crois pas pouvoir demander à mes hommes la continuation d’un pareil effort. Ce qu’ils ont fait aujourd’hui est surhumain. Ce que je peux les aimer d’une chaude affection, profonde, immense, ces braves gens dont je sens encore peser sur moi ces regards anxieux, mais confiants (…) Tout à l’heure, un brave garçon avec lequel je bavardais sur les durs événements de cette abominable journée, m’a dit avec une charmante candeur, toute simple et sans aucune vanité de ton :
« On est quand même de sacrés bonhommes, mon Capitaine ».
13:25 Publié dans Chasseurs, Grande-Guerre, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
01/11/2015
Monsieur Tchad, Chasseur ardennais en Bosnie, Chasseur alpin Afghaner-romancier et Chasseur à pied artiste et poète
Suite de l’exploration de notre milibibli, dont vous retrouverez la première partie ici et la seconde là. Cette fois, nous sommes éclairés par le chef de l’opération « Tacaud » sur l’imbroglio tchadien dans les années 80 ; nous accompagnons un frère d’armes belge, Chasseur Ardennais, en Bosnie ; nous revivons l’Afghanistan en mode romanesque grâce à un Chasseur alpin ; et nous laissons la place à l’art et la poésie militaire (mais oui !) grâce à un Chasseur à pied.
***
« Face à Kadhafi - Opération Tacaud », GAL Pierre de Tonquédec, Para-Colo
Le président Goukouni et le GAL Pierre de Tonquédec. Photo DR issue du livre.
En arrivant au pouvoir, chacun des présidents que le Tchad a connu depuis son indépendance est parfaitement conscient de l’absolue nécessité de réunir « tous les fils du Tchad » et de s’affranchir des redoutables clivages ethniques. Pourtant, très rapidement, chacun se met à redouter la « machination », le complot fomenté par des ethnies autres que la sienne et s’entoure, pour se protéger, de sa famille (…) Cette aveuglante méfiance, cette hantise du complot déforment les jugements et finissent par perdre les tenants du pouvoir (…) Dans un tel contexte les oppositions prospèrent, déstabilisant le pays et contraignant Paris à des interventions successives (…) Mais la France elle-même a sa part de responsabilité.
« Face à Kadhafi - Opération Tacaud » par le Général Pierre de Tonquédec, « Monsieur Tchad ». Le Général, issu des Troupes de Marine, y a en effet servi à trois reprises : commandant à Abéché puis chef de l’Etat-Major franco-tchadien à Fort-Lamy en 1970-72 ; Commandant de l’opération Tacaud en 1979-80 ; Enfin en 1987, inspecteur d’Epervier. Un livre pour tout comprendre de l’imbroglio tchadien dans les années 70-80. Le temps a passé, le pays s’est largement pacifié et notre ancienne colonie figure désormais comme notre premier allié militaire africain. Souvenons-nous des 36 Tchadiens morts au Mali en combattant à nos côtés. Souvenons-nous aussi des 158 soldats français morts au Tchad entre 1968 et 2014. Hommage à eux et aux blessés.
Aux éditions Belin [Soteca]. Disponible ici.
Avec le GAL Pierre de Tonquédec au Salon des Ecrivains-Combattants 2014
***
« Commandant de Compagnie - Lettres de Bosnie », COL Bruno Smets, Chasseur Ardennais, Belgique
Janvier 1994
Je voudrais comprendre ! Quel est le cadre général de ma future mission ? Quels sont les acteurs en Bosnie ? Que devons-nous y faire ? Quelles sont les raisons de notre présence dans cette contrée ? Quelles sont les lignes de front entre les belligérants ? Où la guerre s’arrête-elle ? La zone de Vitez est-elle sûre ? Quelles sont les règles d’engagement particulières à l’opération ? (…) Comme unité subordonnée [à un bataillon anglais] dois-je suivre et appliquer la législation britannique ou belge ? Je ne sais rien de tout cela et je ne serais pas surpris que personne en Belgique ne puisse me donner une réponse claire et précise à toutes ces questions. Nous sommes lancés à l’aventure, advienne que pourra !
Photo : Briefing à Santici, lors de l’arrivée du premier « lift ». A droite Bruno Smets
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Avril 1994
Stari-Vitez [est] un quartier chaud de Vitez où une minorité de Bosniaques reste encerclée par des Croates. Ils y vivent retranchés et barricadés dans l’angoisse permanente d’être attaqués par des milices croates extrémistes. Il s’agit donc d’un nid de résistance bosniaque (musulman) au sein même de la poche croate de Vitez qui est elle-même encerclée par d’autres Bosniaques, eux-mêmes entourés de Serbes et de Croates. Simple la situation en Bosnie, non ?
Photo : Ruines de la mosquée d’Ahmicci.
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Juin 1994
J’ai assisté, comme toutes les semaines maintenant, à la réunion hebdomadaire entre les commandants des brigades croate et bosniaque. A les voir assis ensemble autour d’une table, en train de boire du cognac à dix heures du mat’, j’ai parfois du mal à croire que début janvier – il y a à peine six mois – ils se tiraient dessus comme des lapins.
Photo : Rencontre entre les autorités militaires croates et bosniaques à Suha Voda. A droite Bruno Smets
*
Septembre 1994
De retour au pays, je m’enquiers de ce qui a été écrit sur notre odyssée bosniaque. Je feuillette les revues militaires et articles de presse ; je ne trouve quasi aucune trace de notre passage en Bosnie. Il est bien connu que les trains qui arrivent à l’heure ne font jamais les gros titres de l’actualité.
Photo : La compagnie « BELBOS » derrière son capitaine Bruno Smets, 3.8.1994 Marche-en-Famenne
Place aux frères d’armes belges ! « Commandant de Compagnie - Lettres de Bosnie » relate, au travers des lettres envoyées à sa femme, le déploiement en Bosnie du Colonel Bruno Smets, alors capitaine, commandant d’une compagnie de Chasseurs Ardennais. Formant le détachement « BELBOS » (pour Belgique-Bosnie), unité sous commandement britannique, Bruno et ses hommes font tampon entre Bosno-Croates et Bosno-Musulmans. Un bon récit, intime, mettant en exergue les difficultés rencontrées par les casques bleus, quelle que soit leur nationalité, en ex-Yougoslavie.
Le livre est disponible sur le site de Bruno ici (attention, plus beaucoup d’exemplaires en stock…).
Avec le Colonel Bruno Smets, qui représentait la Belgique au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan en juillet dernier.
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« Le vent d’Alasay », Michel Sègre, Chasseur alpin
Photo Thomas Goisque
Nous ne possédons rien, Tofan, que notre cœur et les actes que nous accomplissons. Les massacres perpétrés contre mon peuple m’ont appris que les hommes doivent d’abord être jugés sur ce qu’ils font, plutôt que sur l’appartenance à une famille, un clan ou une tribu. Se battre pour préserver la paix et la liberté est une cause noble ; se battre pour asservir les autres à ses propres lois ou parce qu’ils pensent et vivent différemment est un mal impardonnable. Peut-être ta lâcheté au combat est-elle d’abord le fruit de ton orgueil ? Le seul djihad qui vaille, mon ami, est celui que l’on mène contre soi-même pour être un homme droit, juste et bon.
Derrière le pseudo de Michel Sègre se cache un militaire qui connait bien l'Afghanistan pour y avoir mené ses hommes à la victoire [nous vous laissons deviner de qui il s’agit]. L'auteur saisit l'occasion du roman, non pour prendre des libertés avec la réalité, mais pour présenter des points de vue variés : histoires croisées entre Chasseurs alpins en Kapisa, talibans et familles en France. Très bien mené, suspens à la clé. Intéressant de le lire en parallèle à « Task Force Tiger » du COL Nicolas Le Nen...
Disponible chez l'éditeur Artege ici.
Avec le « mystérieux » J Michel Sègre , au Salon des Ecrivains-Combattants 2013
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« Soldat protecteur de notre liberté », Jean-Louis Martinez, Chasseur à pied
Dessin Jean-Louis Martinez
J’ai froid.
En voyant mes frères morts, je me mets à penser :
« Je dirai à leurs proches qu’ils sont morts en héros ».
Mais que dis-je ? Comment les prévenir,
Si mon corps est sans vie, allongé sur cette piste.
Mon Dieu, ouvrez cette porte de l’Au-Delà,
Que je rejoigne mes frères, morts au combat.
« L’embuscade », hommage à « Ceux d’Uzbin »
« Soldat protecteur de notre liberté » par Jean-Louis Martinez, autoédité. Un petit recueil qui mêle dessins et textes/poèmes en prose. Vraiment joli, vraiment réussi (et émouvant) (et de beaux coups de gueules aussi). Et puis, un beau livre d’un frère Chasseur à pied (Jean-Louis s’est engagé en 1975 au 2e GC), cela fait plaisir…
La première édition a vite été épuisée mais, heureusement, une seconde impression a été lancée et le livre est à nouveau disponible sur le site de Jean-Louis ici. Et, autre bonne nouvelle, un tome 2 est en préparation !
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A suivre…
13:37 Publié dans Afghanistan, Belgique, Bosnie, Chasseurs, Marsouins, Bigors, Mili-Livre, Tchad | Lien permanent | Commentaires (2)
03/07/2015
Prix littéraire de l’Armée de Terre - Erwan Bergot 2015, Sylvain Tesson & GAL Bernard Barrera
Photos Natachenka/UPpL'E - Merci de nous consulter si vous souhaitez les réutiliser.
Les lundis se suivent… et se ressemblent ! Après la remise du prix de la Saint-Cyrienne, abordé ici, nous avons pris le chemin de la Sorbonne pour celle du prix littéraire de l’Armée de Terre - Erwan Bergot.
En premier lieu, un mot sur nos hôtes, car si nous étions présents, c’est grâce à deux grands copains, dont nous avons été les « accompagnateurs » : l’ADC Jean-Claude Saulnier et l’éditeur Nimrod.
Il nous semble inutile de présenter Nimrod. Quel fan de récit de soldat ne connait pas cet éditeur ? L’un des (le ?) plus beaux catalogues milittéraires francophones, grâce à un haut niveau d’exigence sur les récits publiés doublé d’un vrai travail d’édition (plus rare qu'on ne le croit). Quant à l’ADC Saulnier : 2e REP, infirmier, ancien président des Sous-Officiers, 30 ans de Légion, de Kolwezi à l’Afgha… pour ceux qui n’en auraient jamais entendu parler (ayant vécu un certain temps sur Mars) un petit rattrapage est possible avec notre recension sur « Ma vie de Légionnaire » ici [publié justement chez Nimrod] .
Mais, à tout seigneur tout honneur, revenons-en aux lauréats.
Le prix littéraire de l’Armée de Terre – Erwan Bergot 2015 remis à Sylvain Tesson pour « Berezina », par le Général de Corps d'Armée Bertrand Houitte de La Chesnais, Major Général de l'Armée de Terre, ancien chef de corps du 1er RI, en lieu et place du CEMAT, retenu par les évènements dramatiques du week-end.
Le prix fêtait cette année ses vingt ans. Pour succéder aux Elie de Saint-Marc, Pierre Schoendoerffer et autre Pierre Darcourt, le jury a distingué « Berezina » de Sylvain Tesson, récit du périple de l’auteur et ses compagnons de route Thomas Goisque, photographe, Cédric Gras, directeur du centre culturel français de Donetsk et deux amis russes, Vassili et Vitaly, en side-car, sur les traces de la Grande-Armée en retraite. Un tel récit sort du « scope » du blog ; nous vous invitons donc, pour en savoir plus, à vous reporter à cet article du blog ami « Guerres et Conflits ». Nous rappellerons cependant que Sylvain a toute sa place ici, civil ayant une place particulière dans la littérature mili ; pour preuve, nous avons abordé deux de ses livres : « Haute Tension – Des Chasseurs alpins en Afghanistan » - avec Thomas Goisque et Bertrand de Miollis - et « D’ombre et de poussière », de nouveau avec Thomas.
