27/05/2013
"Légionnaires - Portraits", Jean-Baptiste Degez & Henri Weill, Ed. Nimrod
Toutes les photos de cette chronique © Jean-Baptiste Degez/Editions Nimrod
Il avait de grands yeux très clairs,
où parfois passaient des éclairs,
comme au ciel passent des orages.
Il était plein de tatouages,
que j’ai jamais très bien compris ;
Son cou portait « Pas vu, pas pris »,
Sur son cœur on lisait « Personne »,
Sur son bras droit, un mot : « Raisonne »…
Edith Piaf, « Mon Légionnaire »
Créée par Marie Dubas en 1936, sur des paroles de Raymond Asso (ancien légionnaire), et une musique de Marguerite Monnot
Ma complice Natachenka m’a posé un jour une question réjouissante : « Pourquoi les soldats sont-ils toujours aussi beaux ? ». Avec un sourire (amusé :) je lui ai répondu : « Ils sont jeunes, ce sont des athlètes, l’uniforme joue probablement, et puis... ils ont le regard franc ».
Mais en y réfléchissant, j’ai raté l’essentiel : Les soldats sont beaux, car leur âme est belle.
Ionas, Slovénie, 2ème REP, Calvi
Et cette belle âme, elle rayonne dans « Légionnaires - Portraits », fruit de cinq ans de travail du photographe Jean-Baptiste Degez, accompagné d’Henri Weill pour les textes, et soutenu par notre éditeur préféré, Nimrod.
« Légionnaires, Portraits » : tout simplement sublime.
José, Brésil, Recrutement, Fort de Nogent
Les notions d’exil, de déracinement, de rupture, d’abandon de personnalité ou d’identité (…) venaient encore s’ajouter à leur histoire passée, et faisaient briller dans leurs regards une humanité d’autant plus intense, qu’ils avaient déjà vécu plusieurs vies.
Yourii, Russie, 1er RE, Fort de Nogent
« Tiens voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin… ». La musique en tête !
Federico, Espagne, 4ème RE, Castelnaudary
On n’est rien, tant que l’on ne porte pas le képi blanc !
Thomas, France, MLE, Fort de Nogent
On y dort Légion, on y vit Légion, on y mange Légion. Tout le monde doit pisser rouge et vert. [couleurs de la Légion].
Dirk, Suède, CECAP, Djibouti
Par l’effort, la volonté, ils ont été intégrés. La Légion offre souvent une deuxième chance, mais au prix de quelle exigence et de quels risques. Ils en ont pourtant accepté les règles.
Marian, Roumanie, 3ème REI, Guyane
Le Commandant de la Légion étrangère résume ainsi sa mission : « Prendre des grains de sable, et en faire du ciment »
Julio, Pérou, 3ème REI, Guyane
Guyane : Pendant la phase survie de mon stage de moniteur forêt, deux jours avaient passé sans que nous ne trouvions rien à manger, sinon deux pauvres poissons et une châtaigne à partager entre 22 stagiaires (...) et nous avons vécu un moment de cohésion formidable.
Chance, Corée du Sud, 2ème REP, Djibouti
28.1.2013, Mali. Nous sommes à 250m d’altitude. Go ! Dans quelques heures, les journaux titreront : « La Légion a sauté sur Tombouctou ».
Abdou, Sénégal, GRLE, Fort de Nogent.
Cette estafilade sur la tête ? Une bouteille cassée à Marseille. Cette autre longue cicatrice sur l’oreille gauche ? Un coup de coupe-coupe en Guyane (…) Cette 3ème balafre sur le bras gauche ? Une bagarre à Castel…
Mariusz, Pologne, 1er RE, Aubagne,
blessé à Sarajevo, amputé.
Ma jambe gauche, qu’avait-elle ? Je voulais le savoir, mais n’avais pas envie de la découvrir. Ma main partait en éclaireur, en descendant lentement, sans que j’ose brusquer le geste. Puis elle remontait avant de savoir… J’ai répété souvent ce mouvement.
Vaidotas, Lituanie, 1er RE, Fort de Nogent
J’ai passé huit ans à la Légion que j’ai quittée à cause d’une femme. Un an plus tard, je me réengageais, à cause de la même femme.
Jean-Marie, France, GRLE, Fort de Nogent
Sur sa poitrine, un avertissement accompagné d’un crane exécrable : « Les Légionnaires ne meurent jamais. Ils vont simplement se regrouper en enfer ». Il sourit. « Une œuvre d’art, non ? ».
Elio, Italie, CTLE, Fort de Nogent
Un officier supérieur de la 6ème BLB visite le 1er REG. Satisfait de ce qu’il voit, il lance aux Légionnaires : « Vous êtes un régiment démmerde ! ». Réponse d’un adjudant furieux : « Quoi ??!?? Nous sommes un régiment dé merde ??!?? ».
