21/08/2019
« Démineur », ADC (er) Victor Ferreira, Légion étrangère, éd. Louis de Mareuil
Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation des auteur et éditeur. Droits réservés.
« C’est dans les grands dangers qu’on voit les grands courages »
Jean-François Regnard, poète, 1655+1709
« Notre ami de la Légion étrangère, Victor, récidive en publiant ce livre-regard : cette fois sur les démineurs, après s’être penché sur ses frères d’armes dans « Légionnaire ». On ne sera pas surpris de retrouver dans ces pages les deux « organes » essentiels qui lui permettent, derrière les visages, de chercher les âmes : le cœur et l’œil. Le coup de cœur et le coup d’œil ! Ces deux instantanés combinés disent beaucoup de choses en peu de place et permettent de partager l’aventure de ces hommes-courage, de ces démineurs qui se portent au-devant du danger, par amour des autres, par fraternité, par goût du défi, par recherche de la solidarité, de l’adrénaline en situation extrême ou pour repousser les limites du danger. »
COL (r) Pierre Servent, préface à « Démineur »
C’est ma première opération extérieure. J’en avais une idée préconçue du fait de tout ce que m’avaient raconté les anciens, sur le mode « Tu verras là-bas… ». Finalement, je découvre un monde assez différent. Et je mène des actions inimaginables pour moi auparavant. La tâche est immense pour ramener la paix dans ce pays. Pour ma part, je sais que je vais sonder le sol, un travail long et minutieux. Je me suis beaucoup investie, et pendant des mois, pour réussir ma formation. Je ne vais certainement pas gâcher cette occasion de montrer ma valeur. Je n’ai pas encore découvert d’engin, mais j’en ai très envie. Je veux savoir comment va battre mon cœur.
Charlotte, 19 ans, Kidal, Mali
Il faut être humble et sur ses gardes face au risque. Nous sommes tous confrontés à la même limite : la mort. Pour continuer à m’en sortir vivant, je redouble d’ingéniosité et je développe mon expertise. Même si la religion est importante pour moi, quand j’ai besoin d’aide, je choisis la logique, la science et le savoir. Cependant, depuis que je suis EOD, je traîne toujours avec moi le même petit sac d’intervention. Il est bien amoché mais je ne pars jamais sans lui.
Greg, 45 ans, Saint-Christol
Régulièrement, je prends le temps de le baigner, de le frotter, de lui masser les coussinets (ils sont protégés en opération par des chaussons qui limitent les effets de l’abrasivité du sol). Il me semble même que mon chien veille sur moi. Il m’observe sans cesse et, lors de mes absences, je sais qu’il ne reste pas tranquille. Je m’occupe parfois mieux de Fils que de moi.
Henry, 30 ans, et son chien Fils, Gao, Mali.
Je n’ai aucune idée du nombre d’engins que j’ai neutralisé. Suffisamment pour en avoir des sueurs froides en tout cas. Il arrive parfois que l’ennemi acculé pose l’engin n’importe comment… Sur le moment, je suis dans ma bulle. Je ne me rends pas tellement compte du danger. Seulement après, une fois l’IED neutralisé, des gouttes dégoulinent sur mon front.
Nicolas, 40 ans, Montauban.
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« Démineur », ADC (er) Victor Ferreira
Dans le même esprit que « Légionnaire » et toujours aux éditions Louis De Mareuil, un recueil de photos-portraits prises sur le vif et sans artifices – marque de l’artiste - accompagnées de textes-interviews. On y retrouve bien sûr des sapeurs, mais aussi des plongeurs-démineurs, des spécialistes de la Police, de la Sécurité civile, en France, au Mali... Joliment qualifié, et de manière pertinente, de « livre-regard » par Pierre Servent dans la préface.
Nous « croyons » savoir (par l’ami Victor lui-même J) qu'il ne s'agit que du début d'une série. Tant mieux ; le format est intéressant et la qualité est là, pour un prix abordable (20€).
Mais nous ne dévoilerons pas la prochaine arme abordée…
Disponible ici.
« Légionnaire » a été abordé ici et « La Légion dans la peau » là.
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Hommage
A tous les démineurs morts pour la France, morts en service commandés,
aux blessés,
à leurs proches et camarades.
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Depuis que je suis dans le métier, beaucoup de choses ont changé. A commencer par les moyens de détection et les appareils de plongée. Ce qui ne change pas, c’est l’action finale : il faut toujours un plongeur pour aller coller la charge contre la mine…
Martial, 50 ans, Brest
19:46 Publié dans Marins, Mili-Photo, Sapeurs | Lien permanent | Commentaires (0)
04/09/2015
Marin sur les fleuves d'Indo & pilote de Corsair en Algérie, chef des FS au Kosovo, Commissaire des armées en CdI, valeureux Poilus et déroute djihadiste au Mali
Poursuivons la visite de notre bibliothèque militaire, entamée ici.
Cette fois-ci, nous revivons les combats d’un grand-ancien d’Indochine et d’Algérie. Nous accompagnons au Kosovo le chef des Forces Spéciales françaises et en Côte d’Ivoire un Commissaire des Armées. Nous visitons la base de Nancy-Ochey, tanière des Muds alias Mirage 2000D. Nous nous posons des questions sur nos valeureux Poilus et nous concluons, grâce à l'assistant militaire du chef des opérations terrestres de Serval, avec la brillante victoire de nos soldats sur les djihadistes au Mali !
