24/05/2016
« La tombe d’Hanoï », Henri Ansroul, 1er BCCP ; « 5e Promo au rapport », Christian Hager, EETAT, ENSOA ; « Des mots, pour des maux », Jean-Louis Martinez, soldat, poète et artiste.
Extraits publiés avec l’aimable autorisation des auteurs. Droits réservés.
Tous les soldats n’ont pas l’aura d’un Marcel Bigeard ; tous les soldats n’ont pas la plume d’un Hélie de Saint-Marc…
C’est un fait. Mais en quoi cela rendrait leurs témoignages moins intéressants ? Peut-on imaginer un récit de vétéran d’Indo « de trop » ? Un texte rapportant la vie dans l’Ecole des Techniciens de l’Armée Terre à la fin des années 60, n’est-ce pas totalement inédit ? Un militaire ne pourrait-il être, également, artiste et poète ?
C’est l’objectif que nous nous fixons avec ces « milibiblis » : sortir de l’ombre des livres écrits sans la moindre prétention mais avec le cœur, souvent autoédités, donc pouvant souffrir d’un manque de « visibilité ».
Ces ouvrages, éminemment personnels, auraient pu rester dans l’imaginaire de leurs auteurs, être confinés au cercle familial, voire sous la forme d’un manuscrit s’empoussiérant dans un tiroir ; cela aurait été fort dommage : le devoir de mémoire ne s’arrête pas à lire et honorer les hommes que l’Histoire a eu la bienveillance de conserver dans ses tablettes.
« Tout homme est une exception ».
Hélie de Saint-Marc
*
« La tombe d’Hanoï », Henri Ansroul, 1er BCCP, éd. Les Archives Dormantes
Henri Ansroul en Indochine, photo famille Ansroul
La première chose que vous faites en arrivant dans une ville, après si longtemps, c’est d’aller voir les filles. Les Indochinoises nous semblaient si belles, quel dépaysement ! Pousse-pousse, chaleur, bruits, klaxon, cette foule qui bouge sans cesse ; on avait envie de se mettre dans le bain tout de suite, sans penser à ce que nous étions venus faire ici.
A chaque fois que je bougeais, je me faisais allumer. Je commençais à me faire du mouron. Puis le sergent nous fît des signes devant : dans les arbres. Et de son arme, il envoya une rafale dans le milieu de ces arbres. Je tirai aussi, deux ou trois autres en ont fait autant. Surprise, étonnement, nous avons vu un paquet de branches tomber. Ces salauds camouflés avec des bouts de branches, nous tiraient dessus. On en a vu descendre trois ou quatre (…) Quelques instants plus tard, j’ai reçu une pierre avec un mot : « on décroche » (…) Les copains qui sont partis avant moi se mettaient en position pour couvrir les autres qui n’avaient pas encore reçu l’ordre. Puis ça y est, c’est mon tour. Les fesses serrées, le trou du cul à zéro, j’attendais le signal.
Beaucoup ont dû croiser Henri Ansroul, humble garagiste breton, sans se douter de son passé de combattant d'Indochine, valeureux commando-para du 1er BCCP. Il a désormais rejoint ses camarades de la tombe d’Hanoï. Le manuscrit qu’il avait pris soin d’écrire aurait pu rester « dans la famille » ; cela aurait été regrettable : sans esbroufe, Henri a un certain talent pour rendre le fracas des combats dans la moiteur indochinoise. Saluons donc l’initiative de ses enfants et petits-enfants qui, avec le soutien de la nouvelle maison d’édition Les Archives dormantes, complète d’une jolie manière la milibibli « Ceux d’Indo ». Disponible chez votre libraire, éventuellement sur commande, ou sur les sites du Net. Par exemple ici.
Site des éditions Les Archives Dormantes ici.
Page FaceBook là.
