02/10/2014
« Captain Teacher », CNE (r) Raphaël Krafft, COS/2e REI. Ed. Buchet-Chastel
Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.
Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie.
Jacques Prévert.
[En mode sourcils froncés] Quoi ? Un journaliste « typé France-Culture » devient capitaine de la Légion pour animer une radio libre en Afgha ? Mais qu’est-ce-que c’est que cette blague…
Et puis, et puis… connaissant les képis blancs, nous nous sommes dits : « Un tel projet : ne pas considérer le déploiement en Afghanistan que d’un point de vue purement militaire, créer un lien avec la population, par l’intermédiaire d’une radio en langue pashto… Serait-ce si étonnant de la part des Légionnaires ? ».
Ce n’est donc pas une blague. En 2009, Raphaël Krafft, journaliste radiophonique, est appelé par le COL Bernard Durieux, chef de corps du 2e REI, pour aider à la fondation d’une radio communautaire, indépendante de toute autorité politique (y compris de la hiérarchie militaire française et de ses services « d’influence » auprès des populations), animée par des Afghans et émettant depuis la base de Tora. Pour faciliter le projet, Raphaël s’engage, devient Capitaine de réserve rattaché au COS et s’envole pour l’Afgha. C’est cette aventure qu’il nous compte dans « Captain Teacher » - Capitaine professeur, surnom donné par les journalistes afghans qu’il doit former.
Une succession de rencontres, avec les Afghans, la guerre, la Légion... Une vision du conflit originale, décalée, entre franche rigolade lorsque Raphaël doit entrer dans le « moule » légionnaire (inénarrable Capitaine Negroni…) et un certain spleen qui s’installe au fil des pages, enthousiasme et sympathique idéalisme des débuts, contrariés par la tournure des évènements...
Allez, on allume la radio.
***
La tâche que m’assigne la Légion est (…) de monter une radio de A à Z : de la fabrication du studio à l’habillage de l’antenne en passant par la formation des personnels. Le chef de corps a été très économe en mots pour m’informer de ma mission ; l’armée a une approche du travail par objectifs : « Capitaine Krafft, vous devez créer Radio Surobi dans les délais les plus brefs et il faut qu’elle marche. Débrouillez-vous. »
Moulez-là, gros rat !
CNE Negroni
Son coup de taureau, ses bajoues saillantes, ses sourcils épais qui lui barrent le visage, son regard scrutateur me rappellent le colonel Kurtz d’Apocalypse Now. Il m’attend accoudé sur le capot d’une P4, cigarette à la bouche. Alors que je le salue à la mesure du ton avec lequel il me parlait la veille au téléphone, le capitaine Negroni me tend négligemment le plat de la main sans changer de posture, et me juge de la tête au pied avec un regard de biais.
- Alors vous voilà, capitaine Krafft ! me dit-il se redressant tout à coup en appuyant sur le « ca » de capitaine et le « kra » de Krafft avant de se tourner vers le major Houssin, complice.
- Le capitaine Krafft s’est-il bien comporté, Major ? L’interroge-t-il avec cette même insistance sur les consonnes dures et le sourire en coin.
- Ca va, mon capitaine, répond-il sans conviction, il y a encore quelques réglages à faire, mais je suis sûr qu’entre vos mains notre jeune capitaine sera bientôt digne de son grade.
Légionnaires du 2e REI et Ali Baba, interprète, devant le studio-bunker
- Voici radio Surobi ! me lance Negroni l’air satisfait. Et voici Aziz et Nasser, nos amis afghans et Monsieur Ali Baba, notre interprète ! (…) Je vous présente le capitaine Krafft qui est venu spécialement de France pour s’occuper de vous. Dès demain, il vous apprendra à parler dans un micro et à devenir des journalistes, c’est un spécialiste de la radio.
Les Afghans s’inclinent en guise de reconnaissance, le capitaine s’installe dans un des fauteuils inclinables dont a été équipé ce qui ressemble à la salle de rédaction quand entre le colonel en second. Ce dernier m’inspecte de la tête au pied avant de me lancer :
- Alors que pensez-vous de notre radio, Krafft ?
- Magnifique mon colonel, dis-je sincère.
En effet, la Légion n’a pas lésiné pour rendre le lieu confortable et fonctionnel : tableaux blancs aux murs, ordinateurs, armoires de rangement, sièges conférences, etc.