Photo extraite de la vidéo réalisée par le SIRPAT
En sus, une mention spéciale a été attribuée au Général Bernard Barrera, chef des forces terrestres au Mali, pour « Opération Serval », éditions du Seuil.
L’accueil que nous a réservé le Général a été des plus sympathiques. Il avait déjà entendu parler du blog il est vrai, par le LCL Steve Jourdain, R22eR, qui en avait fait la pub lors d’une rencontre au Québec. Mentionnons aussi que le Général a été chef de corps du 16e BC, ce qui créé des liens…
Nous avons commencé à échanger et ce n’est qu’un début, puisque le Général sera présent au FILM de Saint-Cyr-Coëtquidan les 24 et 25 juillet prochains (et nous aussi évidemment).
Et maintenant, notre rubrique « people » car vous savez à quel point nous aimons nous afficher, un peu fiers, aux côtés de nos soldats…
Avec l’Adjudant-Chef Jean-Claude Saulnier venu tout spécialement de sa belle Corse d’adoption (il est pourtant difficile de quitter Calvi…). Magnifique personne, toute en humilité. Du beau grand Légionnaire !
Notre recension sur « Une vie de Légionnaire », éditions Nimrod, ici.
Et nous avons même eu droit à notre cadeau Képi Blanc.
Belles retrouvailles avec le Major Sylvain Favière, infirmier-para désormais réserviste, accompagné par Nathalie Léon, AS du 5e RHC de Pau.
Un grand bonheur de revoir Sylvain, rencontré il y a trois ans déjà, l’un des premiers auteurs à avoir été abordé sur ce blog. Recension sur son beau et grave récit (car il aborde le syndrome de stress post-traumatique) « Ma blessure de guerre invisible », ici.
Le commandant Brice Erbland, 1er RHC, et Madame.
Un habitué ! Nous devons avoir 3723 photos avec Brice, donc pour une fois, le Commandant sans nous mais avec sa jolie épouse Marie-Charlotte. Notre recension sur « Dans les griffes du Tigre », éditions Les Belles Lettres, est ici.
Un autre habitué, le Chef de Bataillon Rémi Scarpa, Gaulois du 92e RI, adjoint du Général Barréra lors de l’opération Serval. Nous n’avons pas encore trouvé le temps d’aborder sur le blog son « Offensive éclair au Mali », éditions Pierre de Taillac, mais l’avons fait sur notre page FaceBook ici.
Retrouvailles à nouveau, cette fois avec le CCH Emmanuel Gargoullaud, portant beau les trois fourragères du RICM. Nous avons abordé « Afghanistan en feu », éditions Economica, ici. A noter qu’Emmanuel finalise un manuscrit sur sa dernière OPEX, « Sangaris » (RCA).
Le rayonnant Sergent-Chef Jocelyn Truchet, 13e BCA. Encore un habitué d’Une Plume pour L’Epée, donc vous avez droit cette fois à une photo avec une amie. Notre recension sur « Blessé de guerre », autoédité, est ici.
Belle brochette d'écrivains-combattants, n’est-ce pas. Et encore en manque-t-il : nous avons salué le Colonel Nicolas Le Nen, dont nous avons abordé le journal de marche en Afghanistan, « Task Force Tiger », ici, et un regret : avoir aperçu au loin le Capitaine Nicolas Barthe, vétéran d’Afghanistan avec le 21e RIMa, désormais au RICM, auteur d’ « Engagé ». Mais hélas il a quitté la soirée avant que nous ayons eu le temps de l’aborder. Flûte. Présentation de son brillant récit, paru aux éditions Grasset, ici.
Russe-blanc et Président des Sous-Officiers de la Légion
Doit-on vraiment préciser que nous avons passé une excellente soirée ?
J
Nous renouvelons nos félicitations aux heureux lauréats et attendons désormais avec impatience le Festival International de Livre Militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan couplé au Prix des Cadets et au Triomphe.
Et notre leitmotiv : allez au-devant des soldats ; les occasions sont nombreuses : JPO, défilés, salons… Intéressez-vous à eux, à leurs missions, abordez-les, parlez-leur !
Vous pouvez aussi en profiter pour les remercier pour leurs actions, leurs sacrifices et ceux de leurs familles, les risques encourus au service de la France, à votre service...
13:33 Publié dans Chasseurs, Mali, Mili-Reportage | Lien permanent | Commentaires (2)
21/06/2015
Commando de chasse harki, Appelé en Algérie, Ministre-combattant, Léopard de Bigeard, Pilote de Jaguar de Daguet et SBS britannique
Le temps nous manque, mille fois hélas, pour aborder sous forme de recension tous les récits lus et appréciés. En guise de rattrapage, nous lançons une nouvelle rubrique, abordant de manière plus « synthétique » des livres à même de compléter votre milibibliothèque en fonction de vos centres d’intérêt. Cette fois-ci : la Guerre d’Algérie, avec un Zouave, un Fantassin (et ministre), un Chasseur d’Afrique et un Léopard de Bigeard ; la Guerre du Golfe, opération Daguet vécue par un pilote de Jaguar, et enfin les Forces Spéciales britanniques au travers de l’autobiographie d’un SBS.
Nous poursuivrons cette série au fil de l’eau et rien ne dit que certains de ces livres ne seront pas traités plus en profondeur dans le futur.
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« Harkis, mes frères », SCH Jean Hinnerblès, 2e BZ, 94e RI
Algérie, Jean Hinnerblès alias « Gerfaut », 24 avril 1961
Tendant l’oreille, il perçut comme un frôlement de chaussure sur le sol, aussitôt suivi par le bruit d’un caillou qui roule, ce qui confirma la présence du Fell sur la piste ; puis une ombre apparut sur le sentier, puis une autre, puis trois… Ils étaient là, à deux mètres du canon de sa carabine. Gerfaut attendit, le cœur battant, prêt à lui exploser la poitrine. Alors que le premier allait sortir de son champ de vision, reprenant son self-control, il pointa l’arme sur la cible mobile, en hurlant très fort : feu !
« Harkis, mes frères », par le SCH Jean Hinnerblès, 2e BZ, 94e RI. Sept ans de combat en Algérie, à la tête d'un commando de chasse harki. Un récit écrit à la troisième personne, ce qui lui donne un petit côté roman de guerre.
Paru en 2010 chez Amalthée. ISBN 978-2310005050. Livre épuisé, mais nous pouvons mettre en relation avec l’auteur.
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« Il était une fois l’Algérie d’un appelé », Georges Pagé, 9e RCA
Alger, 26 mars 1962
Ce samedi, je décide d’aller me recueillir rue d’Isly. Le drame a eu lieu il y a à peine cinq jours. Tout semble dévasté, gravats sur les trottoirs, impacts sur les murs et sur la chaussée. Des gens viennent des autres quartiers. On commente l’absence de tous ceux qui sont morts. Comme je suis habillé en militaire, certaines personnes me regardent de façon haineuse. Je comprends et ne m’attarde pas dans cette sinistre rue où tant de braves gens ont perdu la vie. L’armée a tiré sur des Français. C’est affreux.
« Il était une fois l’Algérie d’un appelé – 1960-1962 », par Georges Pagé. Historique des dernières années de l'Algérie française, alors que l'auteur, appelé, est rattaché à l'état-major/9e Régiment de Chasseurs d'Afrique : communauté pied-noir du secteur d'Inkermann où Georges est basé, la rue d'Isly où il se trouve après la fusillade du 26 mars, le commando Georges, les SAS, ses rencontres a posteriori avec plusieurs acteurs des évènements (du GAL Massu à Pierre Messmer en passant par Michèle Hervé, grièvement blessée lors de l'attentat de l'Otomatic...), etc.
Paru en 2002 chez PG Editions. ISBN-13: 978-295182190. Il est possible de contacter l’auteur via son site ici.
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« Un seul cœur, un seul drapeau », CDT Hamlaoui Mekachera, 6e RTA, 60e RI
Algérie, 9e Cie du 60e RI, ligne Morice. Au centre, Hamlaoui Mekachera.
Mon intégration au sein du régiment de l’ex-Royal Marine [60e RI] a soulevé une certaine animosité. Je le ressentais quotidiennement, étant considéré comme le « bouc émissaire » de la perte de l’Algérie. Cela occultait le fait que c’était bien moi le plus grand perdant de cette tragédie algérienne.
« Un seul cœur, un seul drapeau », par le CDT Hamlaoui Mekachera. Orphelin de son père officier du 3e RTA, Mekachera intègre l'école des enfants de troupe de Miliana. Sous-officier sorti de Cherchell, il fait la campagne d'Indochine comme radio puis démineur du 6e RTA puis l'Algérie au sein du 60e RI. En 62, il rejoint la France et poursuit sa carrière d'officier dans plusieurs régiments d'infanterie. Quittant l'armée comme CDT, il est directeur de centre hospitalier, s'investit dans la vie associative, notamment auprès des musulmans rapatriés. Nommé délégué ministériel à l'intégration, membre du conseil économique et social, il termine sa carrière d'homme d'état comme ministre délégué aux anciens combattants. La partie "militaire" ne représente qu'un tiers du livre, essentiellement consacrée la période « enfant de troupe et école ». La seconde, «civile », est axée devoir de mémoire.
Paru en 2013 chez L’Harmattan. ISBN 978-2343017013. Disponible ici.
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« Trois ans chez Bigeard », 1CL Albert Bernard, 3e RPC
Schneidenbach mortellement blessé le 21.11.1957 lors de l’opération « Timimoun ». Photo SCH Marc Flament.
[Schneidenbach] atterrit juste derrière le lieutenant Douceur et moi, en plein cœur du groupe rebelle. A peine libéré de son parachute, il part la mitraillette au poing avec d’autres camarades et ils arrosent la crête des dunes qui nous environnent pour dégager la zone de saut. Douceur se souvient avec émotion de cette dernière image qu’il garde de Schneidenbach progressant dans le désert. A la fin de la journée [nous retrouvons] le jeune homme en pleine agonie après avoir reçu une balle tirée à bout portant dans le front : sans doute s’est-il fait surprendre par un de ces redoutables tireurs isolés, enterrés dans le sable. L’infirmier Jacques Robert lui couvre le front d’un bandeau de compresses pour réduire l’hémorragie.
« Trois ans chez Bigeard », récit du 1CL Albert Bernard, 3e RPC. Il n'y a pas plus légitime que le léopard Albert [en photo de couverture avec le CNE Florès] pour évoquer cette ambiance particulière qui régnait au sein du 3e RPC en 56/58 : Radio de la 4e Cie, il est sous les ordres des fameux CNE Florès ou LTN Douceur et en contact constant avec « Bruno », qui le surnomme "Beauté" du fait de sa voix joliment radiophonique...
Le bled, la bataille d’Alger, le « Je vous ai compris », le putsch ... tout cela vu de l'intérieur, suivi d’un document inédit de Bigeard, avec ordres du régiment, ordres du jour et notes de présentation de 1955 à 1957.
Paru en 2012 aux éditions LBM. ISBN 978-2915347913. L’éditeur a malheureusement disparu mais nous pouvons mettre en relation avec l’auteur.
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« Jaguar sur Al Jaber », CNE Alain Mahagne, EC 2/11 « Vosges »
Clip : Jaguar pendant la guerre du Golfe.
Ma verrière était perforée de part et d’autre et au milieu… il y avait mon casque. Dès lors, je réalisais que j’étais blessé. Aucune peur ne m’envahit, je restai lucide et maître de mes moyens. J’annonçais calmement mes problèmes à la radio :
« - Charly. Je suis touché. J’ai un trou dans la tête et je pisse le sang. – Tu confirmes Charly ?! »
« Jaguar sur Al Jaber », par le CNE Alain Mahagne, EC 2/11 « Vosges ». Un des (trop) rares témoignages sur la 1ère guerre du Golfe et l'opération Daguet, et non des moindres, puisqu'Alain a participé au raid des 12 Jaguars, le jour J, sur la base aérienne koweïtie d'Al Jaber, fortement défendue par la DCA irakienne. Pour preuve, une balle a traversé son cockpit, le blessant à la tête...
