10/06/2013
"Une vie de Légionnaire", ADC Jean-Claude Saulnier, 2ème REP, Ed. Nimrod
Extraits et photos publiés avec l'aimable autoristation de l'auteur et des éditions Nimrod. Droits réservés.
Et le temps passera. Ces hommes, anonymes sous le képi blanc, continueront de défiler majestueusement et de se battre comme ils l'ont toujours fait, relevés par d'autres hommes au même képi blanc, ayant toujours dans les yeux le reflet de cette foi intérieure qui ennoblit la Légion.
Maréchal Juin
Il y a des jours comme ça.
Vous êtes au bureau. Vous jetez un coup d'œil à la fenêtre. Ah ! Le soleil brille enfin ! Votre téléphone sonne. Vous ne connaissez pas le numéro. Vous décrochez.
"- Bonjour Monsieur, Jean-Claude Saulnier à l’appareil.
- ...??!?! Adjudant-chef Saulnier ?
- Mais oui.
- …"
Adjudant-Chef Saulnier, 2ème REP, infirmier, président des Sous-Officiers, Chevalier de la Légion d’Honneur, 34 ans de Légion, du saut sur Kolwezi à L’Afghanistan. Waouh !
Et puis... nous avons parlé une heure, des Légionnaires bien sûr, de ces em* de Chasseurs, du Mali, de nos arrière-grands-pères en 14, du retour des GI du Vietnam, du Service militaire et de ses bienfaits... et d'une bière...
L’impression de se connaître depuis toujours et que le soleil ne brille pas que dans le ciel.
« Une vie de légionnaire », nouvel opus de nos amis des Editions Nimrod, qui, décidément, n’ont que de bonnes idées. Ce livre est le résultat d’une collaboration entre l’ADC Jean-Claude Saulnier et Pierre Dufour, écrivain et journaliste, spécialiste de la Légion, qui brosse une histoire extrêmement précise du 2ème REP de 1977, date de l’engagement de Jean-Claude, à son adieu aux armes en 2011.
De par la densité du livre (400 pages…), cette chronique n’est qu’un humble résumé, parti-pris de votre serviteur.
Engagement sous le nom de Julien Soral
Né à Châtellerault, aîné d’une fratrie de 3 garçons, hélas orphelin de père à 5 ans, Jean-Claude Saulnier n’a pas, a priori, la vocation militaire. Il effectue son service à la 153ème CLRM puis tente sa chance dans le civil comme chaudronnier.
Pas de vocation militaire donc, et pourtant, lassé des jérémiades de ses concitoyens :
Je suis parti, car les gémissements des gens me tuaient à petit feu.
1977, Engagement, Fort de Nogent
Et c’est pour la Légion qu’il opte, convaincu par un Adjudant-Chef recruteur qui évoque une vie d’aventure, d’action et de camaraderie.
La Légion, dont il découvre bien vite les spécificités….
[Le médecin] m’a demandé si je buvais.
« - Oui, Normalement.
- C’est-à-dire ?
- Bah, deux ou trois bières.
- Caisses ?
- Mais non, canettes ! »
Visite médicale, Aubagne
C’était une véritable fourmilière, sans cesse en mouvement, jour et nuit. Jusqu’au grade de Caporal, les gens courraient partout. On avait l’impression qu’il fallait être cadre ou permanent pour avoir le droit de marcher. Une cour de récréation pour adultes.
Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les fenêtres ouvertes en plein mois de novembre. J’ignorais encore que les chambrées étaient chauffées par des poêles à mazout qu’il fallait éteindre à 22 heures, et qu’on ouvrait les fenêtres le matin jusqu’au retour du sport, quel que soit le temps.
Nous avons appris à prendre soin de nos pieds et de notre corps, percer les ampoules avec un fil trempé dans le permanganate, casser les rangers à coups de marteau pour les assouplir. Certains urinaient même dedans.
1977, Instruction, Castelnaudary
Le 2e REP à Calvi, 1978
Son instruction à Castelnaudary n’est pas une sinécure, mais le fameux mens sana in corpore sano s’applique bien à Jean-Claude, et la récompense de tant de sueur, d’ampoules, de courbatures, de grimaces et de serrements de dents l’attend au bout du chemin :
Puis l’ordre a retenti : « Coiffez vos képis blancs ! ». Pendant quelques secondes il y eut un moment d’émotion, puis nous nous sommes coiffés de ce képi pour lequel nous avions fourni tant d’efforts.
Jean-Claude opte pour le 2ème REP de Calvi. Il est vrai que cumuler le prestige du Légionnaire à celui du Para…
Calvi, Saut d’entrainement, 1978
C’est à Calvi que se forgeait désormais l’esprit para du Légionnaire. C’est aussi à Calvi que se trempait l’âme du régiment.
1978, 2ème REP, Calvi.
Entraînement LRAC, lance-roquette-anti-char
Et c’est toute la vie du Légionnaire que nous dévoile le livre, y compris dans ses aspects les plus cocasses…
On allait aussi au Pouf, le bordel militaire de campagne. Bien sûr pour les filles, mais aussi pour passer un bon moment. Il existait un jeu entre compagnies. Quand l’une était au Pouf, une autre envoyait le plus jeune pour chercher de la bière après l’appel.
Rien d’extraordinaire, direz-vous, si ce n’est qu’une concurrence, certes amicale mais très « virile », régnait entre les compagnies. Lorsque l’une d’elles était au Pouf, les autres y étaient persona non grata. De ce fait, l’arrivée du p’tit jeune au bordel était sanctionnée à coups de poings…
Le pauvre « bizut » avait deux options :
- Se faire casser la tête, revenir sans bière, et être accueilli par le mépris des caporaux de sa compagnie,
- Se faire casser la tête, et revenir avec la bière. RAS.
L’expérience aidant, l’idée était de cacher deux ou trois caisses de canettes dans le maquis et de s’affranchir ainsi… du cassage de tête au Pouf !
Et puis… A peine un an dans la Légion, et Jean-Claude entre dans l’histoire.
Kinshasa, avant le saut sur Kolwezi
Dès l’indépendance du Congo belge en 1960, la région du Katanga, riche en matières premières stratégiques, manifeste violement son désir d'autonomie. En mai 1978, une nouvelle révolte, soutenue par le bloc soviétique, se dresse contre le pouvoir central de Kinshasa. Plusieurs milliers de rebelles, bien armés, encadrés par des conseillers cubains, investissent Kolwezi où résident près de 3000 Occidentaux.
Blancs et noirs font face à la mort. Les minutes comptent double. Des européens sont abattus comme des chiens à certains endroits de la ville. Kolwezi est livrée aux pillards.
La Belgique, ancienne puissance coloniale, tergiverse quelque peu, la France, elle, percute !
Jean-Claude décolle vers un saut qui marquera l’histoire du XXème siècle.
19 mai 1978
A 15 heures, un grondement d’avions se fait entendre au nord de la ville, au dessus de l’ancien aérodrome. Les corolles blanches des parachutes s’ouvrent dans un ciel de plomb. Parmi les africains, une rumeur se répand : Ce sont les Cubains qu’on attend ! Mais les Européens savent que c’est le salut qui vient du ciel…
Le 2e REP saute sur Kolwezi -Photo © 2ème REP
La descente a été pénible et m’a paru très longue (…) Des rafales d’armes automatiques ont été tirées à partir de la lisière nord de la ville et de la voie ferrée située à l’est de la zone de saut. La densité de la végétation autour des villas de l’ancienne ville ne permettait pas de situer l’origine des coups de feu, mais leur imprécision ne provoqua aucune perte. Il est néanmoins désagréable d’être une cible impuissante. Un vrai pigeon d’argile.
Hélas Jean-Claude se blesse à l’atterrissage, mais le courageux jeune-homme n’a pas l’intention d’abandonner les copains. Il sert les dents et marche.
Déploiement du 2ème REP à Kolwezi. Photo © AALE
C’est un voyage au bout de l’horreur qui commence alors pour les Légionnaires. Partout ce ne sont que des rues désertes parcourues par des meutes de chiens errants qui s’attaquent aux innombrables cadavres abandonnés à même le sol, des voitures calcinées, des tas d’immondices devant les maisons pillées. L’odeur âcre prend à la gorge. Des essaims de mouches tourbillonnent et s’acharnent sur les corps mutilés, gonflés, hideux.
En quelques heures, le bilan du 2ème REP est éclatant. L’effet de choc des troupes d’assaut a été déterminant et a bousculé l’ennemi.
Photos © AALE
Au bout de quelques jours cependant, la douleur devient insupportable et Jean-Claude peine à marcher. Constat (et engueulade) du médecin : le pied est gonflé et noir comme la ranger ! Double fracture malléolaire et fissure du talon. Jean-Claude est rapatrié. Devoir accompli.
Défilé du 2ème REP à Kolwezi. En tête le Colonel Erulin (1932+1979) photo © famille Erulin
L’opération « Bonite » est un succès incontestable, mais le bilan est lourd :
5 tués et 20 blessés au 2ème REP, 6 disparus de la mission française, 1 para belge tué, 11 tués et 8 blessés parmi les parachutistes Zaïrois, sans compter les autres militaires de Kinshasa.
On estime à 170 le nombre de civils blancs massacrés, ainsi que 700 africains.
Les rebelles Katangais ont perdu 250 des leurs et sont en déroute.
2700 Occidentaux sont sauvés par l’opération.
1984, Jean-Claude est nommé Sergent
On le voit, il y a du courage et de la volonté chez cet homme, tout comme une grande part d’humanisme, et c’est, assez naturellement, que Jean-Claude s’oriente vers le rôle d’infirmier.