- Que pensez-vous de mon marbre blanc ? lance-t-il, très fier, il m’a coûté une fortune.
- Mon colonel, c’est beau le marbre mais ça résonne comme dans une cathédrale. Ce n’est pas idéal pour une radio.
- Krafft ! intervient Negroni en criant, moulez-la ! On n’est pas à France Culture ici ! On doit s’adresser ainsi à un supérieur dans la Légion : « Mon colonel, j’appelle respectueusement votre attention sur le fait que le marbre est plutôt déconseillé dans la conception architecturale d’un studio radiophonique. » Reçu ?
- Reçu.
Sayef, Aziz, Nasser et Abid, animateurs de Radio Surobi
Voici donc le capitaine Krafft qui va commencer aujourd’hui votre formation. C’est un vrai journaliste. Il va vous apprendre à animer une radio libre. Car je vous rappelle que Radio Surobi doit être une radio libre, c’est le souhait du chef de corps.
Je l’interromps :
- Mon capitaine ?
- Oui, Krafft ?
J’appelle respectueusement votre attention sur le fait que l’appellation radio libre n’est pas la plus appropriée pour Radio Surobi.
- Mais c’est ce que demande expressément le chef de corps ! Il ne s’agit pas de faire Radio Paris ici !
- Certainement mon capitaine, mais le terme de radio libre est initialement synonyme de radio pirate (…)
- Vous voulez dire que le terme radio libre à une connotation de gauchiste ?
- De gauche en tous cas.
- Ce serait un comble que la Légion soit à l’initiative d’un tel média. Vous rendrez compte au chef de corps, mais n’oubliez pas de mettre les formes !
Le COL Durieux et les Légionnaires du 2e REI à Tora
- Alors comme ça, Krafft, vous fumez vos clopes avachi dans un transat en plein milieu du camp au vu et au su de toute la troupe ?
- Les nouvelles vont vite à ce que je vois.
- Ne faites pas le malin Krafft et moulez-là ! Nous avons été tolérants et patients avec vous, conscients que nous sommes de votre inexpérience militaire. Mais il est grand temps que vous preniez le pli mon garçon. D’autant que le chef de corps a décidé de vous intégrer au régiment en vous remettant ce béret vert – qu’il me tend, avant d’immédiatement s’en ressaisir. Hop hop hop ! Vous ne croyez pas tout de même que vous allez porter un béret de la Légion avec votre coupe de hippie !
- Ma coupe de hippie ? Vous plaisantez ? Je n’ai jamais eu les cheveux aussi courts depuis mes classes !
(…)
- Laissez-lui une houppette de Saint-Cyrien, il ressemblera à un FAF [militant d’extrême-droite, acronyme de la France Aux Français]
Greco s’exécute et me repasse maladroitement la tondeuse en appuyant fort et de façon répétée sur toute la surface de mon crâne pour ne laisser qu’un tout petit millimètre sur la tête, haut du front excepté où je sens dépasser la fameuse houppette du GUD [Groupe Union Défense – organisation d’extrême droite]. Negroni me détaille le visage, tire sur sa Dunhill, la garde à la bouche et, satisfait, me pose de ses deux mains le béret vert sur la tête.
- Vous ressemblez enfin à quelqu’un, Krafft ! (…) enfin vous voilà beau ! Et n’oubliez pas de faire la gueule quand vous vous promenez dans le camp, les Légionnaires doivent vous prendre pour un sale con, c’est important.
CNE Negroni, soirée de la Saint-Sylvestre
- Asseyez-vous donc, gros rat ! m’intime Negroni de bonne humeur avec ce sobriquet amical qui ne me quittera plus, avant de commander un café au caporal de semaine.
- En quoi puis-je vous être utile, mon capitaine ?
- En rien Krafft. Je vous ai fait venir pour que nous discutions autour d’un bon café, histoire de nous détendre et de bien commencer la journée.
- Merci mon capitaine, mais j’attire respectueusement votre attention sur le fait que les stagiaires afghans m’attendent pour la première leçon.
- On n’attire pas l’attention d’un supérieur – je vous rappelle qu’à grade égal l’ancienneté prime et que j’en ai des décennies de plus que vous – on appelle l’attention, nuance ! Quant aux Afghans, ils attendront.
Entre alors dans le bureau un jeune capitaine, commandant d’unité, qui lance à Negroni :
- Alors mon capitaine, toujours à crouler sous le boulot ?