Hanoï, tombe d’André, camarade d’Henri. Photo famille Ansroul
J’ai trouvé une place pour mettre mon hamac. J’étais tellement faible que je restais des heures dedans, bercé par le roulis. Je me disais que maintenant c’était vrai : je rentrais, le bateau ne ferait pas demi-tour. J’avais encore peur, quand même.
***
« 5e Promo au rapport », Christian Hager, EETAT, ENSOA, TheBookEdition
Christian Hager à Issoire.
- Vous n’allez quand même pas prétendre que c’est propre !
- Si, mon Lieutenant.
- Puisque c’est si propre, si je vous donne l’ordre de boire dans les urinoirs. En êtes-vous capable ?
- Non, mon Lieutenant.
- Et pour cause, ils sont dégueulasses !
J’aurais donné cher pour savoir ce qui n’allait pas. J’avais beau scruter les urinoirs à la loupe, je ne voyais rien d’anormal.
- Etes-vous certain d’avoir une bonne vue ? repris le Lieutenant. (…/…)
Cette autobiographie évoque un contexte atypique : celui de l'Ecole d'Enseignement Technique de l'Armée de Terre, EATAT/EETAT/ENTSOA d'Issoire, AEETAT de Tulle, mais aussi ENSOA de Saint-Maixent, à la fin des années 60. De l’inédit donc. De plus, Christian, dans un style d’une réjouissante simplicité, rend bien l'ambiance de l'époque à travers les yeux d'un jeune-homme : la découverte de la vie militaire, les profs, les camarades, les trains de nuit, les sorties, les nuits blanches place Clichy, les filles... Le résultat est très sympathique et rappellera bien des souvenirs aux aînés, techniciens passés par l'école, mais plus généralement EVAT et appelés.
Et par tous les Saints ? Vive les techniciens !
Disponible auprès de l'auteur ici.
Page FaceBook de l’auteur là.
Ecole des Techniciens de l’Armée de Terre
(…/…) Le Lieutenant n’avait pas l’air d’apprécier nos réponses. Il gardait son calme, mais on le sentait prêt à sortir l’artillerie lourde. Il nous montra un léger dépôt de calcaire sur le pourtour d’un trou d’évacuation. C’était l’objet du délit qui nous valut deux tours de consigne et la présentation de la corvée de lavabos et d’urinoirs en tenue de sortie, chemise blanche, cravate noire et gants blancs, chaque matin à 7h35, pendant deux semaines.
***
« Des mots, pour des maux », Jean-Louis Martinez, autoédité
J’étais, je suis, et je resterai
ce soldat qui saluait lorsque les couleurs étaient hissées.
J’étais, je suis et je resterai
ce soldat qui frissonnait lorsque la Marseillaise était chantée.
J’étais, je suis et je resterai
ce soldat qui se redressait lorsque le respect lui était donné.
Autoportrait
Oui je le resterai, je soutiens et soutiendrai
mes camarades si malmenés.
Je le resterai, afin qu’ils restent ancrés dans le cœur des Français.
Je le resterai, pour que leurs proches soient à tout moment protégés.
Pour les protéger d’un monde individualiste exacerbé.
Qui ne se réveille que quand la mort
Vient à sa porte
Le déranger.
Les dessins et les textes de notre ami Jean-Louis Martinez sont désormais bien connus de la fraternité militaire, étant largement diffusés sur le Net ; mais les avoir sous forme d’un livre, c’est mieux ! "Des mots, pour des maux" est le deuxième opus, dessins-poèmes-textes-coups-de-gueule, tout aussi réussi que le premier, "Soldat protecteur de notre liberté" (abordé dans une milibibli ici). C'est humble, cela parle au cœur, c’est attachant. On aime vraiment beaucoup, tant l’œuvre que l’homme.
Disponible sur le site de Jean-Louis ici. Attention, très peu d’exemplaires encore en stock !