Mais il reste bel et bien un Légionnaire avant tout, au grand dam des élèves de l’école de santé d’Orléans, appartenant à d’autres corps, pour au moins un aspect :
Nous nous sommes intégrés sans problème dans un monde nouveau pour nous, mais d’un autre côté nous cultivions notre différence, qui se manifestait par le pas Légion, ce qui fait que nous étions toujours en retard sur le pas des autres quand il s’agissait de marcher en rang. Finalement, le chef de stage a renoncé et nous étions préposés aux couleurs, au grand désespoir des autres, qui trouvaient que nous mettions beaucoup trop de temps pour faire le trajet jusqu’au mat…
1983, Ecole du Service de Santé, Orléans
Assistance médicale en Centrafrique, 1982
Jean-Claude va partager la vie du 2ème REP multipliant les OPEX, en particulier en Afrique, terre de prédilection des Légionnaires : Centrafrique, Tchad, Gabon, Djibouti...
Jean-Claude Saulnier à l’entraînement à Djibouti
Nous avons subi une violente tempête de sable comme on en voit dans les films. Nous nous sommes arrêtés, nous avons enfilés nos ponchos et courbé l’échine en attendant que cela passe. Quand la tempête a été terminée, on ne voyait plus de la section que quelques petits monticules de sable qui commençaient à s’ébrouer.
1980, Djibouti
Centrafrique
Arrivés à proximité d’un village, nous avons vu un petit vieux sur le bord de la route, debout au garde à vous, toutes ses médailles pendantes. C’était un vétéran de la seconde guerre mondiale qui avait appris notre arrivée. On ne sait comment. Le Lieutenant a fait arrêter le convoi et a salué régulièrement l’ancien.
1984, Centrafrique
Puis vient le temps des forces d’interposition. Concept quelque peu angélique imposé par les politiques ; missions compliquées, frustrantes pour les militaires. Liban, Bosnie, Côte d’Ivoire… goût amer pour nos soldats.
Marines du 32d MAU et légionnaires du 2e REP pendant l'évacuation des troupes de l'OLP de Beyrouth, photo © 2ème REP
Quand la nuit est tombée, nous avons eu droit à un son et lumière impressionnant. Dans tous les coins de la ville, nous voyions des départs d’armes lourdes, des traçantes dessinant des serpentins qui zébraient l’obscurité, tandis que le staccato des armes automatiques était ponctué de détonations assourdissantes. L’Ouest répondait à l’Est, avant que le Nord n’entre dans la danse et que le Sud s’en mêle.
1982, Liban
Jean-Claude Saulnier, poste avancé à Nevesinje, Bosnie
Un bosniaque passait son temps à tirer sur les antennes du PC. De temps en temps, il parvenait à en couper une. (…) Dans ce cas, l’ADC Deptula venait me chercher à l’infirmerie pour monter sur le toit. Nous commencions à réparer l’antenne et là, nous entendions des balles se planter à quelques mètres de nous. (…) Les tirs se rapprochaient à 3 mètres, puis 1 mètre… Quand c’était très proche, nous décrétions que c’était l’heure du café et descendions du toit. Après cette pause, nous remontions pour finir le travail.
(…) Ce qui est sûr, c’est que le Bosniaque n’avait pas l’intention de nous tuer, car nous faisions des cibles faciles.
1992, FORPRONU, Bosnie
Légionnaires du 2ème REP en Côte d’Ivoire, Photo © 2ème REP
J’ai pris une rafale de Kalachnikov que j’ai évitée d’un roulé-boulé derrière un talus. J’ai lâché à mon tour une rafale et j’essayais de voir d’où provenait le tir. Encore deux ou trois rafales qui ont tapé à 10 ou 15 cm, mais je ne voyais pas le tireur. J’ai lâché encore une longue rafale et j’ai dégagé de ce coin malsain.
2002, Côte d’Ivoire
Légionnaires sous casques bleus – ici du 2ème REI, Bosnie. Photo © AALE
Nous avons pris conscience qu’un casque bleu, c’était un peu la palombe du coin.
1992, FORPRONU, Bosnie
Et cependant, Jean-Claude Saulnier reste philosophe…
J’ai vu un grand-père assis sous un arbre très feuillu. Je me suis approché et lui ai demandé comment s’appelait cet arbre. Il m’a dit : « C’est un arbre à ombre ». J’ai trouvé la réponse empreinte d’une grande philosophie.
2002, Côte d’Ivoire
Sur les sentiers du GR20
Désormais marié à Marylin, père de 4 enfants, on pouvait penser que la carrière de l’ADC Saulnier se déroulerait sereinement, sous le beau ciel de la Corse qu’il aime tant. D’autant plus que vient le temps des honneurs…
Reconnu par ses paires, il est élu Président des sous-officiers. Le rôle lui va comme un gant : accueil des nouveaux sous-off’, rappel des traditions et des us et coutumes, interface avec les officiers, et surtout soutien aux hommes en difficulté, tant d’un point de vue personnel que professionnel. Bel hommage de ses camarades, et sans aucun doute l’homme de la situation.
Mais… 11 septembre 2001, le monde entier regarde sa télévision avec effarement, et voici notre Adjudant-Chef de nouveau en campagne : direction le pays de l’insolence…
ADC Saulnier, GAL Townsend (101st Airborne), COL Bellot des Minière (CDT 2ème REP)
Nous résumerons la dernière campagne de Jean-Claude par ces deux phrases :
Il est très dur de faire du social aujourd’hui avec des gens qui tireront sur vos camarades demain.
La rébellion afghane est comme l’hydre de Lerne. On coupe sa tête, il en repousse deux.
2010, Afghanistan
Et puis un jour de 2011, qui vient certainement bien vite pour Jean-Claude, bien trop vite même : l’adieu aux armes.
2011, L’adieu aux armes, photo © 2ème REP
Trente et un ans de joies et de coups de chien, l’épanouissement d’une vie d’homme et de sous-officier au sein d’une institution militaire sans égale au monde...
* * *
A la lecture de « Une vie de légionnaire », ce qui m’a frappé, outre évidemment la carrière exceptionnelle de Jean-Claude Saulnier, c’est sa formidable humilité.
Tentez l’expérience, dites-lui : « Vous êtes une légende vivante du 2ème REP, c’est un honneur de vous rencontrer », il vous répondra à coup sûr : « Arrête tes conneries ».
Il n’y a là aucune fausse modestie, c’est simplement l’âme du personnage, et cela en fait toute la grandeur. De la part d’un Légionnaire, ce n’est certes pas surprenant.
Le 29.9.2005, lors de la prise d’armes de la Saint-Michel, j’étais fait Chevalier de la Légion d’Honneur (…) La première question que je me suis posé a été : « Pourquoi moi » ?
Saint-Michel, 29.9.2005, remise de la Légion d’Honneur par le GAL Dary
« Par son courage au feu et ses qualités d’infirmier au combat, a contribué personnellement à la sauvegarde de vies françaises.
Mérite d’être cité en exemple. »
24.5.2004, extrait de la citation à l’ordre de la division, Général d’armée Bentégat, Chef d’Etat-Major des Armées
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Né en 1954 à Châtellerault, Jean-Claude s’engage en 1977 et rejoint le prestigieux 2ème REP de Calvi. Sa première mission de guerre fait date : le saut sur Kolwezi. Infirmier au combat, il participe à l’essentiel des opérations extérieures : Zaïre, Gabon, Centrafrique, Tchad, Djibouti (dont un déploiement avec le 13ème DBLE), Liban, Guyane (avec le 3ème REI), Bosnie, Afghanistan... En 2006, il est élu par ses paires Président des Sous-Officiers. Fait chevalier de la Légion d’Honneur en 2005, médaille militaire, trois citations, il poursuit sa carrière d’infirmier dans le civil. Amoureux de la Corse, sa terre d’adoption où il vit toujours, Jean-Claude est marié à Marylin et père de quatre enfants. Et c’est un chouette bonhomme !
Pierre Dufour, écrivain et journaliste spécialisé dans l'histoire militaire, a été chef du secrétariat de rédaction du mensuel de la Légion étrangère Képi blanc. Il est l'auteur de nombreux articles dans des revues françaises et étrangères et de plus de quarante ouvrages historiques et militaires consacrés à l'ancien empire colonial français, dont "La France au Levant", "La Légion en 14-18" et "Les Bat' d'Af".
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Hommage
Aux Légionnaires-Parachutistes du 2ème REP morts pour la France, 1977-2013
Zaïre
Sergent-chef DANIEL, Caporal-chef ALLIOUI, Caporaux ARNOLD et HARTE, Légionnaire CLÉMENT.
Djibouti
Catastrophe aérienne du mont Garbi, morts en service aérien commandé.
Capitaine PHILIPONNAT, Sergent-Chef STORAI, Sergents DORE, POMMIER et WOUTIER, Caporaux OEHLMANN, OLETTA, PELTON, SIMONET, BURGRAFF, 1ères Classes BEAUTEMPS, BETON, KERTY, ZASSER, Légionnaires BUZUT, DEPIERRE, FALAUT, GALVES, GORDON, GUNES, LEON, LIMA DA SILVA, LUANG, SENDERS, THIU-SAM, VELMAR.
Accompagnés de :
Capitaine CHANSON et Caporal LAURIOL, 13ème DBLE,
Commandant DALMASSO, Capitaines COUILLAUT, TADDEI et DEMANGE, Adjudant-Chef DAENINCKX, ETOM 188, Armée de l’Air,
Capitaine DROULLE, EMIA/FFDJ,
Maître GLOANEC, Commando Jaubert.
