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15/11/2019

« Entre mes hommes et mes chefs – Journal d’un lieutenant au Mali », CNE Sébastien Tencheni, EEI 2/12e Cuirs, éd. Lavauzelle

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

« Il est plus beau d’éclairer que de briller »

Saint Thomas d’Aquin

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EEI 2 - Escadron Leclerc

Ça y est, me voilà parti avec mes hommes, dans l'immensité du désert et tel un oiseau, je déploie mes ailes, formant un V inversé avec mes VBL. Quelle magnifique sensation de liberté au milieu de cet océan de sable. Des paysages tellement différents défilent sous mes yeux : le sable fin d'un jaune éblouissant laisse la place à une terre noire et d'un coup, on se croirait au pied d'un volcan, la chaleur aidant mes pensées à s'évaporer. Puis, en un instant apparaissent des arbres, des petits nuages de verdure au milieu de ce ciel jaune, nuages grignotés par des troupeaux de dromadaires et enfin le campement, petit à petit, se dévoile derrière les vagues de chaleur. Le chef de peloton reprend la place qu’il avait laissée un moment à ce visiteur du ciel, car la mission prime sur l’évasion.

Mali, 1er Juin 2014

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La [Force de réaction rapide] est mise en alerte, car un Mirage 2000 risque de se crasher dans la région de Gao. Je sais que tout est prêt, que chacun de mes hommes est au courant, mais l'excitation monte tout de même, comme avant tout départ en mission. C'est assez bizarre comme sensation : il y a un mélange de peur, due aux responsabilités et aux risques, et d'envie d'aventure, de découverte. Cette sensation vous prend le bas du ventre, des nœuds se forment, une sorte de mal-être apparaît, mais il est rapidement compensé par un cœur qui bat la chamade et vous rend impatient. Vous n'attendez qu'une seule chose : un ordre de départ.

9 juin 2014

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J'avais convenu de récupérer des cartons de rations (…) Ce petit transfert m'a permis de voir un fait de comportement que la psychologie sociale pourrait étudier : l'effet d'une femme dans un environnement d'hommes. Alors que mes hommes transportaient les cartons un par un, tout en traînant les pieds à cause de ce travail fastidieux que je leur ordonnais d'effectuer, voilà qu'un personnel féminin du détachement des transmissions, qui plus est charmant, arrive ; je vois tout d'un coup mes jeunes éclaireurs rouler les manches de leur t-shirt jusqu'aux épaules, faisant paraître leurs biceps, porter maintenant deux cartons et avoir un grand sourire sur leur visage à chaque passage devant leur nouvelle motivation. Il a fallu que je remercie donc cette personne d'avoir permis d'accélérer cette manœuvre logistique…

19 juin 2014

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Qu'il est difficile de se forcer à rester à sa place, de voir les autres personnels aider à soulever ce VBL, à extraire le blessé. Mais il le faut lorsqu'on est chef. Si je m'en vais, qui commandera le peloton ? Qui donnera des ordres de sécurisation de site ? Qui rétablira le dispositif de mes VBL si la situation change ? Qui donnera des ordres d'ouverture de feu si nous nous faisons attaquer ? Etre chef peut paraitre parfois dur. Peut-être les hommes me voient-ils comme un chef indifférent, sans compassion ? Il faut cependant faire avec. C'est dans ces moments-là que l'on comprend ce que l'on appelle la solitude du chef. Sentiment difficile à supporter, mais nécessaire pour mener à bien des hommes.

16 juillet 2014

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« Entre mes hommes et mes chefs - Journal d'un lieutenant au Mali », par le CNE Sébastien Tencheni, EEI 2/12e Cuirs.

Très sympathique journal de marche d'un jeune officier, témoignage inédit sur les missions d'un escadron d'éclairage et d'investigation sur VBL, au Mali et Niger en 2014, beaucoup de liberté dans le propos, envers ses chefs, ses hommes, la France...

Lecture vivement recommandée.

Aux éditions  Lavauzelle, 21€, disponible ici

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Avec le capitaine Sébastien Tencheni au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan 2019.

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L’Escadron d’éclairage et d’investigation de la 2e Brigade blindée / EEI 2 est l’héritier des traditions de l’Escadron de Protection du Général LECLERC, créé à Témara au Maroc en 1943 en même temps que la 2e Division blindée.

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Hommage

A l’ADC Dejvid Nikolic, 1er REG, mort pour la France au Mali pendant le déploiement du CNE Tencheni,

A tous les morts pour la France dans la bande Sahélo-Saharienne,

Aux blessés,

Aux victimes du crash au Mali du vol 5017 d’Air Algérie le 24.7.2014.

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Nous nous arrêtons une première fois à l'ouest de Bourem pour déjeuner et pour changer une roue du VBL d'Azur 10. Il a également eu une panne avant l'arrivée en ville. Serait-il devenu le nouveau Murphy ? Nous reprenons la route et je croise de nouveau ces paysages magnifiques et encore une fois, je repense à ma lecture de Terre des hommes et posant les yeux vers le ciel, je vois le pilote Saint-Exupéry au-dessus de moi, avec son avion de l'aéropostale, en train de battre des records afin de relier les hommes. Je suis dans son ombre, même vitesse, même destination, même route. Tout comme lui, périodiquement, je regarde ma carte, ma boussole, ma jauge carburant. Tout comme lui, je me repère en gardant le fleuve Niger sur ma gauche, avançant le doigt sur ma carte à chaque traversée de village. Tout comme lui, j'admire ce paysage alternant les dunes, les broussailles, les arbustes, puis les baraques, les troupeaux, les hommes. Tout comme lui, nous apportons de l'espérance aux hommes, lui, en les libérant de leur isolement, transmettant les nouvelles de la Terre ; nous, en les libérant du joug djihadiste, assurant la protection bienveillante de la France.

Capitaine Sébastien Tencheni

 

 

 

 

 

 

14/09/2019

« Une femme à Dien Bien Phu », Geneviève de Galard, Convoyeuse de l’Air, éd. Les Arènes

 

 

« C’est impossible, dit la Fierté,

C’est risqué, dit l’Expérience,

C’est sans issue, dit la Raison,

Essayons, murmure le Cœur »

William Arthur Ward

 

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En cet après-midi d'avril 1954, Haas, jeune légionnaire allemand, affiche toujours un moral d'acier. Pourtant, s'il veut tenir debout, il est obligé de s'appuyer de son moignon sur mon épaule...

Caporal au 2e BEP, Haas a été blessé il y a trois semaines. Atrocement mutilé par des éclats d’obus, il a dû être amputé des deux bras et d’une jambe. Et pour éviter le risque d’infection, les moignons ont été laissés à vif. Chaque pansement provoque ses hurlements. Avoir dix-huit ans à Dien Bien Phu...

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Hôpital souterrain de Diên Biên Phu. Opération du Dr Grauwin

Ce jour-là, profitant d'une accalmie, mon jeune légionnaire avait manifesté le désir de respirer un peu d'air frais à l'entrée de l'antenne chirurgicale qu’il n'a pas quittée depuis le jour de son opération. Il m'avait demandé de l'accompagner. Nous voilà donc partis tous les deux dans le long couloir sombre, moi le soutenant de mon mieux en m’efforçant de ne pas raviver ces douleurs, lui sautant à cloche-pied, s'appuyant sur moi.  Sa volonté et son courage me bouleversent plus que je ne peux le laisser paraître. 

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Geneviève de Galard à Diên Biên Phu

Le jeune garçon contemple à mes côtés le paysage désolé du champ de bataille. La rizière autrefois verdoyante, aujourd'hui poussiéreuse et labourée de débris d'acier ; les pitons si chèrement défendus, mais dont la terre ne renferme plus qu'un vaste cimetière ; les sombres collines où guettent les canons vietminh ; et cet enchevêtrement de tranchées et ce réseau de barbelés qui ont transformé la plaine en une gigantesque toile d'araignée. Il me dit alors :

« - Geneviève, quand tout cela sera terminé, je vous emmènerai danser. ».

***

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« Une femme à Dien Bien Phu », Geneviève de Galard, Convoyeuse de l’Air.

Difficile d’aborder ce livre sans émotion. Tout est dit nous semble-t-il avec les quelques extraits de cette humble recension. Nous ne complèterons que par une anecdote, rapportée par Mme de Galard elle-même lors d’une conversation :  alors qu’elle visitait les patients de l’Institut des Invalides où elle avait longtemps œuvré, elle y retrouva une amie, notre cousine Anne Broquet, ancienne « reine-mère » des Convoyeuses de l’Air, condamnée par la maladie. Celle-ci lui dit « Geneviève, j’ai égaré ton livre. Pourrais-tu me rapporter un exemplaire ? Sa relecture va me donner du courage ».

Aux éditions Les Arènes.

Paru en 2003 mais se trouve toujours facilement, y compris d’occasion, à des prix très raisonnables.

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Avec Geneviève de Galard et son époux le Colonel Jean de Heaulme.

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Pierre-Noël de Cornulier-Lucinière, 1er BPC, 19 ans, parachuté sur Diên Biên Phu en mai 1954, mort dans les camps vietminh en juillet.

Hommage

Aux morts pour la France à Diên Biên Phu et dans les camps vietminh,

Aux blessés,

A tous « Ceux d’Indo »,

A nos chères Convoyeuses de l’Air, à la mémoire de leur chef la LCL Anne Broquet

Couchée par terre sur des parachutes, je ferme les yeux mais je ne dors pas. Je suis minute par minute ces heures tragiques. La radio rend tout proche le drame. Je vis avec les combattants les moments d'espoir extraordinaire, lorsqu’un point d’appui est repris, et les moments affreux, lors des adieux émouvants d’un commandant d’unité :

« Les Viets sont à dix mètres. Embrassez nos familles. Terminé pour nous. »

Geneviève de Galard, Une femme à Dien Bien Phu

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Geneviève de Galard, libérée par le Vietminh

Son visage est recouvert de pansements, ses mains sont bandées comme celles d’une momie. Dès que je le peux, je viens lui glisser un petit mot, lui apporter une boisson ou une cigarette que j’allume moi-même. Le jeune homme, dont le moral est excellent, finit par mettre de l’animation et apporter un peu de gaieté autour de lui. Lorsque son état est stabilisé, il s’essaie, de ses pauvres mains mutilées, à jouer de l’harmonica, et il y réussit, à la plus grande joie de ses camarades.

*

Ces souvenirs continuent de hanter mes songes et mes nuits, chaque fois que j'ai à en parler. Ils portent une part d’enfer. Et pourtant, je parviens toujours à retrouver un coin de lumière en les évoquant. Quand un petit air d'harmonica se met à me trotter dans la tête, je ne pense plus qu'à la tendresse du regard de ces hommes dont j’ai essayé d'atténuer la souffrance.

Geneviève de Galard, Une femme à Dien Bien Phu

 

 

 

 

 

 

 

21/08/2019

« Démineur », ADC (er) Victor Ferreira, Légion étrangère, éd. Louis de Mareuil

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation des auteur et éditeur. Droits réservés.

 

« C’est dans les grands dangers qu’on voit les grands courages »

Jean-François Regnard, poète, 1655+1709

 

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« Notre ami de la Légion étrangère, Victor, récidive en publiant ce livre-regard : cette fois sur les démineurs, après s’être penché sur ses frères d’armes dans « Légionnaire ». On ne sera pas surpris de retrouver dans ces pages les deux « organes » essentiels qui lui permettent, derrière les visages, de chercher les âmes : le cœur et l’œil. Le coup de cœur et le coup d’œil ! Ces deux instantanés combinés disent beaucoup de choses en peu de place et permettent de partager l’aventure de ces hommes-courage, de ces démineurs qui se portent au-devant du danger, par amour des autres, par fraternité, par goût du défi, par recherche de la solidarité, de l’adrénaline en situation extrême ou pour repousser les limites du danger. »

COL (r) Pierre Servent, préface à « Démineur »

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C’est ma première opération extérieure. J’en avais une idée préconçue du fait de tout ce que m’avaient raconté les anciens, sur le mode « Tu verras là-bas… ». Finalement, je découvre un monde assez différent. Et je mène des actions inimaginables pour moi auparavant. La tâche est immense pour ramener la paix dans ce pays. Pour ma part, je sais que je vais sonder le sol, un travail long et minutieux. Je me suis beaucoup investie, et pendant des mois, pour réussir ma formation. Je ne vais certainement pas gâcher cette occasion de montrer ma valeur. Je n’ai pas encore découvert d’engin, mais j’en ai très envie. Je veux savoir comment va battre mon cœur.

