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29/05/2015

« Task Force 32 – SAS en Afghanistan », ADJ Calvin Gautier, 1er RPIMa, autoédité.

Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés. Merci de nous consulter si vous souhaitez en réutiliser.

 

 

Ces hommes en ont assez vu pour développer une lucidité intérieure légèrement désabusée et sarcastique, mais ils corrigent toujours la tristesse de l’âme par une féroce rage de vivre, une joie carnassière de l’instant et vouent à l’action un culte digne de l’antique.

Sylvain Tesson

 

Ah les Forces Spéciales françaises ! Tout le monde les « connait », tout le monde en parle : de sacrés mecs, hyper pro, le top, l’élite... L’aura est légitime. Mais au fond, qu’est-ce que l’on « sait » d’eux ? Mmmm ?

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Hé bien, pas grand-chose… jusque-là... Car grâce à « Task Force 32 » de Calvin Gautier, 1er RPIMa, vous êtes invités à plonger dans la vie d’un « Stick Action Spéciale », au combat, en Afghanistan. De l’inédit ! 

Alors, évidemment, notre opérateur a reçu l’aval de ses camarades et a édulcoré son propos (sécurité oblige). Reste que l’entrainement (intensif !), la vie dans la base et ses galères (p* la Logistique !), les ordres (mais c’est n’importe quoi !), le combat (oui, ça « défouraille »), les blessés (car le Taliban n’est pas un bras cassé)… Vous retrouverez tout cela dans le livre. Mais aussi la magnifique fraternité qui règne  entre ces garçons (on ne va pas faire sourire en parlant d’amour… J) ;  Et puis de l’humour, car on rigole beaucoup  en lisant Calvin (le bar des SAS est équipé d’une « pole bar »… mais pas beaucoup de filles ; alors, qui danse ?). 

Des hommes, quoi  (fiers de se montrer des dessins d’enfants reçus de France pour les fêtes…).  

Oui, les opérateurs des FS sont des hommes comme les autres. 

En mieux.

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Briefing groupe avant le départ

Que veut exactement le haut commandement ? Juste rendre compte aux politiciens de nos ballades dans les vallées, sans faire de vagues, sans causer de pertes chez les salopards contre lesquels nous nous battons depuis dix ans ? Pour nous, c’est inacceptable, nous avons perdu des camarades dans ce conflit, alors il faut finir le boulot proprement et ne pas quitter l’Afghanistan comme des voleurs. Nous sommes là et nous comptons bien faire notre travail. 

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Jalhorel, en position

Nous devons rester vigilants, parce que des infidèles, même inutiles sur une montagne perdue, ça reste une cible de choix. Avec Laurent, nous remarquons les petites habitudes des gars du groupe et les observons avec fierté. Glissés entre les rochers et dans les creux naturels du sol, malgré la fatigue et le froid, les gars sourient et sont prêts à réagir à un éventuel contact. C’est vraiment quelque chose d’exceptionnel d’être à la tête d’une telle meute.

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Poste de combat et look snowboardeur

Un chien errant monte sur la position. Il a l’air plutôt content de se trouver de nouveau copains. Il se trouve même un superbe jouet en déterrant une de nos charges explosives. Le malheureux se promène avec un pétard de 250g dans la gueule, poursuivi par Laurent qui a bondi pour récupérer la charge. (…) «  Putain les enculés, ils ont même dressé des chiens en suicide bomber » ! 