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« De Saïgon à Alger », LV Bernard Bachelot, Dinassaut 6, 14F, 12F
LCM en patrouille fluviale, Indochine
Certains hommes se sont finalement endormis couchés les uns sur les autres. A la surface du fleuve, l’eau phosphorescente scintille. Les remous font danser le reflet des étoiles et les lucioles transforment un palmier en arbre de Noël. Un souffle d’air fait vibrer le feuillage. Ce frémissement provoque un malaise. Et toujours le croassement lancinant des crapauds-buffles. Les guetteurs viets, tapis dans ces branchages, doivent écouter le passage du convoi. Les oreilles se tendent. Le bruit sourd d’un tam-tam. Est-ce la peur ? Non, le rythme est plus net maintenant : les Viets donnent l’alerte. Deux coups brefs, un coup sourd. Pam, pam, poum… pam, pam, poum… Les doigts se crispent sur les armes.
Corsair de la 14F partant en mission depuis la base de Telergma dans le Constantinois, Algérie. Photo Bachelot
Le napalm s’enflamme à une vingtaine de mètres au-dessus de la grotte. Bien décidé à réussir ma deuxième attaque, je garde une ligne de vol parfaitement horizontale et attends « le plus tard possible ». J’appuie sur le bouton et tire violemment sur le manche. Le sommet de la falaise apparaît au-dessus du nez de mon appareil, trop haute me semble-t-il pour être franchie. Trop près de la montagne, je ne peux dégager en virage. En un mouvement reflexe, je pousse à fond la manette de gaz et accentue fortement ma pression sur le manche. Ma cellule se met à vibrer violemment, je suis à la limite du décrochage. La falaise fonce sur moi.
L’exode, Alger, 1962.
Un choc, une blessure. En cet instant ma vie bascule. Un monde – le mien – s’effondre. Des valeurs essentielles auxquelles j’avais appris à croire et à être fidèle – patriotisme, honneur, parole donnée… - ont toutes été violées. Ne sont-elles plus désormais respectables ? Terrible déception qu’accompagne un sentiment de révolte qui, des années durant, me rongera et qui, 45 ans après, reste encore vivace.
« De Saïgon à Alger » par le Lieutenant de Vaisseau Bernard Bachelot, EN48. Un monsieur discret, rencontré lors du salon des écrivains-combattants 2013, et pourtant un grand ancien : il a combattu de 51 à 53 sur les fleuves de Cochinchine, au sein de la Dinassaut 6, Flottille Amphibie Indochine Sud, avant de devenir pilote de l'Aéronavale, flottilles 14F puis 12F dont il prend le commandement. Formé aux Etats-Unis, c'est aux commandes de son Corsair qu'il intervient lors de la campagne de Suez puis de la Guerre d'Algérie - époque déchirante pour lui, Bernard étant pied-noir, amené à bombarder sa propre maison de famille… L'issue du conflit sonnera d'ailleurs le glas de son engagement militaire. Très beau récit.
Aux éditions L'Harmattan, disponible ici.
Avec le LV Bernard Bachelot au Salon des Ecrivains-Combattants 2013
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« L’Europe est morte à Pristina », COL Jacques Hogard, Légionnaire
Miliciens de l’UÇK [milice indépendantiste Albano-Kosovare]
Une embuscade vient d’être déclenchée par l’UÇK sur un convoi de civils serbes, deux cents tracteurs emportant hommes, femmes et enfants, sur la route reliant Pec à Mitrovica. Je fais effectuer une reconnaissance par un hélicoptère armé qui me rend compte de la position des éléments de l’UÇK. Je lui demande alors de tirer quelques rafales de semonce afin de les contraindre à décrocher et cesser cette agression inqualifiable sur des civils armés.
Quelques minutes plus tard, je suis, à ma très grande surprise, appelé à la radio par le Général britannique Mason qui m’enjoint de faire cesser les tirs contre ses SAS ! Je réalise alors que les éléments de l’UÇK qui se livrent à cette embuscade (…) sont encadrés – au minimum accompagnés- par mes « frères d’armes » des Forces Spéciales britanniques…
« L’Europe est morte à Pristina » par le COL Jacques Hogard, Légionnaire, commandant le groupement interarmées des Forces Spéciales françaises au Kosovo, GIFS « Grakaniko », vétéran du Rwanda dont il a tiré un premier récit « Les larmes de l’honneur », que nous avons abordé ici.
Dire que le conflit au Kosovo a été « compliqué » est un euphémisme, l’implication occidentale pouvant (devant) faire débat. Jacques ne s’en prive pas, battant en brèche certains choix militaro-politiques Otaniens [il démissionnera d’ailleurs de l’Armée après cette OPEX]. L’Histoire jugera. En attendant, nous ne pouvons qu’espérer que les communautés serbe et albanaise trouvent le chemin d’une coexistence pacifique… Et souvenons-nous des neuf soldats français morts au Kosovo, entre 2000 et 2009. Hommage à eux et aux blessés.
Aux éditions Hugo Doc. A commander chez votre libraire ou sur le Net.
Avec le COL Jacques Hogard, notamment après sa conférence sur le Kosovo à l’IDC en mai 2014
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« La nuit africaine », Commissaire des armées (CNE) Julien Eche
La Vierge aux larmes de sang, œuvre de Sandre Wambeke inspirée du livre de Julien Eche
Les Français nous prennent pour des gosses souriants : l'Afrique heureuse, qu'ils disent. Un peu comme si nous n'étions pas assez civilisés pour avoir l'air grave. C'est qu'ici, jeune homme, nous savons dès la naissance que nous sommes mortels comme tous les hommes, et que la finalité, c'est la cendre. Alors la vie doit être heureuse, joyeuse, rythmée et agréable.
Vous autres Blancs, imaginez repousser sans cesse la mort, elle entre par trop en considération dans vos calculs ; il n'y a pour vous que l'épargne d'une vie, la position sociale, les chimères que votre société a inventé pour plus de richesse qu'il n'est physiquement possible (...) Alors vivez, oui, vivez ! Enchantez la vie des autres et faites en sorte d'être heureux, quoi qu'il vous arrive; Cela n'a rien de primitif. C'est au contraire la plus grande des sagesses.