- Moulez-là Vancina ! lui crie-t-il avant de se tourner de nouveau vers moi : Voyez-vous, Krafft, le secret d’un bon chef c’est de savoir déléguer, donc de bien s’entourer. C’est ce que le jeune Vancina n’a pas encore compris. Dans le cas qui nous intéresse et en ma qualité de directeur de Radio Surobi, je vous délègue la tâche de créer cette radio. Mais n’oubliez pas une chose : si Radio Surobi est un succès, je serai félicité ; dans le cas contraire, c’est vous qui serez puni. Et maintenant disparaissez.
Débrouillez-vous Krafft !
Le doyen du village de Ganda Khasaray
[Réunion d’un tabor d’Afghans, une quinzaine de poètes, appelés à réciter des poèmes à l’antenne]
Il règne un silence de plomb dans la pièce, quand l’un d’eux, le plus âgé, dit à mon adresse :
- J’aime Jeanne d’Arc.
- Formidable ! m’écriais-je, heureux que la glace se brise enfin. Pourquoi cela ?
- Parce qu’elle s’est battue vaillamment contre les Anglais comme le fit Malalai en son temps.
- Malalai ?
- C’est la « Jeanne d’Arc afghane », mon capitaine, me souffle Ali Baba. Elle a rallié l’armée pashtoune contre les troupes britanniques lors de la bataille de Maiwand, à la fin du XIX° siècle.
- Oui, nos deux peuples ont cela en commun, lui dis-je.
- Faux. Les anglais sont désormais vos amis, ils se battent à vos côtés en Afghanistan.
Aziz prépartant une emission
Aziz lit son texte. Je comprends, à la sonorité et au rythme de sa voix, à l’harmonie des mots de cette langue qui m’est pourtant étrangère, qu’il a écrit un vrai poème pour décrire le réfectoire de la Sodexo dont il est allé enregistrer l’ambiance.
« Les murs blancs au soleil de ces boîtes en plastique collées les unes aux autres affectent mon regard. Je voudrais un paysage vierge pour m’éblouir du spectacle des montagnes de Kaoun dans le lointain (…) J’entre dans le réfectoire. Les employés s’affairent pour préparer le déjeuner, ils parlent des langues inconnues de la mienne. Hindi ? Tamoul ? Je me sens tel un étranger sur cette parcelle d’Afghanistan où est posée cette boîte en plastique blanc qui abîme mon regard. Je m’assieds près d’une fenêtre. Au loin je vois les montagnes de Kaoun, elles sont éblouissantes de beauté. »
Après que Georges m’ait traduit son texte, je suis pris au dépourvu et ressens un peu de honte, le chronomètre en main, à vérifier s’il a respecté le temps que je lui avais imparti. Ce serait dommage, me dis-je, d’imposer ici les formats courts et froids des radios françaises, voix au débit mécanique, à la musicalité répétitive, véritables tirettes à bière de l’information.
Formidable Krafft !
Radiodiffusion d’une poésie, Aziz en arrière-plan
Le poète commence à déclamer, quand arrive le colonel.
- Formidable ! S’émerveille-t-il en nous affranchissant du garde-à-vous d’un geste de la main. Que dit-il ?
- Je ne sais pas, mon colonel, lui dis-je un peu inquiet. J’enregistre l’émission et vous ferai remettre une traduction dès que possible.
- Il parle de l’Afghanistan, de ses divisions, dit Georges, les bras croisés, et visiblement ému par ce qu’il entend.
Faites que nous vivions en paix, sur un parterre de fleurs.
Au tour de Negroni, de retour de sa sieste – c’est vendredi – d’entrer dans le studio
- C’est formidable ! s’écrie-t-il lui aussi. Mes respects, mon colonel, qu’en pensez-vous, mon colonel ?
- Formidable Negroni. Je n’imaginais pas que la radio prendrait un jour cette dimension.
Formidable est le mot qui convient. Radio Surobi est un incontestable succès. Difficile bien sûr pour Raphaël d’évaluer l’audience, mais les dizaines d’appels journaliers pour dédicacer une chanson, les milliers de lettres reçues, prouvent qu’une bonne partie de la population adhère au projet.