Paru en 1993 (SHAA), réédité en 2011 aux éditions A4PM. ISBN 978-2-9536496-3-5. Pour se le procurer, contacter l’auteur ici.
N’oublions pas les 12 Français morts lors des opérations Daguet, Libage, MONUIK. Hommage à eux, aux blessés et à tous Ceux du Golfe.
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« En première ligne », Duncan Falconer, SBS, 14 INT
Soldats de l’IRA [Armée Républicaine Irlandaise]
J’entendis un bruit, tout près ; un pied qui écrasait une brindille. Tous les sens en alerte, le front plissé à force de me creuser la cervelle, je retins ma respiration, mon cœur s’arrêta de battre. On aurait dit que tout se passait au ralenti. Le bruit reprit quelques secondes plus tard. Cette fois, j’en étais sûr, c’était un bruit de pas, suivi bientôt par un second. Mon cœur battait à tout rompre, j’avais une chape de plomb sur la poitrine. Quelqu’un s’approchait lentement le long de la haie. Je gardais la bouche entrouverte, réaction instinctive qui améliore la finesse de l’ouïe. Je pris plusieurs respirations profondes, l’adrénaline affluait dans mes veines. Je fis pivoter très lentement mon arme pour pointer le canon sur le bout de la haie, à quelques mètres devant moi. Encore un pas. J’effleurais doucement la détente.
« En première ligne » de Duncan Falconer, plus jeune recrue de l’histoire du Special Boat Service. Une plongée [jeu-de-mot] passionnante dans l’univers du SBS et du « Det »/14 INT, piliers, avec le SAS, des Forces Spéciales de Sa Très Gracieuse Majesté. La sélection et l’entraînement, la lutte contre l'IRA, l’abordage des cargos et plateformes pétrolières… mais aussi, et peut-être surtout, une belle histoire d’homme(s). On peut remercier Nimrod de rendre accessible aux non anglophones des témoignages de cette qualité. A lire en parallèle à « Parcours Commando » de Marius.
ISBN 978-2915243093. Disponible chez Nimrod ici.
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A suivre…
18:00 Publié dans Algérie, Aviateurs, Chasseurs, Fantassins, Golfe, Harkis, Marsouins, Bigors, Paras, Royaume-Uni | Lien permanent | Commentaires (2)
06/05/2014
« Un long oued pas si tranquille… », LTN (h) Alain-Michel Zeller, 12e BCA, éd. Fol’Fer.
Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.
Ecrire et raconter, inlassablement, non pour juger mais pour expliquer. Ouvrir la porte à ceux qui cherchent une trace du passé et qui refusent le silence. Repiquer chaque matin le riz de nos souvenirs. Ne pas lâcher prise, jamais, pour celui qui est demeuré dans le bien et dont l’amour est resté là-bas, en Algérie.
CBA Hélie de Saint-Marc
Lorsque l’on évoque la Guerre d’Algérie des noms viennent immédiatement à l’esprit : Bigeard, Massu, Salan, Challe, Jouhaud, Saint-Marc, de Gaulle évidemment… et Zeller, n’est-ce-pas ?
Zeller. Général Zeller, vétéran des 1ère et 2nde guerres mondiales, l’Algérie française, la rébellion dite le putsch d’Alger, le « quarteron »… mais son prénom est André et non Alain-Michel. Alors, qui est l’auteur d’Un long oued pas si tranquille ? Son fils, appelé de la classe 59, Sous-Lieutenant au 12e BCA, blédard, traquant le fellagha à la frontière tunisienne tandis qu’à Alger et Paris le sort de l’Algérie française se nouait…
Cette situation, peu banale on en conviendra, suffit pour se précipiter sur ce livre. Et là, bonne surprise, car outre l’intérêt historique évident, « Un long oued pas si tranquille » est un récit autobiographique remarquable. Nous suivons Alain-Michel au 18e RCP pour sa formation parachutiste, à l’école de Cherchell dont il sort Aspirant, à Alger la blanche, où il flâne dans les rues de son enfance, sur la ligne Morice, où il monte des embuscades à la tête de son commando de chasse harki, ses rencontres dont celle au « trou » avec le SLT François d’Orléans, fils du comte de Paris, qui meure au combat en Kabylie quelques mois après, son incompréhension face aux évènements… et, non pas omniprésente, mais en filigrane, la figure bienveillante de son père, qui fait le choix que nous connaissons. Le tout écrit avec une classe certaine, à la fois pétillant de jeunesse, facétieux - esprit Chasseur oblige - et grave de par les évènements vécus.
Passionnant. Attachant. L’un des très beaux témoignages sur la Guerre d’Algérie.
L’engagement
Eté 58, Alain-Michel Zeller alors étudiant à l’IFP, Institut Français du Pétrole - Stage [on ne peut plus] pratique sur un chantier de forage à Coulommes. Photo de Cartier-Bresson pour Paris Match.
La situation en Algérie, après le formidable et enthousiaste mouvement du 13 mai 1958, évoluait plutôt favorablement et je me sentais confusément mal à l’aise de ne pas avoir encore participé à ce qui apparaissait comme la grande cause nationale du moment. Cette « guerre », que l’on n’appelait pas encore ainsi, durait déjà depuis plus de quatre ans. Jeune étudiant, j’avais participé à de nombreuses actions en faveur de l’Algérie française au sein d’associations militantes. La préparation militaire parachutiste était ouvertement un lieu où s’exprimait haut et fort la nécessité de garder la province Algérie à la France sans que cela n’ait eu un caractère séditieux.
Avril 59, Alain-Michel Zeller au Centre d’Instruction du 18e Régiment de Chasseurs Parachutistes, Pau.
Les dix-huit mois d’existence sévère que je venais de passer [à l’IFP], alliés à cette expérience prémilitaire antérieure [prépa militaire parachutiste], me poussaient à me porter volontaire pour les paras. Faute d’avoir suivi des chemins plus prestigieux, je choisissais cette voie en plein accord avec mon père, très pris par ses fonctions suprêmes. Je crois qu’il ressentait une certaine fierté à me voir emprunter cette filière, plutôt que de rechercher, ce qui était tout de même courant à l’époque, une affection « planquée ». De toute façon cela eût été vain car autant mon père aurait favorisé la solution que j’avais adoptée, autant il eût fait la sourde oreille (et il savait le faire !) dans la seconde hypothèse.
Juillet 1959, en partance pour l’Algérie
Le « Ville d’Oran »
Le « Ville d’Oran », doublant le château d’If et les îles du Frioul laissa derrière lui dans un sillage d’écume les rivages de la métropole. Notre contingent d’une quarantaine d’individus fût dirigé en cale, à l’avant du navire où les effets du tangage ne furent pas long à se manifester sur ceux qui n’étaient pas amarinés. Avec quelques camarades, je me souviens avoir emprunté en douce une coursive car nous avions reçu l’ordre de demeurer dans notre entrepont où croupissaient les collègues le teint blafard et le cœur au bord des lèvres… Elle nous mena sur le pont à l’arrière où se trouvaient encore une demi-douzaine de transats aussitôt investis. L’air frais allié à la houle était appréciable et sans trop nous faire remarquer, nous y passâmes une bonne partie de la journée avec nos rations et quelques canettes de bière.
Notre destin, à ce moment-là, se nouait définitivement ; les amarres avaient au propre et au figuré été larguées et nous voguions plein sud sans trop imaginer quelle existence nous attendait dans cette contrée proche et lointaine.
Juillet-décembre 59, Ecole des élèves Aspirants de Cherchell, promotion 906 « Georges Clémenceau », 13e section
Ferme de Brincourt
Ayant été abondamment « cornaquée » et mis en condition, vint le moment où notre section partit pour la première fois vivre la vie de poste à la ferme Brincourt à une dizaine de kilomètres au sud de Cherchell.
Une nuit, j’avais été placé dans un poste dit de « sonnette ». Cela consistait à se trouver en position de guet en avant des bâtiments dans un repli de terrain, entouré d’un léger réseau de cordes sur lesquelles étaient suspendues des boîtes de conserves censées donner l’alerte en cas d’intrusion.
Il était un peu plus de minuit, ciel bas, yeux qui commençaient à ciller, sollicités par le sommeil, quand un grand cri déchirant éclata dans la nuit et me glaça le sang. Pleur ou ricanement odieux, il me fallut un bon moment pour déterminer qu’elle en était l’origine. Le doigt sur la détente du Mas 36, je fouillais intensément du regard l’obscurité tout en percevant un mouvement confus. Je finis par comprendre que l’intrus n’était autre qu’un chacal qui déguerpit sous une pluie de caillasses, tout en éructant encore des glapissements stridents.
Cherchell, défilé du 11 novembre 1959, ici le peloton IMO [Instruction Militaire Obligatoire]
Le 11 novembre 1959 nous donna l’occasion de défiler en ordre serré dans les rues de Cherchell (…) J’avais imaginé une facétie dont j’avais fait part à l’ensemble de ma section (…) Il s’agissait, arrivés à la hauteur de la maison close qui se dénommait « Chez Zizi » (…) de faire sur mon commandement un « tête ! droite ! » qui était en quelque sorte l’hommage des valeureux biffins aux laborieuses hétaïres. Ce qui fut décidé fut fait et je pense que ce fut la seule fois de ma carrière militaire que je donnais un ordre aussi impeccablement exécuté !
Permission à Alger
Alger, quartier d’enfance d’Alain-Michel Zeller. De droite à gauche : angle du parc de Galland ; patte d’oie rue Edith Clavell/bd du Telemly puis hors champ à gauche : rue Blaise Pascal et chemin de La Rochelle, longeant le musée d’où la photo a été prise.
Je profitais de ces quelques heures de liberté pour aller reconnaître un quartier que j’avais habité plus de quinze ans auparavant (…) Je m’aventurai vers le parc de Galland, non loin d’une école que j’avais fréquentée en 1943 (…) Retrouver la rue Blaise-Pascal et les escaliers de La Rochelle à l’angle desquels se trouvait l’immeuble dans lequel nous avions vécu. C’est du balcon de l’appartement au sixième étage que je me rappelais avoir assisté le 8 novembre 1942 au débarquement des Américains. Le spectacle était fantastique pour un petit garçon (…) Cette forme de pèlerinage je la continuais en passant devant l’épicerie mozabite au 175 boulevard du Telemly au-dessus de laquelle habitait le Général Hartemann, ami de mes parents, brillant aviateur qui devait mourir à bord d’un B26 en Indochine (…) Je pris ensuite la rue Edith Cavell, en pente sinueuse, comme beaucoup de rues d’Alger, pour arriver à l’église du Sacré-Cœur dans la rue Michelet où j’assistai à la messe célébrée par le chanoine Garganico, déjà curé de cette paroisse dans ma prime jeunesse (…)
Ce périple me confirmait, s’il en était besoin, que cette ville était partie intégrante de cette France diverse qu’évoquait Bernanos. Oui, décidément, cette province valait la peine que l’on fit tout pour qu’elle demeure française. Il n’était pas possible dans mon esprit qu’une solution généreuse et originale, en faisant appel à notre jeunesse, à notre enthousiasme, à notre courage, ne soit pas trouvée dans l’intérêt de tous.
Aspirant puis Sous-Lieutenant au 12e Bataillon de Chasseurs Alpins
Du fait de son caractère blagueur, Alain-Michel est classé dans la seconde partie du tableau de Cherchell, ce qui l’empêche de rejoindre les paras. Il opte pour les troupes alpines et le 12e BCA, basé à Blandan, sur la ligne « Morice », frontière tunisienne.