Charlotte, 19 ans, Kidal, Mali

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Il faut être humble et sur ses gardes face au risque. Nous sommes tous confrontés à la même limite : la mort. Pour continuer à m’en sortir vivant, je redouble d’ingéniosité et je développe mon expertise. Même si la religion est importante pour moi, quand j’ai besoin d’aide, je choisis la logique, la science et le savoir. Cependant, depuis que je suis EOD, je traîne toujours avec moi le même petit sac d’intervention. Il est bien amoché mais je ne pars jamais sans lui.

Greg, 45 ans, Saint-Christol

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Régulièrement, je prends le temps de le baigner, de le frotter, de lui masser les coussinets (ils sont protégés en opération par des chaussons qui limitent les effets de l’abrasivité du sol). Il me semble même que mon chien veille sur moi. Il m’observe sans cesse et, lors de mes absences, je sais qu’il ne reste pas tranquille. Je m’occupe parfois mieux de Fils que de moi.

Henry, 30 ans, et son chien Fils, Gao, Mali.

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Je n’ai aucune idée du nombre d’engins que j’ai neutralisé. Suffisamment pour en avoir des sueurs froides en tout cas. Il arrive parfois que l’ennemi acculé pose l’engin n’importe comment… Sur le moment, je suis dans ma bulle. Je ne me rends pas tellement compte du danger. Seulement après, une fois l’IED neutralisé, des gouttes dégoulinent sur mon front.

Nicolas, 40 ans, Montauban.

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« Démineur », ADC (er) Victor Ferreira

Dans le même esprit que « Légionnaire » et toujours aux éditions Louis De Mareuil, un recueil de photos-portraits prises sur le vif et sans artifices – marque de l’artiste -  accompagnées de textes-interviews. On y retrouve bien sûr des sapeurs, mais aussi des plongeurs-démineurs, des spécialistes de la Police, de la Sécurité civile, en France, au Mali... Joliment qualifié, et de manière pertinente, de « livre-regard » par Pierre Servent dans la préface.

Nous « croyons » savoir (par l’ami Victor lui-même J) qu'il ne s'agit que du début d'une série. Tant mieux ; le format est intéressant et la qualité est là, pour un prix abordable (20€).

Mais nous ne dévoilerons pas la prochaine arme abordée…

Disponible ici.

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« Légionnaire » a été abordé ici et « La Légion dans la peau » .

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Hommage

A tous les démineurs morts pour la France, morts en service commandés,

aux blessés,

à leurs proches et camarades.

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Depuis que je suis dans le métier, beaucoup de choses ont changé. A commencer par les moyens de détection et les appareils de plongée. Ce qui ne change pas, c’est l’action finale : il faut toujours un plongeur pour aller coller la charge contre la mine…

Martial, 50 ans, Brest

 

 

 

 

25/07/2019

F.I.L.M et Triomphe 2019

Photos © A. Broquet/Blog milittéraire Une Plume pour L’Epée.

 

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Retour en image sur nos rencontres-retrouvailles avec les mili-auteurs au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Que du beau monde, et encore ne présentons-nous que celles et ceux abordant le récit. Désolé pour nos amis versant dans l'histoire, la stratégie ou la BD, qui présentaient également des livres, forcément d’un grand intérêt.

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Remise du prix des Cadets 2019 au LTN (r) Aude Nicolas pour sa biographie du Général Lasalle, figure mythique de la cavalerie de la Grande Armée, parue aux éditions Bernard Giovanangeli (maison d'édition recommandée, discrète bien que possédant un très beau catalogue mili). Entourée par le GAL Labuze, venant de quitter le commandement des écoles, et le LCL Jean Michelin, lauréat 2018 avec « Jonquille » que nous avons abordé ici.

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Avec le CNE Sébastien Tencheni. Un auteur que nous "pistions" depuis longtemps tant nous étions intéressés par son récit « Entre mes hommes et mes chefs » : Cuirassier déployé au Mali en 2014, il livre au jour le jour son ressenti sur ce théâtre exigeant, ses réflexions sur ses hommes, son unité, l'institution militaire et son pays, avec ses yeux de jeune officier. Placé sur le dessus de la pile des « à lire ».

Aux éditions Lavauzelle, disponible ici.

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Retrouvailles toujours heureuses avec notre camarade le LCL Remi Scarpa, l'un des parrains du blog, auteur des très beaux "Offensive éclair au Mali" et "Engagés pour la France - 40 ans d'opérations extérieures, de Kolwezi à l'Irak", ce dernier avec le COL Haberey.

Aux éditions Pierre de Taillac, disponibles ici.

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Avec le CNE Benjamin Petit, à qui l'on doit la publication d'un manuscrit de son grand-père Victor Petit, "Balade guerrière, souvenirs de temps de guerre, 1940 - 1944", déjà lu et apprécié : Tout jeune ouvrier-fraiseur de Bréguet, Victor est embarqué dans la tourmente de 40, rejoint Bordeaux à vélo, part en cargo pour l'Angleterre puis finalement l'Afrique du Nord. Il s'engage au nouveau-né 1er RCP, participe à la libération de la France et est blessé sur le front des Vosges... Une jolie brique de plus pour le #DevoirdeMémoire.

En autoédition, il est possible d'obtenir le livre en passant directement par l'auteur, via sa page Balade guerrière, souvenirs de temps de guerre, 1940 - 1944.

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Avec le CF (er) Jean-Paul Jannin. Les témoignages de Marins sont rares, donc profitons de son "Un Corse en mer" reprenant toute sa carrière, engagement en 1959 comme radio dans la Royale, guerre d'Algérie, les sous-marins, la marine marchande et les Douanes en Afrique... Très sympathique.

Jérôme Do Bentzinger Editeur, disponible ici

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Avec Marc Juinat et Pierre Martinet qui renouvellent le roman d'espionnage avec "Captain". L’abondance d'images de nos JT et les milliers de relais des réseaux sociaux nous masquent trop souvent ce qui se trame réellement au plan international. Qui tire les ficelles et qui tient la caméra ? Quels sont les enjeux politiques et où sont les intérêts de notre nation ? "Captain" est un roman de fiction qui condense le temps et quelques affaires qui émaillèrent notre imaginaire collectif ces dernières décennies, entre magouilles politiques et affaires d’état médiatisées, entre complots et fake-news..."Mer agitée" est le premier opus d’une série où Captain trouvera sur son chemin des conseillers ripoux, une banque qui flambe, un criminel de guerre, des comptes en Suisse, les maîtresses du Président, le suicide d’un ex-ministre...

Éditions des 3 hibouks, disponible sur les grands sites du Net, par exemple ici.

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Avec les ADJ Damien Charlier et CDT Eva Renucci, auteurs de "Pierre Sellier : Le clairon de l'armistice". Un projet que l'on aime bien, initié par l'adjudant Charlier, logisticien passionné d'histoire et le commandant Renucci, œuvrant au SHD : Le 7 novembre 1918, le CPL Pierre Sellier est désigné pour déclencher une sonnerie de cessez-le-feu lorsque l'arrivée des représentants du gouvernement allemand est annoncée. Il s'agit d'un beau combattant dont la croix de guerre porte plusieurs clous en bronze et en argent. La légende s'installe ensuite. En effet, pour une majorité des combattants, l'armistice c'est avant tout un son, celui d'une sonnerie réglementaire de l'armée française, celle du cessez-le-feu. La presse s'empare d'un nom, celui du clairon Pierre Sellier, qui devient ainsi le clairon de l'armistice.

Aux éditions Le Livre d'histoire-Lorisse, disponible ici.

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Avec le CDT Julien Monange, auteur de "Arcanes et tranchées". Ouvrage original qui allie réalité historique et poésie. Reposant sur plusieurs rapports et récits, il retrace les étapes de la Grande Guerre à travers plusieurs fronts. À chaque évocation historique s'en suivent deux à quatre poèmes en lien avec les événements décrits permettant de mieux comprendre la perception des faits par les Poilus. Chez Energeia Editions, disponible ici. Récupéré au salon donc pas encore lu, mais intrigant.

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Notons aussi que le CDT Monange est auteur de "La légion arabe de 1917", histoire peu connue d'une force composée de volontaires bédouins et levantins, prisonniers ou déserteurs ottomans, venant en appui des colonnes tribales de l'émir Fayçal et du Colonel Lawrence contre les Turcs. CNRS Editions, disponible ici

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Avec Stéphanie Trouillard. Encore une histoire #Devoirdemémoire comme on les aime. 12 juillet 1944 : des rafales de mitraillettes brisent le silence de l'aube dans une ferme du Morbihan. André Gondet, 23 ans, s'écroule sous les balles au milieu de ses camarades résistants. Ce sanglant épisode marque les habitants des environs au fer rouge. Dans la famille Gondet, la douleur serre la gorge et scelle les lèvres. La souffrance est aussi vive que silencieuse. Soixante-dix ans plus tard, André n'est plus qu'un nom sur un monument aux morts. De lui, il reste seulement un portrait dans un vieux cadre accroché sur un mur de la maison familiale. Une photo qui finit par attirer le regard et la curiosité de l'une de ses petites nièces : Qui était cet homme dont son grand père ne prononçait pas le nom ? Quel était son combat ? Par quoi était-il animé ?

Ainsi est né "Mon oncle de l'ombre", enquête de Stéphanie Trouillard sur la vie et le destin de son grand-oncle André Gondet.

Chez Skol Vreizh Edit, disponible par exemple ici.

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Avec Dominique Féger-Penhoat présentant "Les trois cousines en Indochine". L'histoire d'une quête : la recherche par l'auteur de ses racines vietnamienne et de son grand-père, militaire de la Coloniale :

Née en France en 1954, Dominique est elle-même fille du CBA Yves Féger, Marsouin, combattant d'Indochine, d'Algérie et du Tchad. Il a épousé une jeune eurasienne, Laï, ce qui signifie sang-mêlée en vietnamien. La mère de Dominique est en effet le fruit d'un amour entre une vietnamienne, Nung Thi Liem, et, déjà, un officier de la Coloniale, présent en Indochine dans les années 20.

Mais dès lors l'omerta a joué, et l'identité du grand-père reste inconnue. Ne subsiste que la photo où on le voit, avec la grand-mère de Dominique, Nung Thi Liem, et Laï enfant.

Découvrant le "mystère" familial, Dominique n'a de cesse de retrouver l'identité de son grand-père, quête toujours d'actualité... et nous souhaitons à Dominique qu'elle aboutisse.

Editions Atelier Fol'Fer, disponible ici.

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Avis de recherche…

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Très heureuse surprise de tomber sur le [SCH>LTN] Yohann Douady, présent à Coëtquidan non pour le festival, mais comme accédant à l'épaulette avec l'ESM4. Auteur du *magnifique* "D'une guerre à l'autre" abordé sur le blog il y a bien longtemps ici et toujours disponible aux éditions Nimrod ici.

Yohann espère retrouver ses chers Marsouins. Il perdra sa qualification tireur d'élite mais fera un bien bel officier, médaillé militaire en sus... Il nous a aussi fait part d'un nouveau projet d'écriture, actuellement en gestation.

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Les lauréats du prix des Cadets 2019 et 2018, LTN (r) Aude Nicolas et LCL Jean Michelin

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Mais pas de F.I.L.M sans Triomphe…

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Comme le veut la tradition, les 3ème bataillon de l’ESM et 2ème Brigade de l’EMIA ont reçu leur nom de baptême. Ce sera, pour les Saint-Cyriens de la 205e promotion : « Compagnons de la Libération », et pour les Dolos de la 58e : « Uskub », remettant en lumière une victoire méconnue des Chasseurs d’Afrique et Spahis du corps expéditionnaire français dans les Balkans en 1918 ; ni plus ni moins qu’une charge de cavalerie ! Vous en saurez plus sur le site de la promotion ici

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Nous en profitons pour souhaiter bon vent au 1er bataillon de France (alias « Général Loustaunau-Lacau »), à la « Général Le Boudec », au 4e Bataillon, officiers rang, OAEA et OAES, OSC et officiers de réserve ; une bonne continuation à la « Général Fourcade » ; avec tous nos vœux de réussite aux cadets des 205e promos de la Spéciale et 59e de l'EMIA.

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Chic à Cyr !

 

 

 

 

 

01/07/2019

« GIGN, Confessions d'un Ops », ADC (er) Philippe B alias Aton, avec le MAJ (er) Jean-Luc Riva, éd. Nimrod

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation des auteurs et de l’éditeur. Droits réservés.

