18/12/2017
« De la cité au rang des officiers », CNE Mehdi Tayeb, 4e RCh, 2e RH, BRB 2. Autoédité.
Extraits publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Photos inédites issues de la collection de l’auteur. Droits réservés.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la.
Mère Teresa
« De la cité au rang des officiers » est un récit-plongée dans une carrière qui peut (et c'est si regrettable) sembler atypique : gosse des cités, né dans un contexte familial autodestructeur, au bord du précipice de la délinquance, Mehdi Tayeb découvre l'armée grâce au service militaire. Trouvant sa voie, n'ayant peut-être pas la "gueule de l'emploi", il gravit cependant les marches : militaire du rang, sous-officier, officier.
Outre une belle leçon de vie, le (désormais) Capitaine Tayeb, s’il reste forcément discret sur ses missions de renseignement, livre un témoignage rare sur les opérations des Hussards.
Déployé 3 fois au Kosovo et en Afghanistan (la première fois comme militaire du rang, la seconde comme sous-officier, la troisième comme officier !), 2 fois au Mali, en RCI, en Bosnie (infiltration épique qui tourne au drame pour l’un des acteurs), au Tchad, son parcours est exceptionnel... et l'homme l’est tout autant, à la fois tendre et volontaire.
Pour reprendre la formule consacrée, et sans jeu de mot : "il mérite d'être cité en exemple".
Mehdi Tayeb et ses camarades de la cité, 1994
Je me remémore les déboires que j’ai connu étant plus jeune. Nombreux sont ceux qui auraient pu me coûter un séjour en prison et mes amis auraient pu tous être mes voisins de cellule. J’avais fait du vice un mode de vie. J’ai volé avec ma sœur et même avec ma mère, alors, comment tomber plus bas ? Et même quand j’ai commencé à travailler, je n’ai pas su arrêter (…) Chaque semaine, du lundi au vendredi, de 8h à 17h, je mets des colis sur des palettes afin de les envoyer dans des villes où je ne mettrai jamais les pieds. Tous les jours se ressemblaient et j’avais peu d'espoir de voir changer ce quotidien si terne. Est-ce cela la vie lorsque l'on devient adulte ? (…) Il y a une chose dont j’étais certain : la monotonie me tuait à petit feu.
Nous progressons à une vitesse de deux cents mètres par heure. Ce rythme semble ridicule, mais le terrain, la neige, le dénivelé et le poids des sacs sont autant de facteurs qui ne permettront pas d'atteindre notre objectif avant le lever du soleil. A la fin de la nuit, nous sommes à un kilomètre mais le jour se lève et nous ne pouvons plus nous déplacer. Alors on s’enterre afin de disparaître de la surface.
Bosnie
Au bout de mes deux heures d’observation, je réveille Ludovic pour qu'il prenne ma place. Je me glisse dans mon duvet et puis, brisant le silence de la nuit, des bruits de pas semblent se rapprocher de notre cache. Je réveille le transmetteur pour le mettre en alerte. Nous ne faisons plus aucun bruit. Les pas se rapprochent, le rythme s’accélère. Nous nous tenons prêts à utiliser nos armes. D’un coup, perçant notre camouflage, un ours !
Kosovo
Avec le lever du soleil, la tempête de neige s’est arrêtée. Le ciel est bleu et les températures glaciales. Tout le monde tremble de froid. Un capitaine nous confirme qu’un hélicoptère viendra nous récupérer à 23h. En attendant, j’urine dans un sac zip afin de faire une bouillotte de circonstance. Et pendant quelques minutes, j’ai l’impression de poser mes mains sur un radiateur. Quel plaisir !
Bosnie
Mehdi Tayeb, Afghanistan 2012
Il me faut quelques secondes avant d'être certains d'avoir compris ce qui m'arrive. Le brigadier-chef Pierre me demande si je vais bien. Je reprends mes esprits et lui explique que je vais devenir officier. Il se réjouit pour moi. Pendant la durée du voyage jusqu'à Gap, je me suis remémoré ma mère, mon père et l'alcool, mon père frappant ma mère et mon beau-père sur son lit de mort, mon pardon à ma mère dans sa tombe, le quartier et le vice, mais aussi mon arrivée à Gap pour mon service militaire, tous ces appelés qui sont devenus des amis. Mon engagement. Toutes ces OPEX et ces pauvres gens que j’ai vus dans la misère. Tous mes cadres qui m’ont poussé quand il fallait. Ma merveilleuse femme qui m’a soutenu comme personne. En dix ans et sept mois, je suis passé de la cité au rang des officiers.
***
Mehdi Tayeb nait en 1977 dans une cité de la banlieue sud de Paris. Père absent, mère alcoolique, il est livré à lui-même, vivant de larcins et petits boulots. Il découvre l’armée grâce à son service militaire au 4e Régiment de Chasseurs de Gap. Trouvant sa voie, aidé en cela par un beau-père « stabilisant » et une épouse rayon-de-soleil, il s’engage et gravit les échelons de la hiérarchie, ENSOA puis OAEA. Spécialiste du Renseignement, le Capitaine Mehdi Tayeb a une carrière opérationnelle riche, ayant été déployé à ce jour, avec le 4e RCh, le 2e RH et la BRB2, au Kosovo (3 fois), en Afghanistan (3 fois), au Mali (2 fois), en Bosnie, en Côte d’Ivoire et au Tchad. Mehdi est marié à la charmante MDL Soumia, 4e RCh, 132e BCAT, 54e RT, et fier papa de Thylda.
Avec Mehdi et Soumia à Saint-Cyr-Coëtquidan, 2017
De la cité au rang des officiers, CNE Mehdi Tayeb
ISBN 978-2955922903 – Prix 9,99€ - Format 13x18, 188 pages.
Autoédité. Disponible ici. Page FaceBook là.
***
Chasseur de 1ère Classe Mehdi Tayeb, 2000 ; Maréchal des Logis Chef Mehdi Tayeb, 2009 ; Lieutenant Mehdi Tayeb, Mali 2014
Désormais fier de défendre les trois couleurs de mon pays, j’invite les plus jeunes à la recherche d’un métier hors-norme à suivre mes traces. Il n’y a pas en France une seule entreprise qui offre une telle perspective de carrière et de reconnaissance sociale. Alors, peu importe votre histoire : visez haut et grimpez les marches à grands pas !
22:49 Publié dans Bosnie, Cavaliers, Kosovo, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (3)