Alain-Michel Zeller et deux camarades Chasseurs à Bône
Bizutage Chasseur
A son arrivée au quartier, le jeune Aspirant a la surprise d’être immédiatement convié à un grand déjeuner, où le chef de corps l’accueille par un déconcertant « Ah ! Z’ai l’air de quoi ? ». S’ensuit toute une série d’évènements déconcertants: aspersion de soupe par un serveur maladroit, pied sous la table d’une bien entreprenante voisine, anisette et Sidi-Brahim à gogo au son du refrain du douzième « Ah c’qu’il est con l’douzième, ah c’qu’il est con c’con là ! », trou noir total et réveil le lendemain dans un lieu inconnu, le bras plâtré !
Une « salade de galons » avait été organisée dans les grandes largeurs : Le serveur maladroit n’était autre que le chef de bataillon. Celui à qui je m’étais présenté, le prenant pour le chef de corps, était l’officier de renseignements. La charmante « allumeuse » qui ne m’avait pas du tout laissé insensible était la femme du médecin-major qui, peut-être pour me punir d’avoir été trop entreprenant à l’égard de sa femme, m’avait confectionné ce plâtre dont il me délivra peu après ! Le résultat avait dépassé ce qui était prévu mais m’avait d’emblée fait admettre dans le corps des officiers du 12.
A la tête d’un commando de Chasse harki, sur la ligne « Morice », cote 159
Juin 1960, Blockhaus du PK 919, face au réseau électrifié de la ligne Morice
Le commando s’était installé sur les contreforts d’un épaulement de terrain (…) Le « chouf » s’exerçait avec le maximum d’acuité alors que le jour s’était levé, chacun observant les règles absolues de camouflage, se répétant ou se faisant répéter par chuchotement transmis de bouche à oreille les instructions d’éventuelles ouvertures de feu. Il ne se passa pas très longtemps avant que l’un des guetteurs, placé à l’extrémité du dispositif, me fit savoir qu’il venait de détecter une colonne importante venant de Tunisie dans notre direction. Ordre fut donné de rester totalement silencieux, camouflé et de laisser entrer la colonne le plus possible dans le dispositif…
1ère Section, 3ème Cie, 12e BCA, côte 159, juin 1960
Même s’ils vivaient un peu à part pour respecter leur mode de vie et leur statut différent de celui de la « régulière », les harkis étaient pleinement intégrés à notre existence. Ils apportaient leur connaissance du terrain et du milieu humain ; leur engagement n’était pas neutre : ils avaient clairement choisi leur camp. La loyauté de ces supplétifs ne fut jamais prise en défaut et le grand malheur fit que la trahison ne vint pas de leur côté mais précisément du côté qu’ils avaient choisi par conviction et à notre demande.
Comment oublier le vieux Diabi qui ouvrant la piste en zone interdite de nuit lorsque nous tendions des embuscades, se rabattait vers moi pour me faire changer tel itinéraire ou telle halte en me disant : « Pas par-là mon Lieutenant, c’est mauvais ! Les chacals nous attendent ». Ou de façon encore plus imagée : « Pas par-là, on va se faire couper les glaouis ! ».
Alain-Michel Zeller, avril 1960, Chabet R’tem
Le froissement des branches cassées s’interrompit, de longues minutes s’écoulèrent. Rien, seulement le sang qui afflue au cerveau, le pouls qui bat un peu plus vite surtout au niveau des tempes. Ce bruit reprit de plus belle une dizaine de minutes après, aucun doute, il ne s’agissait plus de quadrupèdes (…) Il fallait prendre une décision : ne pas nous laisser « allumer » à bout portant ni laisser entailler le barbelé pour nous faire « zigouiller » par un effectif sûrement supérieur au nôtre (…) Cette obscurité totale nous mettait à égalité mais nous avions l’avantage d’être relativement à couvert et de pouvoir prendre l’initiative du déclenchement des hostilités. Ce que je fis d’ailleurs en ordonnant feu à volonté.
La ligne Morice dans la région de Bône
Permission à Paris
Ma permission correspondit avec les fêtes de fin d’année et se retrouver à Paris dans le grouillement affairé de ces derniers jours de 1960 me procura une curieuse sensation. Malgré la joie de retrouver ma famille, mes amis, je comprenais que la France n’était plus sur la même longueur d’ondes que ses départements d’Algérie. Alors que tout m’incitait à profiter de ce temps de détente, de trêve, de retrouvailles, mon esprit retournait vers mon piton et mes hommes.
C’est ainsi qu’à l’un des offices auquel j’assistai à l’église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, paroisse fréquentée par une assemblée surtout bourgeoise, le prêtre dans son homélie se transforma en chantre de l’antimilitarisme et de l’objection de conscience. Une soudaine fureur me saisit, je me levai et sortis furibard non sans, dans ma précipitation, renverser quelques prie-Dieu, provoquant un certain émoi parmi les bien-pensants.
Raccompagné par mon père, je reprenais une Caravelle pour Bône. Je sentis chez lui une certaine émotion qu’il ne voulait surtout pas montrer. Je pense qu’étaient mêlés deux sentiments très forts, celui de me voir repartir vers un destin inconnu et peut-être fatal, mais aussi celui de son propre destin qui le pousserait quelques semaines plus tard à accomplir une fois encore son devoir.
La rébellion
Les généraux André Zeller, Edmond Jouhaud, Raoul Salan et Maurice Challe, Alger, 23 avril 1961.
Samedi 22 avril 8:30, Communiqué de France 5 : « Les généraux Challe, Jouhaud, Zeller ont pris le pouvoir à Alger avec le concours du 1er REP, d’autres régiments parachutistes : les 14e et 18e RCP, les Commandos de l’Air, le 1er Régiment Etranger de Cavalerie, le 29e Régiment de Dragons ».
Devant l’accélération des événements, le chef de corps du 12e BCA me convoqua et, très neutre dans ses analyses de la situation, m’ordonna de partir avec le commando pour une opération de ratissage et chouf autour du Kef Salah et d’Aïne Bouzwili. Manifestement, cette sortie avait pour but de me mettre en dehors du coup.
Mercredi 26 avril. J’apprends avec abattement et démoralisation totale, alors que je suis rentré tard la veille de mon périple « ratisseur », que tout est fini à Alger.
C’est vraiment avec des rangers de plomb que je repars en embuscade aux abords de Blandan. Le moral n’y est vraiment plus.
Le moral n’y est plus et le cœur non plus. Alain-Michel propose sa démission des commandos de chasse, acceptée par le chef de corps, resté très couleur de muraille pendant les évènements d’Alger et sans doute soulagé de se « débarrasser » d’un élément « devenu gênant ». Pour les quelques semaines de service qui lui restent, le SLT Zeller est « promu » inspecteur en chef des postes de Bouglès et El Bahim, petit bordjs censés protéger la captation des eaux destinées à alimenter la ville de Bône.
Incarcération du GAL Zeller à la prison de la Santé
Vidéo ici.
Je reçus une lettre de mon père datée du 28 mai, veille de l’ouverture de son procès, écrite de la prison de la Santé. Elle était empreinte d’une rare élévation. Préparé à affronter la peine capitale il me disait que la paix de l’âme était son meilleur soutien et qu’il l’avait entièrement acquise. Il me confiait « aborder l’obstacle avec calme et confiance, ne se sentant rien à se reprocher, son seul souci étant de couvrir ceux qui bravement avaient partagé un idéal commun ». Il ajoutait quelques conseils me recommandant malgré les moments durs que je pourrais traverser de me fixer une ligne de conduite et de m’y tenir : « Les petitesses de ce monde ne sont rien lorsque l’on reste soi-même ».
Le 15 juin 1961, après 28 mois de service, Alain-Michel Zeller embarque à Bône sur le « Ville de Marseille ».
Au loin disparait l’Algérie française, à jamais.
photo © Rue des Archives
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Alain-Michel Zeller nait en 1937 à Lyon dans une vieille famille aux racines alsaciennes, très honorablement connue. Fils du Général André Zeller, combattant de 14-18 et 39-45, neveu du gouverneur militaire de Paris dont le fils, le LTN Jacques Zeller, est tué en 1950 en Cochinchine, ce n’est pourtant pas vers la carrière militaire qu’Alain-Michel s’oriente. Il rejoint l’Institut Français du Pétrole ou il est formé au rude métier de foreur pétrolier. Très engagé dans la cause de l’Algérie française, après une préparation militaire parachutiste, il devance l’appel en 1959 (Classe 59/1A) et rejoint successivement le Centre d’Instruction du 18e RCP, le peloton EOR de la Base Ecole des Troupes Aéroportées (BETAP) de Pau et l’Ecole des Elèves Aspirants de Cherchell. Il est affecté au 12e BCA à Blandan, sur la ligne « Morice ». Aspirant puis Sous-Lieutenant, il est à la tête de commandos de chasse harkis, traquant les fellaghas tentant de traverser la frontière tunisienne. Il vit la rébellion des Généraux d’avril 1961 à Alger, dans laquelle on connaît la part importante prise par son père, entre oreille collée au transistor et mission sur le terrain, volonté d’éloignement de sa hiérarchie. Quelques semaines après l’échec du « putsch », il quitte l’Algérie, son temps de service terminé (28 mois). Il poursuit dès lors une brillante carrière civile dans le transport international.
André-Michel Zeller est marié, père de 6 enfants et grand-père de nombreux petits enfants. Homme de conviction mais aussi plein d’humour, il est fier de deux distinctions spécifiques : vice-consul de Patagonie et chevalier du Tastevin.
Site des anciens de l'Ecole Militaire d'Infanterie de Cherchell ici.
Site de la Fédération Nationale des Amicales des Chasseurs ici.
Déjeuner avec Alain Zeller
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Prix : 20 € - ISBN 978-2-9527663-0-2 – Format 14x20 - 234 pages – cahier photo
Aux éditions Atelier Fol’Fer
Disponible ici.
Alain-Michel Zeller reçoit le Prix Algérianiste 2008, distinction Prix Témoignage, pour « Un long oued pas si tranquille »
Pour en savoir plus sur le GAL André Zeller, père d’Alain-Michel.
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Hommage
Aux Chasseurs alpins du 12e et Chasseurs-Parachutistes du 18e morts pour la France en Algérie,
Aux élèves officiers et sous-officiers de Cherchell morts pour la France,
A tous les soldats français, des deux rives de la Méditerranée, morts pour la France,
Aux Harkis,
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc
Alain-Michel Zeller, mars 1960, Cote 159
Peut-être estimes-tu que tes vieux copains, moi du moins, s’associent à la colère publique et déversent autour de ton nom des torrents de hargne et de haine ? Tu te tromperais grandement. Chapeau très bas à ton paternel ! A mon avis « cette révolution d’Alger » a été montée par tout ce qu’il restait de noble et beau dans la nation. Si elle n’a pas été suivie, c’est la confirmation pure et simple du fait que notre nation se barre en couille !
Lettre de François de Rauglaudre, camarade d’Alain-Michel Zeller au 18e RCP.
Sainte-Jeanne, donnez-nous une aventure à la mesure de la France, comme celle que vous nous avez donnée à l’époque de la guerre d’Algérie et que nous n’avons pas su apprécier. Faites que nous courrions des dangers, que la vie devienne exaltante et dure, que nous oubliions nos comptes en banque, nos livrets de compte d’épargne, nos chaînes hi-fi, nos vacances, notre bougeotte, nos coucheries, nos barbituriques, nos prud’hommes, nos normes européennes, notre train-train plan-plan et revenez, alors, revenez Sainte Jeanne, brandir votre étendard et vous mettre à la tête de ceux qui vous suivront.
Il y en aura, Sainte Jeanne, il y en aura peut-être plus que nous ne pensons.
Vladimir Volkoff, prière à Jeanne d’Arc.
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10/04/2014
« Blessé de guerre », SCH Jocelyn Truchet, 13e BCA. Autoédité.
Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Tous droits réservés.
Apprends à écrire tes blessures dans le sable et à graver tes joies dans la pierre.
Lao Tseu
« Ce garçon a la pêche et donne la pêche ». Voici exactement ce que nous avons pensé, après avoir écouté le SCH Jocelyn Truchet lors de ses interventions dans deux cafés littéraires mili. Rien d’étonnant à ce qu’un jeune-homme de 25 ans, Chasseur alpin, sportif, ait et donne la pêche, nous direz-vous. Rien, si ce n’est que Jocelyn est un grand blessé de guerre, amputé de la jambe gauche...
