08/01/2017
Salon des Ecrivains Combattants & Balade Artistique et Littéraire de l’EOGN 2016
Photos Natacha/UPpL’E
Il est souvent des engouements qui s’estompent avec le temps. La collection de timbre, le footing du samedi matin… Mais celui qui nous concerne, lire ces beaux récits de soldats, rencontrer leurs auteurs, échanger avec eux, sont de tels bonheurs renouvelés que nous abordons la 5ème année d’existence d’Une Plume pour L’Epée plus motivés que jamais !
Et pour débuter 2017, retour sur les deux derniers salons milittéraires de l’année passée.
Avec le général de division (cr) Claude Le Borgne. Saint-Cyrien pendant la Campagne de France, il rejoint la Coloniale. Méhariste en Mauritanie, il quitte les sables africains pour les rizières indochinoises, avant de les retrouver en Algérie. Commandant le 2e RP à Madagascar, il termine sa belle carrière avec la Guerre-Froide, chef des 9e BI et 5e DB en Allemagne.
C’est toujours un honneur de rencontrer un grand ancien, et celui-ci s’est révélé particulièrement charmant, du haut de ses 93 vaillants printemps ! Magnifique carrière au service de la France ; magnifique Monsieur.
A noter que Claude est le frère du GAL Guy Le Borgne, autre figure de l'Armée française.
A ce jour, nous n’avons que feuilleté le livre, mais d’ores et déjà une chose est certaine : il est merveilleusement écrit et nous avons devant nous une bien belle et passionnante lecture…
Il est bien connu que le vieillard, sentant sa mort prochaine, voit le monde courir à sa perte du même pas que lui. Nul n’ajoute foi à ses jérémiades. Il en va toujours ainsi.
Pourtant, le tocsin que branle le vieux pourrait bien être, pour la première et dernière fois, le bon.
Essayons, fût-ce sans espoir, de le faire entendre…
Aux éditions Albin Michel. Disponible chez votre libraire préféré(e), éventuellement sur commande, ou sur tous les sites du Net.
***
Enfin une rencontre avec Wladyslaw Sobanski. Déployé en Indochine en 1951, rejoignant le 2e Bataillon Thaï, il est fait prisonnier par le Vietminh quelques jours avant son rapatriement. Interné au camp 113, il y subit pendant 409 jours les affres du funeste Boudarel, professeur à Saigon, communiste ayant rejoint dès 1950 le Viêt-Cong. Wladyslaw n’aura de cesse, dès lors, de faire reconnaître par la Justice française le crime commis, hélas sans réel succès. Il est des prescriptions indignes.
Dans le camp 113, Boudarel porte une responsabilité énorme dans la mort de mes camarades. Car on peut tuer un homme sans jamais lever la main sur lui. Il leur a porté le coup de grâce en manipulant leur conscience et en leur imposant des comportements, des sentiments, des réflexes pernicieux à un moment où ils étaient affaiblis à l’extrême et, de ce fait, hautement vulnérables. Il les a fait sombrer dans un gouffre psychologique et leur a ôté le goût et la volonté de vivre. Pour ma part, je ne fais plus que 39 kg, contre 90 au moment où j’ai été fait prisonnier.
Aux éditions Amalthée, disponible ici.
***
Retrouvailles avec notre cher général Barrera, commandant la glorieuse brigade Serval au Mali, ancien Chef de corps du 16e Bataillon de Chasseurs, and so on. Nous renouvelons ici nos plus vifs remerciements au Général pour son soutien dans un projet qui nous tenait tant à cœur et qui, grâce à lui et quelques autres camarades, a abouti au-delà de nos espérances… (la solution à cette devinette se situe en page de gauche du blog, logo + rubrique « à propos »…).
La section de Gaulois [92e RI] est alignée sur deux rangs, impeccable, les armes à la main. Ils sont commandés par un adjudant solide qui a encaissé le choc à plusieurs reprises. Le plus petit à droite tient son fusil de tireur d’élite par le canon, la crosse posée au sol. Il est jeune et pourtant il a l'air terriblement décidé. L'amiral [Guillaud, CEMA] lui demande s'il a tiré sur des terroristes avec son fusil ; réponse négative. Cela ne correspond pas à ce que je sais de cette section, à ce que je perçois de ce soldat. Je retourne le voir, seul, pour l'interroger. Non, il n'en a pas arrêté avec son fusil de tireur d'élite, ils étaient trop près et montaient à l’assaut contre son groupe, mais il en a abattu deux avec son pistolet automatique, à quelques mètres. C'était eux ou lui.
Nous avons abordé le *vivement* recommandé « Opération Serval » ici.
***
Nous venons de parler d’un bon camarade, en voici un autre ! Le colonel Philippe Cholous, gendarme mobile au passé de Marsouin, Afghaner, du beau militaire tout en panache à la Bayard ! Lui aussi contribué à l’aboutissement de notre projet (cf plus haut).