 

« Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, le panache n'est qu'une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force (l'esprit qui voltige n'est-il pas la plus belle victoire sur la carcasse qui tremble ?) que, tout de même, c'est une grâce que je nous souhaite. »

Edmond Rostand

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« Bianchi s'est fabriqué un couteau et le garde cranté sur la carotide du Psy. Ce gars-là va aller au bout ».  Les deux hommes sont plantés au milieu de la coursive, blottis contre le mur gauche, assis sur deux chaises, le psychologue dans les bras de Bianchi, une pointe de verre pressée sur la carotide. Pas besoin d'être un cador en balistique pour imaginer qu'en cas de tir, Bianchi serait projeté en arrière par l'impact de la balle et enfoncerait son couteau artisanal dans la gorge de l’otage.

Prise d’otage d’un psychologue pénitencier par le prisonnier Bianchi à Fleury-Merogis, 1.9.2008

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Il est 20h30 et un chariot avec du café destiné aux prisonniers est prêt à s’ébranler, mais nous attendons encore… L’attente avant l’action me ronge, mais je dois rester concentré (…) Je me mets à trembler. Ce tir va à l’encontre de l’éthique du Groupe, qui consiste à préserver des vies au péril de la sienne. Mais il faut pourtant bien que quelqu’un s’acquitte de la mission ! L’issue va être fatale. Je le sais, mais il faut l’accepter, comme Bianchi l’a peut-être lui-même déjà accepté.

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Philippe B & Glock 19.

Le temps se fige. Mes quatre compagnons se muent en statues tandis que la louche rebondit, produisant un faible bruit métallique qui me fait l'effet d'un coup de tonnerre. Dans la même fraction de seconde, je bondis sur ma gauche pour me décaler, remonte le Glock à hauteur de mes épaules et tends les bras. Bianchi regarde furtivement dans la direction de l'objet qui vient de tomber, puis ramène son regard vers moi. Moi, je ne vois que son cou, et c’est là que je décide de loger ma balle. Feu.

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Philippe B dans son box, caserne du GIGN, Satory

Il est minuit quand nous quittons la prison et reprenons la route de Satory.  Assis à l'arrière du Chevrolet, je me laisse bercer par les lumières de la ville. Derrière certaines fenêtres toujours éclairées, des gens aiment, rient ou dorment.  Ils apprendront demain qu’un preneur d’otage a été « neutralisé » à Fleury-Merogis. De mon côté, j'ai surtout l’étrange sensation qu'une partie de moi-même m'a quitté avec Bianchi. Christian Prouteau a coutume de dire : « Nous traînons nos morts derrière nous ».

***

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« GIGN, Confessions d'un Ops », ADC (er) Philippe B, avec le MAJ (er) Jean-Luc Riva

Il existait déjà de très beaux témoignages d'Ops, préfet Prouteau, Montins, Delsaut, et autres pères fondateurs, mais cette fois, nous sommes plongés dans le corps d’élite de la Gendarmerie Nationale d'aujourd'hui. Parcours de Philippe B, personnage hors-normes, sergent-appelé du 1er RCP, quêtant le GIGN comme son Graal. Sélection/entrainement "viril" (ça pique !), déploiements en Irak, Guinée, Libye, au Kosovo, mise hors d'état de nuire de forcenés, jusqu'à l'élimination des djihadistes en 2015, tout cela raconté sur un ton sans filtre, si ce n'est, à l'occasion, "rentre-dedans" (à la lecture, des sourcils ont dû se froncer de-ci de-là...).

Ecrit avec le camarade Jean-Luc Riva, ancien du 13e RDP et du Renseignement, dont le talent d'auteur est désormais de notoriété publique.

A lire, évidemment.

Aux éditions Nimrod, 21€, disponible ici.

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L’adieu aux armes de Philippe B. Décembre 2018, Satory

Philippe a quitté le GIGN en décembre dernier et, outre la promotion du livre (suivez les annonces de rencontres/dédicaces sur GIGN, Confessions d'un Ops, la discussion vaut le coup : le bonhomme est extrêmement sympathique ; physique guerrier mais sourire omniprésent), il se lance dans une carrière d'acteur. Voir sa page Aton.

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Avec Jean-Luc Riva et Philippe B au bien connu magasin d’équipement Welkit de Montrouge.

***

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Hommage

Aux membres du GIGN morts pour la France, morts en service commandé

Raymond Pasquier, 23.4.1977

Henri Jacques, 25.3.1881

Jean-Louis Maussion, 7.6.1982

Patrick Berteau, 20.7.1989

Jean-Michel Pignon, 7.3.1990

Eric Arlecchini, 28.11.1996

Antonio Capoccello, 28.11.1996

Jean-Louis Prianon, 26.6.1997

Frédéric Mortier, 19.1.2007

Ludovic Riondet, 8.6.2010

Cédric Zewe, 7.11.2013

 

Les chiens Arno et Rolympe, 3.11.1982

Rick, chien de « Joe Forest », 28.2.2005

 

Aux blessés,

A leurs proches.

***

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Philippe B en rappel d’un hélico, tout sourire, évidemment.

Toutes ces années, Philipe a eu le sourire, l'esprit qui domine le corps et la plaisanterie face au danger. S'il avait été soldat de l'Empire, on l'aurait vu à la bataille d’Eylau en colonel-major Lepic, s'adressant à ses Grenadiers à cheval qui baissaient la tête sous les boulets pour leur crier : « Haut les têtes ! La mitraille n’est pas de la merde ! ». 

MAJ (er) Jean-Luc Riva

 

 

 

 

07/06/2019

« Médecin en Afghanistan », MC Etienne Philippon, SSA, OMLT 3-Kandak 2, éd. Lavauzelle

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

 

Mari transve mare, pro patria et humanitate, hominibus semper prodesse.

Sur mer et au-delà des mers, pour la Patrie et l'Humanité, toujours au service des Hommes.

Devise de l'Ecole de Santé des Armées

 

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Tous, nous savons que la vie est précaire ici. Nous sommes tous face à notre destin, à la fatalité. En faisant mes derniers préparatifs, j'ai l'étrange sensation, certainement comme mes camarades, de penser, comme avec un voile noir, à l'éventualité cruelle de ne jamais ranger à nouveau mes affaires au retour, tant ce retour est incertain. La sensation est particulière en fermant la porte de mon box. Le mot « servir », que beaucoup ont oublié, nous a réveillés cette nuit. Je pense très fort à ma femme.

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Mentoring médical par le MP Philippon

En arrivant au poste médical de Tora, Thomas me dit qu'ils viennent d’évacuer un militaire qui, étant gunner arrière du dernier VAB, s'est pris une balle très superficiellement dans le haut du thorax, à trois cent vingt mètres de l'entrée de la FOB. L'axe est pourtant sûr et surveillé et jamais aucune attaque n’a eu lieu à ce niveau. Le tireur isolé a été vu par la victime, mais trop tardivement. Il pourrait s'agir, d'après ce qui se dit, d'un individu voulant régler un compte à la force française. D’après l'hôpital, où le gars a déjà été pris en compte, c'est bien une balle de 7.62 qui s'est fichée tangentiellement entre la Frag et l’épaule du sacré chanceux. La balle sera retirée sous simple anesthésie locale.

Je constate alors que deux heures après l'incident, c'était moi qui, passant au même endroit, était gunner arrière de mon VAB SAN, dernier VAB de notre petit convoi.

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Soldats français et afghans, opération Snakes’nest, mars 2011. Issue du reportage du Ministère des armées ici. Crédit EMA. 

Nous nous suivons à travers champ, le long d'un muret qui nous arrive au genou. Pascal est derrière moi. Nous sommes en queue de colonne ; quelques soldats afghans nous suivent. C’est le début de l'après-midi, le soleil est resplendissant. Le silence est parfait, les hélicos ne sont pas en Bédraou. Un sentiment de sérénité, de balade du dimanche après-midi et d'abandon m’envahit, sentiment rapidement estompé par mes douleurs musculaires et articulaires. Mais désormais chaque pas me rapproche du Chinook de ce soir. Je récite spontanément un « Je vous salue Marie », en écho à ce bonheur qui me prend. Cette satisfaction est mélangée à une anxiété enfouie. Brutalement, plusieurs rafales claquent.

Opération Snakes’nest, mars 2011

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MP Etienne Philippon

La vie est belle après la bataille. C’est la joie de respirer tranquillement. Je constate que, comme parfois ceux qui sortent des hôpitaux, plus on est passé proche de la mort, plus on a le sens de la vie. Drôle d’euphorie. La minute présente, écrasée jusque-là entre le passé lourd de danger et l'avenir redoutable, cesse d'être toute petite. Les minutes semblent remplir tout le temps de leur plénitude, comme l'espace de notre popote parait avoir l'immensité du monde.

***

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« Médecin en Afghanistan – Journal de marche d’un médecin militaire ordinaire en opération extérieure »

Très intéressant journal de marche qui complète magnifiquement la bibliothèque des Afghaners par la vision d’un jeune « doc » : le Médecin en chef (LCL) Etienne Philippon, Service de Santé des Armées, par son récit intime et très bien mené, nous éclaire sur la mission d’un médecin de terrain, mais aussi sur le « mentoring » ; il a en effet été intégré lors de son déploiement en 2010-2011 à l'OMLT 3, 56 soldats essentiellement du 4e RCh, ayant pour mission d’encadrer, former et appuyer sur le terrain un bataillon afghan, le Kandak 2, 3e Brigade, 201e Corps de l’Armée nationale afghane (ANA).

Nous en profitons pour saluer respectueusement l’engagement et l’abnégation des hommes et des femmes du Service de Santé, médecins, infirmiers, sans oublier les auxiliaires sanitaires des antennes médicales, des régiments et du Régiment médical.

Aux éditions Lavauzelle, disponible ici

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Avec le MC Etienne Philippon, salon des Ecrivains-Combattants 2016 et Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan 2018

***

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Hommage

Au MED Marc Laycuras, SSA, mort pour la France au Mali le 2 avril 2019,

A tous les médecins, infirmiers du Service de Santé des Armées,

Aux auxiliaires sanitaires des antennes médicales, des régiments et du Régiment médical.

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L’OMLT 3 – Kandak 2. MP Philippon 5e à partir de la gauche.

Il fait frais la nuit et l'excitation du retour m’a sorti de mon lit Picot à 4h30. Toute l’OMLT dort encore profondément. Après une bonne douche chaude, je me mets à marcher dans le camp sans croiser grand monde, alors que le jour se lève. Une sensation d’euphorie et de corps léger me prend. J'ai l'impression de ne rien avoir oublié ce mandat. Tout ce que j'ai vécu s'est gravé dans ma mémoire. Ce stratagème de mon inconscient vient peut-être du fait de l'omniprésence du risque. Comme j'ai naturellement craint la mort en Afghanistan, le désir de vivre pleinement est maintenant plus fort que tout, même sans avoir le moyen ici et aujourd’hui de pouvoir l’assouvir. C'est vrai, je ne me suis jamais senti aussi vivant qu’aujourd'hui, ou peut-être n’ai-je jamais ressenti l’envie de vivre aussi intensément.

MP Etienne Philippon, Kaboul, avril 2011.

 

 

 

 

 

09/05/2019

« Jonquille – Afghanistan 2012 », CBA Jean Michelin, 16e BCP, éd. Gallimard

Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

 

Compagnons, 

j'ai voulu vous parler de ces choses

et dire en quatre mots pourquoi je vous aimais.

Lorsque l'oubli se creuse au long des tombes closes,

je veillerai du moins

et n'oublierai jamais.

 

Capitaine Emmanuel de Borelli

 

 

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L'opération s'est bien passée, sans incident. Le soleil se couche paresseusement, mais l’air est encore lourd et je sens un goût de sel et de poussière sur mes lèvres. Un de mes soldats traverse le parking en traînant les pieds. Il porte négligemment sa mitrailleuse sur l’épaule, accentuant une démarche chaloupée. Son visage est couvert de poussière et de sueur, ses chaussures sont sales. Il semble peiner sous le poids d'un gilet pare-balles presque trop grand pour lui. Sa musette est entrouverte et pendouille mollement sur son dos. Dans son cou, on voit dépasser un tatouage approximatif. 

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Photo extraite d’un reportage de l’AFP sur le 16e BC en Afghanistan, 2012. A voir ici

Je le connais bien, je l'ai parfois puni pour des bêtises sans gravité, des retards, une bagarre à la sortie d’un bar le samedi soir. C'est une tête de mule, distrait, maladroit, parfois indiscipliné. C'est aussi un type souriant, rustique, plus à l’aise sur le terrain que dans une salle de cours. Un Jeune soldat, un engagé volontaire comme il en existe beaucoup mais aussi une personne avec un nom, une histoire. Lorsqu'il passe à ma hauteur, il me sourit discrètement et je hoche la tête en réponse.  Il a les traits tirés.

