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17/11/2016

Salon de l’Ecrivain Soldat, Nice 2016

Photos Natachenka/UPpL’E. Droits réservés

 

 

Tout a commencé par un coup de fil de Jean-Pierre Hutin. Cela fait longtemps que nous échangeons, avec ce formidable léopard de Bigeard, que nous nous régalons de son érudition, comme de ses anecdotes du Sphinx (le bordel d’Alger) (ce n’est qu’un exemple :))…

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« Eh bien voilà, j’ai dans l’idée de monter un salon milittéraire à Nice. Qu’en pensez-vous ? ». Mais que du bien ! Nous avons donc sonné du cor pour rameuter les troupes, faisant profiter Jean-Pierre et son ami (et le nôtre désormais) Philippe de Parseval, co-organisateur, de notre réseau. Ils n’ont pas ménagé leurs efforts de leur côté. Résultat ? Une vingtaine d’auteurs, belle brochette de camarades, réunis à l’hôtel Splendid le 8 octobre dernier, avec le soutien, excusez du peu, des antennes niçoises de l’Union nationale des Combattants, Amicale des anciens de la Légion étrangère, Union nationale des Parachutistes, Cercle algérianiste et du Cercle littéraire Pages du sud. Alors évidemment, il y eu quelques défections du fait d’ennuis de santé ou obligations de dernière minute, mais ce salon de l’Ecrivain soldat s’impose déjà comme incontournable, aux côtés du Festival International du Livre Militaire de Coët, du salon des Ecrivains Combattants de Paris et du stand du Ministère de la Défense au salon du Livre.

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Retour sur ce beau moment : 

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Avec Jean-Pierre Hutin, Léopard de Bigeard, 1CL du 3e RPC, auteur du fracassant « Les enfants de Sidi-Ferruch » dans lequel il relate, dans un style célinien ébouriffant, sa guerre d’Algérie.

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Le barbare est de retour, les barbares sont là. Bientôt leur grande ombre camouflée planera sur la ville. Le haut état-major allait encore grincer des dents (…) A part mourir, pas de tradition, ces gens-là, provocateurs en plus. Saluent aucun gradé. Moi, Commandant Alex Dupont, moi qui ai 18 ans de carrière, moi quatre année prisonnier des boches, huit ans d’état-major en Indochine, six ans de cirrhose à Madagascar, j’ai vu de mes yeux, pas plus tard qu’hier, deux Léopards saluer un Caporal-Chef de la Légion, vous vous rendez compte, un Caporal-Chef.

Tout ça sous prétexte qu’ils mouraient ensemble, au loin, là-bas.

Nous avons abordé le livre ici

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Avec notre très cher padre Richard Kalka, actuellement aumônier de l’EM 11e BP et du 1er RCP, auteur de « Dieu désarmé », magnifique autobiographie à l’image du bonhomme (au sens littéral du terme), para qui a tout vu et tout vécu, du Tchad à l’Afgha en passant par le Rwanda et la Bosnie.

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Ils ne sont pas morts pour des idées. Oh, non. Même pas pour celles qui sont (…) dans les beaux discours des grands de ce monde. Non, ils sont morts pour leurs amis, leurs parents, leurs camarades. Pour toi, Lydie. Pour ceux qui, à côté d’eux, portaient le même sac et le même gilet pare-balles, qui suaient de la même façon, qui transpiraient les mêmes grosses gouttes de joie ou de colère, qui se dépassaient comme eux-mêmes se dépassaient, chaque jour un peu plus, quel que soit leur grade.


Ils sont morts pour ceux qui se demandaient, tout comme eux, ce qu’ils foutaient ici, dans ces belles montagnes et ces magnifiques vallées, qui puent la mort (…) derrière le sourire de certains qui affichent la politesse du félon.
Bien sûr, on prononcera leur éloge, on leur clamera des sermons et des panégyriques. On s’efforcera de noyer leur mort et la souffrance de leurs proches dans de belles paroles.


Mais eux, héros, la face à même le sol, ou dans le grand bleu du Ciel, ils prieront, toute une éternité, de cette prière sublime parce que céleste, quelles que soient leurs croyances et quelles que soient leurs convictions.

Livre abordé ici.