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Opération Snake 22. Entrée du poste de Kalei-Pakistani dans lequel Jéjé, Virgil et Nigger sont blessés

Lorsque nous arrivons auprès de Jéjé, nous réalisons la gravité de la situation. Il gémit de douleur car il a des éclats de fragmentation métallique dans le visage, l’abdomen et les jambes. Sa jambe gauche est brisée au niveau du fémur et d’énormes lambeaux de chair pendent. Constant vérifie et resserre le garrot. J’essuie le sang sur le bas ventre pour mieux voir les plaies et Jéjé me demande de vérifier sa bite et ses couilles. Je lui conseille de ne pas regarder ses blessures et effectue ma vérification. Tout est là et en assez bon état (…) Constant empile les compresses sur la plaie pour arrêter les saignements et protéger la blessure. Pendant ce temps j’essaie de mesurer le pouls mais il est trop faible pour être perceptible. Jéjé a perdu une grosse quantité de sang et il est blanc comme un cul. Je le saisis en le rassurant, nos mains sont soudées par le sang coagulé. Il ne cesse de dire « Calvin, j’ai mal… ils m’ont eu ces enculés ! » « T’en fait pas Jéjé, c’est pas grave. On va te sortir de là vite fait ». Constant me demande «  Tu as le pouls ? ». Comme Jéjé me regarde, je réponds « Oui, c’est nickel. » Constant comprend en voyant ma tronche que je mens.

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Jalorhel, Bravo team en action

Le groupe gicle aussitôt pour se poster et se préparer au combat (…) A 800 mètres de notre position, six insurgés se préparent à nous engager. Je fais ouvrir le feu juste au moment où ils placent une [mitrailleuse] PKM face à nous. Les Minimis et Damien engagent l’ennemi avant qu’il ne puisse s’installer. Les insurgés courent dans tous les sens. Chris effectue des tirs de saturation dès qu’une silhouette apparait au loin (…) « RPG ! » Les insurgés tirent deux roquettes en tir courbe pour essayer de compenser la distance mais elles tombent trop court. La PKM entre à présent dans la danse en tire de petites rafales précises. Les impacts de balles claquent autour de nos positions en faisant des bruits secs et des morceaux de rochers volent en éclats. Je télémètre la distance exacte de l’emplacement de la PKM avant de l’annoncer à Damien qui effectue les corrections nécessaires. Il ouvre le feu en coup par coup rapide et quelques secondes plus tard la PKM cesse son tir.

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Tentative de Snowboarding. Pas assez de pente…

Il a neigé à nouveau (…) Avec Laurent, nous faisons une petite balade dans la base pour nous décontracter et bavarder un peu au calme. Nous réalisons quelques photographies de paysage (…) Comme nous sommes plus près de la fin de nos carrières que du début, nous ressentons le besoin d’accumuler les souvenirs (…) J’imagine facilement dans 30 ans des conversations du style : « Tu vois, avant d’être un vieux con, papy était super cool, avec ses potes ils ont fait la guerre et c’était une sacrée bande de salopards ! »

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La popote SAS de la TF32 à Tagab

Le détachement qui nous relève arrive par convoi routier. Nous les guidons jusqu’à leurs chambres puis à une soirée karaoké organisée au foyer de la base. Lilian est le poulain du groupe, tous les espoirs des SAS reposent sur lui car les autres gars du groupe chantent comme des nazes. Je dépose les fameux tickets pour la sélection des chansons et choisis judicieusement deux titres : « Comme un ouragan » de Stéphanie et « Lolita » d’Alizée…

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Photo souvenir de l’opération Buffalo 60

Les gars se rapprochent et le SAS se réunit une dernière fois pour se dire au revoir avant les permissions. Juste à côté de Virgil, je m’aperçois que Laurent a un air bizarre, le regard fixé dans le vide et les yeux humides. Cela me parait étrange. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai réalisé que moi aussi je n’étais pas dans mon état normal. Il a fallu que je m’habitue aussi à avoir les yeux humides et à me reprendre lorsque mon regard se perdait dans le vide.

 

***

Calvin.jpgDe par son appartenance aux Forces Spéciales, nous resterons discrets sur l’ADJ Calvin Gautier. Il suffit de savoir qu’il a parcouru le globe pendant vingt ans au service de la France, dont plusieurs déploiements en Afghanistan avec ses camarades du 1er RPIMa.