Bosnie
Légionnaire BENKO.
Congo-Brazzaville
Caporal GOBIN.
Afghanistan
Sergent RYGIEL, Caporal-Chef PENON, Caporal THAPA, Légionnaires de 1ère Classe HUTNIK et JANSEN.
Mali
Sergent-chef VORMEZEELE
A tous les Légionnaires-Parachutistes du 2ème BEP/2ème REP morts pour la France,
Aux blessés.
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Hommage au 1er REP
Non, rien de rien, non, je ne regrette rien…
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc aux Képis blancs-Bérets verts !
Nous sommes les hommes des troupes d’assaut,
Soldats de la vieille Légion.
Demain brandissant nos drapeaux,
En vainqueurs nous défilerons.
Chant du 2ème REP.
ADC Saulnier et GAL McChrystal, commandant la force internationale en Afghanistan, 2009-2010.
- Que penses-tu de toutes ces années à la Légion ?
- Mon Général, vous me donnez 35 ans de moins, et je recommence.
L’ADC Saulnier au Général de Saint-Chamas,
COMLE (Commandant de la Légion Etrangère).
28 janvier 2013, les Légionnaires-Parachutistes sautent sur Tombouctou.
« More Majorum »
À la manière des anciens.
Devise du 2e REP.
C’est moi qui rêve, pense l’ancien. Donne-moi tes vingt ans. Donne-moi ta place. Prends mes médailles. A toi les honneurs, à toi la gloire. Donne-moi tes missions impossibles, donne-moi tes pitons à conquérir, ton adjudant à supporter, la jungle à traverser. Donne-moi encore l’occasion de chanter avec les copains, de tomber en route, ou vaincre au combat.
Pierre Sergent, 1er REP.
Livre, récit biographique d'un Légionnaire, 2e REP, Kolwezi
15:46 Publié dans Afghanistan, Afrique, Bosnie, Légionnaires, Mili-Livre, Paras, Zaïre | Lien permanent | Commentaires (32)
29/04/2013
"Afghanistan, Regards d’aviateurs", LTN Charline Redin, SIRPA-Air
A la mémoire du Lieutenant-Colonel Anne Broquet, commandant des Convoyeuses de l’Air
Alors, ils surent ce que les camarades entendaient par équipage. Ils n’étaient pas simplement deux hommes accomplissant les mêmes missions, soumis aux mêmes dangers et recueillant les mêmes récompenses. Ils étaient une entité morale, une cellule à deux cœurs, deux instincts que gouvernait un rythme pareil. La cohésion ne cessait point hors des carlingues. Elle se prolongeait en subtiles antennes, par la vertu d’une accoutumance indélébile à se mieux observer et se mieux connaître. Ils n’avaient fait que s’aimer.
Joseph Kessel, « L’Equipage »
« Cher Monsieur, Merci pour votre mail. Je suis en ce moment au Qatar pour l’exercice Gulf Falcon 2013. Je serai ravie de vous envoyer un ouvrage dédicacé dès mon retour en France». Cool, non ?
« Afghanistan, Regards d’aviateur », par la Lieutenant Charline Redin. Dans mon esprit, de par son format, j’allais avoir entre les mains un beau livre-photo, Rafale, Mirage… mais on est bien au-delà de ça : fruit de plusieurs années de travail, faisant suite à ses déploiements en Afghanistan, Charline Redin, journaliste au SIRPA-Air, nous rapporte une multitude de témoignages, sous forme d’interview. Je ne peux mieux faire que la citer : « Ce livre, même s’il décrit des missions militaires, se veut une sorte de carnet intimiste où l’individu se livre, à travers sa fonction, son ressenti, ses angoisses et ses émotions ».
« Voir les mecs qui vont au charbon, écouter ce qu'ils racontent…»
LTN Charline Redin
« Afghanistan, Regards d’aviateurs » est effectivement un très beau livre - saluons le magnifique travail de l’Adjudant Benoît Arcizet pour la conception graphique - mais en sus, c’est un très bon livre, hommage si mérité aux hommes et femmes de toutes les composantes de l’Armée de l’Air.
Oui, nos Rafale et nos Mirage sont beaux, mais pas autant que les hommes et femmes qui les font voler…
Les équipages de chasse-bombardement
On s’équipe. Notre habit est lourd, mais j’aime le revêtir. Je quitte déjà un peu ce monde et gagne celui du vol (...) A chaque fois, je m’isole un instant pour prendre du recul et me concentrer. Dans ce tourbillon d’activités, le départ en vol de guerre demeure un moment où l’homme, le combattant et le chef se réalisent pleinement. La force de l’engagement, le courage et la valeur sont mis à nu par la violence des faits.
Lieutenant-Colonel M. Chef du 1er détachement Chasse à Kandahar.
L’implication avec le sol est totale. Nos interventions se doivent d’être très rapides. On nous appelle, on se déroute instantanément. Dans le cockpit la tension est immédiatement à son paroxysme. Un déroutement signifie toujours un accrochage qui s’est déroulé peu de temps avant. La moindre minute perdue peut signifier la différence entre la vie et la mort pour un soldat.
Lieutenant-Colonel W. Pilote de Mirage 2000D.
Les équipages de transport et les ravitailleurs en vol, dits les « Lourds »
Chacun des deux Mirage 2000D avait tiré ses deux bombes. Nous les avons ravitaillés une dernière fois pour qu’ils puissent rentrer à Manas [base au Kirghizstan]. A la radio, un des pilotes nous lance « Merci les Lourds pour la mission ! ». Ce ne sont que quelques mots, mais ils nous ont énormément touchés .
Lieutenant-Colonel P. Chef du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91, sur Boeing C135FR.
Les convoyeuses et convoyeurs de l’air, le personnel de santé
A 4h du matin, les réacteurs sont de nouveau en route. Top départ, direction Paris-Orly. Pendant les 7 heures de vol, les équipes médicales sont à pied d’œuvre (…) Je me souviens plus particulièrement d’un soldat grièvement touché, qui était anxieux ; inquiet de son état de santé et d’un handicap futur certain. Il me confie ses craintes. Notre mission prend alors tout son sens.
Capitaine H. convoyeur de l’air.
Le chapitre de Charline dédié aux convoyeuses et convoyeurs m'a touché. C'est l'occasion, me semble-t-il, de rendre mon propre hommage à ma cousine Anne Broquet, chef des convoyeuses de l'Air, disparue, hélas, prématurément.
Anne s’engage en 1972. Lieutenant-Colonel, elle commande la division des Convoyeuses de l’Air, escadrille aérosanitaire 6/560 « Etampes ». Elle totalise plus de 10 000 heures de vol, 25 déploiements en Afrique, Moyen-Orient et Asie.
Peintre à ses heures, membre actif de l’ordre de Malte, ses dernières missions humanitaires l’ont menée au Sri Lanka et en Inde, dans le cadre de mesures d’aide urgente pour les survivants du tsunami.
Anne décède prématurément le 17 juillet 2008,à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, luttant courageusement contre la maladie.
Femme humble, très discrète, elle me laisse un grand regret, ne pas avoir assez échangé avec elle, ne pas l’avoir incitée à écrire sur sa vie d’exception…
Quelle belle remontée du Mékong ce fût été…
Photo © Ordre de Malte
LETTRE OUVERTE AUX EQUIPAGES.
La mythologie connut le centaure, monstre moitié homme, moitié cheval. Plus tard vint le mi-ange, mi-démon, bon ou mauvais. Enfin, arriva la convoyeuse de l'air, divinité mi-infirmière, mi-hôtesse !
Comme tout être fabuleux, qu'il soit issu de la mythologie, de la religion ou du transport aérien militaire, il appartient à la légende. Mais, bien qu'invraisemblable, il n'en demeure pas moins vrai. Je le sais puisque je suis leur chef ! Mais comme tout être de légende, il ne peut jamais être rationnellement défini. C'est là notre lot, mais aussi notre spécialité.
Moi, ce que je sais, c'est que lorsque je vois partir Brigitte, Odile, Nathalie, Sophie, Isabelle, Astrid... en tenue verte couleur «combat» avec le masque à gaz, le gilet pare-balles, le casque bleu, je sais qu'elles vont aller sur le terrain pour, s'il en est besoin, vivre leur métier d'infirmière. Et, même si au dernier moment elles glissent tout au fond de leur poche ce petit tube de rouge à lèvres, elles savent que dans leur lot sanitaire il y a ce qu'il faut. Et puis, un dernier réflexe de coquetterie ne nuit en rien aux «guerrières» (à chacun ses peintures de guerre). D'ailleurs messieurs, qui me dit que vous ne glissez pas dans votre poche au dernier moment un petit échantillon d'after-shave !
Pendant ce temps-là, Anne, Emmanuelle, Véronique, Dominique, Yvette, Cathy... en tenue bleue couleur «travail» partent à l'assaut d'un redoutable obstacle : «la mission avec passagers». Cette «mission logistique» est plus scabreuse pour une convoyeuse de l'air qu'une «mission tactique», car là, vous devez affronter ce deuxième rôle pour lequel on vous dit ne pas être «faite» ! C'est-à-dire celui de conforter une maman aux prises avec ses enfants, soutenir un passager faisant un petit malaise vagal ou cet autre ne supportant pas le décalage horaire. Il faut également assister le commandant de bord, le chef de cabine et aider le médecin assurant une évacuation sanitaire.