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Avec le COL Raphaël Bernard. Nous n’avons pas encore abordé « De sueur et de sable » sur le blog mais avons lu avec beaucoup de plaisir ce journal de marche du Colonel, à la tête d'un convoi composé de Tchadiens, Népalais et Ivoiriens, retraçant une épopée de 14 jours/1200 km dans le nord Mali. Premier témoignage sur Barkhane, il évoque tant le « salaire de la peur » que la glorieuse Saharienne, tout en laissant place à de belles et profondes réflexions sur la vie, l’armée, la famille, les hommes… le désert s’y prête.

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J’aime comprendre ce que chaque homme a en lui et ce qui le fait avancer : le pognon, l’aventure, l’idéal, l’égo, la vocation, la volonté de démontrer à son père ou ses proches qu’il est quelqu’un, qu’il est capable, qu’il est un homme… Suis-je anthropophile ou sociologue ? Je crois que c’est surtout ma façon, d’une part de respecter et de considérer mes garçons et d’autre part un biais pour les motiver et répondre à leurs attentes (…) Je suis convaincu que chaque soldat a des qualités en lui, même s’il est sans diplôme, même s’il a fui une école où il a additionné les échecs. Il s’agit, pour nous, de le remettre dans la spirale de la réussite, de valoriser ce qu’il sait faire et ce qu’il réussit en apprenant différemment que sur une chaise scolaire. L’Institution militaire est, pour la grande majorité des dix mille jeunes qui chaque année la rejoignent, une école de la seconde chance et une vraie école de la vie.


Nos impressions post-lecture ici


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Encore un camarade : le COL (er) Thierry Jouan, auteur « d’Une vie dans l’ombre », rare témoignage sur la DGSE, mais aussi sur les difficultés de la vie lorsque l’on a été confronté à des évènements hors du commun (Thierry, ancien Chasseur-para, était notamment présent à Kigali, sous couvert d’action humanitaire, lors du génocide rwandais).

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J’ai vécu des choses plus ou moins plaisantes, plus ou moins horribles. J’ai certainement fait des erreurs. Un psychologue vous dira qu’il faut toujours prendre le temps de les analyser, afin de rebondir et d’aller plus en avant. Certes. Mais ce qu’oublient trop souvent nos amis psychologues c’est que, peut-être, nous n’avons plus réellement envie de rebondir et plus envie d’aller plus en avant. Ce n’est pas de la résignation mais plutôt de l’abnégation. J’ai désormais simplement envie de jouir du présent, de vivre avec mon temps, avec mes enfants. Essayer de rattraper psychologiquement le retard. C’est tout.


Nous avons abordé son livre ici


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Le très sympathique CES (h) Philippe de Parseval, co-organisateur du salon, Légionnaire-cavalier comme son beau-père le Général de Chazelles, auquel Philippe a consacré une brillante biographie : « Le Général oublié ». Paul de Chazelles, Saint-Cyr au début des années 30 ; pacification du Maroc avec les légionnaires cavaliers du 1er REC ayant troqué leurs chevaux pour des automitrailleuses ; bataille de France avec le 3e RH, prisonnier et évasion (forcément) rocambolesque d'Allemagne ; Armée d'Afrique, glorieuse campagne d'Italie, débarquement de Provence et libération de la France avec le 8e RCA ; puis c'est l'Indochine où il pousse dehors les Chinois et fait le coup de feu avec le Viêt Minh naissant, avec le 5e RCuir ; retour au Maroc où il retrouve ses chers Légionnaires en prenant le commandement du 2e REC ; guerre froide en Allemagne avec le 2e RSA ; et enfin Algérie, où il aurait pu laisser la vie, étant violemment bastonné et laissé pour mort à Tlemcen... exemple typique de ces grands soldats qui méritent tout, sauf l'oubli dans lequel ils sont si injustement plongés...

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1939. Paul avait une alternative : soit rester le cul sur la selle, en attendant l’ennemi soit demander son affectation dans un groupe de reconnaissance, évitant ainsi de taper le carton dans les casemates ou dans les bivouacs, en attendant que l’allemand veuille bien se manifester. Il opte pour l’aventure, pour le mouvement. Il a raison : l’attente durera plus de huit mois ! Les joueurs de belote auront de l’entraînement pour affronter les quatre années de captivité.