« La nuit africaine » par le Commissaire des Armées (CNE) Julien Eche est un récit romancé, inspiré de son déploiement en Côte d'Ivoire peu après la guerre civile : Un jeune officier part à la tête d'une petite unité pour montrer la présence française dans la brousse. Un parcours initiatique, vu initialement par le narrateur comme une aventure "à la capitaine Binger" (qui rallia Dakar à Kong à la fin du XIX°), mais qui, au gré des rencontres et évènements, ira bien au-delà de l'imagerie exotique véhiculée par les affiches ventant la Coloniale dans les années 30. Une belle histoire, bien menée et profonde. Pas seulement une autre vision de l'Afrique, une autre vision du soldat aussi...
Aux éditions L'Harmattan. Disponilbe ici.
Avec le Commissaire des Armées Julien Eche
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« Dans le repaire du Mirage 2000D – Nancy-Ochey », Alexandre Paringaux, photographe
Ses équipages sillonnent les cieux des Balkans, de l'Afrique, de l'Asie centrale et de l'Afghanistan. Cette omniprésence repose certes sur des matériels performants, en perpétuelle amélioration, permettant de répondre aux défis technologiques d'engagement toujours plus exigeants. Mais elle repose surtout sur les femmes et les hommes de la base aérienne de Nancy-Ochey qui permettent de répondre en permanence aux sollicitations opérationnelles. Quelle que soit leur spécialité, toutes et tous sont des rouages indispensables dans la performance de la BA 133. Dévoués et pugnaces, ils démontrent au quotidien un engagement sans faille, en dépit d'un environnement difficile. Les opérations menées au Kosovo, en République Démocratique du Congo, en Afghanistan, en Lybie ou encore au Mali attestent de leur engagement militaire et de leur abnégation.
Colonel Louis Péna, Commandant de la Base aérienne 133 « Commandant Henry Jeandet »
« Dans le repaire du Mirage 2000D – Nancy-Ochey » n’est qu’un exemple parmi toute une série de beaux livres publiés par le photographe Alexandre Paringaux et Frédéric Lert, journaliste aéro de référence. On trouve en effet, dans la même collection, des ouvrages dédiés à ER 2/33 « Savoie », EC 3/3 « Ardennes », la Patrouille de France, les bases de Saint-Dizier, Mont-de-Marsan, Salon-de-Provence, les Forces Aériennes Stratégiques, le porte-avions Foch… Des livres-albums où l’on retrouve évidemment de superbes photos d’avions, mais aussi les hommes qui les font voler, les arment et les entretiennent ; ceux qui font fonctionner la base ; ceux qui la protègent. L’ensemble est visuellement remarquable, accompagné d’un texte fouillé et de nombreuses interviews. A chaque fois une petite bible, tant le sujet est traité avec exhaustivité. Attention, les tirages s’épuisent vite…
Aux éditions Zéphir. Disponible ici.
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« Le petit quizz de la Grande-Guerre », Grégoire Thonnat
De qui s’agit-il ?
De nos cinq arrière-grands-pères, combattants de la Grande-Guerre en France et Russie ; Abel, Ernest mort pour la France, Gaston, Fiodor et Vassilï
Si les taxis parisiens sont rentrés dans l’Histoire avec les « taxis de la Marne », qu’ont-ils fait qui écorne un peu le mythe ?
Ils ont mis les compteurs afin que les autorités militaires règlent la course !
Avec « Le petit quizz de la Grande-Guerre » de Grégoire Thonnat, nous sortons évidemment de notre contexte « récit de soldat », mais ce livre mérite un coup de projecteur, bien qu’il soit d’ores et déjà un succès de librairie (25 000 exemplaires vendus). Il est composé d’une centaine de questions/réponses sur des évènements clés, anecdotes, idées reçues... Une manière ludique d’aborder la Première Guerre Mondiale, pour un prix modique (moins de 5€). L'Education Nationale pourrait tout à fait l’utiliser dans la cadre du Centenaire... (puisque l'on parle de pédagogie innovante, passons à l'acte).
Aux éditions Pierre de Taillac. Disponible ici. A noter, dans le même esprit et par le même auteur, le « Petit quizz de la Marine ».
Avec Grégoire Thonnat et les éditeurs Pierre de Taillac et Nimrod, aux Invalides pour le centenaire de l’ECPAD
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« Offensive éclair au Mali », CBA Rémi Scarpa, 92e RI
« Rapaces » de la 4e Cie du 92e RI au combat dans les rues de Gao. Photo ECPAD/Jérémy L, issue du livre.
Les « Cent jours » de l’offensive les avaient soudés ; la chaleur étouffante n’avait distingué ni les grades ni les armes d’origine ; l’ennemi, tenace et imprévisible, avait été vaincu par l’effort conjoint des combattants, ceux de l’avant, commandés par des états-majors réactifs, des logisticiens et des transmetteurs, des pilotes et des mécaniciens (…) Cette victoire des armes de la France, c’était celle de l’union, chère au cœur du Général de Monsabert , l’union des armes, des âmes et des cœurs.
« Offensive éclair au Mali » par le CBA Rémi Scarpa, Gaulois du 92e RI. Ouvrage qui restera comme la référence sur Serval. En premier lieu, qui aurait été plus légitime que le CBA Scarpa, assistant militaire du GAL Barrera commandant les forces terrestres, pour écrire un tel livre ? Ensuite, vous y trouverez toutes les informations sur l’organisation de la force, le déroulement de l’opération au jour le jour, les unités impliquées (avec une large place laissée au Soutien, Transmetteurs, Tringlots, Logisticiens…), le matériel employé, les alliés africains, les insignes et fanions, des plans, les hommages à ceux qui sont tombés… le tout accompagné de témoignages. En sus, des clichés *sublimes* de l’ECPAD ou issus des collections particulières de nos combattants (ce qui en fait aussi un beau livre-photo). « Et c’est pas fini… » J En bonus, un film de 55 mn réalisé par l’ECPAD.