Ce rôle «d'assistante de bord» plus qu'hôtesse d'ailleurs, sur «avion à moquette», n'est pas non plus pour nous déplaire, car après s'être pris un nombre incroyable de fois nos petits pieds, quoique chaussés d'énormes chaussures, dans les chaînes d'arrimage du Transall et avoir glissé sur les rouleaux des palettes du C130, qu'il est doux de poser nos pieds fragiles chaussés enfin d'escarpins sur la moquette moelleuse d'un DC8 en partance pour l'autre bout du monde ou d'un Falcon effectuant une EVASAN [Evacuation sanitaire]. A chacun son repos ! Mon grand regret il est vrai, c'est de ne pas les poser plus souvent dans nos hélicoptères !
Par ces quelques mots, je n'ai rien voulu prouver. J'existe, c'est tout, et je suis convoyeuse de l'air. Mais ce que je voulais, c'est dire aux équipages du COTAM [Transport] que quel que soit l'avion sur lequel nous volons, nous serons toujours avec eux pour les aider, les assister, partager ensemble les bons et mauvais moments. Nous comptons sur eux, et sans eux, nous ne serions pas convoyeuses de l'air.
CDT Anne BROQUET, Chef des Convoyeuses de l'Air
FAP INFO n° 70 – 2ème semestre 1993.
* * *
Les équipages d’hélicoptère
Il y avait dans le regard de cet enfant toute la misère du monde. Il allait monter pour la première fois dans un hélicoptère, les hommes autour de lui étaient armés (…) de plus, il était très mal en point, les balles lui avaient perforé le corps.
Nous venons sur le théâtre pour évacuer des soldats, des combattants. Evacuer un enfant, qui pourrait être notre fils, c’est toujours une mission noble.
Lieutenant-Colonel C. Chef du détachement hélicoptère de l’Armée de l’Air sur l’Aéroport de Kaboul.
14 heures d’engagement de l’équipage de l’hélicoptère Caracal, pour déposer des troupes en soutien, des infirmiers, évacuer les blessés, ramener les 10 corps.
Au moment de la cérémonie d’hommage aux Invalides pour les dix soldats tombés, les écrans de télévision sont branchés à Kaboul, et tous les militaires sont devant, les yeux humides, le cœur lourd.
Je suis resté dans mon bureau. J’entendais le son, mais je ne pouvais voir les images. Aujourd’hui encore, je suis incapable de regarder cette cérémonie. Devant chaque cercueil, je revois chacun des hommes que nous avons ramenés.
Lieutenant-Colonel C, pilote de Caracal à Uzbin.
Les personnels de l’escadron de drones (avion de surveillance sans pilote)
J’ai remarqué sept hommes à la démarche étrange. Nous avons supposé que ces hommes étaient armés. Nous avons donné leur signalement aux militaires sur place. Nos suspicions étaient fondées.
Sergent C, interpréteur photo, Escadron de drones 1/33.
Les renseignements
[Les hommes du Renseignement préparent, entre autres, les plans de vol, pour éviter au maximum les risques encourus]. Lorsqu’un hélicoptère décollait de l’aéroport de Kaboul, il y avait toujours une forme d’appréhension d’avoir peut-être raté une donnée, ou d’être passé à côté de quelque chose. Mes amis et mes camarades étaient dans la machine. J’avais une lourde responsabilité à chacun de leur départ.
Lieutenant-Colonel F. Officier Renseignement, ED 1/33.
Les Commandos Parachutistes de l’Air
Nous étions en autonomie complète. Nous sommes entrés dans un village dans la zone du Baloutchistan. Il ne restait plus qu’une famille (…) Ils étaient à des lustres de savoir ce qu’il se passait à cette époque en Afghanistan. Ils étaient surpris de voir des militaires dans cette région. Nous dormions dehors, les températures chutant la nuit. Elles pouvaient atteindre -20°c. On se sentait si minuscules dans ce paysage merveilleux. Nous avions l’impression d’être des pionniers.
Lieutenant-Colonel R, dit Jacky, Commando Parachutiste de l’Air, intégré aux Forces Spéciales.
Nous travaillons régulièrement avec les américains. Lorsque nous leur avons montré ce que nous savions faire, ils ont été tout de suite demandeurs. Ils reconnaissent notre expérience de terrain.
Caporal-Chef M. CPA.
Les mécaniciens et armuriers
Les mécaniciens sont arrivés aujourd’hui et commencent d’emblée à installer les centaines de tonnes de matériel, qu’ils vont mettre en œuvre quand les F1 seront là. Ils sont impressionnants de courage et d’énergie, travaillant sans relâche sous un soleil de plomb. Ils sont admirables.
Colonel B. Pilote de Mirage F1CR.
Le personnel de soutien, d’infrastructure
Ces hommes de l’ombre sont souvent les premiers déployés sur les théâtres d’opération. Ils sont maçons, soudeurs, électriciens, spécialistes dans le montage de hangars (…) Ce sont des aviateurs qui font preuve de beaucoup d’abnégation. Quand ils arrivent sur le terrain, il n’y a rien. Tout est à construire, et pour la majorité des missions, il faut le faire vite…
Colonel V. Compagnie d’Infrastructure en Opération.
Les chefs de piste, agents d’escale
Ce que j’aime dans mon métier (…) c’est que nous sommes les derniers avant que la porte de l’avion ne se ferme, à voir les militaires quitter le théâtre pour rejoindre leurs familles. Ils ont tous le sourire aux lèvres. Ca réchauffe le cœur.
Sergent-Chef P. Agent d’escale.
* * *
La Lieutenant Charline Redin est journaliste au Service d’Information et de Relations Publiques de l’Armée de l’Air. Après des études brillantes d’histoire des médias, de journalisme et de chinois, elle s’engage en 2007. Elle ne compte plus ses voyages à titre privé et déploiements en OPEX. Soutenue par le Général Jean-Paul Paloméros, CEMA-Air, accompagnée par l’Adjudant Benoît Arcizet, graphiste de talent, et par toute l’équipe du SIRPA-Air, elle se lance dans ce beau projet qu’est « Afghanistan, Regards d’aviateurs » en 2011.
Charline est aussi photographe. Vous retrouverez son oeuvre sur son site : ici.
Merci Charline pour votre accueil chaleureux. Et pour le futur café ;)
« Afghanistan, Regards d’aviateurs », est édité par le SIRPA-AIR, disponible sur le site de l’ECPAD ici.
Livre multimédias : en scannant les codes à chaque chapitre, vous pouvez visualiser le reportage associé sur votre mobile.
La Lieutenant Redin interviewe un militaire afghan – photo © SIRPA
Tous les aviateurs français présents ici n’ont qu’une idée en tête : celle de vous aider à apporter la paix dans votre pays.
Général Paloméros, Chef d’Etat-Major de l’Armée de l’Air, au Général Mohammad Dawran, son homologue afghan.
Mon tout petit. Tu liras ces pages dans quelques années, et elles te sembleront écrites par un étranger. Tu n’auras pas de souvenir de ton papa pilote, mais j’espère que tu seras quand même fier de lui.
Lieutenant-Colonel B. Pilote de Mirage F1CR ; extrait de son journal, destiné à sa femme et ses enfants.
* * *
Hommage
Au Caporal-Chef Sébastien Planelles, CPA 10, mort pour la France en Afghanistan,
Aux hommes et femmes de l’Armée de l’Air morts pour la France,
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc aux aviatrices et aviateurs !
« Mon but n’était pas de tirer des bombes, mais de faire mon devoir. »
Lieutenant G. pilote de Mirage 2000D.
Livre, photos, témoignage, récit biographique, Armée de l'Air, pilotes, personnel au sol
19:01 Publié dans Afghanistan, Aviateurs, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
15/04/2013
« L’Afghanistan en feu », CCH Emmanuel Gargoullaud, RICM, Ed. Economica
A la mémoire du caporal-chef Bracchi, qui n’a pu quitter ses frères marsouins. Qu’il repose en paix.
Nous pouvons être fiers du comportement remarquable des soldats français en Afghanistan.
Général d’Armée Bertrand Ract-Madoux, Chef d’Etat-Major de l’Armée de Terre
Ils sont en train de nous bâtir un bien bel édifice, nos soldats-auteurs. Un monument virtuel car littéraire, mais qui rend magnifiquement hommage à leurs camarades morts pour la France, aux blessés, au dévouement de leurs frères d’armes.
Par leurs témoignages, chacun participe à sa façon : les officiers, c’était courant, mais désormais les sous-officiers et militaires du rang. Réjouissant. Et c’est au tour du Caporal-Chef Emmanuel Gargoullaud, marsouin du RICM, d’apporter sa pierre à l’édifice, avec son journal de marche en Afghanistan.
Le Régiment d’Infanterie Chars de Marine ; le plus décoré de l’Armée française… Tout est dit au titre de la gloire et de l’honneur, mais ce livre nous en apprend plus, de par sa vision de l’intérieur.
Devant un VBLL – photo © CCH Emmanuel Gargoullaud
Le Caporal-Chef Emmanuel Gargoullaud appartient au peloton de Commandement et Logistique. C’est un combattant, mais aussi un administratif qui gère la vie de la base. Ce rôle, parfois sous-estimé, est pourtant essentiel : Combien de temps un soldat tiendrait-il, sans retrouver un minimum de confort physique [popote/douche/lit], mais aussi moral, entre deux missions de terrain ? Sans accès internet pour échanger avec sa bien-aimée, sa famille ? Sans pause autour d’une bière raisonnablement fraiche ? Sans la moindre petite fête pour évacuer la pression ?