Jocelyn Truchet est bien connu dans la fraternité mili. Nous avons tous entendu parler de lui, nous connaissons tous les photos émotionnellement très fortes de Philippe de Poulpiquet le concernant, mais rappelons les faits : en 2009, le SGT Truchet est déployé en Afghanistan avec le 13e BCA qui forme l’ossature du GTIA « Black Rock ». Après 6 mois de combats intenses, à quelques semaines de la fin de la mission, un IED est déclenché au passage de sa patrouille. Très grièvement blessé, le corps criblé d’éclats, il devra être amputé de la jambe gauche, perdant aussi l’usage de plusieurs doigts d'une main.
Sans présager, évidemment, de l’issue tragique de sa mission, Jocelyn a pris soin de noter chaque jour ses actions et celles de ses camarades en Kapisa, poursuivant ses écrits à l’hôpital et lors de sa rééducation. Et c’est ce journal de marche, revu avec la collaboration de Bruno Pasdeloup, qu’il a eu la bonne idée d’éditer.
Morceaux choisis :
Le 13e BCA avant son départ et en vol pour l’Afghanistan © C. Batardin
2.12.2009. Les moteurs rugissent et les roues quittent le sol : nous quittons notre terre, notre France. Je regarde par le hublot les dernières lumières de la côte qui s’éloigne. Direction Abu Dhabi, notre seule et unique escale avant Bagram ; avant la guerre.
Jocelyn - Séance de tir au HK416
31.12.2009. Dans une heure, nous aurons les ordres pour partir à la recherche des journalistes [Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier] kidnappés. D’habitude, il est naturel pour nous de nous exposer sous le feu de l’ennemi pour un de nos camarades, mais ici, c’est pour des inconnus que nous allons mettre notre vie en jeu. Nous n’avons pourtant aucune hésitation : ils sont Français et si notre modeste action peut nous permettre de les sortir de là, nous le ferons sans hésiter. En espérant qu’ils sauront se souvenir des efforts et des risques entrepris par chacun d’entre nous pour les libérer…
Math, blessé lors du combat du 11.5.2010 - L’auxsan (auxiliaire sanitaire) délivre les premiers soins © D.Geffroy@Armée de Terre
8.1.2010. Math repère un mec armé d’un RPG [roquette] qui se lève et fait feu sur lui. Il tire sa FLG [grenade à fusil] dans sa direction, mais la roquette explose à trois mètres de lui contre le mur. Math et mon tireur minimi [mitrailleuse] sont plaqués au sol par le souffle de l’explosion. Ils se relèvent et basculent dans la ruelle, avant que Math ne s’écroule au sol. Nous le faisons évacuer rapidement par l’arrière, craignant que l’adrénaline ne l’ait empêché dans un premier temps de sentir une blessure. Il est sonné et il n’entend plus rien. Après quelques minutes, il se relève mais est toujours sourd. Nous tirons quatre grenades à fusil en direction du tireur RPG. Derrière le muret où nous sommes, des tirs claquent. Est-ce les C20 ? Nouvelle rafale : finalement, ce sont des tirs d’insurgés. Deux de mes gars passent leurs flingues par-dessus le muret et lâchent des rafales à la libanaise. Ils essaient visiblement de nous contourner, il faut accélérer…
Opération Minautore 2 - 5.3.2010 – l’un des nombreux plans du livre
10.1.2010. Les deux missiles font mouche sur le compound [maison afghane] en même temps et une seule explosion parvient à nos oreilles. Les insurgés se calment et nous décrochons en tirant une roquette de 89 mm pour couvrir notre rupture de contact. Nous courons vers le wadi [canal d’irrigation] situé à 400 m derrière nous. Les 35 kg d’équipements que nous portons sur le dos commencent à se faire sérieusement sentir et il faut motiver les gars pour qu’ils ne s’arrêtent pas. J’ai l’impression que certains vont tomber en syncope, les visages sont blancs.
19.1.2010. Même après 12h de sommeil, je suis complètement naze. Les organismes des gars sont mis à rude épreuve par la difficulté des opérations. Le rythme des opérations est particulièrement éprouvant lors de ce mandat mais le moral des gars est au beau fixe. C’est l’essentiel.
Enguerrand Libaert lors d’une mission de sécurisation de convoi © C. Perruchot@Armée de Terre
9.2.2010. « - Ca veut dire quoi Delta Charlie Delta ? – Décédé » Moment d’hésitation chez nous… « - Il y a un mort chez 20 alors… - Tu es sûr d’avoir bien entendu ? »
Finalement la nouvelle tombe : Il s’appelle Enguerrand Libaert. Les plus jeunes de la troupe sont anéantis. C’était leur pote et il avait fait ses classes avec pas mal de mes gars. Nous nous occupons d’eux autant qu’on le peut, mais que dire pour réconforter devant une cette tragédie ? Il faut qu’ils restent concentrés, la mission continue.
Une rare pause : Barbecue Chasseur à Tagab. Jocelyn au centre.© N. Deshayres
25.2.2010. Nous sommes réveillés par un tir de Chicom [roquette] qui explose en plein cœur de la base. C’est reparti pour une demi-heure d’attente dans les bunkers (…) Ces alertes, le plus souvent nocturnes, offrent parfois des visions assez cocasses. Soldats en tongs, caleçon et gilet pare-balle, l’arme à la main et le cheveu hirsute.
Repas chez le vendeur de foulards du camp Warehouse – Jocelyn 2nd à partir de la gauche
11.3.2010. « Vacances » au camp Warehouse de Kaboul. Nous sommes invités à manger chez le marchand de foulards. Grand moment, nous mangeons en tailleur assis par terre et goûtons tous les plats (…) Nous sommes vites calés par ce repas gargantuesque ! (…) Lorsque nous quittons le camp, l’Américain en faction à la porte lève son poing au son de « Kill ! Kill ! Kill ! »
Jocelyn et ses hommes en patrouille
8.4.2010. Début des fouilles dans le village (…) J’arrive à communiquer avec les habitants grâce à l’interprète. Ils me disent qu’il n’y a aucun de Talibans ici (…) Soudain, un RPG [roquette] explose 50m à notre gauche, suivi de rafales de PKM [Kalachnikov]. Nous courons jusqu’au compound situé à une trentaine de mètres. La moitié de mon groupe est parvenu à passer le découvert et l’autre se retrouve bloqué par les tirs. Deux missiles Milan sont tirés et l’artillerie envoie du lourd (…) Un gars de la section 12, complètement assourdi par l’explosion, détale à toute allure en voyant ses camarades courir, dépassant même ses collègues qui doivent le rattraper pour l’arrêter. Nous continuons notre progression vers le col en traversant quelques compounds. Quelques balles sifflent encore au-dessus de nos têtes tandis que nous bondissons derrière les seules protections du coin, des cailloux gros comme des ballons de foot (et encore, pas bien gonflés…) (…) En descendant du col, notre interprète est à côté de moi et je lui dis « Il n’y a pas d’insurgés ici ! » avant de partir dans un fou rire tous les deux.
Reconnaissance d’une route par le Génie © N. Deshaires
20.4.2010. Pot d’anniversaire du Première Classe Ludwig, le gars qui a découvert l’IED [engin explosif improvisé] aujourd’hui. Un beau cadeau pour lui : 20 ans, 20kg d’explosif.
Jocelyn lors de son évacuation après l’explosion de l’IED © D. Geffroy@Armée de Terre
16.5.2010. Je me sens projeté. Dans les airs, mon esprit travaille très vite et je me demande ce qu’il m’arrive. Ai-je marché sur une mine ? Peu probable car le chemin est très emprunté par les paysans du coin et une section est déjà passée devant moi. Un tir de RPG ? Difficile à croire car je n’ai pas vu le départ du coup. La dernière solution : un IED, sûrement déclenché à distance par téléphone. Quelques secondes plus tard, qui me paraissent une éternité je me retrouve au sol sans air dans les poumons pour reprendre mon souffle (…)
« Putain tu vas quand même pas crever comme ça juste parce que tu n’arrives pas à reprendre ton souffle ! » Puis je me rends compte que j’ai de la terre plein la bouche.
Jocelyn à Percy
30.5.2010. Autour de moi, une chambre d’hôpital tandis qu’au dehors résonne le bruit des klaxons de la vie parisienne. On m’apprend la nouvelle : je suis à l’hôpital Percy, à Clamart. Mon opération à Bagram a duré dix heures et s’est soldée par l’amputation de ma jambe gauche à mi-cuisse. J’ai du mal à y croire. Je regarde pendant de longues minutes l’emplacement où devrait se trouver ma jambe.
Photo © Philippe de Poulpiquet
Juillet 2010. Jour après jour, la routine de l’hôpital s’installe. Réveil à la même heure, petit-déjeuner, séance de kiné, de sport et d’ergothérapie le matin. Encore une séance de kiné l’après-midi puis de balnéothérapie et enfin les visites de fin de journée. Tous les jeudis, deux hommes de mon bataillon viennent prendre de mes nouvelles. Ça fait plaisir de voir la tête de mes compagnons d’armes. Par ailleurs, ils me permettent de remplir mon tiroir de friandises, sur lequel je veille jalousement depuis mon lit.
Peu à peu, j’apprends à apprivoiser mon nouveau corps, à accomplir les gestes simples du quotidien avec mon handicap ; j’apprends à revivre, tout simplement.
Jocelyn décoré aux Invalides
12.10.2010. A l’hôpital, je m’étais lancé un défi : si tu reçois une médaille, tu le feras debout ! Lorsque j’ai appris la nouvelle de ma décoration, il me restait trente jours avant le Grand jour. Trente jours pour me tenir droit sur les pavés des Invalides. Trente jours avant aujourd’hui.
(Re)conquête de l’Arête des Cosmiques © 27e BIM
27.6 .2012. Nous arrivons enfin au dernier gros obstacle de l’ascension : une falaise granitique de 20 m de haut, verticale, qu’il nous reste à escalader avant de basculer sur la face nord pour la dernière partie de notre périple. Un épisode rendu délicat par l’impossibilité de plier ma jambe gauche mais que je parviens malgré tout à surmonter avec l’aide de mes compagnons de cordée. Après six heures de travail en équipe, j’atteins enfin la terrasse sud et ses 3842 m sous les applaudissements des gens présents. Pour la quatrième fois de ma vie, mais pour la première fois sur une seule jambe.
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Si nous gardons une place toute particulière dans nos cœurs aux morts pour la France, n’oublions pas les blessés. Plus de 700 en Afghanistan. N’oublions pas non plus les victimes du stress post-traumatique, estimées à 1000.
Le courage, le soutien de ses proches, de ses frères d’armes, d’organismes tels que la CABAT, Solidarité Défense ou Terre Fraternité, ont permis à Jocelyn de parcourir le long chemin vers la guérison et l’acceptation son handicap.
Selon la formule consacrée, « il mérite d’être cité en exemple » pour les blessés qui sont encore sur ce chemin et auxquels nous pensons avec affection.
« Perdu, déstabilisé, isolé dans sa souffrance, il est ainsi depuis son retour d’Afghanistan, voici plus de deux ans… Seul le désespoir empêche de croire à des jours meilleurs. Or toute la richesse du cœur de l’homme se résume à l’espérance que nous ne devons jamais perdre. Il nous faut espérer pour lui et avec lui, car l’espérance est souvent ce qui reste quand tout est parti à vau-l’eau. Le travail d’accompagnement sera long, mais il n’est pas permis de croire à son échec. »
Padre Jean-Yves Ducourneau, aumônier militaire, « L’autre combat ». Ed. EdB.