Aux éditions Pierre de Taillac. Disponible ici.
Avec le CBA Rémi Scarpa, Salon du Livre de Paris 2015 & Prix littéraire de l’Armée de Terre – Erwan Bergot.
***
A suivre…
19:40 Publié dans Algérie, Aviateurs, Commissaires, Administratifs, Côte d'Ivoire, Fantassins, Forces Spéciales, Grande-Guerre, Indochine, Kosovo, Légionnaires, Mali, Marins, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
31/01/2015
« Outremer », Charles Fréger, photographe. Ed. Villa Noailles & Archibooks
Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés. Merci de nous consulter si vous souhaitez les réutiliser.
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Joachim du Bellay
Farfouillant sur le Net à la recherche d’illustrations pour nos textes, nous sommes tombés un beau jour sur ce cliché d’un Légionnaire tendant la traditionnelle ceinture bleue de son camarade, en plein désert. Ce fût une vraie baffe artistique, un sentiment difficile à exprimer, mais une certitude : ce cliché avait sa place au Panthéon des photos mili. Hélas, l’auteur n’était pas mentionné.
Alors, évidemment, nous avons mené notre enquête : quel photographe pouvait se cacher derrière ce cliché d’un esthétisme extrême ? Il a été facile a trouver : Charles Fréger. Mais là, heureuse surprise : nous n’avions pas qu’une photo « coup de maître » à nous mettre sous la dent, mais une œuvre d’ampleur, débutée il y a quinze ans : des centaines de photos, près de 25 livres, toute une série de portraits de groupes dont les membres sont indentifiables par le port d’un uniforme ou d’une tenue particulière, dont évidemment les militaires.
Mais trêve de blabla. Faites-vous votre propre idée. Plongez dans « Outremer ». Laissez vagabonder votre imagination. Reflux des vagues, vent dans les élingues, cris des mouettes, crissement du sable…
Base navale de Toulon, 2012-2013
Ils avaient pris la mer, des histoires de sirènes dans la tête.
Base navale de Nouméa, 2012
Parfois ils cherchaient par-dessus bord leurs silhouettes qui longeraient la coque du bateau fendant les eaux.
Base navale de Nouméa, 2012
Au loin, ils guettaient la terre.
Djibouti 13e DBLE, 2011
Ils l’avaient imaginée toute de sable immaculé et ce cieux innocents.
Base navale de Nouméa, 2012
Prodigue, elle leur tendrait des colliers de fleurs blanches.
Base navale de Nouméa, 2012
La destination, quand bien même elle leur était connue, ne pouvait se résumer au point sur la carte et ils le savaient.
Base navale de Nouméa, 2012
Arrivés à terre, ils continueraient à tanguer dans les eaux de l’inconnu.
Porte-avion Charles de Gaulle, 2012
Et ce mystère, ils ne cherchaient pas à l’élucider pour rien au monde, c’est là leur voyage.
***
Charles Fréger est né en 1975. Alors qu’il est étudiant aux Beaux-Arts à Rouen, un bateau de la Marine nationale fait escale et il s’essaie aux portraits de Marins. Un déclic se produit : « En une journée, tout a basculé. J'ai vu que c'était mon monde. Je travaillais déjà sur la sérialité. Dans l'uniforme, il y avait quelque chose de conceptuel, de froid, que j'aimais ». Dès lors, il ne photographie que des groupes dont les membres sont indentifiables par le port d’un uniforme ou d’une tenue particulière : militaires, sportifs, majorettes, chasseurs tribaux… Parcourant le monde depuis le début des années 2000, il dresse un inventaire intitulé « Portraits photographiques et uniformes », œuvre d’art majeure, unanimement reconnue dans le monde artistique.
« Fréger ne revendique pas de discours critique ou politique, il explore en artiste le portrait comme genre, en revisite constamment l’histoire et les méthodes à la façon d’un peintre officiel au service de lui-même, de tout-un-chacun et du monde entier. Si académisme il y a dans son protocole, c’est volontaire, comme pour interroger encore le portrait d’apparat, car il part toujours de là : un portrait où les modèles doivent être des sujets restitués dans leur identité mais aussi leur dignité. »
Didier Mouchel, Chef de projet photographie, Pôle Image Haute-Normandie
Site de Charles Fréger ici.
Page FaceBook officielle de Charles ici.
ISBN 978-2357332768 – Prix 30 € - Format 26,5 x 20 – 111 pages
Projet en résidence hors-les-murs, 2010-2013, dans le cadre du programme de résidences artistiques initié par la villa Noailles en 2004.
Coédité par l’association Villa Noailles et Archibooks
Site ici.
Se trouve facilement, par exemple en le commandant chez votre libraire préféré(e) ou sur le Net.
Parmi la vingtaine de livres publiés par Charles et que vous retrouverez ici, outre « Outremer », trois sont consacrés au monde mili :
« Légionnaires », publié en 2002, composé bien évidemment de portraits de képis blancs, « Merisotakoulu » en 2003 sur les marins finlandais et « Empire » en 2009, dédié aux gardes nationaux et royaux (31 régiments ; Royaume-Uni, Espagne, Italie, Monaco, Suède, Vatican, etc.). Inutile de vous dire que nous souhaitons aborder ces livres à leur tour, en attendant avec une impatience que nous ne dissimulerons pas les futurs projets de Charles.
***
Hommage
Aux morts pour la France dans les Théâtres d’Opérations Extérieurs.
Aux morts pour la France dans les départements et territoires d’Outre-mer, notamment en Nouvelle-Calédonie dans les années 80 et en luttant contre l’orpaillage en Guyane.