Je commence ma course pour trouver la Capitaine commissaire, les cartes Internet et téléphoniques, puis le vaguemestre pour le courrier, ainsi que le gérant du foyer pour l’approvisionnement de « La Sirène » [bar du RICM]. Courte nuit marquée par le ronflement de certains et les flatulences des autres.
Devant un T55 ex-soviétique – photo © CCH Emmanuel Gargoullaud
Les parties "action sur le terrain" sont toujours percutantes :
Nous, le groupe 50, avec Centaure et le JTAC, seront installés sur le COP51. Le PAD10 sera en QRF sur la FOB46, avec un groupe Génie de Jaune 30, les EOD. Le peloton AMX10RCR sera en tête du SGTIA et fera la reconnaissance par l’axe Taurus 1.
Je vois d’ici les lecteurs néophytes en jargon militaire : « Heeuuu... ». Ne vous effrayez pas. J’ai cherché dans le livre le paragraphe qui cumulait le plus d'abréviations :)
Emmanuel se parle à lui-même, il utilise donc la langue du soldat ; mais ce vocabulaire a aussi son mérite : il donne du rythme, voire crée un style littéraire original (Mili-Style ?) et, évidemment, tous les acronymes sont expliqués.
photo © CCH Emmanuel Gargoullaud
Entre les chapitres où il décrit sa vie au quotidien, sur la base ou le terrain, Emmanuel prend le temps d’approfondir sa vision de l’engagement de nos troupes en Afghanistan : Il nous parle de l’ennemi Taliban, souvent un groupe d’une dizaine de combattants, connaissance parfaite du terrain, mobilité extrême, réseau de renseignements on ne peut plus efficace (dans tous les récits publiés, les soldats parlent d’Afghans les observant, tout en parlant dans un portable...), possibilité de se fondre immédiatement dans la population, n’ayant que peu (pas ?) de respect pour la vie des femmes et des enfants, n’hésitant pas à en faire des boucliers humains, sachant pertinemment que les occidentaux ne tireront pas…
Il s’intéresse même à la géopolitique, la famille Ben Laden ou l’économie basée sur la culture de l’opium (drogue de Tintin et le Lotus bleu, mais aussi la matière-première de la morphine).
L’opium fait vivre plus de deux millions d’afghans et génère des recettes estimées à 2,5 milliards de dollars, soit 35% du PIB de l’économie afghane en 2005. En 2009, on estimait à 1,6 millions le nombre de personnes impliquées dans ce secteur d’activité. 8% des Afghans sont dépendants de drogue, que ce soit l’opium ou l’héroïne. Le pays produit plus de 80% de l’opium de la planète.
Un fermier indique qu’il peut obtenir, sur une même superficie, 8kg d’opium qui lui rapportent 300€, au lieu de 850 à 1100kg de blé, de culture plus aléatoire, et ne lui rapportant que 200€.
Dans son VAB. photo © CCH Emmanuel Gargoullaud
Nous l’avons dit, notre secrétaire est avant tout un combattant. Pilote de VAB, il est intégré régulièrement à la QRF : Quick Reaction Force/Force de Réaction Rapide, qui intervient en soutien des troupes au contact.
Une explosion assourdissante retentit. Je suis tout d’abord sonné. Mon véhicule est envahi de pierres et de poussière. Je suis recouvert d’une fine couche de terre, lorsque je réalise, au bout de quelques secondes, que nous venons de subir une attaque. Dans l’obscurité, avec mon [dispositif de vision nocturne] OB70, je regarde autour de moi, puis palpe mes bras et mes jambes. Tout va bien.
Tout va bien heureusement pour Emmanuel, mais…
Le Caporal-Chef Hervé Guinaud, descendu pour guider l’un des trois VAB du convoi, a disparu.
Au bout d’interminables minutes, j’aperçois une lampe qui s’agite à une vingtaine de mètres de mon VAB. Aussitôt je réagis, allume ma lampe torche Surfire pour les éclairer et, dans le halo de lumière, j’aperçois un corps.
(…)
C’est bien Hervé.
(…)
Le souffle de l’explosion l’a projeté à 50 mètres du cratère laissé par l’IED.
Il n’a pas souffert.
* * *
Avec « L’Afghanistan en feu », son journal, le Caporal-Chef Emmanuel Gargoullaud s’est parlé à lui-même, mais il l’a fait suffisamment fort pour que nous l’entendions haut et clair. C’est heureux. Une indispensable pierre à l’édifice.
« La guerre peut parfois sembler monotone, jusqu’au jour où elle rappelle à chacun de nous que nous sommes payés pour tuer, et mourir. »
* * *
Engagé en 1995, Emmanuel Gargoullaud intègre le 1er Régiment de Hussards Parachutistes. Neuf ans plus tard, il rejoint le Régiment d’Infanterie Chars de Marine de Poitiers. Il a été déployé en République Centrafricaine, ex-Yougoslavie, Côte d’Ivoire et Afghanistan. Emmanuel est marié et père de deux enfants. Envisageant une carrière civile au retour d'Afghanistan, il a finalement décidé de poursuivre sa vie de marsouin.
Emmanuel, je tiens à te remercier chaleureusement pour l’accueil réservé à mes sollicitations et l’envoi de tes photos perso. Vraiment sympa !
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Hommage
Au Caporal-Chef Hervé Guinaud, mort pour la France en Afghanistan,
A tous les marsouins du Régiment d’Infanterie Chars de Marine, né Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc, morts pour la France,
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc aux Marsouins du RICM.
« Recedit immortalis certamine magno »,
Il revint immortel de la grande bataille !
Devise du RICM
photo © CCH E. Gargoullaud
Livre, récit biographique d'un Marsouin, RICM, Afghanistan
10:28 Publié dans Afghanistan, Marsouins, Bigors, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (1)
13/03/2013
"Ma Blessure de Guerre Invisible", Sylvain Favière, Infirmier-para, Ed. Esprit Com'
Cette chronique est dédiée à Laurence, épouse de Sylvain.
« Pour moi, les gens parlent trop. Ils ont des soucis, des buts, des désirs, que je ne peux concevoir comme eux.
Parfois, je suis assis là, avec l’un d’eux, dans le petit jardin d’un café, et j’essaie de lui expliquer que l’essentiel, en somme, c’est de pouvoir être assis là, tranquillement. »
"A l’Ouest Rien de Nouveau", Erich-Maria Remarque
Ma. Blessure. De. Guerre. Invisible. Avec ces cinq mots, Sylvain Favière donne le tempo. J’emploie ce mot, tempo, sciemment : son récit biographique s’apparente, en effet, à une mélodie - mieux, à une symphonie - allant crescendo.
Vous êtes confortablement installé dans votre fauteuil rouge. Le chef d'orchestre, soldat-compositeur, entre. Les musiciens débutent la partition.
C’est presque aérien, petite musique de chambre : La vocation d’infirmier de Sylvain, son attirance pour l’armée, son engagement chez les Paras.
Puis résonnent les premiers cuivres : son volontariat pour l’Afghanistan, s'éloigner de sa femme, de ses filles ; honneur, goût de l'aventure - qui n'effacent pas les doutes ; son départ, son arrivée au « Pays de l’Insolence ».
Photo © Sylvain Favière
A cet instant intervient un thème musical d’inspiration orientale : Sylvain est intégré, comme combattant-infirmier, dans une OMLT, unité de l’Armée Nationale Afghane, encadrée par les Occidentaux.
Il se sent proche de ces soldats Afghans, de fait, ses frères d'armes ; il fait de son mieux pour apprendre leur langue, partage le thé, et, évidemment, combat à leur côté.
« Leurs prières rythmaient leurs journées. Ils croyaient en l’éviction des balles, si Allah en décidait ainsi. Ils croyaient au châtiment de feu, en cas de faute. Leur manière de vivre et de penser était si différente de la mienne, Occidental, ayant accès à toutes les commodités du monde. Ils se complaisaient dans le peu, voire le rien, et Allah. Néanmoins, chaque soldat possédait un GSM…
Je leur disais que pour moi, il y avait des anges sur Terre, sous différentes formes. Ces anges vivaient parmi nous pour nous aider dans les moments difficiles. Ils semblaient comprendre. »
Photo © Sylvain Favière
Pas d’entracte. La musique ne s’interrompt pas, mais notre soldat-compositeur, introduit, à cet instant, des phrases musicales dissonantes.
« Avec mes camarades, nous échangions nos analyses sur l’éventuelle explosion d’un IED sous notre VAB. Je disais qu’en cas de survie, les douleurs provoquées par les fractures seraient insupportables. Entre les blessures, les équipements et l’environnement du véhicule, la désincarnation risquait d’être laborieuse. Bull disait que la tourelle de la mitrailleuse lourde pourrait céder et lui couper le tronc en deux. Cela s’était passé à Kaboul. Il ajoutait qu’avec une forte explosion, la mort serait instantanée. C’était presque l’idée que nous préférions. »
Puis tous les cors sonnent ! Les tambours grondent ! et… silence.
Retour en France.
Seul le premier-violon joue.
Photo ©Ministère de la Défense
« Qui se souviendrait des noms de nos camarades tombés au Champ d’Honneur ? Qui se rappellerait leurs noms ? »
Et joue encore,
« Personne ne s’intéressait à moi. A ce que je venais de vivre ? Parfois si. Il y avait bien quelqu’un qui me posait une question ou deux. Mais la complexité de la mission et les termes trop techniques ne permettaient pas une synthèse rapide. Alors, très vite, le désintérêt apparaissait sur le visage de mon interlocuteur. »
Joue...