Ecole de Ganda Khasaray
- C’est encore trop tôt, mon capitaine, répond Aziz quand je lui demande à la fin du cours s’il serait possible un jour [d’avoir des femmes] à l’antenne. Les gens manquent d’éducation ici, ils vivent coupés d’avec le reste du monde depuis toujours. Il faut y aller petit à petit. Commençons par faire apparaître des voix de femmes dans le cadre de nos reportages en interviewant des infirmières à l’hôpital ou des personnalités politiques féminines quand elles se présentent. Plus tard, lorsque notre légitimité sera accrue, nous pourrons réfléchir à un moyen d’avoir des journalistes femmes ou des animatrices. Mais il est impensable qu’elles viennent travailler ici, à Tora, sur la base militaire. On les considérerait comme des femmes de mauvaise vie.
Aziz en reportage
- Et donc Aziz, tu me disais que tu connaissais des « frères tristes » [surnom donné aux insurgés] ?
- Oui bien sûr, qui n’en connaît pas ?
Il regarde autour de lui et reprend :
- Pour ma part, j’ai un ami d’enfance qui est parti sur les crêtes. Nous ne partagions pas les mêmes points de vue politiques, je n’approuve pas ce qu’il fait, mais cela ne nous empêche pas d’être restés en contact (…).
Du peu que je comprenne de l’Afghanistan et du conflit qui la meurtrit, cet aveu ne me choque pas. Dans « Guerre, contre-insurrection et démocratie, après l’Afghanistan », Durieux écrira : « Dans ce pays, comme dans d'autres théâtres de crise, il n'y a pas de coupure franche entre les amis et les ennemis, entre les insurgés les plus fanatiques et les partisans les plus convaincus du gouvernement légitime (...) Si ligne de partage il y a, c'est dans le cœur de chaque Afghan. »
Nasser à l’antenne
Je suis un peu fébrile, à fleur de peau depuis le départ de mes protecteurs. J’ai le sentiment que la survie de Radio Surobi ne tient qu’à un fil, que le pacte de confiance établi avec Aziz, Nasser et Abid peut à tout moment voler en éclats. Je commence à croire que la charte signée par le colonel Durieux n’est finalement qu’un bout de papier sans consistance maintenant qu’il est rentré à Nîmes. Et puis, je dois bien l’avouer : je me suis lié à cette radio et aux Afghans qui l’animent. Je ne prends pas les mises en garde de Negroni très au sérieux.
- Suivez mon conseil, Krafft, ne vous attachez pas. Ni à Aziz, ni à Nasser, ni aux autres. L’attachement conduit au déchirement.
CNE Negroni, fan des Pet Shop Boys
- J’ai planché sur la façon d’intégrer Radio Surobi à la chaine de commandement.
- Mouais, dis-je, toujours aux aguets quand les militaires se mêlent de nos affaires.
- Il faut bien que tu comprennes que c’est la condition de la survie de la radio. Un chef qui débarque ici, il faut bien qu’il sache où situer la radio dans le schéma « mili » qu’il a en tête et aussi savoir à quoi elle sert.
- A quoi elle sert ? Que veux-tu dire par là ?
- Tu es naïf, Raphaël, c’est fini le temps de Durieux et de Negroni.
Gâchis ?
Départ du CNE Negroni
Débuté avec de francs éclats de rire, « Captain Teacher » se clôt sur une note morose. Les temps ont changé ; l’indépendance de Radio Surobi vis-à-vis des « Opérations Militaires d’Influence » est mise à mal, préambule à la diffusion de messages plus convenus, formatés, contrôlés, voire propagandistes. La présence de Raphaël n’est plus souhaitée/souhaitable.
Le 25 août 2010, sur le tarmac de Kaboul, assis dans l’attente du décollage qui va le ramener définitivement en France, Raphaël rumine. Tout ça pour ça. Par le hublot, il aperçoit un convoi. Ce sont les cercueils du CCH Jean-Nicolas Panezyck et du CNE Lorenzo Mezzasalma, rapatriés par le même avion. Il ferme le store du hublot. Tout ça pour ça.