A ceux morts en service commandé.
Aux blessés.
Djibouti 13e DBLE, 2011
« J'aime l'idée de photographier l'immuable »
Charles Fréger
11:55 Publié dans Légionnaires, Marins, Mili-Livre, Mili-Photo | Lien permanent | Commentaires (0)
06/09/2014
"Obéir ? Journal de l'Amiral Paul Marzin", Marie-Paule Leclerc-Marzin. Ed. Charles Hérissey
Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de Mme Leclerc-Marzin. Droits réservés.
+ A la mémoire de mon cousin le CBA Jacques Boyer, marsouin, qui, s’échappant de son camp de prisonniers en 1941, rejoignit l’Armée d’Afrique +
Juge digne de toi toute parole et tout acte qui est selon la nature. Ne t'en laisse détourner ni par le blâme, ni par les calomnies, dont parfois le blâme est suivi. Du moment que ce que tu as fait, ou ce que tu as dit, est bien, ne crois jamais que ce soit au-dessous de ta dignité. Les autres ont leur propre raison qui les conduit et ils obéissent à leur impulsion propre.
Marc-Aurèle, "Pensées pour moi-même".
Dans la marche de l’Histoire, il est des morts que l’on préfère oublier. Comme des épines dans le pied. Alors elle avance, cette Histoire, en espérant que ces échardes disparaitront d’elles-mêmes. Mais parfois, elles finissent par faire boiter et il n’y a guère d’autre option que de s’assoir au bord du chemin et d’enlever la chaussure. Cela s’est produit pour les épines « Harkis » et « Torture en Algérie ». C’est le cas, actuellement, pour les épines « Mutins de 14 ». Le verra-t-on un jour, pour celles des soldats restés fidèles au gouvernement de Vichy ?
Nous imaginons déjà des sourcils se froncer à la simple évocation de lever un voile marqué d’un grand « Collaboration ! ». Et pourtant, il s’agit simplement de regarder son histoire en face et d’écouter ceux qui ont le courage de témoigner. Nous sommes à ce titre heureux d’aborder « Obéir ? », journal de l’Amiral Paul Marzin, commandant du cuirassé Richelieu, qui s’est opposé à la tête de son équipage au débarquement anglais et français-libre à Dakar en 1940, puis a rejoint l’Amirauté à Vichy.
Les sourcils sont toujours froncés ? Alors, lisez. La chaussure doit être enlevée. Il n’y a pas d’autre option : un soldat sait qu’un pied abimé peut s’infecter. Il est temps de le soigner.
Le Richelieu à Brest – Carte postale « Gaby »
Juin 1940. Alors que la Blitzkrieg s’est abattue sur la France, Le Richelieu est en rade à Brest. Paul Marzin en a été nommé commandant le 1er juillet 1939. Les ouvriers travaillent fébrilement à son achèvement.
Toute la nuit, nombreuses alertes aériennes. On tire au jugé sur des avions qui survolent la rade. J’aperçois très nettement deux parachutes portant sans doute des mines magnétiques qui tombent au-delà de la jetée. Le 18 juin, au petit jour, nouvelle alerte : trois avions allemands Heinkel venant de l’est nous attaquent en vol horizontal et lancent trois bombes qui tombent environ cent cinquante mètres par bâbord arrière (…) Nos [canons de] 100 ripostent furieusement, l’un des avions paraît touché.
Mers-el-Kebir - photo merselkebir.unblog.fr
3 Juillet 1940. Pour ne pas tomber dans les mains des Allemands, Le Richelieu a vogué vers Dakar. Entre-temps, l’armistice a été signé à Rethondes. Mais la puissante Royale, épargnée par les combats, inquiète l’allié anglais.
A 17 heures, coup de tonnerre : un message intercepté m’apprend que l’escadre de l’Amiral Gensoul vient d’être attaquée à Mers-el-Kebir près d’Oran par les Britanniques. J’envisage avec l’Amiral Cadart les mesures à prendre pour la défense du mouillage, bien mal organisé et surveillé : les phares continuent à fonctionner, la ville est illuminée, le barrage n’est pas gardé, les batteries de côte ne sont pour ainsi dire pas armées, les avions n’obéissent à aucune règle de survol de la rade…
Le Richelieu à Dakar, protégé par des filets anti-torpilles - photo dakar.1940.free.fr
8 juillet 1940. Le porte-avion anglais Hermes mouille au large de Dakar. Devant le refus du gouverneur général Pierre Boisson de livrer la ville aux anglais…
5h05. Nous entendons des bruits de moteurs d’avion à bâbord, ainsi que le crépitement des mitrailleuses du Bougainville. Presque aussitôt surgissent deux ou trois biplans de porte-avion anglais Swordfish (…) Ces avions ont simplement servi de « bruiteurs » pour attirer l’attention de la défense, alors que deux autres groupes d’avions sont restés invisibles des veilleurs (…) Nous apercevons deux sillages de torpilles venant de bâbord arrière et qui font route droit sur le Richelieu ; moment d’attente angoissante puis soupir de soulagement quand on se rend compte qu’elles ont dû passer sous le bâtiment. Au même instant le maître-timonier Legac me signale un sillage de torpille venant de tribord avant. La marche de l’engin est bien réglée cette fois…
Touché, le Richelieu est immobilisé dans la rade, mais sa puissance de feu reste redoutable. L’escadre anglaise reste au large, pour un temps…
L’attaque britannique. Gerbe de 380 autour du Richelieu – photo issue de l’album personnel de l’Amiral Marzin.
23 septembre. Suite à l’appel du 18 juin, les Forces Françaises Libres se constituent. Le Général de Gaulle envoie ses émissaires à Dakar, tentant de faire basculer la colonie, mais reçoit une fin de non-recevoir du gouverneur. Les Britanniques lancent un ultimatum.