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Né dans la vallée de la Maurienne, c’est naturellement vers les troupes de Montagne que le cœur de Jocelyn Truchet penche lorsqu’il s’engage : il rejoint le 13e BCA de Chambéry. En 2009, alors Sergent, il est déployé en Afghanistan avec le GTIA « Black Rock » commandé par le COL Vincent Pons, chef de corps du 13. En fin de mandat, il est très grièvement blessé par l’explosion d’un IED, qui impose l’amputation de la jambe gauche. Soutenu par sa famille et ses frères Chasseurs alpins, Jocelyn prend sa rééducation comme un nouveau combat, se fixe des objectifs ambitieux. Grand sportif, il retrouve les murs d’escalade, les pistes de ski et de multiples handisports. Il participe notamment au « Wounded Warrior Trial 2013 » [Challenge des blessés de guerre] à San Diego aux Etats-Unis dans les épreuves de tir et natation où il se distingue avec la médaille de bronze en 50m dos (l’équipe française terminant 2nde dans le classement des médailles derrière les USA). Retrouvant sa place parmi ses frères Diables bleus du 13, le désormais Sergent-Chef Truchet a intégré la cellule Communication du bataillon. Il vient de terminer une formation délivrée par l’ECPAD.
Le SCH Jocelyn Truchet est titulaire de la Médaille Militaire.
Dans la reconstruction physique et psychologique de Jocelyn, il convient de saluer le soutien apporté par la CABAT, Solidarité Défense et Terre Fraternité, en premier lieu sur les aspects financiers liés à sa prothèse de jambe « high tech » (coût du genou articulé : 55 000 €…).
Saluons aussi Anne-Claire, sœur de Jocelyn, aussi sympathique qu’active dans la promotion du livre.
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Prix 22€ - ISBN : 978-2-7466-6634-4 – Format 25x21- 155 pages
Jocelyn a décidé d’autoéditer « Blessé de guerre ». Il mérite d’autant plus d’être soutenu, ayant engagé les fonds nécessaires à la publication. Le livre est très beau, format à l’italienne, papier de qualité, magnifiquement illustré de photos inédites et des plans des engagements (bonne idée). Il est disponible sur le site de Jocelyn ici. Dédicace possible.
Page FaceBook officielle ici.
Jocelyn et le 2nd auteur Afghaner du 13e BCA : le LCL Bernard Gaillot, auteur de « De l’Algérie à l’Afghanistan ». Voir ici.
Rencontres avec Jocelyn – Café littéraire de l’Alliance Géostratégique ; Café littéraire au Carré Parisien ; Salon du Livre 2014. Pour l’anecdote : nous avons joué les figurants avec notre complice de Mars Attaque, lors d’une interview par une équipe de France 3. Nous vous préviendrons de la diffusion du reportage (en mai, semble-t-il).
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Bibliothèque "Chasseurs en Afghanistan"
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Hommage
Aux diables bleus morts pour la France en Afghanistan :
Adjudant-Chef Franck Bouzet, 13ème BCA,
Adjudant Laurent Pican, 13ème BCA,
Caporal Nicolas Belda, 27ème BCA,
1ère Classe Eguerrant Libaert, 13ème BCA,
1ère Classe Clément Chamarier, 7ème BCA.
A tous les morts pour la France en Afghanistan,
Aux Chasseurs morts pour la France.
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc
Diables bleus en Afgha – Jocelyn sur le VAB, 2nd à partir de la droite. © D.Geffroy@Armée de Terre
La guerre d’Afghanistan s’achève et ses protagonistes entrent peu à peu dans l’oubli. D’autres conflits font leur apparition, au Mali ou ailleurs. Mais les blessés de guerre porteront toute leur vie le vivant témoignage de leurs batailles. Quatre ans plus tard, ma blessure est toujours là et ma souffrance physique quotidienne. Je ne pense pas m’en débarrasser un jour. Lorsque mon nerf me lance, j’ai le sentiment que ma jambe coupée est toujours là et que c’est elle qui me fait souffrir. Les médecins appellent cela « le membre fantôme ». Je serre les dents, je me plie en deux sous la douleur et j’attends que la souffrance passe. Ce fantôme va et vient plusieurs fois par jour et apparaît sans prévenir. Avec le temps, j’apprends à vivre avec lui. Cela fait partie de mon sacrifice. Je ne m’en plains pas et je ne regrette rien.
Photo © Bruno Pasdeloup
19:26 Publié dans Afghanistan, Chasseurs, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (3)
10/03/2014
« De l’Algérie à l’Afghanistan – Après Tazalt, avons-nous pacifié Tagab ? », LCL Bernard Gaillot, 13e BCA. Ed. Nuvis
Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Illustrations : montage de photos d’Algérie (© leurs auteurs) et d’Afghanistan, ces dernières issues de la collection de l’auteur. Tous droits réservés.
« Pacifier et occuper fortement le territoire par la méthode de la tâche d’huile. Combiner l’action politique et militaire pour prendre possession du pays. Entrer sans délai en contact intime avec les populations. Connaître leur tendance, leur état d’esprit et satisfaire leur besoin pour les attacher, par la persuasion, aux institutions nouvelles »
Le Général Gallieni à ses troupes à Madagascar, 1896-1905
Le « Bledard » de 1959 et « l’Afghaner » de 2009 ont-ils eu le sentiment d’écrire l’histoire ? On peut en douter : bien « d’autres chats à fouetter » alors qu’ils étaient au contact sur le terrain. Ou alors, peut-être une impression fugace dans le bateau, en voyant s’éloigner Alger la blanche ? Dans l’hélicoptère en jetant un dernier regard vers Tagab ?
Et pourtant, l’histoire sans guerriers gaulois, cavaliers francs, preux chevaliers, grognards, poilus, résistants, est un non-sens, n’est-ce-pas ?
Vous nous savez très attachés aux récits autobiographiques et autres journaux de marche. Mais en hommage à ces hommes qui ont fait, font et feront l’histoire, ouvrons aujourd’hui nos colonnes à un livre original mais particulièrement pertinent qui mêle histoire justement, stratégie et action : « De l’Algérie à l’Afghanistan – Après Tazalt, avons-nous pacifié Tagab ? », du LCL Bernard Gaillot. Un parallèle entre deux guerres qui a le mérite de nous faire « prendre de la hauteur » en abordant des thèmes dont nous avons beaucoup entendu parler : « pacification », « conquête des cœurs et des esprits »... Mais attention, si le LCL Gaillot est bel et bien un historien diplômé, c’est avant tout un soldat, homme de terrain, officier renseignement au sein du GTIA « Black Rock » de novembre 2009 à juin 2010, alors qu’il était Chef de Bataillon au 13e BCA.
Résumer un tel livre est illusoire, puisqu’il aborde en profondeur de nombreux aspects des deux guerres. Nous nous contenterons donc de quelques extraits, pouvant s’apparenter à des conclusions thématiques.
Les « Afghaners » sur les traces des « Bledards »
La population française n’a pas bien compris quels étaient les intérêts pour le pays de s’engager dans cette campagne afghane. Contrairement à l’Algérie, la France n’avait pas de lien historique fort avec l’Afghanistan (…) pays très éloigné de la France, avec lequel les échanges économiques demeuraient faibles, dont la population ne parlait pas français et demeurait fortement marquée religieusement et culturellement par l’Islam. De même il n’existait pas dans ce pays de diaspora française (un million d’Occidentaux vivaient en Algérie au début de la guerre) qui aurait eu intérêt à ce que le pays se stabilise. Enfin la menace représentée par les Talibans ne semblait pas aussi directe pour les Français que celle que représentait le FLN en Algérie.
IED en Algérie et Afghanistan (photo de gauche R. Crespel © La Voix du Nord)
Tout un chacun en âge de servir sous les drapeaux peut être envoyé pacifier l’Algérie. La population française en sera d’autant plus touchée que le nombre des soldats projetés augmentera de manière exponentielle [atteignant] 450 000 fin 1957 alors que le service militaire passait à 27 mois […] Le 18 mai 1956 à Palestro, des combattants de l’ALN [Armée de Libération Nationale algérienne] ont massacré 19 appelés tombés dans une embuscade. Les images du massacre furent largement diffusées et provoquèrent un véritable choc parmi cette population métropolitaine qui prenait conscience de l’horreur de cette guerre, mais aussi du fait que leurs proches pouvaient mourir de la sorte. [En Afghanistan] le pourcentage de soldats projetés par rapport à la population française totale (4000 pour 65 millions) est resté assez faible. Qui plus est, l’armée est maintenant professionnalisée et beaucoup [trop, ndlr] de Français considèrent que « ça fait partie des risques du métier que d’être blessé ou tué à la guerre… ». Le 18 août 2008, dans la vallée d'Uzbeen, des Talibans ont massacré 10 engagés tombés dans une embuscade. Les Français prennent alors conscience que si leur pays ne fait pas la guerre contre les Afghans, leurs soldats sont amenés à remplir des missions de guerre complexes et dangereuses.
A gauche photo © M. Flament - A droite : l’auteur avant un vol Nijrab-Tagab
En dehors de quelques manifestations de sympathie lors des événements tragiques qui ont contribué à faire prendre conscience à tous que les soldats français étaient particulièrement exposés en Afghanistan, l’armée française n’a pas senti d’engouement ou même de soutien particulier pendant cette campagne de pacification. Contrairement au « Bledard » soutenu par la majorité des Français parce qu’il œuvrait directement pour la sécurité et les intérêts du pays, « l'Afghaner » menait sa mission en Afghanistan dans la quasi indifférence que quelques manifestations ponctuelles de sympathie venaient rompre.
Artillerie 1959 vs 2009
L’armée en Algérie avait des raisons toutes particulières de s’engager avec détermination dans le conflit. Venger l’affront des défaites récentes [Campagne de 40 et Indochine], retrouver son honneur après avoir le sentiment de l’avoir perdu en abandonnant les Indochinois, prouver à la population française qu’elle était capable de mener à bien les missions confiées par la nation. En Afghanistan l’armée n’était pas mue par de tels ressentiments, elle avait pour objectif beaucoup plus commun pour l'institution militaire de remplir avec professionnalisme et courage les missions complexes et dangereuses qui lui étaient confiées.
En Algérie, la France combattait seule, avait déployé des moyens considérables pour parvenir à ses fins (…). En Afghanistan, [elle agissait] au sein d’une coalition otanienne largement dominée par les Américains qui imposaient outre leur effectif bien supérieur à celui de la somme toutes les nations formant la coalition, leur commandement mais aussi leur langue et leurs choix stratégiques. L’armée française n’a donc que rarement pu opter pour ses propres choix stratégiques alors qu’elle aurait pu s’appuyer sur sa grande expérience acquise lors des campagnes de pacification qui jalonnent son histoire. C'est après sept ans d'engagement en Afghanistan que les Américains se sont reportés aux enseignements tirés de la guerre d'Algérie par des officiers français tels que Galula ou Trinquier pour changer de stratégie et s'engager progressivement vers une approche plus centrée sur les populations.
A droite : inspection du GTIA à Tagab par le CEMA de l’époque, le général Georgelin (préface du livre)
En octroyant les pleins pouvoirs politiques au Général Massu pendant la campagne d’Alger, le gouvernement donnait un signal fort de sa volonté de totalement impliquer l’armée dans l’œuvre de pacification algérienne (…). Il n’en a pas été de même en Afghanistan où l’armée avait un rôle politique plus limité : soutenir les institutions politiques locales.
A gauche : SAS en Algérie ; à droite : distribution de stylos par les SEO en Afghanistan
En Algérie, les soldats ne se sont pas limités à combattre les fellaghas (…) Le pouvoir politique leur a demandé de s’impliquer beaucoup plus humainement afin de parvenir à reconquérir les esprits et surtout les cœurs des Algériens en remplissant des tâches multiples qui étaient bien éloignées de leur mission première : combattre (…) En Afghanistan aussi, la mission du GTIA et donc par extension du soldat français comportait un volet humain important qui devait participer à convaincre la population locale de choisir la paix proposée par leur gouvernement en menant principalement des opérations d'influence (contact avec la population, reconstruction du pays) (…) Ainsi, imitant les « Bledards algériens », les soldats en Afghanistan se transformèrent à leur manière en bâtisseurs, agriculteurs, conseillers pour la reconstruction, réconciliateurs, médecins pour la population, instructeurs de l’armée ou des policiers afghans et diffuseur des messages de la coalition.