« Je ne comprenais plus les gens. Je ne les intéressais plus. Je n’avais plus rien à leur dire. »
Et joue, et joue…
« Alors les larmes me montent. Elles remplissent mes yeux abondamment. Elles coulent le long de mes joues. Je retiens un instant mes sanglots, puis j’éclate en pleurs, criant tout ce que je peux. Je suis dans la pénombre, volets tirés. Parce que j’ai honte. »
Tambours ! Cymbales !...
« J’ai envie de tuer. »
Silence…
Alors, une petite flûte, toute douce, comme un murmure, bien agréable à nos oreilles.
« Je n’étais pas malade. J’étais blessé. »
Photo © Sylvain Favière
Et puis… Oh, ce n’est certes pas l’Hymne à la Joie, mais, à nouveau des cordes. C’est discret au début, mais on les entend. Et on va les entendre, jusqu’au bout de la partition, de plus en plus distinctement...
« Aujourd’hui, cette blessure est devenue une cicatrice, avec laquelle je vis (…) De temps en temps, elle s’ouvre un petit peu (…) Comme l’ange Saint-Michel avait dû veiller sur moi lorsque j’étais parachutiste de l’Armée Française en Afghanistan, je sais que quelque part, aujourd’hui, j’ai un ange gardien qui panse mes plaies quand elles s’ouvrent, arrêtant les saignements, et me permettant, ainsi, de repartir, soigné de mes maux. »
Le chef d’orchestre soldat-compositeur se retourne, il regarde la salle. Il salue.
Le public se lève.
Tonnerre d’applaudissements.
*
Sylvain Favière s'engage comme infirmier-para. En 2011, il est volontaire pour un déploiement en Afghanistan. Agé de 38 ans, il est désormais réserviste, salarié d'un service de santé au travail. Marié, père de trois enfants, il est aussi… grand-père :). Sylvain sera présent au Salon du Livre, Porte de Versailles, sur le stand de l'Armée de Terre (J53). Il se prêtera au jeu des dédicaces les 22 (10:00-14:00) et 23 mars (10:00-12:30). Liste complète des auteurs ici.
L’intégralité des droits d’auteur est versée à la CABAT – Cellule d’Aide aux Blessés de l’Armée de Terre
*
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Hommage aux blessés dans leur chair,
Hommage aux blessés dans leur cœur,
Hommage aux blessés dans leur âme.
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc aux Infirmiers-Paras, à tous les meurtris.
Sylvain, c'est toujours le même ange...
"Saint-Michel, défenseur des âmes justes,
Saint-Michel, consolateur des affligés…"
Litanie de l’archange Saint-Michel, Saint-Patron des Parachutistes
Livre, récit biographique d'un infirmier-para, témoignage stress post-traumatique, Afghanistan
11:35 Publié dans Afghanistan, Mili-Livre, Service de Santé, SSPT | Lien permanent | Commentaires (0)
04/03/2013
D’une Guerre à l’Autre – Yohann Douady – 2ème RIMa - Ed. Nimrod
- « J’ai fait tout ce qu’un soldat a l’habitude de faire.
- Pour le reste, j’ai fait ce que j’ai pu. »
- Etienne de Vignoles, dit La Hire, compagnon d’arme de Jeanne d’Arc.
Avec « D’une Guerre à l’Autre », le Sergent Yohann Douady nous livre une autobiographie de ses dix premières années de marsouin.
Quel bouquin ! Que les « petits » lecteurs ne s’effraient pas du nombre de pages : « D’une Guerre à l’Autre » se dévore ; j’avais grand mal à le refermer, même tard dans la nuit.
Après une rapide introduction sur la Bosnie, Yohann aborde en profondeur son déploiement en 2004, en Côte d’Ivoire. Il y vit les évènements tragiques du bombardement du camp français de Bouaké, dont il réchappe par miracle, mais où son ami le 1ère Classe Benoît Marzais meurt sous les bombes ivoiriennes, puis le drame de l’hôtel Ivoire, où le 2°RIMa ouvre un feu préventif, pour se désengager de la foule hostile, attisée par les « Jeunes Patriotes » pro-Gbagbo (1).
« Plutôt que de risquer d’affronter la foule, notre Commandant était prêt à sacrifier nos véhicules, après que nous nous soyons barricadés dans l’hôtel. Pour accroitre ce sentiment de malaise, nous reçûmes peu après un drôle de conseil qui nous fût transmis par notre Chef (…) : « Ce serait bien d’appeler votre famille une dernière fois… ». Nous nous regardâmes bizarrement. Certains se demandèrent alors s’il ne faudrait pas songer à garder une dernière cartouche, pour soi, au cas où… »
photo © Yohann Douady
Dans une seconde partie, courte mais intense, Yohann met en avant sa détresse au retour de Côte d’Ivoire. Relations tendues avec sa hiérarchie, compliquées avec la veuve de son ami Benoît. Incompréhension, engueulades, envie de tout envoyer bouler, détresse, alcool.
Terrain glissant diront certains : « un soldat peut souffrir, mais il le tait ». Et bien, au contraire, ces chapitres sont fondamentaux (2) ! Ils sont un encouragement pour les hommes amenés à vivre une situation comparable, car Douady trouve les clés pour se reconstruire : il se « pause », il parle, il accepte les mains tendues, il retisse des liens amicaux indispensables dans le contexte militaire, il se donne des ambitions, « fait » Saint-Maixent et est nommé sergent, rejoint la section Tireur d’Elite où il retrouve la place qui lui est due. Bravo pour ce sac vidé. Certes, dans la tête, rien n’est oublié, mais la clé se trouve bien dans l’échange et le partage.
photo © Yohann Douady
Enfin, une troisième partie, haletante, dans laquelle Yohann retrace son déploiement en Afghanistan en 2011. Là encore, c’est aussi terrible que brillamment conté. La fatigue, et le stress, et la peur, et la sueur, et la crasse. L’amitié, et la solidarité, et le courage, et la valeur, et l’engagement. Et le drame. Si cruel, après tant de mois de combats.
Quelques jours avant la fin du déploiement en Afghanistan, la section Tireurs d’Elite de Yohann prépare une dernière mission et charge son matériel dans un VAB.
- Explosion.
- (...)
- Yohann ne comprend pas.
- (...)
- "Skippy, blessé mais vivant ; Warren, indemne ; le chef Jérôme, blessé et pris en charge ; Mais où est Loulou ?"
- (...)
- Une grenade a explosé accidentellement.
- (...)
Chef Jérôme, Skippy, Warren, Loulou, Yohann - photo © Yohann Douady
« A l’image de la plupart de mes frères d’armes, je suis un caméléon, à la fois jeune homme et soldat, courage et peur, rires et larmes… Un caméléon qui se serait imprégné durant dix années de couleurs de la guerre, et dont la peau serait aujourd’hui pigmentée d’une multitude de teintes, allant de la nuance la plus éclatante au noir le plus sombre.
Chaque jour qui passe, je ne peux m’empêcher de plonger un pinceau dans cette palette pour tracer des toiles bariolées ou des fresques tourmentées que j’expose quelques secondes, quelques minutes ou quelques heures au plus profond de mon esprit. Une succession de scènes sauvages et parfois dantesques qui trouvent leur source dans ce que j’ai vécu, dans les situations de désolation effroyable ou d’humanité absolue que j’ai traversées.
La guerre n’est pas monochrome, c’est bel et bien un tourbillon de couleurs, capable de vous émerveiller, comme de vous donner le vertige, et bien sûr, de saturer votre regard, jusqu’à vous donner la nausée. »
(1) 2004. Nous gardons tous en mémoire cette opération difficile, où la force française Licorne s’interpose entre les deux factions rivales : celle du président Gbagbo au sud, celle d’Alassane Ouattara au nord. Ce qui devait être une opération de maintien de la paix, et de protection des ressortissants européens, trouve une apogée dramatique dans le bombardement par l’aviation de Laurent Gbagbo, du camp français de Bouaké (9 morts parmi les hommes des RICM, 2°RIMa et 515°RT, un civil américain, et des dizaines de blessés), puis les « évènements » de l’hôtel Ivoire, qui voient les soldats français acculés par la foule, radicalisée par le mouvement pro-Gbagbo des Jeunes Patriotes ; Yohann et ses camarades n’ont d’autre choix que de se dégager par des tirs indirects, faisant, hélas, une dizaine de tués parmi les manifestants.
(2) Cette démarche de transparence est approuvée au plus haut niveau hiérarchique militaire. Pas convaincu ? Lisez la préface du Colonel Héluin chef de corps du 2ème RIMa en 2010-1012, commandant le battle group Richelieu. Et, si cela ne suffisait pas, notez que « D’une Guerre à l’Autre » fait partie des trois sélectionnés pour le prix littéraire Erwan Bergot 2013 de l’Armée de Terre, comité présidé par le général Ract-Madoux… Chef d’Etat-Major de l’Armée de Terre…
Je reviens sur l’épisode tragique de l’hôtel Ivoire, avec une anecdote personnelle : en mai 2012, j’ai eu la chance de passer une semaine formidable en Auvergne, auprès d’un p’tit cousin militaire. Malgré sa conduite automobile *atypique*, je l’ai accompagné dans la préparation d’un camp scout. Deux jeunes chefs scouts nous accompagnaient, dont un Ivoirien, en école d’ingénieur dans la région. Au gré de la conversation, le sujet des évènements de l’hôtel Ivoire s’est présenté. L’ambiance s’est tendue de fait ; le p’tit-cousin étant passé par la Côte d’Ivoire. Le jeune Ivoirien, un gosse à l’époque, était présent devant l’hôtel, parmi les « jeunes patriotes », et nous manifestait son incompréhension : « Pourquoi les Français nous ont-ils tiré dessus ? J’étais à côté d’une femme. Elle s’est pris une balle. Elle est morte dans mes bras ». Ce n’était pas le lieu, pas le moment, d’aborder un tel sujet. J’ai donc, en "vieux sage", réorienté la conversation, suivi en cela par les garçons (certains ont encore du respect pour leurs aînés).