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Un peu plus loin, j'aperçois un groupe d'officiers de l'état-major de la brigade. Ils rentrent de l'Ordinaire et vont retourner à leur poste, certains devant sans doute prendre le quart pour la nuit. Les tenues sont impeccables, les allures sportives et élégantes, les coupes de cheveux millimétrées. Mon petit gars arrive à leur hauteur et se fige dans un garde-à-vous exagérément raide. Les officiers saluent. Il n'est pas très beau mon soldat, mais il redresse la tête, tire imperceptiblement les épaules vers l'arrière pour bomber son torse maigre, puis reprend son chemin en roulant exagérément des mécaniques.

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A cet instant précis, il marche comme si la base toute entière lui appartenait. Il marche avec la fierté d'un César vainqueur. Il marche seul, superbe, immense pour un instant. Peut-être que je l'ai imaginé, mais il y a eu du respect dans le regard des officiers ; un soupçon d’envie même. Il est 18 heures, la fin d'une journée ordinaire, la routine terrifiante d'un été en Afghanistan, et pendant une seconde, mon petit soldat avec sa mitrailleuse sur l’épaule est devenu le centre du monde.

***

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« Jonquille – Afghanistan 2012 » par le Chef de bataillon Jean Michelin.

La collection « blanche » de Gallimard, s'il vous plait, aux côtés des Hemingway, Camus et autre Céline… voici un livre qui n'était pas passé inaperçu à sa sortie. Une plongée dans la vie de la compagnie « Jonquille » (du nom d'une couleur de tradition des Chasseurs) du 16e BCP en Afghanistan en 2012, époque du désengagement français, au travers de la vision de son jeune commandant.

Alors bien sûr, d'aucuns diront que notre affection revendiquée pour les Chasseurs à pied en général et du 16 en particulier, et le fait de retrouver au fil des pages bien des amis (ou a minima des connaissances), pourraient, un chouïa, influencer notre jugement. Nous avons aussi conscience que certaines parties ont pu agacer des camarades. Reste que nous avons trouvé ce livre remarquablement écrit, ce qui en fait, dans notre esprit, l'un des très beaux récits sur la guerre d’Afghanistan.

Prix des Cadets 2018, prix de l'UNOR 2018, mérités.

Aux éditions Gallimard.

Disponible partout.

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Salon du Livre 2019, conférence (de gauche à droite) de Nicolas Mingasson & CNE Mathieu Fotius, auteurs de « Pilotes de combat » abordé ici, CBA Jean Michelin, COL Gilles Haberey (en direct du Mali), auteur de nombreux livres dont récemment « Engagés pour la France : 40 ans d'OPEX, 100 témoignages inédits » avec le LCL Remi Scarpa, aux éditions Pierre de Taillac.

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Avec le CBA Michelin, février 2019.

***

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Hommage

MAJ Thierry Serrat, GIACM,

ADC Franck Bouzet, 13e BCA,

ADJ Stéphane Prudhom, 40e RA,

MCH Pierre-Olivier Lumineau, 40e RA,

BCH Yoann Marcillan, 40e RA,

morts pour la France en Afghanistan pendant le déploiement du Battle Group Acier,

à tous les morts en Afghanistan,

aux blessés,

à leurs proches.

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Avec Mme Lumineau, maman de MCH Pierre-Olivier, à Saint-Cyr Coëtquidan, 2017.

***

« Codex » par Radiohead 

Greg faisait l’idiot, Mathieu faisait mine de s'énerver, je prenais un air faussement patriarcal en tâchant d'arbitrer les querelles, puis la conversation mourut doucement. Les premiers accords de piano de Codex résonnèrent dans la nuit et comme à chaque fin de mission depuis plusieurs mois, le temps se figea. Nous fumâmes gravement, l’œil perdu dans l'horizon lointain, et lorsque ce fût terminé, sans que nous n’échangions un mot, lorsque, soulagé et triste, je me levais pour enfiler mon treillis propre, mon treillis du retour à la maison, lorsque nous eûmes éteint nos cigarettes et coupé le son de l'ordinateur, lorsqu'il n'y avait plus rien à ajouter à cette histoire, j'échangeais un regard brillant avec Greg et Mathieu, et je sus que j'étais prêt.

CBA Jean Michelin

 

 

 

 

11/03/2019

« 20 ans sans une égratignure », LCL Sylvain Mazzocco, 4e RHCM, EH 01.067 « Pyrénées », éd. Baudelaire

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

 

« Toute ombre est fille de la lumière et seul celui qui a connu la clarté et les ténèbres, la guerre et la paix, la grandeur et la décadence, a vraiment vécu » 

Stefan Zweig

 

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« Goma est bombardé ! On desserre les Pumas sur Bukavu ! Mazzocco, va débâcher le Puma canon. Quant aux mécanos, vous restez sur site. Si notre camp est bombardé, vous n'avez qu'à vous abriter dans les fossés ! ». Cette dernière remarque me glace le sang mais je m'exécute en silence après un « Reçu ! » de rigueur. Je cours jusqu'au parking des hélicoptères. Au moment où j'enlève les bonnets des pales, je suis surpris par une violente explosion près de moi. Je perçois en même temps le souffle et le claquement sec de l'obus de mortier qui vient de tomber. Je suis surpris et bien sonné. Le goût métallique est celui de mon propre sang qui se répand dans ma bouche tandis qu'un bourdonnement aigu envahit ma tête.

Rwanda, 1994

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 Sylvain Mazzocco, remise de son brevet de pilote, Dax, 1993

Au moment où je regagne mon P4, je suis interpellé par deux hommes qui en portent un troisième. Ce dernier est terriblement amaigri. Il n'y a pas besoin d'être médecin pour comprendre qu'il est atteint du choléra et que la fin est proche. Ils me supplient de faire quelque chose (…) Par pitié, je me rends dans la file d'attente d’une ONG voisine, afin de plaider sa prise en charge prioritaire. Arrivé devant le médecin, je lui demande de s'occuper de cet homme qui risque de mourir d'un moment à l'autre. Le médecin pose ses affaires sur sa table, se tourne vers moi et prend le temps de réfléchir à sa réponse. Elle est sans appel : « Mais jeune-homme, tout le monde meurt, ici ».

Rwanda, 1994

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Opération « Carbet », détachement Armée de l’Air, Haïti 2004

Je vais au cinéma avec des collègues voir un chef d’œuvre inconnu : « Tears of the Sun ». Dix ans après le Rwanda, le thème des « larmes du soleil » m’avaient interpellé. Devant ce film à la gloire des militaires américains, nous ne manquons pas de railler les extraordinaire compétences du soldat Bruce Willis. Nous rigolons beaucoup, au grand dam de nos voisins, jusqu'à l'entrée de notre super héros dans un village. Un massacre est en cours. Instantanément, je reçois une claque, d’une intensité jusqu'alors inconnue. Elle raisonne dans ma tête. Les exactions des génocidaires rwandais ne sont que suggérées. En un flash, je les vois, ou je vois celle que j'ai vues dix ans plus tôt. Femmes éviscérées, nourrissons calcinées. Et aussi violemment qu'elles sont arrivées, ces visions d'horreur disparaissent, me laissant hébété sur mon siège.

ETOM, Martinique, 2004

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2010-2011. La 18e promotion « Charles de Gaulle » de l’Ecole de Guerre, dont Sylvain Mazzocco est président

C'est la nuit. Je suis dans mon lit, dans mon studio parisien. Je dors. Des bruits, une Lumière, une odeur. Je me réveille. Je suis trempé de sueur. J'ai froid. Ma tête est vide. Elle était pleine il y a quelques instants, je ne sais déjà plus de quoi. J'ai un goût de sang dans la bouche. J'ai dû me mordre.

C'est l'après-midi. Je ferme les yeux et profite de quelques minutes de solitude pour régénérer mes batteries. Je rêve. On me frappe. Je me réveille en sursaut.

C'est la nuit. Je dors depuis quelques heures. Des bruits. Une lumière, une odeur. Je suis en sueur.  J'ai froid. J'ai un goût de sang dans la bouche. Mes oreilles bourdonnent.

C'est l'après-midi. Une claque. C’est la nuit. Le sang coule dans ma bouche. C’est l’après-midi. Une gifle.

C'est la nuit. L'obus de mortier monte sur Goma. Il arrive droit sur moi. C'est l'après-midi. Des coups.  C'est la nuit. 17 juillet 1994. Goma. L’obus de mortier monte. Je sais qu'il vient sur moi. Il explose à mes pieds. Non, c'est une roquette afghane. L’odeur de la poudre. Le goût du sang. Après-midi. Gifle. Nuit. Goma. Obus. Roquette. Explosion. Sang.

Ecole de Guerre, Paris, 2011

***

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Contrariant une destinée semblant toute tracée devant le mener, comme son père avant lui, à la maçonnerie, Sylvain Mazzocco devient sous-officier pilote de Puma dans l’ALAT. Après l'EMIA et pour continuer à piloter, il rejoint l'Armée de l'Air. Déployé au Tchad, au Rwanda, en Ex-Yougoslavie, en RCA, en Haïti, en RCI, en Afghanistan et au Sahel, son parcours est superbe, son rêve d'ado accompli, son histoire proche du conte de fée. Si ce n'est qu'un jour, après 20 ans de carrière opérationnelle, ayant frôlé la mort mais s’en étant sorti « sans une égratignure », et alors qu'il a intégré la 18e promotion de l'Ecole de Guerre, le LCL Mazzocco est foudroyé par le SSPT.

Cette chronique, qui se concentre sur la cause et les effets de sa blessure psy, ne rend d’ailleurs pas honneur à l’ensemble du livre où nous suivons Sylvain dans toutes ses OPEX.

Tout bonnement passionnant.

Aux éditions Baudelaire, disponible ici.

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Sylvain Mazzocco et Mr Jaurand, vétéran de la Grande-Guerre, 1998 

En 1998, Sylvain Mazzocco, alors Dolo de la 37e promotion « Grande Guerre », participe avec ses camarades à une œuvre de mémoire, parcourant la France à la rencontre de vétérans de la 1ère guerre mondiale pour recueillir leurs témoignages. Un livre conclura le projet, « Un poilu m’a dit », disponible en version numérique gratuite ici

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LCL Sylvain Mazzocco, Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan 2018

***

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Hommage

A tous les pilotes, navigants et personnels au sol des unités d’hélicoptères des Armées.

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A tous les blessés de guerre par SSPT.

*

Ecoute Défense

08 08 800 321

Numéro gratuit accessible à tous les militaires, anciens militaires et civils de la Défense, qui sont confrontés à la difficulté d’exprimer leur souffrance ou sont témoins de celle d’une personne de leur entourage.

***

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Sylvain Mazzocco en RCI, 2005 

- Les blessures les plus graves ne sont pas forcément celles que l'on voit, mon Colonel. Je pense que vous êtes victime d'un choc post-traumatique suite à votre engagement opérationnel au Rwanda.

Elle s'arrête un Instant pour me laisser le temps de la réflexion et peut-être pour que je fasse un petit commentaire. Je ne sais pas quoi dire. En agitant légèrement la tête droite à gauche et sans me quitter du regard, elle poursuit.

- L'institution que je représente ici ne vous lâchera pas. Cet après-midi vous avez rendez-vous avec un commandant de la Cellule d'Aide aux Blessés, Malades et Familles de l'Armée de l'Air. C'est un type extraordinaire, il va vous plaire. Il s'occupera de vos problèmes matériels et moi je m'occuperai du reste.

Elle pointe son index vers le ciel et lui fait faire un léger cercle.

- Vous allez revoler, mon Colonel.

Hôpital Percy, SMPCAA (Service Médical Psychologie Clinique Appliqué à l'Aéronautique), 2011

 

 

 

 

 

17/02/2019

« Bernard Dargols, un GI français à Omaha Beach », Caroline Jolivet, éd. Ouest-France

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

Nous devons toujours prendre parti.

La neutralité aide l'oppresseur, jamais la victime.

Elie Wiesel

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Nous pensions être les premiers à toucher la plage. Prendre l'ennemi par surprise, c'était ce que j'espérais, non pas par bravoure, mais pour avoir ainsi plus de Chance de nous en sortir. Mais au fur et à mesure que nous contournions le Pays de Galles se sont agglutinées autour de notre bateau dix, cent et même plusieurs milliers d'embarcations, d'autres Liberty Ships, mais aussi de petites barques et des navires de guerre immenses. Ce spectacle était incroyable. Comment pouvions-nous, si nombreux, ne pas être repérés par l'ennemi ? Je redoutais que les Allemands, cachés dans leurs casemates où tout l'horizon leur était bien visible, ripostent en conséquence à notre arrivée. J'avais cependant la sensation étrange que si, par chance, je réussissais à mettre un pied sur le sol français, je finirais par m'en sortir.