Yves, France, 1er RE, Fort de Nogent
On se comprend parfois mieux entre Légionnaires de nationalités différentes, qu’entre Français d’horizons différents…
Mickael, Kabylie, Algérie, CTLE, Fort de Nogent
La fierté d’un homme, c’est d’assumer son destin.
Père Yannick Lallemand, aumônier, Fort de Nogent
La Légion étrangère est une institution humaine, donc imparfaite, mais elle croit en l’homme. Elle croit en l’homme qui, quand il veut, peut-être plus grand que lui-même.
Léonard, France, AALEP, Fort de Nogent
Même si on n’a fait que cinq ans à la Légion, que l’on est devenu SDF ou milliardaire par la suite, il y a des souvenirs que l’on ne pourra jamais oublier, des choses que l’on ne pourra jamais reconstruire (…) Cela fait déjà dix ans que je suis parti de la Légion, mais, d’une certaine manière, je suis toujours avec eux.
Pierre– IILE - Puyloubier
Ils sont nombreux, ces Légionnaires ou ces anciens, à ne jamais ouvrir la cage des mots. Ils ne parlent que rarement, voire jamais, de leur passé et de leur engagement…
Mais en un seul mot, n’ont-ils pas tout dit ?
Général de brigade Zinovi Pechkoff, 1er RE, 2ème RE,
Grand-Croix de la Légion d’Honneur.
L’homme a séduit les plus belles femmes, parcouru le monde entier, fréquenté les voyous comme les intellectuels, les guerriers comme les diplomates, les chefs d’état comme les révolutionnaires. Il a vécu mille vies, comme mille aventures, embrassé mille destins et reçu les décorations les plus prestigieuses, mais, à sa demande, il a souhaité que cette épopée ne soit résumée sur sa tombe que d’un seul mot :
Cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois
***
Formé aux Beaux-Arts de Paris, Jean-Baptiste Degez devient photographe professionnel. En marge de ses activités tournées vers la publicité des marques de luxe, il lance il y a cinq ans ce projet de portraits de Légionnaires. Il est accompagné pour les textes par Henri Weill, journaliste, historien et écrivain, enseignant au Centre de Formation et Perfectionnement des Journalistes, à qui l’on doit de nombreux ouvrages dans le domaine militaire, dont « Légionnaires » paru en 2011, Ed. Pascal Galodé.
Cette belle aventure n’aurait pu se concrétiser sans le soutien des éditions Nimrod, qui savent déjà toute l’affection que nous leur portons [a priori le boss a survécu à Camerone 2013 à Aubagne… J]
Et rêvons maintenant, rêvons d’une série : « Marsouins - Portraits », « Marins - Portraits », « Soldates - Portraits », et oui… « Chasseurs - Portraits » ! Rêvons…
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Hommage
Au Capitaine Benoît Dupin, 2ème REG, mort pour la France en Afghanistan,
A Adjudant-Chef Mohammed El Gharrafi, 2ème REG, mort pour la France, en Afghanistan,
Au Sergent-Chef Konrad Svilen Simeonov, 2ème REG, mort pour la France en Afghanistan,
Au Sergent-Chef Harold Vormezeele, 2ème REP, mort pour la France au Mali,
Au Sergent Konrad Piotr Rygiel, 2ème REP, mort pour la France en Afghanistan,
Au Sergent Damien Zingarelli, 2ème REG, mort pour la France en Afghanistan,
Au Caporal-Chef Rodolphe Pénon, 2ème REP, mort pour la France en Afghanistan,
Au Caporal-Chef Ihor Chechulin, 2ème REI, mort pour la France en Afghanistan,
Au Caporal Alan Karsanov, 2ème REI, mort pour la France en Afghanistan,
Au Caporal Kisan Bahadur Thapa, 2ème REP, mort pour la France en Afghanistan,
Au 1ère Classe Robert Hutnik, 2ème REP, mort pour la France en Afghanistan,
Au 1ère Classe Gerhardus Jansen, 2ème REP, mort pour la France en Afghanistan,
Au 1ère Classe Goran Franjkovic, 2ème REG, mort pour la France en Afghanistan,
A l'Adjudant-Chef Dejvid Nikolic, 1er REG, mort pour la France au Mali,
Aux Légionnaires morts pour la France,
Aux blessés.
In memoriam.
Alain, France, 2ème REP, Djibouti
Lorsqu’ils meurent à vingt ans, les hommes poursuivent leur course sans changer de visage. Ils sont comme des astres morts, dont la lumière nous éclaire encore, alors que le cœur s’est éteint.
Hélie de Saint-Marc, 1er REP, « La sentinelle du soir ».