11:15 Publié dans Appelés, EVAT, Commandos, Ecoles, Cadets, Guerre-Froide, Indochine, Mili-Livre, Mili-Poème, Paras | Lien permanent | Commentaires (0)
12/11/2013
« E.V.3 - Engagé Volontaire 3 ans », MDL Patrick Camedescasse, artilleur. Ed. Catybou
A la mémoire de mon père Francis Broquet, E.V.3, Maréchal des Logis au 421e Régiment d’Artillerie Anti-Aérienne.
« - Eh bien, Adjudant, qu’avons-nous comme recrues ?
- Oh mon Capitaine, nous en avons de tous les états : des avocats, des savants, des dessinateurs…
- Un tas de feignants et de propre à rien, quoi ! »
Légende d'une carte-postale humoristique, vers 1900.
"11 avril 1970, quartier Pajol, Montbéliard. Je suis civil, un sac sur l’épaule. Je quitte l’armée en passant devant le poste de garde. Je sais que je vais le faire… C’est sûr. C’est certain…
Depuis longtemps déjà, dans ma tête, j’avais fait et refait cette sortie. Tout est programmé. Un « bras d’honneur », immense, grandiose, éléphantesque, « mammouthesque », pour extérioriser ma déception de ces trois années en kaki.
Quelque pas encore. Ça y est. J’y suis. Je vais le faire. Je vais le faire…"
Flashback : nous sommes en 1967. Les cheveux des garçons s’allongent et les jupes des filles raccourcissent. Un Bordelais de 18 ans, Patrick Camedescasse, n’est pas trop fan de l’école. Sa voie semble toute tracée : ouvrier, artisan… mais avant cela, il faut passer une étape incontournable pour un jeune homme, cheveux longs ou pas : le service national. Plutôt que de « glandouiller » en attendant l’appel, Patrick se dit qu’après tout, l’engagement de 3 ans, pourquoi pas…
En dehors des dîners de famille, rares sont ceux qui ont abordé leur service militaire. Alors remercions Catherine, femme de Patrick et son éditrice, d’avoir soutenu la démarche d’écriture de son mari. On peut imaginer les conversations du couple autour de « Mais cela n’intéressera personne !». Et bien si Patrick, cela intéresse. Cela intéresse même beaucoup !
Heureusement donc, Patrick s’est lancé et nous livre avec « E.V.3 » le bien sympathique récit de ses 3 ans d’artilleur dans un régiment d’appelés. Un livre qui se lit avec le sourire aux lèvres, mais qui générera, à n’en point douter, un peu de nostalgie chez les plus anciens d’entre vous. Ceux-là même qui, un matin, ont ouvert fébrilement une enveloppe contenant une feuille de route, mentionnant une date, un régiment, une caserne dans une petite ville de France ou d’Allemagne…
Prenons cette route avec Patrick, pour une sacrée aventure … Cela en était vraiment une.
A cette époque, Antoine et ses élucubrations faisait des adeptes de cheveux longs (…) Aussi, quel plaisir pour un coiffeur appelé ! Quelques passages de tondeuse et notre chevelure gît aux pieds de l’artiste. S’en suivent des quolibets du style : « J’espère que Monsieur est satisfait, il pourra revenir quand il voudra ! » (…) J’ai alors l’impression, en regardant mes camarades, de me reconnaître. Nous sommes tous semblables.