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Bernard Dargols devant sa Jeep « La Bastille ». Archives familiales Dargols, droits réservés.

La barge avança vite puis s'arrêta. Elle s’approcha lentement de la côte. Nous attendions les nouveaux ordres. Encore une demi-heure s'écoula avant que l'immense rampe à l'avant ne commence à se déployer vers la plage, trente minutes qui parurent interminables, durant lesquelles nous étions coincés dans cette soute inondée par le bruit incessant des bombardements et d’où on ne voyait rien. L’idée de revenir en France et surtout l’espoir de revoir ma famille après l’avoir quittée six ans me submergeait.

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Photo publiée dans la presse américaine. Au centre Bernard Dargols, à gauche Marie-Jeanne Brossard qu’il retrouvera bien des années plus tard. 15 juin 1944, Cerisy-la-Forêt

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Nous reprîmes la route vers Brest. Notre convoi ne passait pas inaperçu. Les enfants étaient fous de joie, déchaînés, dansaient et chantaient. Les hommes levaient le bras et formaient le V de la victoire, d'autres saluaient, d'autres encore nous tendaient des verres de vin ou de cidre, et les femmes et les jeunes-filles criaient, hurlaient, « Vive l'Amérique ! Vive l'Amérique ! », nous envoyaient des baisers et nous jetaient des fleurs. Je croyais rêver.

***

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Voici le récit d'un parcours exceptionnel : en 1939, Bernard Dargols, jeune parisien, est en stage à New York lorsque la guerre éclate. De confession juive, sa famille restée en France est évidemment en grand danger. Son père et ses frères arrivent à fuir la France occupée, mais sa mère, ses grands-parents, restent à Paris. Bernard décide dès lors de s'engager dans l'armée américaine. Sous-officier de la Military Intelligence Service, il débarque en 1944 en Normandie et sert au sein des renseignements militaires de la 2e Division d'infanterie US « Indian Head ». Parcourant l'avant-front, collectant des informations sur les troupes allemandes auprès des Français, il participe à la libération de la Normandie, de la Bretagne et des Ardennes.

Ecrit en collaboration avec sa petite-fille Caroline Jolivet. Livre très réussi, de nombreuses photos issues de la collection familiale, une belle œuvre de mémoire intergénérationnelle. A lire !

Aux éditions Ouest-France, disponible ici. 14€.

Une version anglophone et augmentée a été publiée par Pen & Sword Military en 2018, disponible ici. £19.99.

Une version "audio" est en cours d'élaboration.

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Avec Bernard Dargols et sa petite-fille Caroline Jolivet lors de leur conférence à Rocquencourt en 2015.

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Hommage

Aux soldats de l’Indian Head,

A tous les combattants du jour J et de la Libération,

A toutes les victimes, civiles et militaires, du régime Nazi.

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Novembre 1944, Bernard Dargols au siège du Counterintelligence Corps, place de l'Opéra. Archives familiales Dargols, droits réservés.

Il n'y avait quasiment pas de circulation automobile dans Paris, du fait de la rareté de l'essence. Je m'apprêtais à partir pour aller voir mon copain Max. Ma mère m'a dit : « Fais attention en traversant la rue » en refermant mon col pour que je ne prenne pas froid. Moi qui venait de participer au Débarquement.

 

 

 

 

 

10/01/2019

« Pilotes de combat », Nicolas Mingasson, d’après un récit du CNE Mathieu Fotius, ALAT, éd. Les Belles Lettres

Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

« Ce qui donne un sens à la vie

donne un sens à la mort »

Antoine de Saint-Exupéry

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Déjà, nous tombions. Le temps des sensations n'est pas celui du temps qui passe. Combien de milisecondes se sont écoulées entre le moment où tu réalisas que la turbine nous lâchait et celui où je réalisais, moi, que nous allions tomber ? Rien d'autre que le temps d'un éclair, rien d'autre qu'une fraction de temps qui ne laissa de place pour aucune pensée. Ni pour la vie que nous allions quitter, ni pour ce que nous allions laisser derrière nous. Non, je n'ai pas eu le temps de penser à la mort qui nous attendait et de laquelle nous nous rapprochions inexorablement. Trente mètres… Non je n'ai pas eu le temps de penser à Stéphanie. Vingt mètres… Non je n'ai pas eu le temps de regretter de finir ici seul avec toi dans cet étroit cockpit au cœur d’un massif afghan qui avait refusé de nous laisser la moindre chance. Dix mètres… Et tu vois, Mathieu, je ne me souviens même pas m’être préparé à l'impact. C'était écrit, c'était ainsi, et j'attendais. Cinq mètres…

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Les chiens aboient et moi je crève. Mon CIRAS m'étouffe. Mon casque m’assomme. Les chiens aboient et je ne peux pas bouger. Je me traîne dans le sable et la poussière. Qu'est-ce que c'est que ce merdier ?! Je vire mon casque, c'est déjà ça. Pour le reste, impossible de m'extraire de mon pare-balles ; j'ai beau me contorsionner, me débattre comme un poisson jeté sur une rive sablonneuse, rien à faire… je dois être lamentable. Il faudrait que je me lève, que je m'assoie, que je bouge, mais mes jambes refusent de répondre, de faire le moindre mouvement. Elles m’ont abandonné. En tout cas, je n'ai pas mal, c'est toujours ça.

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J'ai capté de nouveau et de très loin le souffle des deux machines. Mais surtout ne me demande pas combien de temps s'était écoulé, je serais incapable de te le dire. Deux Black Hawk se rapprochent de nous, volent vers nous. Les entends-tu, les vois-tu nous survoler, passer à notre verticale ? Faut-il y croire ? Faut-il prendre le risque d'y croire ? Mais oui ! Oui ! Ils se mettent à décrire une large boucle et viennent se poser derrière nous dans un immense nuage de sable à et de poussière. Voilà, c'est fini ! Je vais enfin pouvoir fermer les yeux sans avoir peur de sombrer dans le désespoir et de renoncer. Je vais enfin pouvoir laisser un grand vide en moi.

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Les lieutenants Mathieu Fotius et Matthieu Gaudin en Afghanistan. Photo prise le matin de l’accident. Droits réservés.

Tu n’es plus là ! Tu n’as pas survécu au crash. Le destin t’a envoyé sur un autre chemin que celui de cette salle d'Urgence où nous aurions dû nous retrouver, où nous aurions attendu ensemble notre rapatriement en France, où nous aurions échangé des regards que nous seuls aurions compris, où nous aurions, déjà peut-être et malgré la douleur, commencé à débriefer notre vol, le chasse-poussière, la turbine, le crash… ces dernières minutes où nous avons lutté ensemble, côte-à-côte. Nous aurions essayé de comprendre… Mais tu n'es plus là.

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En 2011, les lieutenants Mathieu Fotius et Matthieu Gaudin du 3e RHC sont déployés en Afghanistan. Le 10 juin, quelques jours après leur arrivée sur le théâtre d’opération, leur Gazelle est prise dans une terrible tempête de sable et s'écrase. Le LTN Gaudin décède de ses blessures.

Fruit de la collaboration entre le CNE Fotius et l’écrivain Nicolas Mingasson, voici un texte court, intense, bouleversant, brillamment écrit. Un superbe hommage au capitaine Gaudin, à la fraternité d'armes et aux bérets cobalt, qui a largement mérité le prix Erwan Bergot attribué par l’Armée de Terre en 2018. A lire impérativement.

Aux éditions Les Belles Lettres, disponible ici.

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Lors de notre belle rencontre avec le CNE Mathieu Fotius au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtiquidan 2018.

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Avec Nicolas Mingasson et Pauline Maucort au F.I.L.M. 2017.

Nicolas est en outre auteur de « Journal d’un soldat français en Afghanistan », publié chez Plon, « Afghanistan – La guerre inconnue des soldats français » abordé il y a 6 ans (déjà !) ici et « 1929 jours : Le deuil de guerre au XXIe siècle », éditions Les Belles Lettres ; Pauline Maucort de « La guerre, et après… » également aux Belles Lettres.

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Hommage

Au CNE Matthieu GAUDIN, 3e RHC, mort pour la France en Afghanistan ; à ses proches,

au CNE Mathieu Fotius, 3e RHC, blessé de guerre, et à tous ses camarades de l’ALAT,

à tous ceux qui sont tombés en Afghanistan, aux blessés.

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CNE Matthieu Gaudin. © famille Gaudin

Ces mois entiers de préparation et d'entraînement pesaient de plus en plus lourd à mesure que nous nous rapprochions du premier vol. Sortir, voler, était aussi une libération, une délivrance. Enfin allions-nous pouvoir plonger dans les paysages immenses et d'une beauté majestueuse qui nous séparaient des zones de combats. Enfin allions-nous pouvoir investir la troisième dimension, notre dimension, celle de l'air et du vol. Enfin allions-nous pouvoir faire notre job et des centaines de fantassins qui, du nord au sud de la Kapisa, dans les moindres recoins de la zone verte, à moins que ce ne soit sur une route ou un IED aura fait sauter leur convoi, attendait que viennent du ciel les appuis qui leur permettraient de se dégager de l'emprise des insurgés, de s'en sortir et de continuer à vivre.

Afghanistan, printemps 2011

 

 

 

 

26/12/2018

« Médecin du RAID », Dr Matthieu Langlois & Frédéric Ploquin, éd. Albin Michel & J’ai lu

 

« Se préparer au pire,

espérer le meilleur,

prendre ce qui vient. »

Confucius

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J'avance dans le bâtiment, laissant sur ma droite le comptoir et les caisses. Je pose mon sac dans les vestiaires. J’ai suffisamment de matériel dans les poches, sept garrots, cinq pansements compressifs, deux aiguilles d’exsufflation, des bâtons lumineux, une perfusion, des analgésiques puissants et des médicaments d'extrême urgence. J'abandonne au même endroit ce casque qui me gêne, tant pis pour l’entorse au règlement.

J'ai besoin de respirer. Ce que nous découvrons et au-delà de tout.

13 novembre 2015, 23h08

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« Écoutez-moi ! Ecoutez-moi ! On n’a rien à foutre ici ! Faites-nous confiance, on va dehors ». Je ne souhaite pas les brusquer mais je veux qu'ils m'entendent. Ceux qui ne souffrent pas physiquement souffrent psychologiquement. Si nous le pouvons, nous essayons d'avoir de l'empathie (« Allez mademoiselle, courage ! ») en évitant de les braquer utilement. Le problème, c'est que pour sortir, ces victimes doivent repasser sur la scène.

13 novembre 2015, 23h37

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De retour à Bièvres, vers 3 heures du matin, je prends la douche la plus longue de ma vie. Je suis maculé de sang, jusqu'aux pieds, si bien que certains partenaires me croient blessés. Je suis trempé jusqu'au caleçon. Trempé de sueur est de ce sang qui a traversé ma tenue d'intervention pourtant si étanche. Pendant quarante-cinq minutes, je me lave, me relave. Toutes mes affaires vont directement à la poubelle, y compris ces gants tactiques conçu pour nous protéger des armes blanches ou du feu mais qui n'ont pas résisté à cette soirée. Nous nous retrouvons dans le local des médecins. Nous sommes contents d'être là, tous les cinq. Il est tard. Nous sommes épuisés mais nous avions envie de tout, sauf de dormir.

Nuit du 14 novembre 2015

***

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Par le Docteur Matthieu Langlois, médecin-chef du RAID, avec la collaboration de Frédéric Ploquin, journaliste.

Sous un titre sans esbroufe, on vit dans les faits et minute par minute l’élimination de Merah, l'enfer du Bataclan, celui de Magnanville...

Une plongée dans l'intimité du corps d'élite de la Police, un récit puissant émotionnellement et un bel hommage aux hommes en noir.

A lire impérativement.

Aux éditions Albin Michel, désormais en poche chez J'ai lu.

Se trouve dans toutes les bonnes librairies, éventuellement sur commande.

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Avec le Dr Matthieu Langlois au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan 2018.

Nous lui renouvelons, ainsi qu’à ses frères d’armes du RAID, tout notre respect.

Nous l’assurons aussi de notre absolu soutien [nous avons été atterrés d’apprendre sa mise à pied après la parution du livre. La sanction a été ponctuelle et il y a prescription. Elle n’en demeure pas moins, dans notre esprit, totalement inique].

*

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Hommage

Aux hommes du RAID,

aux deux policiers de la BAC, premiers à intervenir au Bataclan et à éliminer un terroriste,

à tous les policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, personnels de secours et de santé.

A toutes les victimes du Djihadisme.