Pris sous le feu, je ne peux débarquer pendant l’accrochage. Restant inactif à bord de mon Humvee qui est en milieu de rame, les minutes me paraissent interminables. Je sais que le blindage me met à l’abri des armes légères et que la proximité des habitations complique les tirs ennemis. Pour le reste, notamment les roquettes, je me sens vulnérable. Je me sens d’autant plus immobile qu’en tourelle, le servant de la mitrailleuse s’en donne à cœur joie. Les étuis pleuvent dans l’habitacle.
Nous avons abordé son très intéressant « Deux ans dans les pas de Zamaraï Païkan, général et héros afghan », ici.
Et nous en profitons pour présenter son dernier essai « De la philosophie essentielle du commandement militaire », couverturé avec du Guesclin. Aux éditions Lavauzelle, disponible ici.
***
Un rencontre comme on les aime : le médecin en chef (LCL) Etienne Philippon complète, pour notre plus grand bonheur, la milibibli des Afghaners. Il nous reste à lire « Médecin en Afghanistan » (la pile est épaisse… tant mieux) mais nous allons évidemment apprécier ce journal de marche et nous inclinons respectueusement devant l’engagement et l’abnégation des hommes et des femmes du Service de Santé et des infirmiers régimentaires.
La vie est belle après la bataille. C’est la joie d’être vivant, de respirer tranquillement. Je constate que, comme parfois ceux qui sortent des hôpitaux, plus on est passé proche de la mort, plus on a le sens de la vie. Drôle d’euphorie. La minute présente, écrasée jusque-là entre le passé lourd de danger et l’avenir redoutable, cesse d’être toute petite. Les minutes semblent remplir tout le temps de leurs plénitudes, comme l’espace de notre popote parait avoir l’immensité du monde.
Aux éditions Lavauzelle, disponible ici.
***
Avec l'ami Victor Ferreira en promo de son dernier opus "Légionnaire". Son complice Bertrand Constant étant retenu sur un autre salon, nous nous rattrapons avec une photo de la soirée de lancement du livre, à la librairie Fontaine Haussmann. Livre-collection de portraits de Képis blancs, Victor et Bertrand sont on ne peut plus légitimes pour aborder le sujet : le premier, photographe, est un ADC en retraite, passé par les 4e RE, 13e DBLE, 3e REI et 2e REI et le second, auteur des textes, est Saint-Cyrien, ancien lieutenant du 2e REP. Nous reviendrons évidemment sur ce beau livre, mais en attendant, teaser :
On essaie chacun de notre côté d’honorer au mieux la Légion Etrangère et je dois dire qu’elle nous le rend bien. C’est notre refuge, notre famille toujours présente quand ça ne va pas. Il m’arrive de douter, de ne pas savoir quel chemin prendre et, dans ce cas-là, je m’assois et je regarde longuement mon béret vert. Je ne dirais pas que c’est un miracle mais, étrangement, tout revient dans l’ordre.
Fabien, 25 ans, de France. Photo Victor Ferreira, texte Bertrand Constant
Aux éditions Mareuil, disponible ici.
***
Encore un copain : cette fois nous sommes avec le Légionnaire cavalier CES (h) Philippe de Parseval.
Philippe est l’auteur d’une très belle biographie sur son beau-père le GAL (2s) Paul de Chazelles, exemple typique de ces grands soldats qui méritent tout, sauf l'oubli dans lequel ils sont si injustement plongés...
Ce livre, très joliment écrit, est donc le bienvenu, nous plongeant dans la brillante carrière du général : Saint-Cyr au début des années 30 ; pacification du Maroc avec les légionnaires cavaliers du 1er REC ayant troqué leurs chevaux pour des automitrailleuses ; bataille de France avec le 3e RH, prisonnier et évasion (forcément) rocambolesque d'Allemagne ; Armée d'Afrique, glorieuse campagne d'Italie, débarquement de Provence et libération de la France avec le 8e RCA ; puis c'est l'Indochine où il pousse dehors les Chinois et fait le coup de feu contre le Viêt Minh naissant, avec le 5e RCuir ; retour au Maroc où il retrouve ses chers Légionnaires en prenant le commandement du 2e REC ; guerre froide en Allemagne avec le 2e RSA ; et enfin Algérie, où il aurait pu laisser la vie, étant violemment bastonné et laissé pour mort à Tlemcen...
Indispensable dans toute milibibli Légion, Cavalerie, Grands Anciens...
Aux éditions Dualpha, disponible auprès de l’auteur : patrianostra2 [at] yahoo.fr
***
Avec Mgr Henri, Comte de Paris et Duc de France. Bien que n’ayant pas écrit à ce jour, spécifiquement, sur sa carrière militaire (on le regrette…), Monseigneur a toute sa place au salon des Ecrivains Combattants : vétéran d'Algérie, il sert par la suite au 5e RH et 1er REC. Rappelons aussi que son frère, François d'Orléans, meurt au combat le 11 octobre 1960 à Imzouagh.