11 heures. On entend des détonations dans le sud et des gerbes s’élèvent dans le port, encadrant le Richelieu (…) D’autres obus tombent au même moment sur la ville près de la batterie du cap Manuel ; l’hôpital indigène, des villas du plateau, des cases de la Médina sont touchés (…) Quelques instants auparavant, deux des croiseurs légers britanniques ont ouvert le feu sur le sous-marin Persée qui, surpris en surface, avait été touché de trois obus au moment où il lançait sur eux deux torpilles. Le Persée, touché, coule.
A bord de l’épave de l’Audacieux - photo dakar.1940.free.fr
16h30. L’Audacieux sort de la rade par la passe Est et bientôt sa coque est masquée à ma vue par la pointe la plus basse de Gorée. Je vois néanmoins sa mâture défiler entre les palmiers, au moment où elle va se masquer dans le clocher de la vieille église, une flamme immense s’élève au-dessus de l’ile pendant que de fortes détonations retentissent. Surpris par un croiseur anglais, l’Australia, il est canonné à bout portant : un obus explose dans la soute à munitions, la chaudière est en flammes, quatre-vingts hommes sont tués, il y a une centaine de blessés.
Tir du Richelieu sur les navires anglais - photo dakar.1940.free.fr
Mais le Richelieu réplique. La bataille dure 3 jours. Les Britanniques ont lancé leurs cuirassés Barham et Resolution : ils sont sévèrement touchés par les tirs et torpilles françaises. Ils doivent rompre le combat. L’opération est un échec, la Royal Navy se retire définitivement. 98 défenseurs, 68 civils, 36 Anglais et 2 Français-Libres ont été tués dans les combats.
25 septembre, les marins du Richelieu accueillent avec enthousiasme le sous-marin Bévéziers qui rentre au port après avoir atteint d'une torpille le cuirassé britannique Resolution - photo atf40.forumculture.net
De Gaulle fût très marqué par cet épisode. Il pensait qu’il arrivait en libérateur, que les Allemands allaient s’emparer de Dakar, que la ville était affamée. Il n’avait pas non plus assez mesuré le choc de l’attaque de Mers-el-Kebir.
« Les jours qui suivirent me furent cruels. J’éprouvais les impressions d’un homme dont un séisme secoue brutalement la maison et qui reçoit sur la tête la pluie de tuiles qui tombent du toit ».
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre.
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Mais le journal de l’Amiral Marzin ne s’arrête pas là. En février 1941, il quitte le commandement du Richelieu et rejoint l’Amirauté à Vichy.
Anniversaire de la bataille de Dakar. De gauche à droite, Amiral Darlan, gouverneur général Boisson, Vice-Amiral Bourragué, Contre-Amiral Marzin. Sept. 1941. Collection MP. Marzin
1941. En arrivant à l’Amirauté, je ressentis une impression de malaise : j’y étais accueilli comme un intrus par le chef d’état-major, l’Amiral Le Luc et avec défiance par certains de ses adjoints (…) Auphan lui-même me reçut avec une certaine réticence (…) Il avait déjà deviné que l’Allemagne ne pouvait plus gagner la guerre et il manœuvrait pour éviter une rupture brutale avec l’Amérique, qu’il pensait devoir être un jour l’arbitre de la paix. Il lui fallait modérer constamment l’amiral Darlan qui s’était lancé à fond dans la collaboration. Aussi redoutait-il mon influence qu’il supposait, a priori, aveuglément antibritannique.
Je commençais dès les premiers jours à me rendre compte que la politique de Vichy était singulièrement tortueuse.
L’Amiral Darlan accueilli à Berchtesgaden par Hitler (caché par ses aides de camps) - photo INA
Le 11 mai 1941, l’amiral Darlan rencontre Hitler à Berchtesgaden. A l’issue, des négociations s’engagent sur une collaboration militaire (en échange d’hypothétiques retours de prisonniers de guerre). Cet accord prend le nom de « Protocole de Paris ». Il concerne La Syrie, la Tunisie… et Dakar.
Il s’agissait de livrer Dakar aux Allemands pour en faire une importante base d’aviation et de sous-marins (…) Notre résistance de 1940 avait eu lieu sans arrière-pensée, car le pavillon avait été insulté sans que les agresseurs puissent invoquer le moindre prétexte. Aussi la lecture du protocole m’ouvrit-elle définitivement les yeux, et me mit dans un état de rage concentrée.
Rue de Rivoli - photo occupation-paris.blogspot.fr
Dès lors, l’amiral Marzin met tout en œuvre pour torpiller l’accord. Pour la Syrie, il est trop tard : Français « vichystes », Britanniques et Français-Libres se battent déjà.
Le 11 juin, j’eus le loisir de jeter un rapide coup d’œil sur un Paris vide et morne, pavoisé d’emblèmes hitlériens, et ce premier contact avec l’Occupation ne fit que m’assombrir d’avantage. En déambulant rue Royale, je pensais avec amertume à tous ceux de Syrie qui tombaient pour la fidélité à la parole donnée, pendant que j’allais discuter des mesures qui pouvaient mettre la Tunisie à feu et à sang.
Ce même 11 juin 1941, l’épouse de Paul Marzin écrit dans son propre journal : Darlan fait une folie. Les Allemands ne lâchent rien et nous engagent à fond. Paul discute tout seul avec la délégation allemande de Wiesbaden. Que va-t-il en sortir ?
Le Maréchal Pétain et le vice-président du conseil Pierre Laval - photo INA
Le 11 novembre 1942, suite au débarquement allié en Afrique du Nord, les allemands envahissent la zone libre. L’Amiral Marzin considère que le Maréchal Pétain n’a qu’une option : démissionner. Il faut aussi sauver la flotte en la faisant appareiller de Toulon pour l’Afrique. Pétain ne fait ni l’un ni l’autre.