*

Manu et moi sommes préparés mentalement à vivre des moments comme celui-ci. Nous sommes faits du même bois que les autres ; ni plus solides, ni plus forts. Notre seule particularité, et elle est décisive, c’est que nous sommes entraînés. Beaucoup de personnes pourraient réaliser cette mission, le courage et le sang-froid ne sont pas des denrées si rares. Nos gestes, en revanche, ne s'inventent ni ne s'improvisent. Rarement, au cours de mon existence, je me suis senti aussi utile, aussi responsable, aussi conscient de ce que j'étais en train de réaliser que le soir du 13 novembre. Rarement la confiance qu’un blessé m'accordait m'a autant honoré.

Dr Matthieu Langlois, médecin chef du RAID

 

 

 

 

 

26/04/2018

« Les Clochards de la Gloire », ADJ (er) Alexis Le Gall, BM5, 1ère DFL, éd. Charles Hérissey

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs,

flotteront sur la cathédrale de Strasbourg.

Serment de Koufra

 

20 juin 1940, port d’Audierne, une maman au cœur lourd voit disparaître au loin un petit caboteur. A son bord, ses deux fils, des gamins de 17 et 19 ans. Ils partent prendre les armes pour la France, à l’appel d’un obscur général…

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L’histoire est connue : la Blitzkrieg, la débâcle, l’armistice, l’appel du 18 juin et une France coupée en deux dans des proportions inégales, entre les tenants de la paix ou de la poursuite du combat. Parmi ces derniers, une poignée d’hommes dont deux jeunes Bretons, Jacques et Alexis Le Gall. C’est leur mère qui a entendu l’appel du Général de Gaulle à la TSF et les en a informés. Leur fougueuse jeunesse, un sens aigu de la patrie, les poussent sans la moindre hésitation à poursuivre le combat, avec la bénédiction de leur courageuse maman. Parmi les premiers à rejoindre Londres, ils sont, de fait, des fondateurs de la France Libre. Alors que Jacques s’engage comme sous-marinier et passe toute la guerre à chasser les navires allemands, Alexis opte pour l’Armée de Terre. Il rejoint la 1ère Division Française Libre, créée de bric et de broc et largement sous-équipée (d’où le titre du livre), soutenue du bout de lèvres par les Britanniques. Après sa formation d’inspiration Chasseur en Angleterre, au Congo et au Cameroun, il participe à toutes les campagnes du Bataillon de Marche n°5 et ses Tirailleurs Camerounais : Egypte, Levant, Libye, Tunisie, Italie, Provence... jusqu'en Alsace où il est blessé en 1945.

C'est cette glorieuse « aventure » que nous livre Alexis Le Gall dans « Les Clochards de la Gloire » et elle est superbement contée, écrite avec le cœur et une humilité qui honore son auteur, s’attachant au vécu, fourmillant d’anecdotes.

Un témoignage majeur, l'un des plus notables sur les FFL.

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L’Ar Zénith

Quand nous larguons les amarres, maman est toujours là, avec notre frère de onze ans, courageuse et digne, entourée d'une foule silencieuse qui semble assister à un enterrement. Quant à nous, nous ne pensons qu'à une chose : partir au plus vite avant que les Allemands n’arrivent. Nous nous dirigeons vers la sortie du port, escortés sur le môle de quelques curieux ou sympathisants. Petit arrêt rapide pour récupérer quelques retardataires. Enfin, ouf ! nous laissons le phare derrière nous. Ce matin nous y croyions à peine et maintenant nous voilà enfin parti.

Pour combien de temps ? Quand reverrons-nous Audierne, si jamais nous le revoyons ? Je lance un dernier regard vers cette côte familière, mon pays.

20 juin 1940, départ pour l’Angleterre via l’île de Sein, à bord de l’Ar Zénith

 

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Alexis Le Gall, au premier plan, devant son frère Jacques et 4 camarades présents comme eux sur l’Ar Zénith : de gauche à droite Patrice Jouen, François Laurent, Louis Tessier et Jean Lozac’haneur. Juillet-août 1940, Delville Camp, Angleterre.

Je me dis, en jetant les yeux autour de moi : « Dire qu'on est tous là et que, dans ce seul cinéma, se trouvent toutes les troupes de la France Libre, les seuls Français à avoir accepté de Gaulle comme chef, les seuls Français à vouloir continuer la lutte. C'est triste, c'est pitoyable. Pauvre général qui n’a que nous sur qui s’appuyer. » En même temps, je suis fier et heureux d’en être, de faire partie, même une minuscule partie, de cette poignée. Je repasse en mémoire tous les évènements de cette journée, ce cinéma capable de contenir notre Armée, cette étrange chanteuse de Marseillaise, ce défilé cafouilleux mais émouvant, cette fête nationale de 1940. Nous avons serré les dents, mais aussi serré les rangs autour de notre chef, si esseulé mais si plein d'assurance et d’espoir.

14 juillet 1940, Londres, Olympia Hall où sont regroupés les volontaires de la France Libre

 

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Section Mitrailleuse 2 (SM2) du BM5, en Italie, avant le débarquement de Provence. En haut : à gauche Alexis Le Gall ; 2ème à droite Chich, 3ème Alain Tanguy.

Un soir que nous sortions pour aller boire un pot, Jean Bervas, qui avait un œil de verre, eut l’idée loufoque de l'enlever et de le poser sur la table de notre tente, pour surveiller les boys pendant notre absence. Ce que voyant, l'un de nos autres copains sortit son dentier pour mordre, dit-il, celui que l'œil lui signalerait comme voleur ou fainéant. Effroi, au moins apparent, des boys devant ces Blancs qui pouvaient à volonté s’enlever qui un œil, qui des dents. Cela suffit-il à les empêcher de nous voler ? Je n'en crois rien, mais nous pûmes toujours en rire (et très probablement les boys aussi, de leur côté, derrière notre dos).

Mai 1941, Camp de Pointe Noire, Congo

 

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De gauche à droite : Alexis Le Gall, Jean Jestin, François Azel, Robert Perrier, Pierre Lenain

Il s'appelait Gonidec et était de Douarnenez. Il venait du camp de Batchenga, alors sous la férule du Lieutenant Giraud et des Français du Cameroun qui se réclamaient de Pétain et avaient refusé de rallier la France libre. Je ne pus m'empêcher de lui dire « - Mais enfin, pourquoi restes-tu dans ce camp ? Rejoins-nous chez de Gaulle. Tu seras beaucoup mieux et ce sera plus honorable.

- Quand je t’aurai raconté mon histoire, tu comprendras pourquoi je ne rallierai jamais de Gaulle ». Il était embarqué à Mers El Kebir sur je ne sais quel bateau quand les Anglais vinrent les bombarder. Il fût coulé et la plupart de ses camarades tués ou blessés.  On l’expédia alors sur le Richelieu à Dakar. Là aussi de Gaulle et les Anglais le bombardèrent et endommagèrent son navire.  On l’affecta sur le Bougainville au Gabon. Peu après ce fût le Savergnan de Brazza, battant pavillon à Croix de Lorraine, qui se présenta. A sa première bordée, il atteignit la Bougainville qui dut s’échouer pour ne pas couler.  « Ils m’ont coulé deux fois et bombardé trois fois, et tu voudrais en plus que je les rejoigne ? Pour tirer peut-être sur des copains ? Ca jamais. » Nous bavardâmes jusqu’au soir et je vins le revoir le lendemain. Il ne souffrait pas mais était très fatigué. Le troisième jour, ma visite fut inutile : il était mort dans la nuit.

En ce temps-là, on mourait pour la France des deux côtés. Il nous aurait probablement rejoint plus tard, comme ses autres camarades.

1941, Hôpital de Yaoundé, Cameroun. Alexis y est soigné pour une forme dérivée de paludisme.

 

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Alexis Le Gall et ses Tirailleurs du BM5

Devant l’attaque, les Allemands eurent pour tactique de descendre systématiquement les cadres européens en supposant que, sans chefs, les tirailleurs faibliraient ou seraient pris de panique. Le résultat fut inverse à celui espéré. Furieux de voir leurs chefs, officiers et sous-off’, atteints, les Camerounais devinrent fous de rage et taillèrent à merci à coups de machette dans tout ce qui se présentait, provoquant un carnage. Piozin, leur commandant de compagnie, chargeait lui, sabre au clair, se promettant d'embrocher le premier ennemi à sa main. Hélas son sabre, bien loin d'une arme de Tolède, était de piètre qualité : pupille de la nation, Piopio ne disposait pas à sa sortie de Saint-Cyr des finances voulues pour se payer une épée de valeur. Au lieu de traverser l’Allemand, son sabre se plia, ce qui sauva la vie du Chleu.

Mai 1943, Bataille de Takrouna, Tunisie

 

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1ère DFL à Pontecorvo

De partout sortent des rafales, arrivent des obus de mortier ou d'artillerie. L'Attaque est lancée sur Pontecorvo. Nous voyons des véhicules de Fusiliers-Marins, chars légers, Half-Tracks qui avancent, zigzaguent, tirent et de temps en temps nous arrivent obus et rafales. Une fois de plus je vois la bonne bouille du tirailleur Tournar qui, avec un grand sourire et toutes dents dehors, me lance : « Y’a chaud Sergent ».

Mai 1944, Campagne d’Italie

 

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Débarquement en Provence. Photo INA.

La plage est archi-calme, pas un ennemi à l’horizon, pas un tir. Moment d’émotion ! Pour la première fois depuis quatre ans, nous foulons la terre de France. Certains regardent avidement. D’autres se penchent vers le sol. Chacun ressent intérieurement et garde son émotion pour lui. Je regarde Tanguy et Hochet et dis : « Et voilà, on est quand même arrivés ».

16 août 1944, débarquement à Cavalaire, Provence

 

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1ère DFL en Alsace

Il fait froid. Il y a bien longtemps que le litre de schnaps est terminé et nos conserves de « ration K » sont gelées. J'en ouvre cependant une boîte. On peut sucer le bloc glacé qu'elle contient. J'ai toujours les jambes et les pieds trempés et glacés. Comme tout est calme, je vais rejoindre le sous-off commandant le groupe de voltigeurs qui nous accompagnent, car son poste est sous rondins et il y fait un peu plus chaud. Nous bavardons tranquillement quand brusquement on entend des éclats de voix, des éclatements de grenade et des tirs : nous sommes attaqués. Je me précipite vers mon emplacement et dis à Poncelet : « Tu ne tires que si tu distingues quelque chose ». Mais nous scrutons en vain. Devant nous et sur le côté, on se bat, Allemands, Français mélangés. On n’y voit goutte. Soudain, on m’allume d’une rafale de mitraillette, tirée à moins de 10 mètres. J’ai reçu un grand coup de poing dans le bras gauche.

1er février 1945, Alexis est blessé en Alsace

 

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8 mai 1945

C'est noir de monde. A 15 heures s'élève des haut-parleurs la voix du grand Charles bientôt couverte par les hourras et les bravos. Des groupes se forment, chantent, dansent, hurlent, s'embrassent et je me trouve subitement loin, si loin d'eux. Je m'étais fait une fête de ce moment, mais je ne participerai pas à la liesse générale. Je ne veux pas me mêler à tous ces jeunes en folie. Mes pensées vont vers les autres, mes amis, les vrais vainqueurs. Et repasse alors devant mes yeux tout ce chemin que nous avons parcouru ensemble : l'Angleterre,  le Cameroun, le Western Desert, l’Italie, la Provence, les Vosges, l’Alsace et viennent s'y superposer les visages de tous les copains disparus, tout ce qui était ma famille, P’tit Jean Jestin, Franch Arzel, Jaffret « la coterie », Robin l’ami juif, le petit Seité, Le Bastard notre « moujik » du Camp d’Ornano, Jaillet le « cureton », Delrieu notre capitaine de football, Javanaud à la mèche blanche, Antoni le petit Corse qui est mort à ma place, Douard le Marseillais tué à Takrouna et Dupin et mes deux petits gars morts et gelés à leur mitrailleuse dans l’Ill Wald et tous les autres, tous les autres…

8 mai 1945, Champs Elysées

***

Projet1.jpgDès le 20 juin 1940, Alexis Le Gall (17 ans) et son frère Jacques (19) traversent la Manche, avec la bénédiction de leur mère veuve et laissée seule avec deux plus jeunes enfants, et rejoignent le Général de Gaulle à Londres. Ils sont dès lors des fondateurs des FFL. Alors que Jacques devient sous-marinier, Alexis, optant pour l’Armée de Terre, fait toutes les campagnes de la 1ère Division Française Libre aux côtés de ses Tirailleurs Camerounais du Bataillon de Marche n°5 : Egypte, Levant, Libye, Tunisie, Italie, Provence... jusqu'en Alsace où il est blessé en 1945. Après guerre, il intègre l’administration coloniale et retourne au Cameroun où il passe treize années de sa vie. Il revient en France et s’installe dans sa Bretagne natale où il demeure toujours, soucieux de maintenir la mémoire de ce qu'il a vécu avec ses camarades.