Il s’est forgé sa propre personnalité au cours des stages, des entraînements et des missions. Il a hérité des qualités des gens qu’il a côtoyés, qu’ils soient instructeurs ou camarades. Ils l’ont guidé sur ce chemin. Nous ne pouvons même pas imaginer les expériences qu’ils ont vécues ensemble. Je suis admirative envers chacun d’entre eux pour toutes les souffrances qu’ils ont endurées et qu’ils ont surmontées pour devenir ce qu’ils sont à présent.

Marina, compagne de Calvin.

Nos opérateurs SAS ne sont pas que des « bêtes de guerre », ils sont pétris d’humanité et elle affleure au détour du récit. Il y a ces petits gestes à l’égard des Afghans victimes du conflit ; cette complicité fraternelle entre membres du 1er RPIMa qui se retrouvent en famille ; cette connivence avec les « cousins » du 13e RDP, teintée d’estime et de respect mutuel ; ces rencontres impromptues et inoubliables avec des soldats français ou alliés, dont on partage le même sort au hasard du destin. Et puis il y a ces moments intemporels où, dans la tourmente, se forgent des amitiés éternelles, plus fortes que les liens du sang.

Souhaitons que notre patrie ait toujours des enfants animés de cet esprit d’audace et de victoire.

GAL Jacques Rosier, alias Romuald

 

Site de Calvin Gautier ici. Page FaceBook .

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ISBN : 978-86-917707-0-9 – Prix 25€ - format 23x16, 280 pages, 64 photos couleurs,  couverture rigide

Dans « Task Force 32 », Calvin Gautier ne parle pas de lui, mais du groupe, ce qui fait du livre un bel hommage à tous les opérateurs du 1er RPIMa et plus généralement aux FS. Il a été édité directement par l’auteur. Un autre challenge (et pas des moindres croyez-nous) relevé avec succès. Il est exclusivement disponible via le site de Calvin et l’association d’entraide Forces Spéciales « Fraternité et Esprit SAS ». Toutes les infos pour se le procurer sont  ici.

N’hésitez pas à contacter Calvin. Il est très pris mais sais se rendre disponible et accueil sympathique garanti !

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Hommage

Aux membres des Forces Spéciales morts pour la France en Afghanistan,

CPL Murat Yagci

CCH Cédric Crupel

ADJ Joël Gazeau

CCH David Poulain

BCH Gabriel Poirier

ADJ Yann Hertach

PM Loïc Le Page

PM Frédéric Paré

SM Jonathan Lefort

SM Benjamin Bourdet

CCH Sébastien Planelles

A tous les membres des Forces Spéciales morts pour la France, morts en service commandé,

Aux blessés.

 

Je ferai face à tout et je vaincrai.

Rien ne m’arrêtera, sauf la mort.

Et même si cela arrive, ce ne sera que temporaire,

Parce que ma mémoire motivera mes frères à triompher.

Code d’honneur de l’opérateur des Forces Spéciales.

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Un coup trop long et un coup trop court, le prochain est pour nous (…) J’étais touché (…) Je ressentais une douleur intense et je me suis injecté une dosette de morphine (…) J’ai examiné mon entrejambe parce  que je craignais d’en perdre une (…) La douleur au ventre est rapidement devenue atroce (…)

J’entendais le Tigre faire les passages et tirer autour de notre position. Là, j’ai vu Constant, l’infirmier du stick, passer pour aller voir Jéjé, car il était vraiment dans un sale état. Quand j’ai vu Calvin, l’adjoint du SAS, avec son équipe, je me suis dit que j’étais sauvé. J’en avais les larmes aux yeux rien que de les voir. Je savais qu’ils allaient se battre pour nous et nous sortir de cette merde (…) Je les voyais se déployer avec rage pour nous sauver. Je regardais ces visages tendus. Les gars n’avaient qu’un seul objectif, nous sortir de là. 

Curieusement, j’étais serein. Calvin et son équipe étaient là. Plus rien ne pouvait m’arriver.

Virgil, gravement blessé lors de l’opération « Snake 22 », 29 novembre 2011.

 

 

 

 

 

 

 

 

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