A gauche : Bledards, photo Y-G Berges, © ECPAD. A droite : Chasseurs au contact
En Afghanistan comme en Algérie, les soldats français ont mené des opérations militaires de petite, moyenne ou de grande envergure, visant à prendre l’initiative sur les insurgés dans des zones difficiles d’accès et à les faire renoncer de commettre leurs exactions contre la population ou contre les soldats français. Ces démonstrations de force étaient régulièrement couronnées de succès et outre la déstabilisation des insurgés, elles provoquaient aussi un changement d’attitude de la population, sensible à la victoire du plus fort.
Contrôle des populations. Photo de gauche © IMA
La population locale constitue le centre de gravité de toute campagne de pacification. Ainsi, que ce soit en Algérie ou en Afghanistan, la mission première des pacificateurs était de conquérir la confiance de la population autochtone pour la faire adhérer à l’Algérie française ou au gouvernement légal de l'Afghanistan et à ses représentants dans les vallées. Si en Algérie, les soldats français, de par leur investissement et les liens historiques qui rapprochaient les Algériens à leur pays la France (l'Algérie représentait trois départements français), ont parfaitement réussi à isoler les fellaghas en ramenant une très grande majorité de la population dans le giron français, en Afghanistan, cette tâche était beaucoup moins aisée (…) La population de la Kapisa ou de la Surobi n’avait aucun a priori favorable pour les Français qui étaient présentés par les insurgés comme des infidèles puisque chrétiens et comme des occupants puisque, après les Perses, les Anglais ou les Russes, ils occupaient le pays et imposaient leur vision des choses.
A gauche : Saïdaen 1959, © Claude Sabourin ; à droite : l’EM de Black Rock lors d’un rare moment de détente, après la passation des consignes au 21° RIMA – 1er à partir de la gauche : l’auteur.
La guerre d’Algérie a profondément marqué dans la durée l’Armée française qui en est ressortie certes aguerrie et modernisée mais aussi profondément meurtrie et divisée. La campagne en Afghanistan a contribué à faire progresser une armée qui a pu expérimenter et faire progresser ses matériels les plus modernes, a pu redécouvrir les valeurs du combat interarmes voire interarmées ou interalliés, a pu prouver que ses chefs et ses soldats restaient réactifs et valeureux au combat, comme l’ont été leurs grands anciens.
6e BCA en Kabylie © ECPAD. CNE Thomas et le SGTIA Raven à Tagab en Kapisa
Algérie, épilogue complexe
Le 19 mars 1962, les accords d’Evian octroient l’indépendance à l’Algérie.
Il faut penser à l’amertume des soldats qui, obéissant à des gouvernements successifs, ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Cadres d’active et militaires du contingent se sont donnés entièrement dans ces missions de guerre et de pacification (…) Pour ma part, comme je l’avais dit en rentrant d’Extrême-Orient pour qualifier ce que je venais de vivre en Indochine, une fois de plus sur le bateau qui me ramenait vers la France avec le 15e BCA et voyant disparaître peu à peu la cité blanche d’Alger, à nos officiers aux yeux embués de larmes, j’ai dit : « Quel gâchis. ».
Le COL Desroche aux membres de l’Association des Anciens Combattants d’AFN, Chambéry, 11.3.2009
Évoquer l’œuvre de pacification entreprise en Kabylie représente une tâche douloureuse (…) Mais tous ceux que je rencontre encore aujourd’hui ont gardé un sentiment d’enthousiasme et de fierté qui n’a pas été altéré par le cours de l’histoire (…) Nous nous rappelons en effet que cette œuvre de pacification réussie avait été rendue possible grâce à l’adhésion totale des cadres et des hommes, engagés et appelés, chacun ayant eu à cœur d’apporter sa pierre à l’édifice.
GAL Vouillemin, commandant d’unité de la 2e Cie du 7e BCA, 1958-1961
« Monsieur le président, j’ai choisi une direction tout à fait différente de celle du général Salan. J’ai choisi la discipline, j’ai également choisi de partager avec mes concitoyens et la nation française, la honte de l’abandon. Celui et ceux qui n’ont pu supporter cette honte se sont révoltés contre elle. L’Histoire dira peut-être que leur crime fut moins grand que le nôtre ».
Général de Pouilly déposant au procès du Général Salan.
Chasseurs en Algérie et Afghanistan : contact établi avec la jeunesse
Afghanistan, épilogue ?
Les soldats en Afghanistan ont rempli la mission qui leur était confiée et ont grandement participé à ce que la France reparte la tête haute de cette campagne de pacification complexe et dangereuse. Ils ont été les acteurs de la mission réussie d’une armée française, qui est parvenue en Kapisa et en Surobi, non pas à neutraliser tous les insurgés, ce qui n’était pas leur mission, mais à les cloisonner, à redonner une part de liberté à la population et à permettre aux institutions locales, et en particulier à l’armée et à la police afghanes, de gagner en efficacité et en autonomie. Le dernier mot reviendra néanmoins à la population locale, qui choisira plus librement qu'elle pouvait le faire avant le début du conflit le parti du pacificateur ou celui de ceux qui s'y opposaient. A terme, la solution en Afghanistan demeurera afghane.
LCL Bernard Gaillot
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Issu de l’EMIA (promotion Schaffar 95-97), le LCL Bernard Gaillot a passé l’essentiel de sa carrière dans les troupes alpines. En 2006-2009, il commande une Cie de l’ESM de Saint-Cyr (promotion Segrétain 2006-2009). Réintégrant le 13e BCA en 2009, il est déployé en Afghanistan, comme officier renseignement au sein du GTIA « Black Rock » de novembre 2009 à juin 2010. Parallèlement, le LCL Gaillot se passionne pour la guerre d’Algérie et en devient l’un des spécialistes, en faisant le sujet de son mémoire de DEA, qu’il soutient à la Sorbonne en 1997.
Le LCL Gaillot est désormais rattaché à l’état-major de l’OTAN à Mons. Il intervient ponctuellement dans le cadre de conférences sur son livre, en ouvrant sur les enseignements qu'il tire de cette comparaison originale entre les deux conflits, mais aussi sur les leçons apprises en Afghanistan sur le commandement des hommes en situation extrême, qu'il compare au management en situation de crise dans les entreprises.
Il s’appuie aussi sur son expérience de chef au combat et d'instructeur à Saint-Cyr pour prodiguer des formations au management à des équipes dirigeantes d'entreprise ou à des étudiants de grandes écoles, dans le cadre du nouveau partenariat entre le fond de dotation Saint-Cyr Formation Continue (SCYFCO) et le Ministère de la Défense.
Bernard est marié et fier papa de 6 enfants.
L’auteur (à droite) intervenant dans un stage SCYFCO : une armée qui s'ouvre en partageant son expérience du management en situation de crise aux dirigeants d’entreprise.
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Le Groupement Tactique Interarmes « Black Rock », déployé en 2009-2010 en Kapisa, commandé par le Colonel Vincent Pons, chef de corps du 13e BCA, était composé principalement de 550 Chasseurs alpins du 13, 60 artilleurs de montagne du 93e RAM, 70 cavaliers de cimes du 4e RCh, 70 sapeurs Légionnaires du 2e REG ainsi que 150 Gendarmes de Saint-Quentin.
« Sans peur et sans reproche »
Devise du 13e BCA et du GTIA Black Rock
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Prix : 25,65 € (éditeur) - ISBN 978-2-36367-055 –Format 23,8 x 15,4 - 236 pages
Aux éditions Nuvis - Livre disponible ici
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Hommage
Monument aux morts du 13e BCA, inauguré en 2013
Au Major Franck Bouzet, 13e BCA, mort pour la France en Afghanistan,
A l’Adjudant-Chef Laurent Pican, 13e BCA, mort pour la France en Afghanistan,
Au Caporal Enguerrand Libaert, 13e BCA, GTIA Black Rock, mort pour la France en Afghanistan,
Le MAJ Bouzet et l’ADC Pican étaient respectivement l’adjoint et le radio du LCL Gaillot à la section URH 13e BCA entre 1999 et 2002.
A tous les Bledards morts pour la France,
A tous les Afghaners morts pour la France,
Aux blessés.
« Il offre sa poitrine à son destin glorieux,
Il présente au soleil son haut front lumineux,
Et le vent en rafale a balayé ses yeux,
Les tirs ont ricoché sur son cœur généreux.
Un soldat est tombé, illuminant les cieux,
Et offrant à l’air pur son sourire radieux,
Recouvrant son regard d’un voile ténébreux,
Il est mort au combat mais il était heureux. »
Poème de Mme Sylviane Pons, épouse du chef de corps du 13e BCA, en hommage à Enguerrand Libaert
Le LCL Bernard Gaillot et le COL Vincent Pons arborant le drapeau savoyard au-dessus de Tagab
En 1959, les "Bledards" avaient vaincu militairement l’ALN et vaincu politiquement le FLN. On peut donc se poser légitimement les questions suivantes : comment cette double victoire tactique de l’armée n’a-t-elle pu être transformée en victoire stratégique et diplomatique ? Comment une armée victorieuse peut-elle réagir si elle est dépossédée de sa victoire par le pouvoir politique qui analyse différemment la situation ?
LCL Bernard Gaillot
Les insurgés arrivent à gagner des guerres en perdant des batailles. Dans ces conditions, la défaite du vainqueur est possible.
Sylvain Tesson, « Haute Tension - Des Chasseurs Alpins en Afghanistan »
19:38 Publié dans Afghanistan, Algérie, Chasseurs, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
16/02/2014
"Task Force Tiger", COL Nicolas Le Nen, 27e BCA. Ed. Economica
Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Photos de Thomas Goisque. Tous droits réservés.
+ A la mémoire du Caporal-Chef Nicolas Belda, 27e BCA, seigneur de la vallée d’Alasay +
L'esprit chasseur ?
Mais c'est justement ce qu'en d'autres termes j'ai toujours prôné.
C'est d'abord l'esprit d'équipe, de mon équipe.
C'est la rapidité dans l'exécution des gens qui « pigent » et qui « galopent ».
C'est l'allant, c'est l'allure, c'est le chic.
C'est pour les chefs le sens social dans le commandement, c'est l'accueil aimable.
C'est servir avec le sourire, la discipline qui vient du cœur.
C'est le dévouement absolu qui sait aller, lorsqu'il le faut, jusqu'au sacrifice total.
Maréchal Lyautey
Le peuple de France a-t-il un problème avec ses victoires militaires ? Voici un bon sujet pour le bac de philo. Nous ne nous lancerons pas dans une thèse/antithèse/synthèse, mais posons-nous une question simple, ou plutôt, posons-la aux personnes qui nous entourent : « Pouvez-vous citer une bataille en Afghanistan ? ». Nous parions que la majorité répondra « Uzbin ». Et c’est bien normal. Le traumatisme a été grand, la médiatisation forcément importante. Mais combien répondront « Alasay » ? Peu d’échos dans les 20 heures, vous en conviendrez. Et pourquoi ? Parce que c’est une victoire ?
Eh bien, grâce à « Task Force Tiger » du Colonel Nicolas Le Nen, parlons d’Alasay ! Parlons de cette brillante victoire, due à la valeur de tous les hommes et les femmes du GTIA Tiger, avec à leur tête le colonel, chef de corps du 27e BCA.
Avec cette lecture, suivons au pas Chasseur l’entrainement en France, la stratégie envisagée pour conquérir le sanctuaire taliban inviolé, la mise en place du dispositif opérationnel, l’assaut.