Vidéo « Les frères Le Gall » ici.

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Avec Alexis Le Gall au Festival International du Livre Militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan 2017

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Les Clochards de la Gloire, ADJ (er) Alexis Le Gall

Préface de l’EV Jacques Le Gall, postface du GAL Patrick Jardin

ISBN 978-2914417518 – Prix 22€ - Format 24x15,2, 388 pages, cahier-photo 

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Aux éditions Charles Hérissey

Disponible ici

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Hommage

Aux morts pour la France du Bataillon de Marche n°5,

Aux morts pour la France de la 1ère Division Française Libre,

A tous les morts pour la France durant la 2nde Guerre Mondiale,

Aux blessés,

Aux tirailleurs camerounais,

A tous les Français, soldats et résistants, qui ont combattu pour la libération de la patrie, à nos alliés.

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Ce qu'a pu faire pour la France la 1ère Division Française Libre,

Ce qu’elle a su faire par le cœur, le corps, les armes de ceux qui en était,

Ce qu'elle a pu faire avec ses chefs Koenig, Brosset, Garbet, avec ses officiers, ses soldats,

C'est un des plus beaux morceaux de notre Grande Histoire,

C'est un rocher que les vagues du temps ne détruiront jamais,

C'est pour toujours un défi lancé à ceux qui doutent de la France.

 

Général de Gaulle

 

 

 

 

 

14/03/2018

« Journal d’un reporter militaire - 10 ans d'opérations à travers l'objectif », ADJ Sébastien Dupont, ECPAD, Armée de l’Air, éd. de la Flèche

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.

 

 

Si tes photos ne sont pas assez bonnes,

c’est parce que tu n’es pas assez près.

Robert Capa

 

Quelques grognons voient en la « photo militaire officielle » un pur outil de propagande… C’est troublant : Quel serait leur sentiment si l’armée ne publiait aucune image de ses opérations ?

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Evidemment, nous ne partageons pas cette opinion. Nous adorons ces photos, si importantes pour le lien « Armée-Nation ». Et cela va même au-delà : certaines d’entre-elles, n’en déplaise, ont rejoint le panthéon de l’art.

Mais que savons-nous des hommes et des femmes de l’ECPAD, des SIRPA, cachés derrière leurs objectifs ? Pas grand-chose, il faut l'avouer.

Voici un livre qui change la donne ; une plongée inédite dans la vie d'un "soldat de l'image", l’ADJ Sébastien Dupont.  Il était, il est vrai, idéalement placé pour prendre la parole au nom de tous ses camarades photographes, vidéastes, reporters militaires : son parcours est impressionnant, de la prise d'otage du Ponant au large des côtes somaliennes, à la charge héroïque au Mali, en passant par les sanglantes embuscades afghanes.

Gardons enfin en mémoire que dans "soldats de l'image", il y a avant tout "soldats" et qu’ils partagent tous les risques du combattant. Nos pensées vont dès lors vers le Sergent Sébastien Vermeille, photographe du SIRPA-Terre, mort en Afghanistan.

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© Sébastien Dupont/ECPAD

Je commence mon intégration. Cela veut dire des prises de contact tout en douceur et bien sûr sans appareil photo. Pas facile, ici tout le monde se connaît, une nouvelle tête est vite repérée. J'explique pourquoi je suis là parmi eux, quelle sera l'utilisation des images mais aux mots « communication », « appareil photo », « vidéo », « média », les visages se ferment et les bouches se taisent. Et je ne parle pas de réseaux sociaux d'Internet : ici, ce sont de véritables gros mots. Les Forces Spéciales ont été nourries dès le biberon à la Secops, « la sécurité des opérations ». Keep your secret, secret.

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© Sébastien Dupont/ECPAD

Avant que la colonne ne reprenne la route, j'en profite pour faire des images au plus près de la réalité du terrain, comme celles des gars qui se rasent devant les rétros de leurs véhicules, ou encore le café que l'on fait chauffer dans le quart. Rien de sensationnel au sens journalistique du terme, mais des tranches de vie que nous partageons depuis des semaines, tous grades et toutes fonctions confondus. La vie du soldat en zone de conflit et aussi ponctuée de scènes ordinaires.

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© Sébastien Dupont/ECPAD

Le convoi s’arrête. Un VLRA s’est à nouveau ensablé. Je débarque et photographie les gars qui dégagent à grands coups de pelle le sable autour des roues pour placer des plaques de désensablement. Le désert ne se laisse pas dompter facilement. Parfois, je laisse de côté mes appareils et, sans qu'on me le demande, je manie à mon tour la pelle et les plaques surchauffées par le soleil. Dans certaines situations, il est plus important de donner un coup de main que de faire des Images. C'est aussi de cette manière qu'on se fait accepter.

Mali

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© Sébastien Dupont/ECPAD

C'est l'embuscade ! Les tirs s’intensifient. On est pris à partie de face et sur le flanc. Il faut absolument rompre le contact et se replier vers les VAB avant que les insurgés ne réussissent à s’imbriquer dans notre dispositif (…) A l'aide de leurs lunettes de tir, certains tentent de repérer les positions ennemies. Je vais les aider à ma manière : je positionne l'appareil photo sur le muret qui nous protège et je fais une série d'images à la volée. Je zoome ensuite sur l'écran où l'on distingue à moins de cent mètres des fenêtres d'où pourraient être postés les Talibans.

Afghanistan

Vidéo de Sébastien Dupont/ECPAD

« On se replie ! On se replie ! Go ! Go ! Go ! ». Une roquette anti-char va être tirée, histoire de calmer le camp d'en face. Le coup est lâché, une vague de poussière est soulevée et s’engouffre vers nous (…) Je me replie avec les premiers, le boitier calé à la hauteur de la poitrine et l'index sur le déclencheur...

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Autoportrait. © Sébastien Dupont/ECPAD

Ce soir, le désert, la poussière et l'adrénaline ont laissé place aux salons feutrés de la résidence personnelle du CEMA. Une réception « petits fours et Champagne » où se retrouvent de hautes, très hautes autorités civiles et militaires. Vêtu d’un costume sombre, j’évolue de manière discrète entre les invités et les photographie flûtes de Champagne à la main, tout en gardant un œil sur le maître des lieux. A tout moment, il peut vouloir une photo particulière et je dois répondre présent. Je regarde la scène qui se déroule sous mes yeux et je pense qu'il y a encore deux semaines je dormais par terre dans la brousse au fin fond de l'Afrique. Étrange Sensation.

Paris

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0 17052016_PERSO.jpgFormé à l’Ecole d’Enseignement Technique de l’Armée de l’Air, Sébastien Dupont intègre comme photographe en 2005 l’ECPAD (Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense). Pendant 8 ans, il multiplie les OPEX, déployé 12 fois, dont en Somalie où il couvre la libération des otages du Ponant, 4 fois en Afghanistan, 2 fois au Mali ou aux EAU (Opération Chammal contre l’Etat Islamique)… Il rejoint ensuite la cellule communication de la BA 126 en Corse et vient d’être muté au Centre de Recrutement de l'Armée de l'Air de Montpellier. A son actif, plusieurs milliers de photos et de vidéos, l’imposant comme un des photographes majeurs des opérations menées par l’Armée française.

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Avec Sébastien Dupont, garçon bien sympathique, à l’enthousiasme communicatif, aux Salons des Écrivains-Combattants et du Livre de Paris 2017.

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« Journal d’un reporter militaire - 10 ans d'opérations à travers l'objectif », ADJ Sébastien Dupont, ECPAD, Armée de l’Air

ISBN 978-2955837207 – Prix 22,90 € - Format 24x16, 244 pages.

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Aux éditions de La Flèche

Disponible ici.

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L’ADJ Sébastien Dupont reçoit des mains du GAL Le Talenet le prix littéraire « Capitaine Thomas Gauvin » de l’association des Ecrivains-Combattants. Novembre 2017, mairie du XV°.

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Hommage

Au SGT Sébastien Vermeille, SIRPA-Terre, mort pour la France en Afghanistan,

A tous les photographes, vidéastes, reporters des Armées, morts pour la France, mort en service commandé,

A Yves Debay, mort en Syrie,

A tous les photographes, vidéastes, reporters civils, morts en zone de combat,

Aux blessés,

A leurs proches.

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© Sébastien Dupont/ECPAD

J’ai essayé d’être en osmose avec ceux que je photographiais, de faire un travail plus humaniste qu’artistique, même si la qualité graphique de l’image fait partie de sa force et de son impact dans les mémoires (…) La photo n’est finalement pour moi qu’un moyen de me rapprocher de ces hommes et de ces femmes, de les comprendre, de leur donner, en quelque sorte, la parole. Si mes images ont été là pour traduire leur message, je n’aurai pas été totalement inutile.

ADJ Sébastien Dupont

 

 

 

 

 

 

27/01/2018

« Par l'ardeur et le fer - Paroles de soldats maintenanciers », LTN Antoine-Louis de Prémonville, 7e RMAT ; LTN Guillaume Malkani, 6e RMAT ; LTN Pierre-Ange Paninforni, 54e RA, 4e RMAT, 25e RGA ; LTN Laurent Biger, 7e BCA, ALAT ; éd. Lavauzelle

Extraits publiés avec l’aimable autorisation des auteurs. Droits réservés.

 

 

L'on peut rester vingt-quatre heures s'il le faut, même trente-six heures, sans manger ;

mais l'on ne peut rester trois minutes sans poudre et des canons arrivant trois minutes plus tard n’arrivent pas à temps.

Napoléon

 

Une Plume pour L’Epée a toujours eu à cœur de s’intéresser, au travers des récits de soldats, à tous les conflits, mais aussi à toutes les armes composant la Force. La découverte de ce livre a été dès lors une très heureuse surprise…

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En premier lieu, nous sommes ravis de voir aborder l'arme du Matériel, mal connue, peu mise en avant et pourtant, une évidence, éminemment stratégique (une opération sans matériel ?). Elle est aussi souvent « chahutée » ; le fait est que l'on se focalise toujours sur ce qui ne fonctionne pas... en oubliant l'usure de nos VAB antédiluviens, les insidieux grains de sable du désert, la faiblesse de nos moyens logistiques...

Ensuite, plutôt que de se livrer à un essai purement "académique", les jeunes coauteurs ont eu l'excellente idée de faire le tour des popotes, regroupant les témoignages de vétérans de Daguet, de Bosnie, d'Afghanistan, du Mali, de RCA, abordant la dualité commandement/technicien, ou encore l'efficace système D français, le tout rendant le livre vivant et, de fait, sa lecture très plaisante.

« Par l’ardeur et le fer » s'inscrit donc parfaitement dans notre scope du récit de soldat, comble un vide important, et répare une injustice criante, en nous éclairant sur l'engagement sans faille des soldats maintenanciers. Alors, par Saint-Eloi, vive le Matériel !

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AMX30, Opération Daguet, Première Guerre du Golfe

En quatre ou cinq jours, la division à laquelle j’appartenais a fait près de 3 600 prisonniers Irakiens. En raison de notre implication dans le dispositif des forces, nous avons également été confrontés à ce problème pour lequel nous n’étions absolument pas formés. Lorsque vous voyez une demi-douzaine de soldats arrivant vers vous avec leurs armes tendues à bout de bras, il faut gérer. Accompagné de quatre hommes, de mon conducteur et d'un chef de section parlant un peu l'Arabe, je pars au-devant d'eux et essaie de leur faire comprendre qu'ils doivent déposer leurs armes. Rien ne nous prémunissait d'une éventuelle manœuvre. Si, au dernier moment, les prisonniers avaient choisi de retourner leurs armes, cela se serait surement mal passé pour nous…

GAL André (alors CNE), Première Guerre du Golfe, 1990

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VAB dans les ateliers de l’aéroport de Sarajevo. Notez les impacts de balles…

Quand ça chauffe et que les véhicules doivent sortir, eh bien, on les sort. Par conséquent la solution trouvée a été très simple : on ne dormait pas. Je partais du principe que si un véhicule blindé rentrait en atelier et que je n'avais pas de problème d'approvisionnement, il devait sortir. Peu importe qu'il soit terminé à quatre ou cinq heures du matin.