***
Mais un salon peut en cacher un autre… Quelques jours avant l’après-midi des Ecrivains Combattants, nous étions à Melun pour « la Balade Littéraire et Artistique de l’EOGN ».
Il s’agit d’un nouveau salon, créé à l’initiative des officiers élèves de la promotion LCL Caron. Saluons la volonté de la jeune génération de mettre en avant les mili-auteurs et espérons que les futures promotions portant TeTRA et taconnets renouvelleront l’expérience.
Avec les gendarmes afghaners, COL Stéphane Bras et COL Philippe Cholous, auteurs de deux récits qui rappellent le bel engagement des hommes en bleu [portant pour l’occasion le treillis camouflé CE] dans la campagne afghane. Nous avons parlé de celui de Philippe, présent au salon des Ecrivains Combattants, plus haut.
Quant à « POMLT, Gendarmes en Afghanistan » de Stéphane, nous l’avons abordé ici.
Progressivement, les Afghans nous gratifieront d’accolades et de poignées de mains interminables pour nous témoigner leur sincérité. Ils nous appliqueront en fait leurs us et coutumes et je verrai dans ces effusions et autres démonstrations chaleureuses une forme de respect réciproque (…) Je m’amuserai de cette façon si particulière de saluer en me gardant bien de prévenir mes supérieurs de la forme d’accueil qui leur sera réservée. Car quoi de plus surprenant pour un général ou un colonel de gendarmerie qui rencontre pour la première fois un officier de l’ANP que de se voir embrasser par un grand gaillard barbu !
Aux éditions Anovi, disponible ici.
***
Avec Roland Môntins, ancien chef de groupe du GIGN, l’un des héros de la libération des otages de l’Airbus d’Air France à Marignane par le Groupe Islamique Armé en 1994, lors de laquelle il est sérieusement blessé comme neuf de ses camarades. Roland aborde cette action d’éclat, qui reste dans les mémoires, dans « L’Assaut » et, plus généralement, sa brillante carrière dans « GIGN, 40 ans d'actions extraordinaires ».
A ses côtés, le MAJ (er) Jean-Luc Riva et son éditeur Nimrod. Nous avons abordé le livre trépident de Jean-Luc sur une autre prise d'otage, celle de Loyada à Djibouti, ici.
Arlé est le premier à franchir la porte. Il se met immédiatement en appui à gauche, face aux passagers. Il hurle : « Couchez-vous ! Couchez-vous sous les sièges ! » Thierry bondit derrière lui. En trois foulées, il enfile le couloir qui mène au cockpit. Tous les terroristes s’y sont regroupés. Il analyse en une fraction de seconde la situation. Le preneur d’otages le plus proche : embusqué-genou à terre-veste de steward-kalachnikov. Face à lui : front dégarni-chemise blanche-pistolet-mitrailleur. A droite : chemise blanche-lunettes-pistolet automatique. Tous stupéfaits.
« L’Assaut – Le GIGN au cœur de l’action », chez Oh, désormais XO Editions. Disponible ici.
« GIGN – 40 ans d’actions extraordinaires », aux éditions Pygmalion (Flammarion). Disponible ici.
*
Chacun des tireurs prononce mentalement le chiffre clé [pour coordonner le timing]. 333. Les réticules sont calés sur les têtes des ravisseurs. 333. La respiration est bloquée et l'index a rattrapé le jeu de détente. 333. L'index écrase sans à-coup la queue de détente. Une seule détonation, un léger nuage de sable qui s'élève et les six balles filent à 840 mètres/seconde vers leurs objectifs.
Aux éditions Nimrod, disponible ici.
***
Avec le LCL (er) Roger Drouin, pionnier de l'aviation de la Gendarmerie, auteur d'un brillant historique en 2 tomes, « L'aventure au quotidien ». Voir ici.
***
Enfin, une superbe découverte : les photographies de Mika, GIGN. Clichés magnifiques et travail graphique itou. D'ailleurs, nous nous sommes laissés tentés par deux photos... On espère un livre un jour.
Le cliché de la Russe-blanc
Celui du Chasseur
***
Nous en profitons pour recommander la visite du musée de la Gendarmerie de Melun. Mise en scène des (superbes !) collections moderne et très esthétique, parcours pédagogiques rigolos pour les enfants… Vraiment à faire. Voir ici.
***
Et pour conclure, alors que nous sommes auto-portraités devant de beaux dessins de Jean-Louis Martinez figurant dans le hall du musée, nous vous souhaitons à toutes et tous une belle et heureuse année 2017, en vous remerciant pour votre intérêt, et avec une pensez particulière pour tous nos soldats et leurs proches :
Merci pour votre engagement au service des Français.
Vous pouvez être fiers de vous.
16:23 Publié dans Mili-Livre, Mili-Reportage | Lien permanent | Commentaires (0)