N’oublions pas les victoires de nos troupes. N’oublions pas Alasay. Un « Uzbin » pour les talibans. Un parmi tant d’autres…
Défilé du 14 juillet 2009, le Colonel Le Nen à la tête du 27e BCA. Photo armyrecognition.com
Ils sont heureux, ils y croient, ils ont la pêche. Plus que jamais, je suis heureux d’être parmi eux, je mesure la chance d’être soldat et d’être leur chef. Ces soldats, ces sous-officiers et ces officiers sont des hommes et des femmes d’un dévouement sans bornes. Je sais qu’ils me font une confiance totale, qu’ils me suivront partout. Je n’aurai pas le droit de les décevoir ; ni de me tromper dans les opérations qui nous attendent en Afghanistan. C’est vraiment là qu’est ma responsabilité, mon devoir de chef : être à la hauteur de ce qu’attendent mes subordonnés et ne pas gaspiller la vie et le dévouement de ces hommes et de ces femmes d’exception qui m’ont été confiés.
Ensemble, nous surmonterons les épreuves qui nous attendent, ensemble nous vaincrons nos ennemis, ensemble nous serons au rendez-vous que l’histoire nous a fixé.
Avant le déploiement du GTIA
La conquête de la vallée d’Alasay
Le COL Le Nen en Kapisa
Les vallées d’Alasay et de Bédraou, qui sont situées au centre de la zone d’opérations du bataillon, constituent le centre de gravité du dispositif de notre ennemi à parti duquel il rayonne vers les autres vallées. Si nous parvenons à contrôler ces deux vallées et notamment la première, alors nous aurons fait un pas significatif dans le contrôle de la province. La guerre que nous menons ici est avant tout une guerre d’influence. Pour supplanter l’influence des rebelles, il faut que nous réimplantions, dans les zones où ils font régner leurs propres lois, les premiers relais de l’influence du gouvernement afghan que sont ses forces de sécurité et notamment leur armée (…) La conquête du fond de cette vallée sera une entreprise difficile mais elle est nécessaire pour que l’insurrection recule en Kapisa.
Débarquement d’une section du 27e BCA sur les hauts d’Alasay
A 3h00 du matin, l’opération Dinner out commence. Les quatre compagnies du 1er Kandak s’engagent dans la vallée d’Alasay par la piste sud Hurricane. Elles sont appuyées par la compagnie de Minguet qui a intercalé ses sections entre les trois compagnies de tête afghanes. Dans le même temps, les sections de Gruet embarquent dans les quatre Chinook qui vont les héliporter sur les crêtes sud et est de la vallée. Au total, ce sont huit cents soldats français et afghans qui partent à la conquête de la vallée dans laquelle nous savons maintenant que deux cents insurgés environ se sont retranchés.
Chasseurs du 27e en Kapisa
L’ennemi tente de s’imbriquer entre les deux sections pour limiter l’emploi de nos appuis mais les Chasseurs résistent et font feu de tout bois. [Les sections] Vert 20 et Vert 30 n’ont jamais aussi bien porté le surnom de leur compagnie : Boule de feu. Les attaques ennemies sont repoussées grâce à un appui feu air-sol et sol-sol massif. J’ordonne à la patrouille de F 15-E qui nous appuie de tirer une bombe d’une tonne sur une grotte dans laquelle des insurgés sont retranchés. Je veux que l’ennemi sache que nous ne lâcherons pas le terrain. La guerre est avant tout un affrontement des volontés a écrit Clausewitz. La puissance des armes que nous employons est aussi une manifestation de notre détermination à aller au bout de notre mission.
COL Nicolas Le Nen en Afghanistan
« On n’abandonne pas nos morts » j’annonce à la radio. Il est important que tous sachent qu’en dépit de la mort de l’un des nôtres, nous ne relâcherons pas nos efforts et nous irons au bout de ces combats. Renoncer maintenant n’aurait aucun sens. Ce serait faire de la mort de notre camarade un sacrifice inutile. Mon rôle n’est pas uniquement de concevoir et de conduire des opérations. Le chef au combat n’est pas qu’un simple tacticien, froid et sans âme. Je suis aussi le garant moral de mes soldats. Dans les moments difficiles que nous sommes en train de traverser, je veux qu’ils entendent le son de ma voix, je veux qu’ils soient sûrs que je garde la tête froide et que je contrôle la situation. Nous sommes solidement installés au fond de la vallée d’Alasay et sur les crêtes du Gala Kuhe, notre puissance de feu est supérieure à celle de l’ennemi. Je suis intimement persuadé que, pour lui, la partie est déjà perdue. Ses assauts successifs seront irrémédiablement repoussés par Jonquille et par Vert. Comme à Na San, il y a plus de soixante ans, les talibans se casseront les dents sur nos môles de résistance.
Au contact dans la vallée d’Alasay
Les Chasseurs de [la section] Jonquille repartent au combat et déjà l’ennemi commence à décrocher vers l’est. Il est 19 h 00 et après douze heures de combats ininterrompus, nous sommes enfin maîtres de la vallée d’Alasay. Sur la crête du Karat Kuhe, les Chasseurs d’Allègre de la Soujeole et de Bouaouiche ont à nouveau repoussé les vagues d’assaut ennemies. Ils ont été fidèles à l’esprit combatif qui a forgé la légende des Diables bleus de la Première Guerre mondiale. Fidèle aussi à l’esprit chasseur, le lieutenant Allègre de la Soujeole, au plus fort des combats de l’après-midi, a fait hisser un drapeau français sur sa position, geste de défiance lancé à la face des insurgés.
Chasseurs du 27e en Kapisa
La vallée est conquise. Immédiatement, deux bases avancées sont construites, devant accueillir l’armée afghane.
Je débarque de mon VAB devant la prison où la pelle mécanique de l’ANA [Armée Nationale Afghane] remplit inlassablement les bastion walls. Je retrouve le Colonel Hussein [commandant le 1er Kandak de l’ANA] et Lieutenant-Colonel Sean Wester [chef de l’équipe américaine encadrant le Kandak].
- "Abdul, tu es devenu le seigneur de la vallée d’Alasay", lui dis-je en lui tendant la main. Il la prend chaleureusement comme si nous allions faire un bras de fer, signe de notre fraternité d’armes.
- "Ce sont nos soldats qui sont les seigneurs d’Alasay", me répond-t-il.
- "Tu as raisons Abdul, ce sont eux les seigneurs de la vallée".
***
Nicolas Le Nen intègre Saint-Cyr en 1986. Après un cursus à l’Ecole d’Application de l’Infanterie de Montpellier, il opte pour les troupes de montagne et rejoint le 27e Bataillon de Chasseurs Alpins d’Annecy. Après un passage au CPIS (DGSE) comme commandant d’unité, il sert au sein de l’Etat-Major de l’Armée de Terre. En 2007 il revient au 27e BCA comme chef de corps. De décembre 2008 à juin 2009, il commande le GTIA « Tiger » en Kapisa, composé de Chasseurs alpins du 27e BCA, Cavaliers Chasseurs du 4e RC, Dragons Paras du 13e RDP, Sapeurs Légionnaires du 2e REG, Artilleurs de Montagne du 93e RAM, Traqueurs d’ondes du 54e RT et Transmetteurs du 28e RT. Son mandat en Afghanistan est marqué par la victoire d’Alasay [opération Dinner out]. Il dirige désormais le Service Action de la DGSE.
Le colonel Le Nen est officier de la Légion d'honneur, titulaires des Croix de la Valeur militaire, Croix du combattant, Médaille d'Outre-Mer, Médaille de la Défense nationale échelon or, Médaille commémorative française, médaille de la Force de protection des Nations Unies (ONU), médaille des opérations au Kosovo (OTAN), médaille de la SFOR (OTAN) ainsi que de la médaille de la Jeunesse et des Sports. Pour son action en Afghanistan, il a reçu la Bronze Star américaine.
Prix : 15€ - ISBN 978-2-7178-5853-2 – Format 15,5x 24 – 128 pages
Aux éditions Economica.
Pour vous procurer le livre, voir ici.
Le Colonel Le Nen est également l’auteur de plusieurs livres traitant de stratégie militaire, coécrits avec les Colonels Hervé de Courrèges, Pierre-Joseph Givre et Emmanuel Germain.
"Enjeux de guerre", coécrit avec le COL Givre, a reçu le prix "Edmond Fréville-Pierre Messmer" de l'Académie des Sciences Morales et Politiques.
Enfin, citons un roman : « Le vent d’Alasay » de Michel Sègre. Nous avons eu la chance de rencontrer cet auteur « masqué » et confirmons (avec son aval) qu’il est très au fait de la conquête de la vallée d’Alasay… (un dessin ?).
Avec le COL Le Nen au Salon du Livre et au Salon des Écrivains Combattants 2013 - photos Natachenka
Le Colonel Le Nen et les hommes du GTIA Tiger en « live ». Reportage de Géraud Burin des Roziers pour Zone Interdite, M6.
Hommage
Au Caporal-Chef Nicolas Belda, 27e BCA, mort pour la France pendant la bataille d’Alasay,
Aux Chasseurs morts pour la France en Afghanistan
ADC Franck Bouzet, 13e BCA
ADJ Laurent Pican, 13e BCA
1CL Enguerrand Libaert, 13e BCA
1CL Clément Chamarier, 27e BCA
A tous les Chasseurs morts pour la France,
Aux blessés.
Une infirmière et des membres du Groupement de Commandos Montagne
Qui a dit que notre jeunesse était désabusée ? Il suffit de voir avec quelle volonté, avec quelle hargne, avec quelle envie de se dépasser tous ces soldats se donnent, pour comprendre que les jeunes de ce pays ont autant de foi dans l’avenir que leurs aînés. Il suffit simplement de leur fixer des objectifs, de leur proposer des entreprises ambitieuses, de leur lancer des défis à la mesure de leur amour de la vie et de l’idéalisme de leur âge.
Colonel Nicolas Le Nen
Récit autobiographique, journal de marche Afghanistan, 27e Bataillon de Chasseurs Alpins, GTIA Tiger
14:39 Publié dans Afghanistan, Chasseurs, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (4)
07/01/2013
197 Jours - Un été en Kapisa, Julien Panouillé, 1er RCP, Ed. Mélibée
Rendre son « journal » attrayant pour autrui est un art difficile. Julien Panouillé réussi brillamment ce challenge. Il est vrai qu'il a le sens de la chute, manie très naturellement la petite phrase percutante et le non-dit, qui en dit long...
On passe brutalement de l'action à l'attente, de l'exaltation au spleen, de la fraternité au besoin de solitude.
Lorsque l’on se remémore ses lectures, quand bien même on a le souvenir d’avoir aimé un livre, on en garde parfois peu de choses. Quand je pense « 197 Jours », me vient immédiatement l’image de Julien, se levant la nuit, pour fumer seul sa clope devant l’immensité Afghane (*). C’est un signe : Ce livre se vit plus qu'il ne se lit.
Saluons aussi les très belles préface (du Commandant de RAPTOR) et postface (du père de l'auteur).
(*) fumer, c’est mal.
"Vivre, ce n'est pas attendre que les orages passent ;
c'est apprendre à danser sous la pluie "
Le Caporal-Chef Julien Panouillé est né en 1988. Il est tireur d’élite longue distance au prestigieux 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes de Pamiers, poste qu’il occupe en Kapisa, durant l’été 2011. Je garde en mémoire qu’il est le tout premier à m’avoir fait l’honneur d’une dédicace. Et si vous le croisez, demandez-lui de remonter ses manches… (vous comprendrez).
photo© Sébastien P.
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Hommage :
Au Lieutenant Thomas Gauvin, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
A l'Adjudant Pascal Correia, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
A l'Adjudant Laurent Marsol, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
Au Caporal-Chef Cyrille Hugodot, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
Au Caporal Florian Morillon, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
Aux 55 Chasseurs-Parachutistes du 1er, qui ont péri dans l’attentat du Drakkar, à Beyrouth ; à tous ceux morts en OPEX,
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du vieux Chasseur aux Bérets Rouges.
Et par Saint-Michel…
Livre, journal, récit biographique d'un Chasseur-Parachutiste, 1er RCP, Afghanistan
09:43 Publié dans Afghanistan, Chasseurs, Mili-Livre, Paras | Lien permanent | Commentaires (2)