06/08/2014
« La Légion dans la peau », ADC (er) Victor Ferreira, 2e REI, 4e RE. Ed. La Compagnie Littéraire
Extraits et photos publiés avec l’aimable autorisation de l’auteur. Droits réservés.
Ainsi l’Eternel mit une marque sur Caïn,
afin que quiconque le trouverait ne le tuât point.
Genèse 4,15
Légionnaire et tatoué, cela ne sonne-t-il pas comme une évidence ? « Il était plein de tatouages, que j'ai jamais très bien compris… »
Une évidence et pourtant le sujet n’a jamais été vraiment abordé. Voici qui est rectifié grâce à Victor Ferreira, ancien Adjudant-Chef du 4e RE, devenu photographe professionnel, avec ce livre photo « La Légion dans la peau » (quel joli titre). Un projet-passion, qui a nécessité trois ans de travail, de multiples voyages et un engagement personnel certain, car nous connaissons le rapport « compliqué » du Légionnaire à la photo.
En sus, un parti-pris de l’auteur qui nous plait bien : pas d’esbroufe, pas de « romantisme » (quoi que…). Des clichés pris sur le vif, sans préparation, sans pause, sans lumière artificielle, sans filtre et encore moins retouches. « Alors, t’es OK pour la photo ? Regarde-moi. Clic». One shot. Une sobriété que l’on retrouve dans les légendes : lieu, date, heure. Basta.
Alors, austère, « La Légion dans la peau » ? Que nenni. Le texte tout d’abord : rare, mais de grande qualité : intro-hommage du GAL Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris, préface d’Henri Weill, spécialiste de la Légion s’il en est, postface passionnante du médecin-aspirant Dr Jean-Eric Lundy, 2e REP 85/86, pionnier du sujet comme auteur d’un mémoire d’étude, et enfin quelques textes, courts mais superbes, de l’auteur.
Et puis, il y a, évidemment, les photos. Succession de tatouages, mais au-delà, succession de portraits, et encore au-delà, succession d’hommes, et encore au-delà, succession de regards…
Fascinant.
Les rendez-vous photographiques avec les légionnaires m’ont réservé une multitude de surprises insoupçonnées, des instants d’intimité parfois, avec des hommes que je connaissais ou pensais bien connaître. Ils sont venus librement à moi, nos rencontres se sont déroulées sans préparation, sans artifice technique, sans mise en scène. Ils m’ont accordé un peu de leur temps, de leur vie ou de leurs histoires. Ces dernières font partie de la Légion Etrangère. Le tatouage fait partie du mythe de l’institution car il a du sens pour ces hommes, comme leur engagement et leur attachement à celle-ci.
ADC Victor Ferreira
Camps des Garrigues, 21.9.2011, 13h12
Il glisse sa silhouette fragile entre deux séries de prises de vues. Il m’observe, revient une deuxième fois, m’interroge sur ma relation avec l’Institution, sur mon parcours, et repart. Ne promet rien. Surtout pas de photos. Il réapparait plus tard et comme pour se rassurer m’affirme qu’on se ressemble.
V.F.
Camps des Garrigues, 21.9.2011, 13h48
Point de mystère pour ces marques d’appartenance se référant explicitement à l’Institution Légion Etrangère : ces tatouages d’affiliation comme je les nommais expriment sous une forme cryptée ou fruste, le plus souvent explicite et triomphante, tout un florilège à travers lequel s’affiche l’appartenance à la communauté.
ASP Jean-Eric Lundy
Camps des Garrigues, 21.9.2011, 12h41
Contrairement à une vision communément répandue, le personnage incarnant l’idéal commun dans la Légion s’apparente bien davantage à la mère primitive qu’à l’image paternelle.
J-E.L.
Calvi, 8.2.2012, 14h55
Si l’on sait que « le monde de la Légion verbalise peu mais fantasme beaucoup (*) », on pressent aisément que le tatouage offre un accès privilégié aux non-dits et aux affects.
(*) Carol, 1971 J-E.L.
Laudun, 5.10.201, 14h42
Le Légionnaire n’est pas un homme de verbe : il ne s’agit pas tant de « dire » Camerone que « d’être » Camerone.
J-E.L.
Nîmes, 20.9.2011, 15h30
Il est parfois difficile de savoir de quel côté se place le Légionnaire : « Nous défendrons l’Algérie contre le diable… » était-il chanté résolument tout comme « Nous n’avons pas seulement des armes, mais le diable marche avec nous… ».
J-E.L.
Castelnaudary, 24.11.2011, 14h46
« - Pourquoi ce tatouage ?
- Car la mort n’a pas de religion… »
Orange, 20.7.2013, 6h55
« - Il y a des tatouages que j’ai fini par retirer, car ils ne représentaient plus rien pour moi…
Mais celui-ci fait tellement partie de moi et de ma vie, que je m’interroge parfois sur ce qu’il va devenir, après… »
***
Victor Ferreira nait en 1963 au Portugal. En 1984, il rejoint la Légion Etrangère, pour laquelle il sert plus de 20 ans. Il est notamment déployé au Tchad, RCA, Bosnie. Lors de l’opération Licorne en Côte d’Ivoire, il est aide de camp du GAL Lecerf. Il quitte l’institution en 2007, alors adjudant-chef. Victor est désormais photographe professionnel et vit en Espagne, marié et père de famille.
Site de Victor ici.
Interview de Victor lors de son exposition photo
Jusqu'au 1er septembre, les photos de Victor sont exposées au Musée de la Légion à Aubagne. Voir ici.
Notre première et bien sympathique rencontre avec Victor Ferreira.
« - Vous avez remarqué ? Lorsque l’on feuillette le livre, on regarde en premier lieu les tatouages. Mais après plusieurs passages, qu’est-ce que l’on voit vraiment ?
- Les regards.
- Oui, les regards »
***
Prix : 24€ - ISBN : 978-2876834606 – Format 16x24, 158 pages
Victor a souhaité un prix de vente le plus accessible possible. Merci à lui.
Aux éditions La Compagnie Littéraire
Livre disponible chez l'éditeur ici
***
Toulon, 10.2.2012, 11h46
Hommage
Aux Légionnaires morts pour la France,
Aux blessés.
Sur son cœur on lisait : « personne ».
Il n’savait pas, je lui pardonne …
Edith Piaf, "Mon Légionnaire"
Créé par Marie Dubas en 1936 sur des paroles de Raymond Asso (ancien Légionnaire), et une musique de Marguerite Monnot
***
Calvi, 8.2.2012, 14h54
Autoportrait de l’auteur.
11:07 Publié dans Légionnaires, Mili-Livre, Mili-Photo | Lien permanent | Commentaires (4)