Jusqu’à ce jour, j’avais patienté dans la discipline en rongeant mon frein, lorsque je constatais les abdications successives de nos indignes gouvernants, en bataillant pour maintenir la Marine dans la ligne de l’Armistice. Malgré Montoire [collaboration économique entre la France et l’Allemagne], Saint-Florentin [rencontre entre le MAL Pétain et Hitler], je n’avais jamais cessé de croire au double jeu du Maréchal, ni d’espérer que dans la situation présente, celui-ci allait enfin se démasquer. Hélas ! Je m’étais trompé ou plutôt, j’avais été indignement trompé comme tant d’autres : de l’Armistice dans l’honneur de juin 1940, il ne restait plus d’armistice, et l’honneur était irrémédiablement perdu…
Le 19 novembre, l’Amiral Marzin présente sa démission.
Le 27 novembre, l’Amiral de Laborde, encerclé par les troupes allemandes à Toulon, ordonne le sabordage de la flotte.
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Paul Marzin naît en 1894 dans une famille brestoise. L’un de ses grands-pères s’est engagé comme mousse au milieu du XIX°, l’autre est charpentier de marine. Son père s’engage à son tour à 18 ans et devient officier principal d’administration par concours interne. Très bon élève, Paul Marzin intègre l’Ecole Navale en 1912. Durant la Grande-Guerre, il est affecté à l’escadre de Méditerranée, assurant la protection des convois militaire, chassant le sous-marin allemand ou austro-hongrois. Pendant l’entre-deux-guerres, il sert comme chef d’artillerie sur plusieurs navires, avant de prendre service à terre, notamment au Centre des Hautes Etudes Navales et à l’Etat-Major. En 1938, il est nommé commandant du cuirassé Richelieu, alors en construction. En 1940, resté fidèle au gouvernement du Maréchal Pétain, il défend Dakar contre la tentative de débarquement anglo-gaulliste. Rejoignant l’Amirauté à Vichy, ouvrant peu à peu les yeux sur les orientations d’un gouvernement décidé à plus de collaboration avec l’Axe, il entre à sa manière en résistance, tentant de « torpiller » les projets militaires allemands devant impliquer la France. Démissionnaire après l’invasion de la zone libre, volontaire pour rejoindre l’Afrique du nord, Paul Marzin est laissé à l’écart, certainement trop « marqué » par l’épisode de Dakar. A la Libération cependant, son attitude patriote est reconnue par les vainqueurs. Il n’est donc pas mis en cause lors de l’épuration. Il décède subitement en 1963 après avoir poursuivi sa carrière dans l’Administration portuaire.
La famille Marzin en 1943 à Vichy. 1er rang à droite Marie-Paule - photo MP. Marzin
Cette période de l’histoire me remplit d’une grande tristesse et d’une sombre amertume. Beaucoup croyaient sincèrement faire leur devoir, mais ont été trompés par ceux à qui ils avaient prêté serment.
Marie-Paule Leclerc-Marzin
Rencontre avec Mme Leclerc-Marzin au Salon des Ecrivains-Combattants 2013 - photo Natachenka/UPpL'E
Prix : 20€ - ISBN : 978-2914417464 – format 15,4x23,8 – 240 pages, cahier photo.
Aux éditions Charles Hérissey
Disponible ici.
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L’Amiral Gensoul aux funérailles des 1297 marins français morts Mers-el-Kebir - photo merselkebir.unblog.fr
Hommage
Aux morts de Mers-el-Kebir, de Dakar, du Gabon, de Syrie, de Madagascar, d'Afrique du Nord ; Français restés fidèles au gouvernement et Français-Libres, tombés dans des combats fratricides, mais restant unis dans l’honneur de la parole donnée.
"Je n’ai appris le bombardement des navires français dans la baie d’Oran que par les journaux. Les marins britanniques furent atterrés par cette nouvelle. Les pertes humaines furent tragiques et la tristesse de cet événement n’a cessé de hanter la Royal Navy ces trente-neuf dernières années, bien que, pour autant que je sache, personne ne l’ait exprimé. C’est pourquoi, j’aimerais saisir cette occasion pour dire que nous regrettons sincèrement que les choses se soient passées ainsi. Je voudrais exprimer notre sympathie à tous ceux qui en ont souffert et nos condoléances à tous ceux qui ont perdu un parent dans cette tragédie."
Lord Mountbatten, Amiral de la Royal Navy, dernier vice-roi de l'Inde britannique, oncle de la reine Élisabeth II, à propos de Mers-el-Kebir. 4.12.1979
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Photo merselkebir.unblog.fr
En 2005, le cimetière des Marins de Mers-el-Kebir, proche d’Oran, a été saccagé, les croix brisées. Avec « l’autorisation du gouvernement algérien », il a pu être réhabilité par la France. Sans doute pour ne pas choquer sur l’autre rive de la Méditerranée, les croix n’ont pas été relevées, les tombes étant désormais marquées par de simples plots.
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Les officiers du Richelieu. Au centre Paul Marzin.
Je n’ai jamais vu de semblable débarquement à celui qui se déroula ce jour-là sous nos yeux. Il est vrai que si l’affection profonde que nous portions à notre commandant résultait de sa bonté et de sa simplicité, elle n’en traduisait pas moins notre attachement né dans le travail, dans la peine, dans le combat, dans la victoire. L’équipage s’était rangé dans la bande, dans la tour et les superstructures, les officiers avaient gagné la plage arrière. Quand la vedette qui le transportait à terre poussa, elle mit à petite vitesse pour défiler le long du bord. Au garde à vous, le capitaine de vaisseau Marzin salua une dernière fois son vaillant équipage pendant que celui-ci hurlait des hourrahs sans fin.