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L'appréciation du danger est quelque chose de très paradoxal. On est conscient du danger, mais quand on est dedans, cette conscience s'altère. On a fait des choses sans se poser la question du risque de se faire dessouder. Par exemple, lors de la constitution du poste, nous nous faisions sniper. Nous étions une dizaine dehors. Les tirs ont commencé. Que faire ? On pouvait s'en aller ou rester et se faire tirer comme des lapins. On est rentré, mais tranquillement, sans précipitation. Mais il faut replacer cela dans un contexte où les snipers ne cherchaient pas encore à tuer : Il m’a fallu trois ou quatre jours pour comprendre que les crevaisons à répétition sur le CLD étaient le résultat des tirs d’un sniper qui se faisait un pneu chaque soir. Le premier mois, nous n’avons pas eu de blessé. Cela a commencé doucement, à mesure que nous devenions plus efficaces, et donc que l’on gênait.

COL Grateau, blessé en Bosnie en 1992

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Dépannage de VAB, 3e RMAT

Deux ou trois semaines après son arrivée, l’OMLT Soutien connaissait déjà l’épreuve du feu. C'est ainsi que commença ce que j'appelle le jeu du chat et de la Souris. Une OMLT ou un GTIA d'Infanterie, c'est le chat. Il va chercher sa proie sur le terrain qu'il aura choisi. Ce n'est pas si grave s'ils sont pris à partie ; étant des unités de manœuvre, elles sont faites pour cela. Nous, nous étions plutôt des souris. Un camion tractant une citerne sur une route accidentée, avec seulement des logisticiens à son bord, armés de FAMAS, et c'est beaucoup moins manœuvrable et cela constitue donc une cible facile. D'où une certaine pression sur le moindre coin de route.

COL Desmeulles, 3e RMAT, Afghanistan 2007

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Prise en remorque d’un IVECO, Mali

Ce fut un véritable challenge quotidien. Abandonner dans le désert un VBCI, ou même un véhicule civil, était impensable. En convoi, quelle que soit la panne, ils ont toujours trouvé une solution pour ramener les matériels sur une plateforme relais, quitte à recourir à des solutions de fortune impliquant chewing-gum, latérite et bout de ficelles pour faire repartir le véhicule. Nous avions une politique du sparadrap, mais nous n'avions pas d'autre moyen pour assurer notre mission.

J’ai vu des hommes faire fondre du plastique pour réparer une durite. Et la réparation a tenu.

COL de Roquefeuil et LTN Hamiche, BATLOG Normandie-Provence, Mali 2014

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Malkani.jpg< Titulaire d’un Master de lettres modernes dont le mémoire de recherche porte sur les notions d’histoire et d’idéal dans l’œuvre de Jean Lartéguy, le Lieutenant Guillaume Malkani a été réserviste au sein de la Gendarmerie Nationale avant de rejoindre l’Armée de Terre en intégrant le 4e bataillon de Saint-Cyr au titre de l’arme du Matériel. Il a pris le commandement d’une section électronique d’armement au 6e RMAT.

photo.jpg> Diplômé des facultés de droit, sciences-politiques et langues, le Lieutenant Antoine-Louis de Prémonville est également docteur ès Lettres et Civilisations. Ancien militaire de réserve, il rejoint l’active au sein du 4e bataillon de Saint-Cyr au titre de l’arme du Matériel. À l’issue de son passage aux Écoles Militaires de Bourges, il prend le commandement d’une section du 7e RMAT. Outre « Par l’ardeur et le fer », il a dirigé « Citoyens-soldats au XXIe siècle, une réserve opérationnelle pour une armée professionnelle » (Lavauzelle, 2013)

Engagé volontaire en 1999 après avoir suivi des études de comptabilité, le Lieutenant Pierre-Ange Paninforni a servi au 42e RT avant de rejoindre le domaine de la maintenance au 54e RA. Sous-officier semi-direct, il sert ensuite au 4e RMAT. Accédant à l’épaulette OAEA, il rejoint le 25e RGA en tant qu’adjoint des services techniques.

A l’âge de 18 ans, le Lieutenant Laurent Biger incorpore Saint-Maixent avant de rejoindre le 7e BCA puis le 1er RIMa en qualité de maintenancier. En 2013, il réussit le concours des Officiers d'Actives des Écoles d'Armes et accède à l'épaulette. Il sert aujourd'hui au sein de l'ALAT.

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« Par l’ardeur et le fer- Paroles de soldats maintenanciers », par les LTN Antoine-Louis de Prémonville (dir), Guillaume Malkani (dir), Pierre-Ange Paninforni, Laurent Biger.

ISBN 978-2702516119 – Prix 21,50 € – Format 15,5x22,5 - 150 pages - cahier-photo couleur

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Aux éditions Lavauzelle, disponible ici

Page FaceBook .

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Nous avons eu la chance d'échanger avec l'un des coauteurs, l’éminemment sympathique LTN Guillaume Malkani. Une belle rencontre au Salon de l'Ecrivain Soldat de Nice où il a représenté tant son 6e RMAT que l'Arme en général. Quelle bonne idée de se montrer ! A renouveler J

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Ajoutons que Guillaume est l'auteur d'un essai majeur/définitif sur l’un des plus grands auteurs de la milittérature, ou plutôt de la littérature française tout court : « L'idéal de Jean Lartéguy ». Paru aux éditions Via Romana et disponible ici. Page FaceBook .

« Les hommes de guerre sont de l’espèce qui se rase pour mourir. Ils croient à la rédemption de l’homme par la vertu de l’exercice et du pas cadencé. Ils cultivent la force physique et la belle gueule, s’offrant le luxe des réveils précoces dans les matins glacés et des marches harassantes pour la joie de s’éprouver. Ce sont les derniers poètes de la gratuité absolue. »

Jean Lartéguy

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Hommage

A tous les soldats maintenanciers morts pour la France, morts en service commandé,

Aux blessés,

A leurs proches.

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Gao, Mali. Démontage de la roue d'un VAB. Photo G. Gesquière

Les soldats maintenanciers m’ont vraiment impressionné, et ils en ont impressionné bien d'autres ! Lorsque certains de nos camarades de la mêlée voient arriver un logisticien, ils ne savent pas trop quoi en penser. Ce sont des gens qu'ils ne côtoient pas au quotidien et qu'ils peuvent percevoir, à tort, comme un frein à leur manœuvre. Aussi, voir les maintenanciers au cœur des opérations, répondre présent en dépit des contraintes tactiques et techniques, ça a forcé leur respect. Ensuite, ils n'ont cessé de demander à bénéficier de maintenanciers détachés à leur côté…

CDT Breton, AMAT (Adjoint Matériel de Théatre) au Mali

 

 

 

 

 

18/12/2017

« De la cité au rang des officiers », CNE Mehdi Tayeb, 4e RCh, 2e RH, BRB 2. Autoédité.

Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Photos inédites issues de la collection de l’auteur. Droits réservés.

 

La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la.
 
Mère Teresa
 

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« De la cité au rang des officiers » est un récit-plongée dans une carrière qui peut (et c'est si regrettable) sembler atypique : gosse des cités, né dans un contexte familial autodestructeur, au bord du précipice de la délinquance, Mehdi Tayeb découvre l'armée grâce au service militaire. Trouvant sa voie, n'ayant peut-être pas la "gueule de l'emploi", il gravit cependant les marches : militaire du rang, sous-officier, officier.
 
Outre une belle leçon de vie, le (désormais) Capitaine Tayeb, s’il reste forcément discret sur ses missions de renseignement, livre un témoignage rare sur les opérations des Hussards.
 
Déployé 3 fois au Kosovo et en Afghanistan (la première fois comme militaire du rang, la seconde comme sous-officier, la troisième comme officier !), 2 fois au Mali, en RCI, en Bosnie (infiltration épique qui tourne au drame pour l’un des acteurs), au Tchad, son parcours est exceptionnel... et l'homme l’est tout autant, à la fois tendre et volontaire.
 
Pour reprendre la formule consacrée, et sans jeu de mot : "il mérite d'être cité en exemple".

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Mehdi Tayeb et ses camarades de la cité, 1994

Je me remémore les déboires que j’ai connu étant plus jeune. Nombreux sont ceux qui auraient pu me coûter un séjour en prison et mes amis auraient pu tous être mes voisins de cellule.  J’avais fait du vice un mode de vie. J’ai volé avec ma sœur et même avec ma mère, alors, comment tomber plus bas ? Et même quand j’ai commencé à travailler, je n’ai pas su arrêter (…) Chaque semaine, du lundi au vendredi, de 8h à 17h, je mets des colis sur des palettes afin de les envoyer dans des villes où je ne mettrai jamais les pieds. Tous les jours se ressemblaient et j’avais peu d'espoir de voir changer ce quotidien si terne. Est-ce cela la vie lorsque l'on devient adulte ? (…) Il y a une chose dont j’étais certain : la monotonie me tuait à petit feu.

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Nous progressons à une vitesse de deux cents mètres par heure. Ce rythme semble ridicule, mais le terrain, la neige, le dénivelé et le poids des sacs sont autant de facteurs qui ne permettront pas d'atteindre notre objectif avant le lever du soleil. A la fin de la nuit, nous sommes à un kilomètre mais le jour se lève et nous ne pouvons plus nous déplacer. Alors on s’enterre afin de disparaître de la surface.

Bosnie

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Au bout de mes deux heures d’observation, je réveille Ludovic pour qu'il prenne ma place. Je me glisse dans mon duvet et puis, brisant le silence de la nuit, des bruits de pas semblent se rapprocher de notre cache. Je réveille le transmetteur pour le mettre en alerte. Nous ne faisons plus aucun bruit. Les pas se rapprochent, le rythme s’accélère. Nous nous tenons prêts à utiliser nos armes. D’un coup, perçant notre camouflage, un ours !

Kosovo 

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Avec le lever du soleil, la tempête de neige s’est arrêtée. Le ciel est bleu et les températures glaciales. Tout le monde tremble de froid. Un capitaine nous confirme qu’un hélicoptère viendra nous récupérer à 23h. En attendant, j’urine dans un sac zip afin de faire une bouillotte de circonstance. Et pendant quelques minutes, j’ai l’impression de poser mes mains sur un radiateur. Quel plaisir !

Bosnie

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Mehdi Tayeb, Afghanistan 2012

Il me faut quelques secondes avant d'être certains d'avoir compris ce qui m'arrive. Le brigadier-chef Pierre me demande si je vais bien. Je reprends mes esprits et lui explique que je vais devenir officier. Il se réjouit pour moi. Pendant la durée du voyage jusqu'à Gap, je me suis remémoré ma mère, mon père et l'alcool, mon père frappant ma mère et mon beau-père sur son lit de mort, mon pardon à ma mère dans sa tombe, le quartier et le vice, mais aussi mon arrivée à Gap pour mon service militaire, tous ces appelés qui sont devenus des amis. Mon engagement. Toutes ces OPEX et ces pauvres gens que j’ai vus dans la misère. Tous mes cadres qui m’ont poussé quand il fallait. Ma merveilleuse femme qui m’a soutenu comme personne. En dix ans et sept mois, je suis passé de la cité au rang des officiers.

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0 Tayeb bio.JPGMehdi Tayeb nait en 1977 dans une cité de la banlieue sud de Paris. Père absent, mère alcoolique, il est livré à lui-même, vivant de larcins et petits boulots. Il découvre l’armée grâce à son service militaire au 4e Régiment de Chasseurs de Gap. Trouvant sa voie, aidé en cela par un beau-père « stabilisant » et une épouse rayon-de-soleil, il s’engage et gravit les échelons de la hiérarchie, ENSOA puis OAEA. Spécialiste du Renseignement, le Capitaine Mehdi Tayeb a une carrière opérationnelle riche, ayant été déployé à ce jour, avec le 4e RCh, le 2e RH et la BRB2, au Kosovo (3 fois), en Afghanistan (3 fois), au Mali (2 fois), en Bosnie, en Côte d’Ivoire et au Tchad. Mehdi est marié à la charmante MDL Soumia, 4e RCh, 132e BCAT, 54e RT, et fier papa de Thylda.

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Avec Mehdi et Soumia à Saint-Cyr-Coëtquidan, 2017

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De la cité au rang des officiers, CNE Mehdi Tayeb

ISBN 978-2955922903 – Prix 9,99€ - Format 13x18, 188 pages.

Autoédité. Disponible ici.  Page FaceBook

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Chasseur de 1ère Classe Mehdi Tayeb, 2000 ; Maréchal des Logis Chef Mehdi Tayeb, 2009 ; Lieutenant Mehdi Tayeb, Mali 2014

Désormais fier de défendre les trois couleurs de mon pays, j’invite les plus jeunes à la recherche d’un métier hors-norme à suivre mes traces. Il n’y a pas en France une seule entreprise qui offre une telle perspective de carrière et de reconnaissance sociale. Alors, peu importe votre histoire : visez haut et grimpez les marches à grands pas !