Yohann parle de cette femme, page 117. En terminant le chapitre, je me suis dit qu’après ces si dramatiques instants, vécus par les Ivoiriens, manipulés par la propagande de Gbagbo, livrés au phénomène de foule dont on connait la dangerosité; ces si dramatiques instants, vécus par les hommes du 2°RIMa, traumatisés par la mort de leurs frères à Bouaké, acculés par une masse menaçante, hors de tout contrôle, je comprenais les deux partis. Mais, tout en déplorant la dizaine de victimes civiles, je me suis dit que si les « jeunes patriotes » avaient eu affaire à d'autres hommes que Yohann et ses camarades, avec leur sang-froid et professionnalisme, ce sont des centaines de morts qui auraient gis devant l’hôtel…
Au risque de choquer, au final, il y avait de quoi se réjouir : je me suis réjoui que ce jeune Ivoirien, peu d’années après, soit avec nous dans cette voiture, en France, à suivre des études brillantes, à organiser un camp scout. Je me suis réjoui que la France lui ait donné cette chance. Je me suis réjoui que l’Ivoirien ait serré la main qui lui était tendue (ou l’inverse ?). Je me suis réjoui de le voir assis, à côté d’un milouf de l’Armée Française, en balade, dans notre belle Auvergne. Nous avons passé un week-end formidable tous les quatre, à traverser un torrent en cru, boire des bières (avec modération pour eux), dormir sous la tente (un peu de caillasse plantée dans le dos), remettre nos fringues humides après l’inévitable orage nocturne ; et pour moi, rajeunir de 20 ans.
Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, a été déféré devant la Cour Pénale Internationale de La Haye, pour crime contre l’Humanité. Il est accusé de meurtre, viol, persécution et actes inhumains.
En 2001, au soir même de sa dernière épreuve du baccalauréat, Yohann Douady s’engage. Il rejoint les valeureux marsouins du 2ème Régiment d’Infanterie de Marine de Champagné (Sarthe). Il est déployé en Bosnie dans la cadre de la SFOR, en Côte d’Ivoire à deux reprises (Opération Licorne). En 2005, il est nommé sergent. Il rejoint la section Tireurs d’Elite du 2°RIMa en 2007. En 2011, il est déployé en Afghanistan, au sein battle group Richelieu de la task force La Fayette.
Aux Editions Nimrod
...
Camp de Bouaké
« Je n’ai vu aucun cadavre français. Je n’ai rien vu. » Président Laurent Gbagbo, 11 novembre 2004, interview au Washington Post.
« Malgré toute notre tentative d’apporter des réponses allant dans le sens des autorités françaises, il nous revient avec force et évidence une seule réponse : il n’y a pas eu de soldats français tués lors des bombardements de Bouaké. » Ivorian.net, 12 novembre 2004.
« C’est bien beau de dire que ces soldats français ont été tués par les soldats ivoiriens. Encore faudrait-il que nous sachions si effectivement il y a eu des morts. » Tchimou Raymond, procureur de la République de Côte d’Ivoire, 18 janvier 2007, interview au Matin d’Abidjan.
« Les autorités françaises se sont empressées de rapatrier des cercueils, certainement vides, autour desquels un boucan énorme a été intentionnellement organisé pour susciter une vive émotion et la haine contre le régime ivoirien. » Le Temps, quotidien ivoirien, novembre 2009.
« Jusqu’à preuve du contraire, l’aviation ivoirienne n’a tué aucun soldat français. Cinq ans après les accusations farfelues des agents français, ils sont toujours incapables de fournir une once de preuve. » Abidjan Talk, août 2010.
Marsouin de 1ère Classe Benoît Marzais
Hommage
A l’Adjudant Thierry Barathieu, RICM, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
A l’Adjudant Philippe Capdeville, RICM, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Au Sergent-Chef Francis Delon, RICM, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Au Sergent-Chef Laurent de Rambure, RICM, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Au Caporal-Chef Patélisé Falevalu 2°RIMa, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Au Brigadier-Chef Franck Duval, 515°RT, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Au 1ère Classe Emmanuel Tilloy, 2°RIMa, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Au 1ère Classe David Decuypere, RICM, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Au 1ère Classe Benoît Marzais, 2°RIMa, ami du SGT Douady, mort pour la France au camp de Bouaké, Côte d’Ivoire,
Aux blessés.
Hommage
Au Caporal Alexandre Rivière, 2°RIMa, mort pour la France en Afghanistan,
Au 1ère Classe Cyril Louaisil, dit Loulou, 2°RIMA, ami du SGT Douady, mort pour la France en Afghanistan, mort au combat.
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc aux glorieux Marsouins,
Fidelitate et honore, terra et mare.
« La mort nous suit. On la combat, on la donne, pour que les nôtres l’évitent.
Un acte héroïque pour certains, et le plus terrible des péchés pour d’autres.
On n’oublie pas, on vit avec, et on passe outre »
1ère Classe Cyril Louaisil, lettre à ses parents
« Certains pourront toujours prétendre que nous n’avons influé sur rien, que ces dix années de guerre en Afghanistan ont été inutiles, mais il suffirait que germent les quelques graines d’espoir que nous avons semées lors de nos mandats successifs, pour que rien n’ait été inutile.
Et même si rien ne germe, pourquoi devrions-nous regretter d’avoir essayé ?
Pourquoi devrions-nous renier ceux qui ont été tués ou blessés, en essayant ?»
Sergent Yohann Douady
Livre, récit biographique d'un Marsouin, 2e RIMa, Bouaké, Hôtel Ivoire, Côte d'Ivoire, Afghanistan, témoignage stress post-traumatique, Afghanistan
17:41 Publié dans Afghanistan, Côte d'Ivoire, Marsouins, Bigors, Mili-Livre, SSPT | Lien permanent | Commentaires (0)
07/01/2013
197 Jours - Un été en Kapisa, Julien Panouillé, 1er RCP, Ed. Mélibée
Rendre son « journal » attrayant pour autrui est un art difficile. Julien Panouillé réussi brillamment ce challenge. Il est vrai qu'il a le sens de la chute, manie très naturellement la petite phrase percutante et le non-dit, qui en dit long...
On passe brutalement de l'action à l'attente, de l'exaltation au spleen, de la fraternité au besoin de solitude.
Lorsque l’on se remémore ses lectures, quand bien même on a le souvenir d’avoir aimé un livre, on en garde parfois peu de choses. Quand je pense « 197 Jours », me vient immédiatement l’image de Julien, se levant la nuit, pour fumer seul sa clope devant l’immensité Afghane (*). C’est un signe : Ce livre se vit plus qu'il ne se lit.
Saluons aussi les très belles préface (du Commandant de RAPTOR) et postface (du père de l'auteur).
(*) fumer, c’est mal.
"Vivre, ce n'est pas attendre que les orages passent ;
c'est apprendre à danser sous la pluie "
Le Caporal-Chef Julien Panouillé est né en 1988. Il est tireur d’élite longue distance au prestigieux 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes de Pamiers, poste qu’il occupe en Kapisa, durant l’été 2011. Je garde en mémoire qu’il est le tout premier à m’avoir fait l’honneur d’une dédicace. Et si vous le croisez, demandez-lui de remonter ses manches… (vous comprendrez).
photo© Sébastien P.
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Hommage :
Au Lieutenant Thomas Gauvin, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
A l'Adjudant Pascal Correia, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
A l'Adjudant Laurent Marsol, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
Au Caporal-Chef Cyrille Hugodot, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
Au Caporal Florian Morillon, 1er RCP, mort pour la France en Afghanistan
Aux 55 Chasseurs-Parachutistes du 1er, qui ont péri dans l’attentat du Drakkar, à Beyrouth ; à tous ceux morts en OPEX,
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du vieux Chasseur aux Bérets Rouges.
Et par Saint-Michel…
Livre, journal, récit biographique d'un Chasseur-Parachutiste, 1er RCP, Afghanistan
09:43 Publié dans Afghanistan, Chasseurs, Mili-Livre, Paras | Lien permanent | Commentaires (2)
04/01/2013
Engagé, Nicolas Barthe, 21°RIMa, Ed. Grasset
Pour faire contrepoids à la décision bien triste du Conseil de Paris, de refuser de dédier un espace aux soldats français morts en Afghanistan (*), lisez « Engagé », de Nicolas Barthe.
Cela relève du témoignage, mais se dévore comme un très bon roman.
C’est tout en pudeur, bien écrit. Parfois drôle, souvent émouvant. En un mot : passionnant.
Il ne tiendrait qu’à moi, « Engagé» serait imposé au programme de lecture des lycéens, car, au-delà du témoignage opérationnel très réussi, c’est une leçons de vie que nous donne Nicolas, garçon aussi brillant que sympathique. Respect.
Et puis, franchement, quelle couverture ! (n’est-ce-pas Mesdames ?) ;)
En repensant à "Engagé", me vient immédiatement à l'esprit le silence *assourdissant* de Nicolas, sur l'opération qui vît ses frères d'armes mourir.