26.2.1941, Paul Marzin quitte le commandement du Richelieu. Scène décrite par l’Ingénieur-Mécanicien Pen, membre de l'équipage.
L'équipage du Richelieu
13:01 Publié dans 2nde Guerre Mondiale, Marins, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
14/01/2014
« Ils font souffler le Mistral ! », Carl Spriet et l’équipage du Mistral. Marines Editions
Extraits publiés avec l'aimable autorisation de l'auteur. Tous droits réservés.
On peut compter sur cette force toujours prête au service, la vieille dame toujours jeune, acceptant les pires routines et impatiente des plus belles inventions, férue de traditions et passionnée de découvertes, noble et rustre, discrète et orgueilleuse, désinvolte et guindée, paillarde et vertueuse, diverse et unie, contestataire et disciplinée, jalousée autant qu'aimée, méconnue et admirée, menacée mais éternelle : La Royale.
Jean-Louis Thuille, EN 41.
Vous ne parlez jamais de la Marine, tonnerre de Brest !
Rassurez-vous, fans d’ancres et de pompons rouges, voici venu le temps de prendre la mer. Mais pas sur une coquille de noix ! Sur le Mistral, l’un des fleurons de la Royale.
Nous aurions eu entre les mains un joli livre-photo sur le premier bâtiment de projection et de commandement (BPC) français, nous aurions déjà été ravis. Mais le commandant du Mistral, le Capitaine de vaisseau François-Xavier Polderman, a souhaité marquer les esprits en faisant preuve d’originalité. Et c’est au dessinateur Carl Spriet, reporter graphique, qu’il a confié la partie « visuelle ». Point de photos donc, mais d'authentiques croquis pris sur le vif, abordant tous les personnels, quelles que soient leurs spécialités, et tous les aspects de la vie de bord, au port comme au large.
Rencontre d’un artiste et d’un univers, œuvre collective puisque tout l’équipage s’est impliqué dans le choix des dessins, et l’élaboration des légendes, très belle introduction du commandant (que nous allons utiliser pour légender quelques pages du livres)… « Il font souffler le Mistral » est un beau témoignage doublé d’une réelle balade artistique.
Prêts à embarquer ?
Les bâtiments de projection et de commandement (BPC), dont le Mistral fut le premier mis en service en 2006, prennent rang immédiatement après le porte-avions Charles de Gaulle parmi les grandes unités de la Marine Nationale.
Leurs capacités concentrent la plus large part de ce que la liberté des mers permet comme action vers la terre, depuis l’assistance à des populations sinistrées jusqu’au combat de haute intensité, terrestre ou héliporté.
Le Mistral c’est avant tout un monstre d’acier, dans les immensités duquel, un équipage réduit se croise fugacement, chacun à son poste et dans sa zone de travail, éloignée parfois de dix étages de celles de ses camarades.
Cette ruche peut vibrer d’une activité intense à une extrémité, à l’autre elle semblera plongée dans la placide léthargie d’un Léviathan assoupi.
Les poumons de chair d’où surgit le Mistral. S’il « souffle où il veut » comme l’entend sa devise ubi vult spira, c’est avant tout parce qu’un navire, singulièrement un navire de guerre aussi puissant et polyvalent que l’est le Mistral, n’est pas seulement un amas vaguement organisé de tôle, de câbles et de tuyaux, mais un organisme qui n’attend qu’une âme pour se mettre à son service, avec une personnalité propre. Et qu’un équipage au contraire d’une foule, est un formidable pourvoyeur d’âme, un catalyseur d’intelligence et de volonté voué à cette seule fin.
Au-delà de la technique, au-delà du professionnalisme de chaque individu, ce qui anime le Mistral, c’est la fierté, le bonheur que chacun trouve à y servir, la qualité des liens qui unissent son équipage.
Capitaine de vaisseau François-Xavier Polderman, commandant le Mistral
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Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts de Lille, reporter graphique, Carl Spriet s’inscrit dans la lignée des peintres qui ont toujours travaillé sur le vif. Après avoir mené de front sa carrière artistique et son métier de cadre dans la grande distribution pendant vingt ans (il est également diplômé d'école de commerce), ce nordiste venu de la terre choisit les pinceaux et met le cap sur la mer.
En embarquant à bord du BPC Mistral en décembre 2012, il a pu laisser libre cours à son inspiration pour « le rapport homme/machine et l’humain appliqué à sa tâche ». Il a ce regard humaniste qui fera dire à tous les marins : « Il est des nôtres. »
"Comme les virtuoses, les équilibristes ou les athlètes de haut niveau, Carl Spriet à l’élégance de nous faire oublier les années de travail qui précèdent toujours le talent. Qu’il tienne un pinceau, une plume ou un crayon, il parvient à saisir la vie au vol avec un brio impressionnant (…) Carl Spriet nous prouve, s’il en était besoin, qu’un homme de l’art peut aussi être un homme de terrain."
Hervé Verspieren
Carl est marié et père de quatre enfants.
Son site WEB ici.
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Prix 35€ - EAN 978-2357431232 - Format 21,2x28,5 - 96 pages
Chez Marines Editions
Pour vous procurer le livre, voir ici.
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Hommage
A tous les marins morts pour la France,
Aux morts en service commandé, aux disparus en mer,
Aux blessés.
Ces combattants des mers m'ont impressionné par leur abnégation, leur capacité d'endurance et leur professionnalisme : manœuvriers, cuisiniers, pilotes d'hélicoptères, mécaniciens, électriciens, navigateurs, fusiliers, détecteurs, infirmiers, informaticiens, comptables, logisticiens, gestionnaires des ressources humaines, ils forcent tous le respect. Ambassadeurs de notre pays, ils l'honorent par leurs aptitudes, en tout lieu et tout le temps, à accomplir la mission, Ubi Vult Spirat.
Carl Spriet
14:40 Publié dans Marins, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (0)