La première revue qui nous tombe dessus se nomme « revue du slip sur l’homme ». Imaginez nos têtes lorsque, devant nos lits, en pleine journée, cet ordre nous arrive. Chacun à son tour, nous baissons nos pantalons (…). A l’époque, dans notre paquetage, nos slips sont blancs, mais là, surprise… Il y en a des blancs, des gris, des colorés devant, des colorés derrière, des jaunes bizarres (…) et comble du raffinement, un collègue sans slip. (…) Les ventes de « Génie sans bouillir » montent en flèche. Maintenant, n’ayant pas de récipient adéquat, nous faisons tremper notre lessive dans nos casques lourds…
Réveil brutal en plein sommeil quand un sous-officier zélé nous fait lever. Il en choisit un au hasard et lui ordonne d’ouvrir son armoire. En principe, nous avons le devoir de ranger correctement nos effets. Tout « au carré », les chemises d’un côté, les treillis de l’autre selon un plan que l’on doit respecter (…) Le plus bordélique de la chambre est désigné. Nous nous attendons au pire et le pire arrive : le sous-officier ouvre la porte de l’armoire et tout le paquetage tombe sur ses pieds. (…) Les vêtements sont alors jetés par la fenêtre. Tout y passe, treillis, chemises, capotes, slips, chaussettes, chaussures, casque, ceinturon, béret… Fier de son travail, notre homme se retire. Nous sommes écroulés de rire et, pour ma part, j’ai cette image à jamais marquée : La vue du canonnier H déambulant à poil entre le rez-de-chaussée et le deuxième étage pour récupérer son paquetage.
Le samedi je passe l’appel à minuit et constate que tout le monde est bien présent. Pourtant, vers 2 heures du matin le sous-officier de service désire effectuer un deuxième appel (…) Nous voici donc partis à la recherche de l’éventuel absent qui aurait pu faire le mur. Pour les quatre premières chambres, tout est pour le mieux, mais je sens mon collègue bien réservé sur les chiffres. Entre les permissionnaires, les malades, les gens de garde et les présents, les totaux sont bien difficiles à établir. Nous entrons dans la dernière pièce et là, après calcul et recalcule il nous manque deux canonniers, bien présents au dernier appel. Le chef de chambre pense nous embrouiller et nous explique qu’ils sont certainement aux toilettes. Personnellement, je n’y crois guère, mais le sous-officier de permanence, crédule, fonce comme un fou (…) A peine a-t-il tourné les talons que deux canonniers de la chambre d’en face se faufilent et prennent place dans les lits des deux absents.
Je ferme les yeux et dis à mon collègue de contre-appel que le compte est bon et lui explique que je me suis sûrement trompé dans mon premier calcul. Méfiant, il recompte et tombe sur le bon total…
Les obusiers sont chargés et prêts à cracher, quand soudain l’officier de tir hurle « Halte au feu ! Halte au feu !». Surpris, nous nous exécutons en donnant ordre à nos tireurs de lâcher le cordon de mise à feu. Nous patientons et cherchons des informations sur ce brusque contre ordre. « Des civils sont entrés dans le périmètre de tir et malgré la demande expresse de notre Colonel, ils refusent de déguerpir » nous explique notre Lieutenant. (…) De nouveaux renseignements nous parviennent. La Gendarmerie de Mourmelon, prévenue, a détaché quelques éléments de la brigade afin d’évacuer ces perturbateurs. Raison de leur intrusion : le ramassage d’escargots…
Un besoin naturel mais pressant me signifie que je vais devoir faire connaissance avec les feuillées du régiment. Je redoute cet instant car j’aime bien mon intimité, espérant une grande solitude. J’accélère le pas, j’entre, personne. Tranquillement je me mets en position de trône et commence à faire ce que je dois.
Et c’est alors que l’impensable se produit, la porte faite de branches et branchages s’ouvre et là, devant moi, mon Capitaine !
« Ah ! Camedescasse, bonjour ! Vous permettez que je vous accompagne ? »
« Euh… Oui mon Capitaine … »
Et le voilà qui prend place à mes côtés et commence sans complexe à déféquer, tout en me demandant si mes nouvelles fonctions me plaisaient.
« Euh… Oui mon Capitaine… »
Un bruit typique, mais qui n’a rien d’un coup de canon, rend inaudible ma réponse. Et il commence à me parler de la météo, de Nevers, des escargots que l’on peut ramasser dans le coin (…) et me quitte en me souhaitant une bonne journée.