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Raphaël Krafft est né en 1974. Journaliste indépendant, il alterne reportages au long cours et voyages à vélo dont il tire des livres et émissions radio pour, notamment, France Culture. En 1997, appelé du contingent, il est animateur de la radio Azur FM à Sarajevo, en langue française, destinée aux troupes et francophones de Bosnie. En 2004, il forme les journalistes d’une radio communautaire au Congo-Kinshasa. En 2009, sur une initiative du COL Benoît Durieux, chef de corps du 2e REI, il s’engage dans l’armée pour aider à la mise en place d’une radio communautaire en langue pashto, « Radio Surobi ». Formant les volontaires afghans aux rudiments du reportage et de l’animation radiophonique, il en tire son surnom de « Captain Teacher », Capitaine professeur. Il passe plusieurs mois sur la base de Tora, aux côtés des 2e REI, 2e REP et 126e RI. Redevenu civil, il poursuit sa carrière de reporter et enseigne en école de journalisme. Dernier projet en date avec son complice Alexis Monchovet : "Vélo do Brasil" : 3 mois à parcourir le Brésil, coupe du monde incluse, à la force des cuisses et des mollets, le tout avec un regard évidemment décalé. Ne manquez pas le film tiré de l’aventure. Vous passerez une bonne soirée.
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Radio Surobi
La guerre, je l'ai fréquentée en d'autres lieux en tant que reporter. J'ai attendu de nombreuses fois qu'elle survienne pour rassasier ma soif d'adrénaline, me rappeler ou rappeler aux autres que j'existe, m'exalter de vivre un moment extraordinaire, historique parfois, ou simplement pour avoir de quoi écrire un article. (...) [Mais] être acteur à la guerre, c'est autre chose. Je m'en rends compte aujourd'hui. Je me rends compte que les militaires, finalement, quand ils sont sains d’esprit et "bien tassés dans leurs bottes", n’aiment pas la guerre, ou du moins, l’aiment parfois moins que nous [les journalistes]. Et c'est heureux.
Capitaine (r) Raphaël Krafft
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Prix : 20€ - ISBN 978-2-283-02695-3 – Format 14x20,5 – 304 pages, cahier-photo couleur
Aux éditions Buchet-Chastel
Le livre se trouve facilement, à commander chez votre libraire préféré(e) ou sur le Net.
Rencontre avec Raphaël lors d’un café littéraire mili « de la Chouette » organisé par « Guerres et Conflits »
Nous pourrions imaginer Raphaël amer. Non de l’aventure menée, forcément exaltante, mais du sort réservé à Radio Surobi : Elle subsiste, mais a perdu son indépendance éditoriale puis, au départ des Français, a été reléguée par le commandant afghan dans un coin du camp (le dit commandant installant sa chambre dans le bunker-studio de diffusion…). Elle n’émet désormais que quelques heures par jour. Ayant abandonné sa liberté de ton, peut-être décrédibilisée auprès des auditeurs, manquant de moyens, sa survie est hypothétique.
En conclusion de son récit, Raphaël évoque un gâchis, qui fait écho à l’issue de l’opération occidentale en Afghanistan.
Alors, tout ça pour ça ? Tout ça pour rien ? Peut-être. Ou peut-être pas. Car cet adolescent afghan, qui a envoyé un poème dédié sa bien-aimée et qui a eu la fierté de l’entendre sur les ondes de Radio Surobi ; ou cette jeune inconnue, qui a téléphoné en cachette, bravant l’interdit, demandant que soit jouée sa chanson préférée, n’ont-ils pas changé à jamais ? Pourra-t-on un jour leur faire accepter qu’écouter de la musique, jouer avec un cerf-volant, c’est mal, mauvais, interdit ?
Et s’il ne reste que « ça », un instant de liberté volé à travers les ondes, n’est-ce-pas déjà énorme ?
Courrier envoyé par un auditeur à Radio Surobi
Au nom d’Allah
"Combien tes lèvres rouges ont-elles tué ?
Et tes yeux ? Combien de larmes ont-ils fait couler ?
C’est moi, Faryadi, fou d’amour pour toi,
Trop de prétendants sont déjà morts de te voir sourire."
A Radio Surobi, j’adresse ce poème et toute mon affection.
De la part de Faryadi du village de Konj
Poètes & Légionnaires
Hommage
A tous ceux qui ont œuvré et œuvrent toujours pour un Afghanistan, non pas transformé, mais apaisé.
Le son de nos sabres fendant l’air résonne dans le monde entier.
Eternels rivaux, nous semons les graines de nos divisions.
Jamais souverains nous ne deviendrons.
Et pourtant, nos bras sont grands ouverts pour en notre sein accueillir le vaste monde.
« Le vif désir », extrait d’un poème de Mahmad Daoud Mohlessyar, chef de la shura des poètes de Surobi, diffusé sur Radio Surobi.
13:56 Publié dans Afghanistan, Légionnaires, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (0)