24/03/2013
Hommage au CPL Alexandre van Dooren, 1er RIMa, mort pour la France au Mali
Il y a des jours comme ça.
Vous dites à vos collègues que vous vous absentez une heure. Ils ne vous posent pas de question, ils savent. Vous sortez de la station Invalides. Vous passez près des attachants anciens combattants. Parmi eux un Chasseur, un alpin, tout beau dans sa Solférino, sa tenue bleue année 60. Vous vous placez tout au bord du trottoir, à côté d’un marsouin. Un ancien du 1er RIMa, vous dit-il. Vous papotez avec lui. Il est sympa. Le Chasseur ancien-combattant s'approche et vous demande gentiment de vous écarter un peu pour laisser plus de place aux porte-drapeaux. Vous faites quelques pas et reprenez votre conversation. Le Marsouin vous dit que c’est un devoir d’être là. Que toute la France devrait être là. Décidément, vous l’aimez bien. Et puis le Chasseur vous demande de vous pousser encore un peu. Le Marsouin vous dit : « Ah ces Chasseurs ! Toujours à mettre le bazar ». Vous rigolez. Et puis, du monde arrive encore. Vous devez à nouveau vous éloigner, mais vous voulez laisser le Marsouin près des drapeaux. En le quittant vous lui dites : « Ah oui, au fait, moi aussi je suis Chasseur… » et il vous répond avec un beau sourire : « Vous êtes des emmerdeurs, mais on vous adore ».
Vous vous placez au milieu du pont, près des pompiers de Paris, des gendarmes, entre un Lieutenant-Colonel et un civil, un homme de votre âge vous semble-t-il. Vous n’engagez pas la conversation avec lui. Un OrlyBus passe, le chauffeur vous regarde, et vous fait un salut militaire. Ce n’est pas une plaisanterie déplacée, il a le visage grave. Son geste vous émeut. La circulation est interrompue. Un « garde-à-vous » claque. Le Caporal Alexandre Van Dooren passe. Vous vous signez et vous lui dites des choses. Le cortège passe à son tour. Les voitures sont à deux mètres. La famille du caporal, le chef de corps du 1er RIMa… Ils vous regardent droits dans les yeux. Vous sentez votre cœur faire « crac ». Les voitures s’éloignent en direction des Invalides.
Vous reprenez le chemin de votre bureau. Vous faites quelques pas sur le pont. Vous vous retournez. Le civil qui était à côté de vous n’a pas bougé. Il regarde droit devant lui.
09:39 Publié dans Mali, Mili-Hommage | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
tres joliment raconté avec beaucoup de respect !!!
Écrit par : jardry thierry | 04/04/2013
Merci Thierry. Moment fort et émouvant. Important d'être là pour les proches. Il est mort pour la France, la France leur doit bien cet humble soutien.
Écrit par : LP&L'E | 05/04/2013
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