Nous avons donné notre impression post-lecture ici


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Avec Jean-Louis Martinez, frère Chasseur à pied, poète et dessinateur. Après bien des échanges internet et conversations téléphoniques, c’était notre première rencontre et, il nous semble, le premier salon de Jean-Louis. Un homme absolument charmant, au talent indéniable, qui a fait l’unanimité !

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Oui je le resterai, je soutiens et soutiendrai
mes camarades si malmenés.
Je le resterai, afin qu’ils restent ancrés dans le cœur des Français.
Je le resterai, pour que leurs proches soient à tout moment protégés.
Pour les protéger d’un monde individualiste exacerbé.
Qui ne se réveille que quand la mort
Vient à sa porte
Le déranger.

Nous avons présenté ses deux premiers livres, « Soldat protecteur de notre liberté » et « Des mots pour des maux », dans des rubriques milibiblis, ici et

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Avec Philippe Boisseau. Une belle rencontre : sergent appelé du 3e RPIMa en Algérie, Philippe a participé aux combats de Bizerte en juillet 1961, opération tombée quelque peu, et injustement, dans l’oubli pour le plus grand nombre. Il la raconte dans « Les loups sont entrés dans Bizerte ».

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Quand je ne trouvais pas le sommeil, j'ai souvent pensé à vous, soldats tunisiens ou jeunes militants destouriens en bleus de chauffe, couchés en grappes dans les rues de Bizerte plombées de soleil, baignant par centaines dans votre sang qui coulait sur l'asphalte. Nous aurions pu être à votre place si la balance n'avait penché en notre faveur, pour quelques avions rapides et une poignée de chars vétustes, mais surtout cette gigantesque réserve de hargne qui nous habitait à cause de nos terribles histoires personnelles et de la dureté des djebels à laquelle nous étions faits et qui nous rendait impitoyables et invulnérables. Peut-être n'aviez-vous pas assez souffert pour pouvoir nous affronter.


Le livre est épuisé et l’éditeur France-Empire a disparu, à dénicher (avec de la chance…) d’occasion ; par exemple ici.


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Clin d’œil à deux auteurs, Pierre Couesnon et Gaston-Jean Gautier qui abordent un sujet, certes en dehors de notre scope du récit de soldat mais très sympathique, la Poste aux armées, avec deux historiques : « Le service postal dans les armées » et « Le facteur s’en va-t-en-guerre ».
Quel soldat n’attend pas avec impatience et espoir, encore aujourd’hui, le vaguemestre et sa lettre ou son paquet rayon-de-soleil ?
Pour vous procurer ces livres, nous vous invitons à vous rapprocher de l’amicale de la Poste aux armées ici.


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De gauche à droite : Jean-Pierre Hutin, Jacques Peyrat, Mme Michèle Soler, présidente du cercle algérianiste de Nice et Philippe de Parseval


Parmi les autres auteurs présents, dont les livres n’entrent pas non plus dans notre « scope », mais qui n’en sont pas moins dignes d’intérêt : Jacques Peyrat, ancien sénateur-maire de Nice, Légionnaire, et son autobiographie « Les joutes de l’arène », Gérard Bardy avec plusieurs historiques dont une biographie sur Susan Travers, seule femme légionnaire, ou encore Robert Saucourt et sa biographie sur LCL Georges Masselot.


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Page FaceBook du salon ici

Clins d’œil à la relève : Bryan Masson et Lélian Daudet.

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Nous avons passé, comme vous pouvez l’imaginer, un merveilleux week-end parmi nos camarades. Alors, imitez-nous, allez à la rencontre des écrivains combattants, des soldats en général, des jeunes comme des anciens. Vous ferez des rencontres formidables. Ne soyez pas timides, ils n’attendent qu’un petit peu d’intérêt de votre part.


Mais ce séjour à Nice, ce furent aussi des flâneries sur la Promenade des Anglais...

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Flammes vacillantes des bougies, galets polis par le flot des larmes, nounours pour les nouveaux anges de la baie…


Combien de Nice meurtris, de Paris meurtris, connaîtrions-nous aujourd’hui sans le courage et l’abnégation de nos soldats, de nos forces de l’ordre, qui se battent pour nous, ici et ailleurs ?


Hommage à eux.


Une nation perd sa liberté le jour où elle n’a plus en son sein des hommes prêts à se sacrifier pour la liberté.

Hélie de Saint-Marc

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