Alors, n’en déplaise à certains, saluons comme il se doit la mémoire du LTN Mezzasalma, du SCH Mosic et du CCH Panezyck, tombés avec honneur en Afghanistan.
Et oui, l’honneur existe encore.
(*) Vœu présenté par le maire du XVI°, qui a reçu un vote « contre » des conseillers majoritaires. Voir ici.
Le Capitaine Nicolas Barthe est né en 1980 à Nice. Diplômé de l'Université de Sophia-Antipolis et Science-Po Paris, il s'investit dans le monde associatif et sportif. Il s'engage en 2003. Lieutenant, Chef de section de Combat au 21°RIMa, il est successivement déployé au Kosovo, en Guyane, et en Afghanistan. Nommé Capitaine, Barthe a rejoint le Régiment du Service Militaire Adapté de la Guadeloupe. En sus, Nicolas est un supporter (totalement partial J) du (petit J) club de foot OGC-Nice (ouhlala il ne va pas aimer… J) (heureusement, la Guadeloupe, c'est loin)
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Hommage
Au Lieutenant Lorenzo Mazzasalma,
Au Sergent-Chef Laurent Mosic,
Au Caporal Jean-Nicolas Panezyck,
marsouins du 21° et Sapeur du 13°, morts pour la France, en Afghanistan.
Aux Marsouins et Sapeurs morts en OPEX.
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du vieux Chasseur aux Marsoins,
Et au Nom de Dieu…
Livre, récit biographique d'un Marsouin, 21e RIMa, Afghanistan
09:42 Publié dans Afghanistan, Marsouins, Bigors, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (1)
03/01/2013
Afghanistan, Task Force La Fayette - José Nicolas - Ed. L'Esprit de Tous les Combats
Attention, chef d'œuvre.
Voici un livre-photo, formidable complément visuel aux témoignages des Barthe, Douady et autres Erbland. Je suis quelque peu contrarié du peu d'écho qu'il a suscité à sa sortie, car c'est une absolue réussite !
A tout Seigneur tout honneur : José Nicolas et ses photos, extraordinaires. José a l'indéniable talent de saisir l'instant. Ses clichés sont plus "scotchants" les uns que les autres. Attachez-vous aux regards des hommes et femmes dans l'action, vous comprendrez.
Une mention toute spéciale au chapitre "Le Repos du Guerrier".
Photo © José Nicolas
Coup de cœur pour celle-ci. En une image, José saisit toute la complexité du contexte Afghan.
Photo © José Nicolas
Ajoutons, et c'est fondamental pour un livre-photo : un "légendage" et des textes d'accompagnement pertinents (de Christophe Gautier), une conception graphique brillante, une superbe impression et un beau papier (recyclé !). Félicitations à toute l'équipe éditoriale !
Tout cela fait de "Task Force La Fayette" le cadeau idéal à faire à vos proches, intéressés par l'action de nos troupes en OPEX.
In-dis-pen-sable !
José Nicolas est né en en 1956. Photo-journaliste depuis 1984, il collabore avec des journaux régionaux et organisations humanitaires, avant de rejoindre SIPA Press. "Freelance" depuis 1995, il couvre les conflits du Tchad, Bosnie, Liban, guerre Iran-Irak, Somalie, Rwanda, Afghanistan... (oui, la liste est bien longue...) Retrouvez José sur son site, ici.
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Hommage :
Au Sergent Sébastien Vermeille, Photographe Sirpa-Terre, mort pour la France en Afghanistan,
A Yves Debay,
Aux reporters et photographes, civils et militaires, morts en OPEX,
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du vieux Chasseur aux *vrais* reporters de guerre
Livre, photos, Afghanistan
09:42 Publié dans Afghanistan, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (3)
02/01/2013
« Dix Semaines à Kaboul », Pr Patrick Clervoy, Service de Santé des Armées, Ed. Steinkis
- "Celui à qui la guerre ne fait point horreur, c'est lui, le vrai lâche."
- Jean Simard, écrivain Québécois
Le Professeur Patrick Clervoy, médecin militaire, nous fait partager le journal de bord de ses dix semaines passées en 2011, au sein de l’hôpital militaire de Kaboul.
Une baffe.
En guise de préambule, au risque d’être trivial, rappelons que le personnel de Santé est exposé aux mêmes risques que les autres militaires.
En Afghanistan, les véhicules ambulances ne sont pas marqués d’une croix (voire d’un croissant) rouge ; ils deviendraient dès lors la cible privilégiée des Talibans…
Peu avant l’arrivée du Pr Clervoy à Kaboul, un colonel Afghan est entré dans une salle de planification située dans la base de l’hôpital militaire, et a abattu froidement 8 américains, avant de se faire éliminer par la garde (à noter que, lors des obsèques de ce colonel, 15 000 personnes étaient présentes… ).
photo © Ministère de la Défense/ecpad
Les médecins, infirmières et infirmiers, brancardiers-secouristes, sont des combattants, mais avant tout, ce sont des combattants pour la Vie.
Ce ne serait pas faire honneur aux sacrifices de nos troupes que de se contenter des mots « blessé », « amputé », « mort ». Ce sont des paravents, et, par confort moral, on ne veut surtout pas regarder ce qui se cache derrière. C’est, de notre part, une forme de lâcheté.
La lecture de « Dix Semaines à Kaboul » est donc incontournable, aussi difficile, « émotivement parlant » soit-elle.
photo via Theatrum Belli
Attendez-vous à être secoués, malmenés, dérangés : l’effroi dans les yeux, le corps en charpie, la souffrance à devenir fou, le sang qui pisse, l’aorte à clamper, l’os à scier.
Oh non, Clervoy ne nous ménage pas. Il nous fracasse même un peu.
Alors, oui, on se réjouit, admiratifs de l’engagement des hommes et femmes du service de Santé : la petite fille est sauvée, le civil sort de son délire et sourit, le soldat a les clés pour se reconstruire, alors qu’il a tué d’un tir accidentel son camarade (chapitre bouleversant).
Oui. On se réjouit. Mais parfois…
- Les traces de sang ont été nettoyées,
- Les mains sont propres,
- Le visage couleur de cire est celui d'un jeune homme aux traits fins et réguliers.
- "Il est beau", dit l'une des personnes qui l'ont préparé.
Je défie quiconque de ne pas terminer certains chapitres les yeux embués (si c’était le cas, placez la main sur votre poitrine gauche. Vous vous apercevrez que vous n’avez pas de cœur).
Hôpital Militaire International de Kaboul, photo © Ministère de la Défense
N’oublions pas que Clervoy est psychiatre. C’est donc au sortir de la salle d’opération, ou après les combats, qu’il intervient. Il est là pour prendre la main de ces filles et garçons, déboussolés, traumatisés, perdus dans un brouillard délétère. Il les fait sortir de ce brouillard, il leur désigne une petite lumière, celle indispensable à leur reconstruction psychologique.
D’une certaine façon, il applique la même démarche à nous, lecteurs : il nous prend, nous aussi, par la main, et nous aide à sortir d’une autre forme de brouillard : celui de la naïveté, des idées reçues, de l’hypocrisie, de l’égoïsme. Il nous montre à nous aussi une petite lumière : celle qui, désormais, nous interdira de commenter les news de cette façon : « un 5ème soldat est mort au Mali. C’est triste. Tu m’passes le sel ? ».
Caporal Alexandre Van Dooren, 1er RIMa
Mort pour la France au Mali
- Derrière ces mots,
- des soldats ont perdu leur camarade,
- des parents ont perdu leur fils,
- une jeune-femme a perdu son compagnon,
- une petite-fille de deux ans a perdu son papa,
- un bébé à naître ne connaîtra jamais son papa.
Nul homme n’est une île.Tout homme est un morceau du continent. Si une parcelle de terre est emportée par la mer, l’Europe entière en est lésée, comme s’il s’agissait de la maison de tes amis, ou la tienne propre.
La mort me diminue, car je suis solidaire du genre humain. Alors, n’envoie jamais demander : Pour qui sonne le glas ?
Il sonne pour toi.
John Donne, Poète anglais (1572+1631), en introduction à « Pour qui sonne le glas », Ernest Hemingway
Merci Professeur pour votre livre. Merci pour cette baffe. Une baffe salutaire.
*
Patrick Clervoy est né en 1958. Médecin-psychiatre (Santé-Navale), il est titulaire de la chaire de psychiatrie à l’Ecole du Val-de-Grâce, spécialiste des traumatismes psychiques, membre du groupe de travail OTAN sur le stress et le soutien psychologique. Auteur de plusieurs livres, il est déployé régulièrement en OPEX.
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Je tiens à remercier tout particulièrement Ainara
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Hommage
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Au Premier-Maître Frédéric Paré, infirmier, Commando Marine, mort pour la France en Afghanistan,
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Au Sergent-Chef Mathieu Toinette, infirmier, 402ème RA, mort pour la France en Afghanistan,
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Au Caporal-Chef Rodolphe Penon, infirmier, 2ème REP, mort pour la France en Afghanistan,
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Aux médecins, infirmières et infirmiers, brancardiers-secouristes, sauveteurs au combat, morts pour la France,
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Aux blessés.
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Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc au personnel de Santé, combattants de la vie.
"Mari transve mare, pro patria et humanitate, hominibus semper prodesse"
Sur mer et au-delà des mers, pour la Patrie et l'Humanité, toujours au service des Hommes
Devise de l'Ecole de Santé des Armées
Livre, récit biographique d'un médecin militaire, Afghanistan
09:39 Publié dans Afghanistan, Mili-Livre, Service de Santé | Lien permanent | Commentaires (0)