J’rêvais pourtant que le destin,
me ramènerait un beau matin, mon Légionnaire,
Qu’on s’en irait loin, tous les deux,
dans quelque pays merveilleux plein de lumière…
Livre, photos Légionnaires
10:30 Publié dans Légionnaires, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
la légion et la plus belle des école que j ai faite ils on su me donner le cout des chose bien fait et d avoir le plus grand rèspet en vers le genre humain et de vivre ma vie avec honneur et fidèllite
Écrit par : rodrigues andre | 25/06/2013
Vous pouvez être fier d'avoir appartenu à la grande famille des képis blancs.
Écrit par : LP&L'E | 25/06/2013
Merci a tous Fréres d'armes
Écrit par : olivier davies | 15/10/2013
CCh en retraite je n´oublirais jamais mês compagnons d´armes ni ma famille, la Légion Etrangère. Fier de mon Képi Blanc, je l´honnore aujourd´hui par mon atitude au jour le jour face aux diverses situations. Honneur et Fidelité sont devenus plus que de mots, ils sont devenus une maniére d´être, de vivre, ils sont devenus moi.
Écrit par : PARDO Y CARRERE SANTIAGO | 01/12/2013
Merci Caporal-Chef. Avec notre affection à tous les Légionnaires.
Écrit par : UPpL'E | 01/12/2013
ancien legionnaire je noublirai jamais mes camarade mort en mission
Écrit par : hernandez | 05/07/2016
Merci pour votre commentaire. Honneur & fidélité.
Écrit par : UPpL'E | 05/07/2016
J' ai passé quelques semaines au 4 RE, régiment d' instruction de la L.E.. J' y ai été traité comme un chien (ou plutôt comme aucun propriétaire n' oserait traiter son chien !). Moi aussi je n' oublie pas la Légion, mais pour des raisons bien différentes de celles qu' invoquent ces anciens légionnaires qui me paraissent avoir une mémoire un peu bizarre !
Michel Rey, ex-légionnaire "Antoine Ruvie", matricule 165172 ( 13.11.1981/ 19.01.1982)
Écrit par : rey | 07/07/2016
Chacun son ressenti Michel. On est fait, ou pas, pour la Légion, pour l'Armée, c'est ainsi et il n'y a rien de déshonorant là dedans. Ceci étant dit, permettez-nous d'honorer la mémoire (bizarre ?) des anciens Légionnaires qui ont connu le feu et combattu pour la France. Bien à vous.
Écrit par : UPpL'E | 07/07/2016
Je pense être patriote et honorer la mémoire de ceux qui ont combattu pour la France (et pour la Belgique, car je suis double national). L' adjectif "bizarre" a trait aux trous de mémoire de ces anciens légionnaires qui n' évoquent jamais les incroyables brutalités dispensées dans cette troupe : a-t' on vraiment besoin de gifler jusqu' au sang un individu pour en faire un bon soldat (épisode, parmi d' autres, dont j' ai noté précisément la date et les protagonistes lors de mon "instruction")? Bien à vous également,
Écrit par : rey | 08/07/2016
Les plus grands cataclysmes médiatiques, judiciaires et autres sur des prétendus brimades, maltraitances ou autres sont bien plus fréquent dans les autres corps d'armées Français ou étrangers d'ailleurs, je pense à la Marine, Les Sapeurs-pompiers entre autre ... il serait donc bon de remettre les choses dans leur contexte et de ne pas la faire à la BFM-TV et juste relater un fait sans introduction ni conclusion ... certes vous avez peut être eu une mauvaise expérience au sein de Légion mais si vous basé votre vécue sur votre seul année parmi nous il serait bon de ne pas porter de jugement sur une Troupe, un Corps ... une Famille que vous ne connaissez pas.
Et comme on dit un Légionnaire se taille dans la roche à coup de burin ... Il ne grandit pas dans la soie à coup de caresse ...
Écrit par : BEN | 06/10/2016
Je suis heureux de constater qu' il y a moyen de discuter courtoisement entre ceux qui aiment la Légion et celui qui ne l' aime pas. Ceci dit, je n' ai pas eu de réponse à ma question : est-il nécessaire de gifler un individu jusqu' au sang pour en faire un bon soldat ? Le jeudi 7 janvier 1982, en soirée, l' aide-moniteur Dr.. fait sortir des rangs le légionnaire A..R.., lui signale que les 28 paires de chaussures de ses collègues sont bien cirées, mais pas les siennes et, en conséquence, lui administre 28 PAIRES de baffes dans la gueule, jusqu' à ce que le légionnaire ait le visage en sang et fortement gonflé. (Précision : au 4 RE, Castelnaudary, section du major A...).
Écrit par : rey | 03/03/2017
Bonsoir Rey. Nous regrettons votre expérience malheureuse et la réponse à votre question est, évidemment : non. Et nous sommes certains que l'encadrement serait d'accord avec nous.
Écrit par : UPpL'E | 03/03/2017
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