« Disons-le sans faux-fuyant : cette période s’est révélée formidable d’humanité, d’échanges, de camaraderie. Dans ce brassage hétéroclite de 16 mois, creuset de solidarité et de sociabilité, sont parfois nées des amitiés profondes et durables… »
Patrick Surel, camarade de service de Patrick Camedescasse.
La quille (fin du Service)
Jeunes-gens, n’avez-vous jamais « subi », lors d’un long dîner, les souvenirs de Service du grand-père, du papa, du tonton ? Histoires rabâchées, écoutées poliment, mais qui doivent vous « saouler » un peu. Eh bien la prochaine fois, faites un effort : regardez avec attention ce grand-père, ce papa ou ce tonton, lorsqu’il en aura fini avec sa tirade débutée par « et alors là, le Pitaine… ». Attachez-vous à son regard. N’y voyez-vous pas l’étincelle de l’émotion ? Nostalgie de ses 20 ans ? Sans doute un peu, mais cette étincelle existe-t-elle, quand il évoque un souvenir de lycée, de son premier job ? Non, n’est-ce pas. Cela devrait vous interpeller.
Avec la disparition du Service, vous avez raté quelque chose, jeunes-gens, vous avez vraiment raté quelque chose…
Quant à la France, quelle bêtise elle a fait en supprimant cet outil essentiel de cohésion nationale. Quelle gravissime bêtise.
Bravo et merci à Patrick pour cet E.V.3 que nous recommandons sans réserve, dans l’espoir que d’autres appelés et volontaires service long se lanceront à leur tour : il y a tant à raconter.
Prix : 19€ - ISBN 9782953314151 - format 15,5x24 - 208 pages, nombreuses illustrations en couleur et N&B.
Aux éditions Catybou
Pour commander le livre, voir ici.
Cadeau pour vous, lecteurs : En indiquant le code EV3LAPLUME, les frais de port en France métropolitaine sont offerts.
Page FaceBook du livre E.V.3 ici
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En 1967, devançant l’appel, Patrick Camedescasse s’engage pour 3 ans. Il effectue ses classes au 33e Régiment d’Artillerie de Poitiers. Il rejoint à l’issue l’ENSOA de Saint-Maixent dont il sort Maréchal des Logis. Après son instruction à l’Ecole d’Application de l’Artillerie à Châlons-en-Champagne, il est affecté au 1er RA de Nevers, puis Montbéliard. Il est libéré en 1970. Patrick est marié à Catherine, par ailleurs son éditrice, et père de deux garçons, Christophe qui effectue son service national au 11e Régiment de Cuirassiers, et Jérôme qui y échappera, le service vivant ses dernières années…
***
Hommage
A tous les appelés, volontaires service long, engagés volontaires, morts pour la France, morts en service commandé,
avec une pensée particulière pour les appelés du 1er RCP, morts à Beyrouth dans l’attentat du Drakkar,
Aux blessés.
Avec le salut fraternel du Chasseur et de la Russe-blanc
Armés de nos vingt printemps verts,
Artilleurs mes frères,
Aux souvenirs buvons un verre !
11 avril 1970, quartier Pajol, Montbéliard. Je suis civil, un sac sur l’épaule. Je quitte l’armée en passant devant le poste de garde. Je sais que je vais le faire… C’est sûr. C’est certain…
Depuis longtemps déjà, dans ma tête, j’avais fait et refait cette sortie. Tout est programmé. Un « bras d’honneur », immense, grandiose, éléphantesque, « mammouthesque », pour extérioriser ma déception de ces trois années en kaki.
Quelque pas encore. Ca y est. J’y suis. Je vais le faire. Je vais le faire…
Je ne le fais pas.
Je me retrouve dehors. La sentinelle ? Je ne la regarde même pas. Je cours. Je pleure. De joie ? D’émotion ?
Récit biographique, engagé volontaire, 33e RA, ENSOA, EAA, 1er RA
12:51 Publié dans Appelés, EVAT, Guerre-Froide, Mili-Livre | Lien permanent | Commentaires (2)